L’opposition militaire syrienne a pu effectuer une surprise stratégique qu’aucun analyste, n’a pu exposer dans ses hypothèses. L’Armée Arabe Syrienne longtemps considérée l’une des plus puissante au Moyen-Orient par sa doctrine et ses équipements majeurs s’est retirée de plusieurs villages et villes pour défendre Damas et son régime autocrate. Le moral de la troupe officielle n’est plus au beau fixe et une brigade de quelques deux milles militaires s’est rendu à l’armée irakienne. Sans compter l’abandon de matériel lourd qui pourrait augmenter la puissance des opposants.  C’est un indice fort de la défection d’autres unités qui ne veulent pas être poursuivis plus tard devant la justice.  

L’opposition armée, composée à quelques 90 % de citoyens syriens, de retour à leur patrie, a su avancer en ordre vers les localités, sans vengeance ou port de préjudices aux populations constituées de plusieurs ethnies y compris la secte alaouite privilégiée par le régime sanguinaire.Dans le passé en Irak, plusieurs groupes islamistes particulièrement DAECH , ont massacré les populations des autres religions ou ethnies. C’est la raison pour laquelle, les populations ont réagi favorablement et en accueil des rebelles islamistes. Certains jeunes ont adhéré, à la conquête effectuée par les milices islamistes .Cette opposition qualifiée de terroriste par plusieurs capitales occidentales a su exporter son modèle . Néanmoins, la réaction des uns et des autres diffère selon l’intérêt géopolitique de chacun.La chute du régime doit prendre en considération la situation du pays « après Bachar Al Assad ».

Réaction des amis de Damas

Tout d’abord malgré les bombardements effectués par les forces aériennes russes, l’opposition militaire a continué sa progression et la Russie ne pourrait plus soutenir un régime affaibli. D’ailleurs, les bases de Tartous et de Hmeimim constituant les bases principales du soutien russe en Syrie et en Méditerranée, pourrait faire l’objet de discussion entre les nouveaux maîtres de Damas qui vont surement demander leur démantèlement. Car dans leur guerre contre le régime, la Russie aussi considérée comme leur second adversaire. Donc la Russie pourrait perdre un acquis géostratégique en mer Méditerranée. Aussi, dans l’avenir, le gazoduc Qatari traverssant la Syrie, au lieu du détroit d’Ormuz, pourrait se connecter avec le gazoduc « Nabucco » en Turquie . Béni par les Etats Unis d’Amérique ce « pipe  » pourrait servir l’Europe . Ainsi, après avoir perdu le marché de gaz avec l’Europe occidentale, suite à la guerre d’Ukraine, la Russie se trouvera de nouveau menacée par la baisse des prix et exclue d’autres marchés dans le monde.

L’ami traditionnel iranien ne peut ouvrir un autre front malgré les promesses donné au régime Baathiste en cours de disparition. C’est une carte perdue à l’avance. L’Iran a beaucoup investie pour garder le régime syrien au dépend de ses finances et essaie de discuter sa sortie de crise et gagner l’Occident. C’est dans l’intérêt stratégique du régime iranien de calmer le jeu et s’il le faut sacrifier des milices armées shiites au Yémen, Liban, en Irak et même son soutien à la cause palestinienne. Car, l’Iran doit éviter tout problème avec le nouveau locataire de la maison blanche qui a déjà suspendu les accords nucléaires.  Le régime des Moullah pourrait du jour au lendemain déclarer la fin des essais nucléaires militaires et pour le faire, le régime doit garder le maximum de discrétion.

 La Chine ne pourrait pas soutenir un régime en faillite. A part l’armement vendu, il n’y a pas un grand intérêt stratégique qui lie les deux pays.  Par contre plusieurs Etats influents du Moyen-Orient pourraient assurer la Chine de la nécessité de laisser le régime disparaitre. La Chine a jusqu’à présent misé sur la stratégie économique.

Dans le monde arabe et musulman, seul l’Etat algérien a choisi de soutenir politiquement la dictature algérienne. Car, les deux régimes se ressemblent par leur despotisme et leur oligarchie militaire dirigeante, qui a la mainmise sur la gestion du pays. Le Président algérien a été le seul chef d’Etat à avoir appelé à la dernière minute le tyran syrien avant sa fuite. Ceci montre que le régime algérien a des choix qui différent de ceux de la majorité de la communauté internationale. Il reste le dernier maillon contre les Etats arabes modérés qui aspirent à la stabilité et à la paix dans le monde arabe. Les régimes syriens et algériens ont aussi souvent considéré les pays signataires des accords d’Abraham comme étant traitres. L’Egypte n’a pas échappé à ce qualificatif lors de la signature des accords de Camp David.

 Bon débarras pour les adversaires du régime alaouite  

Le Liban, la Jordanie et l’Irak ne peuvent soutenir que les populations civiles dans un cadre purement humanitaire. Ils sont conscients des violations de droits de l’homme , des crimes de guerre et contre l’humanité perpétrés par le tyran Al Assad. Une grande majorité libanaise, qui a vécu le grand calvaire suite aux interventions militaires syrienne au Liban est pour la chute du régime syrien.Aussi, plusieurs exilés syriens établis au Liban pourraient rentrer chez eux.
 

