Habitué dans les relations internationales à citer les violations de l’espace aérien des Etats, par les avions de combat ou le passage sans autorisation des avions civils. Mais rarement, on évoque le non-respect des frontières aériennes, en ce qui concerne la chasse des nuages dans l’espace. Il s’agit de tirer avec des projectiles ou des roquettes terre-air ou de bombarder par moyen aérien les nuages en vue de bénéficier des précipitations[1].
La maitrise des outils de modification du climat donne naissance à des nouvelles rivalités dans les relations internationales. Des fois par manque de respect des frontières, les Etats se trouvent soit gagnants, car ils ont volé des nuages de leurs voisins, soit perdants par le fait qu’ils soient victime d’une modification quelconque du climat. La législation internationale liée au climat interdit les vols de nuages ou l’utilisation des armes météorologiques à des fins militaires.
En effet la technique de modification a été expérimentée pour la première fois aux Etats Unis d’Amérique au milieu des années quarante [2]pour faire face à la sécheresse et vingt ans après, la technique a été utilisé pendant la guerre du Vietnam dans l’opération « Popeye »[3]. Il s’agissait d’utiliser la pluie artificielle afin de baigner ou inonder la piste Ho Chi Minh, qui assurait le transport logistique en passant par la route fréquentée du Laos et du Cambodge.
Par la suite, une « convention sur l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles » a été votée à l’assemblée générale des Nations Unies le 10 décembre 1976 et entrée en vigueur le 5 octobre 1978[4].
Ainsi cette convention interdit ouvertement l’usage de l’environnement par un Etat à des objectifs militaires, en vue de modifier l’environnement et d’être à l’origine « des destructions, des dommages ou des préjudices à tout autre Etat partie »[5].Aussi , ne pas soutenir un Etat, ou un groupe d’Etats ou une organisation internationale à faire ce type d’activités.[6] Mais , plusieurs Etats signataires ou qui ont mis des réserves à la convention ENMOD continuent de financer des recherches liées à la modification de l’environnement en leur faveur[7]. Et c’est toujours les pays du Sud qui n’ont pas accès à ses technologies, qui vont être victimes de ces manipulations.
Le non-respect de la législation internationale en matière de modification de l’environnement pourrait être aussi à l’origine de la fabrication d’armes météorologiques capables de provoquer des tremblements de terre, des tsunamis et d’autres modifications atmosphériques qui exposent la vie humaine aux dangers.
Cette arme météorologique a l’avantage d’être utilisée aussi fréquemment, par les pays pour anticiper ou éviter les pluies torrentielles qui pourraient être à l’origine des catastrophes. Néanmoins avec la montée du besoin de la population mondiale, cette technique pourrait déclencher des conflits graves dans les zones arides. Car, chaque pays va chercher à voler les nuages à son voisin pour profiter des pluies. Sinon, un pays pourrait utiliser cette technique pour noyer le pays voisin ou carrément le concerner par une catastrophe naturelle telle que les grandes tornades ou les graves inondations.
Les découvertes américaines en matière de modification du climat[8], ont poussé d’autres Etats à investir dans la recherche pour s’emparer de la maîtrise des précipitations, considérée auparavant un pouvoir divin. Les musulmans, ont une prière spécifique pour la pluie « Salat Al-Istiskâa »[9] qu’ils font pour demander à Dieu de leur accorder la pluie particulièrement en période de sécheresse. Dans la région Moyen-Orient et en Afrique du Nord, contrairement à l’Arabie Saoudite qui tractait par bateau un iceberg[10] pour l’exploiter en tant qu’eau douce, les premiers pays à avoir utilisé cette technologie sont les Etats d’Israël et le Royaume du Maroc[11], qui a partagé son retour d’expérience avec plusieurs pays africains en particulier du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest.
Depuis des décennies, le Maroc frappé par la sécheresse a pu utiliser, à l’intérieur de ses frontières[12], des techniques pacifiques, qui n’ont pas une finalité militaire. Devenu pionnier en la matière, la région du Saïs, ou ailleurs, ont pu tirer sur les nuages pour anticiper les précipitations, sinon afin d’éviter les conséquences de la grêle sur les arbres fruitiers. Certains grands domaines, ainsi que le service de météorologie, ont bénéficié de cette technologie, en faisant usage au tir des roquettes à partir de la terre. Mais au niveau national, ce sont des avions qui stimulent les nuages soit pour accélérer les précipitations, soit pour éviter les catastrophes naturelles.
[1]Via ces tirs on cherche à injecter soit du sel soit l’iodure d’argent ou d’autres particules dans les nuages pour créer une pluie artificielle. Cette technique a été expérimentée pour la première fois aux Etats Unis d’Amérique au milieu des années quarante pour faire face à la sécheresse et vingt ans après, la technique a été utilisé pendant la guerre du Vietnam dans l’opération « Popeye ». Il s’agissait d’utiliser la pluie artificielle afin d’inonder la piste Ho Chi Minh qui assurait le transport logistique en passant par la route fréquentée du Laos et du Cambodge.
[2] En 1946 dans la région de New-York pour faire face à la sécheresse. Par la suite cette technique a été expérimentée partout dans le monde au début par des roquettes tirés du sol et par la suite cette arme météorologique est utilisée par des avions.
[3] Arme météorologique utilisée par les américains dans la guerre du Vietnam. Lire https://libre-media.com/articles/des-pluies-artificielles-grace-un-procede-militaire-ne-au-vietnam
[4] « La convention ENMOD vise précisément à prévenir l’utilisation de l’environnement comme instrument de guerre, soit en interdisant la manipulation délibérée de processus naturels pouvant conduire à des phénomènes tels que des ouragans, des raz-de-marée ou des modifications des conditions climatiques. » Lire PDF présenté par services consultatifs en droit international humanitaire du CICR sur le lien https://www.icrc.org/fr/download/file/2108/1976_enmod.pdf ;
[5] Lire art. 1, paragraphe. 1 de ladite convention ENMOD ;
6 Idem art. 1, paragraphe. 2
[8] En tête de liste des pays concernés par la recherche sur la modification de l’environnement, il se trouve qu’en « 2020, le Conseil d’État chinois avait annoncé que le pays développerait un «système de modification météorologique» d’ici 2025, lequel permettrait à la pluie artificielle de couvrir plus de 5,5 millions de kilomètres carrés sur les 9,6 millions de kilomètres carrés de la Chine (58% de la surface totale) ».Pour plus de précisions, lire https://libre-media.com/articles/modifier-la-meteo-le-projet-de-la-chine-face-a-la-penurie-d-eau, consulté le 18 mai 2024 à 20 heures 38 .
[9] Au Maroc on fait souvent cette prière et on lui accorde une grande importance.
[10] Vers les années soixante-dix le Royaume d’Arabie Saoudite a choisi cette solution pour avoir l’eau douce.
[11] Cette technique n’est pas nouvelle au Royaume. Il est parmi les pays les plus avancés dans le monde en matière de stratégie de gestion des risques liés à l’eau.
[12] Depuis 1984, sous l’égide de feu SM le roi Hassan II que Dieu ait son âme, le Maroc a commencé les premières expériences d’ensemencement des nuages en collaboration étroite avec l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).
Zakaria HANAFI
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HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.