Dans son discours officiel, la Russie prétend défendre sa souveraineté externe et ne veut pas qu’un Etat comme les Etats Unis d’Amérique soit au-dessus des lois et entretient un discours selon lequel les autres Etats sont égaux. C’est ce que prônaient depuis longtemps le système international westphalien[1], la Société des Nations (SDN) et la Charte des Nations Unies. Mais, la Russie ne veut pas respecter l’équilibre des puissances hérité de l’implosion de l’URSS, car elle se sent lésée. Les frontières héritées de la de fragmentation de l’ex URSS ne sont pas à son avantage n’ont pas respecté l’histoire de l’empire slave ni la répartition des populations sur les espaces géographiques voisins.  

En réalité, le besoin d’un système westphalien au XXI -ème siècle, est peut-être le résultat de l’impossibilité pour l’ONU de trouver une solution à ce conflit russo-ukrainien qui a bouleversé les relations internationales. L’histoire se répète et chaque fois qu’il y a un grand conflit on légifère des lois. Mais, de nouveau, ceux qui les ont établis ou édictés les ont enfreint. 

A travers son opération spéciale, la Russie a utilisé la force armée pour imposer à l’Ukraine un nouveau tracé frontalier. Cette action viole le chapitre VII de la Charte des Nations Unies et la majorité des Etats membres de l’ONU sont contre cette action militaire.

 Les textes approuvés dans les traités pour mettre fin à la guerre des trente ans en Europe sont de nouveau violés comme ceux de la SDN et de l’ONU. Les empires traditionnels du XVII et XVIIème siècle ont été remplacés ces dernières décennies par des coalitions d’Etats et d’organisations (UE , OTAN…). La première alliance est occidentale et affiche ouvertement son aide logistique à l’Ukraine et l’autre, constituée d’un groupe d’Etats, majoritairement asiatique (Chine, Iran…), soutenant des fois ouvertement la Russie, mais le plus souvent discrètement, par tous les moyens, matériels et immatériels. Pourtant, les traités de Westphalie, remontant au XVIIème siècle, et le droit international dont les normes sont reconnues par la communauté internationale, interdisent aux Etats l’ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats.       

Par le déclenchement de cette opération militaire russe, tout le système westphalien et les normes du droit international, constituant le socle des relations internationales, ont été bafoués. C’est vrai que l’Ukraine n’a pas respecté les derniers accords de Minsk qui prévoient octroyer une autonomie aux quatre provinces annexées par la Russie. En fait, il n’y a pas que l’Ukraine qui a peur de la volonté expansionniste russe en Eurasie. D’autres Etats séparatistes ont été créées par la Russie dans son voisinage.

 La Russie, pour justifier son intervention militaire, avance une action par laquelle elle veut garantir le droit des peuples à disposer d’eux même et protéger la liberté d’expression des minorités russophones « opprimés » en Ukraine. Mais, le droit international interdit la résolution des conflits en recourant à la force. Pour se défendre, les russes évoquent qu’auparavant, les occidentaux ont agi de la même manière et ont constitué une coalition contre le régime du Colonel KADDAFI, celui de Saddam pour envahir l’Irak et contre le régime de Bachar en Syrie.

Aussi, dans son discours officiel, la Russie dit ne pas permettre aux occidentaux de l’encercler par le biais de son bras armé l’OTAN. La Russie ne doit pas empêcher l’intention de l’OTAN qui veut procéder à la modification de la morphologie de défense en Europe, de façon à avoir une seule alliance et une seule ligne de défense en Eurasie. Car l’Occident est conscient que tôt ou tard ce sera le tour de l’Asie d’imposer le pouvoir du verbe et de l’économie.

Avec le coût de la guerre, la montée excessive des prix des produits de consommation, la rareté des produits énergétiques, l’inflation et le nombre croissant des réfugiés ukrainiens en Europe occidentale, la menace d’une famine est de retour comme fut le cas dans la guerre de trente ans ou dans les deux grandes guerres mondiales.


[1]Les traités de Westphalie du 24 octobre 1648 arrêtent les affrontements. Ainsi, les Traités signés à Münster (nord Rhénanie) en 1648 mettent fin à une guerre de 30 ans entre 1618-1648. Les objectifs de ces traités donnent aux États la possibilité de se reconnaitre mutuellement, étant seuls interlocuteurs légitimes, et définissent les traités comme outils mutuels reconnaissant les souverainetés et les tracés frontaliers des parties.