La Turquie a toujours soutenu les opposants islamistes contre le régime syrien. Cela permet aux Turcs de contrôler leurs frontières contre les mouvements indépendantistes Kurdes, en particulier les PKK. Dans tous les cas, la Turquie est un intervenant principal qui aura un poids considérable dans le futur gouvernement de la Syrie.La Turquie a financé les rebelles islamistes et a surement discuté avec les capitales occidentales l’offensive contre le régime syrien.Il s’agit d’un arrangement Turc avec l’Occident et en même temps avec la Russie. Le grand perdant pourrait être la population Kurde armée auparavant par l’Occident contre le régime syrien contre une possibilité d’autonomie ou d’indépendance. Les Kurdes suivent avec méfiance cet arrangement fait à leur insue .C’est une occasion pour la Turquie d’avoir un allié sûr dans sa région qui pourrait participer à la sécurisation des frontières face aux rebelions Kurdes.

Dans le même sillage , pour Israël, la chute du tyran Al Assad a diminué le nombre de ses ennemis dans la région.L’encerclement iranien via la Syrie , Le Liban du Sud et Ghaza est devenue une histoire du passé. Après les accords de Camp David la seule opposition, du voisinage   possédant une armée structurée et professionnelle est la Syrie. Néanmoins, Israël ne pourrait supporter un régime constitué d’opposants islamistes armés, qui pourraient perdre le contrôle et constituer une menace dans les frontières partagées.   Israël va faire de son mieux pour installer un gouvernement adhérant aux accords d’Abraham afin de stabiliser la région.


Les Etats Unis d’Amérique, qui a des unités présentes sur le théâtre pourrait les retirer après le 20 janvier date de prise de pouvoir de la nouvelle administration élue américaine. Parallèlement, la majorité des pays occidentaux ont chacun soutenus, au lendemain du printemps arabe, l’une des milices opposantes au régime Al Assad pour le faire tomber. Les Etats Unis d’Amérique pourraient demander au nouveau gouvernement de chasser la flotte russe à Lattaquié et les derniers conseillers iraniens en Syrie et veiller sur l’établissement du gazoduc venant du Qatar vers la mer méditerranée .

Le Royaume du Maroc est sorti encore une fois gagnant, à l’instar des monarchies arabes souvent critiquées par l’ancien Hafid Al Assad qui a laissé le pouvoir à son fils comme s’il s’agissait d’un royaume et non pas d’une république. Pour le Maroc, c’est une voix de moins dans la Ligue Arabe et au sein de l’ONU, qui reconnait les séparatistes du Sahara marocain.  Le régime syrien a toujours boycotté les décisions de la ligue arabe et constitué souvent une opposition au sein de cette organisation. Contrairement la majorité des monarchies du Golfe constitués de courant sunnite, ont eu dans le passé des problèmes avec les dirigeants Al Assad, père et fils. Aussi, ils reconnaissent tous la marocanité du Sahara. 

 Par ailleurs, l’Occident a besoin le plus rapidement possible d’un Etat stable et un gouvernement élu en mesure d’arrêter la coopération avec la Russie fédérale. La France ancienne puissance coloniale en Syrie n’a plus d’influence sur la Syrie qui a choisi l’Iran et la Russie pour faire face à l’opposition armée. Par contre, il est très urgent de mettre la main sur les armes des opposants armés et de l’Armée Arabe Syrienne qui posséde aussi des armes chimiques, afin d’éviter le scénario libyen.

En fait, la majorité des capitales occidentales et arabes se félicitent suite à la chute du régime déchu. Néanmoins tous suivent avec méfiance l’avenir du pays. Les Etats voisins ne pourraient supporter une Syrie instable constituée de plusieurs minorités ethniques vivant en harmonie depuis plusieurs siècles avec un nombre important de sunnites y compris ceux qui sont kurdes. Les groupes armés islamistes en présence d’origine DAECH et Al Qaida doivent trouver un compromis avec le reste des ethnies et des religions en présence.  

Somme toute, le régime tyranique déchu, a laissé un vide qui pourrait être comblé par une opposition préparée à la transition.Néanmoins, la paix et la  sécurité internationales et régionales pourraient être menacées vue le grand nombre d’intervenants régionaux et internationaux . L’unité doit prendre en considération, les castes, les communautés multiséculaires établis dans le pays.  La Russie ou l’Iran pourraient accepter l’exil de Bachar Al Assad. Par contre, là où il va, il sera demandé par la Cour Pénale Internationale pour crime de guerre et contre l’humanité. Les prisons viennet d’être vidées par les rebelles islamiques.Mais beaucoup de prisonniers politiques vont demander le jugement de Bachar le tyran.   Une opposition islamiste sage doit laisser une équipe technocrate provisoire diriger le pays en attendant l’organisation des élections libres et transparentes. Les syriens doivent reconstruire eux même la paix dans leur pays. Car une opération onusienne de maintien de la paix pourrait être longue et   va retarder la stabilité souhaitée.