Les juifs marocains constitués de tribus ancestrales et de ceux qui ont été chassés de l’Andalousie en 1492, ont toujours été actifs dans les secteurs de commerce et de l’artisanat. Habitants dans les capitales impériales, les villes côtières ou périphériques, ils étaient commandés et représentés vis- à vis du Makhzen par un « Nagid ». Autre que leur participation à la comptabilité sous l’égide des différentes dynasties et leur pratique du commerce extérieur, certains juifs ont brillé dans la diplomatie.

 Dans cet article, que nous proposons au lecteur, la majorité des informations viennent du livre intitulé[1] : « Le juif du Sultan, le Maroc et le monde des juifs Séfarades[2] ».  Il s’agit du diplomate Mayer MACNIN qui est natif de Marrakech et dont la famille pratiquait le commerce à Essaouira[3]. Notre homme s’adonnait au départ, principalement au commerce des céréales et aux opérations immobilières. Nous donnons un aperçu sur un ambassadeur marocain de confession juive, qui mérite d’être cité. La constitution marocaine de 2011, n’a pas consacré le droit des juifs marocains à partir du néant. Car, les juifs ont habité le Nord-africain, avant la prolifération de l’islam Aussi, les dynasties qui se sont succédées au Maroc les ont protégés et considérés leurs sujets sans distinction avec les autres populations. Au contraire leur élite était très près du pouvoir. Une fois le royaume sous protectorat français certains d’entre eux ont acquis la protection des européens et sont devenus des vices consuls.

Arrivé à Londres en 1800, à partir de 1802 Mayer MACNIN a acquis le droit de résidence au Royaume Uni et plus tard, il est devenu membre influent de la synagogue juive à Londres. Ce ci lui a permis d’avoir des relations étroites avec les juifs marocains, espagnols, portugais et aussi des marocains musulmans de la ville de Fès[4], tous établis dans la capitale anglaise.

 En effet, ancien commerçant, négociateur, intermédiaire au départ entre l’autorité royale et les consulats occidentaux à Tanger, il a été désigné par Dahir Royal, consule et ambassadeur extraordinaire en 1823 dans les pays chrétiens amis en Europe. C’est assimilé actuellement, à un ministre des affaires étrangères, qui avait aussi comme tâche de désigner ses représentants diplomatiques dans ces pays et avait le monopole des finances et du commerce extérieur. D’esprit cosmopolite, habile et maitrisant plusieurs langues, MACNIN était chargé de l’achat de l’armement pour l’Empire chérifien marocain. C’était la période où le royaume a commencé à sentir la menace des puissances coloniales.

Au départ, étant accepté en France, le Royaume Uni a refusé de le laisser exercer ses fonctions à cause des problèmes financiers qu’il avait à Londres. Il parait selon les archives anglaises qu’il n’était pas honnête dans ses relations financières et commerciales. Est- ce par application du Talmud[5] ?  

  Mais plus tard, il prend ses fonctions et traversa le Manche. Il a servi au départ sous le règne du Sultan Moulay Slimane avant qu’il soit désigné, plus tard, l’ambassadeur extraordinaire du Sultan Moulay Abderrahmane.   Les archives anglaises et françaises ont toujours des correspondances de l’époque et de son exercice de la fonction d’ambassadeur.  

En fin de carrière diplomatique, caractérisée par la défense des intérêts marocains dan le monde chrétien, il est rentré définitivement de  Londres en 1833 et est décédé à Marrakech en 1835. 


[1] Ecrit par Daniel. SCHROETER et traduit en arabe par le professeur Khalid BENSGHIR.  Université Mohammed V Agdal, éditions faculté des lettres et des sciences humaines à Rabat.

[2] Population juive du Moyen-Orient et de l’Afrique qui constitue les descendants des réfugiées d’Espagne et du Portugal chassés de la péninsule ibérique et persécutés en 1492.

[3] Ville située sur la côte atlantique et dont le port offrait des opportunités commerciales, pour un grand nombre de la population juive marocaine.

[4] La famille commerçante marocaine ABOUHLAL de Fès, avait des influences de Tombouctou à plusieurs Etats européens.

[5] Partant du principe selon lequel les juifs croient qu’ils sont le peuple élu de Dieu et le Talmud stipule que : « la propriété des non-juifs est considérée comme l’argent abandonné que le juif a le droit de posséder. » et aussi que Dieu a donné aux juifs l’autorité sur les possessions et la vie de tous les peuples.