Suite au conflit russo-ukrainien, certaines matières stratégiques, particulièrement le pétrole et le gaz, objet de convoitises par les puissances industrielles, commencent à menacer de nouveau la stabilité de l’économie mondiale. Les produits alimentaires deviennent de plus en plus chers à cause des prix du transport et du monopole exercé par certains Etats producteurs. Les indicateurs de baisse des échanges continuent d’aggraver la situation  et l’antagonisme ne cesse d’évoluer entre l’ alliance occidentale et les anciens empires communistes.  

Le commerce international continue son déclin

La Russie et l’Ukraine sont les uns des plus grands pays qui exportent le blé. Cette nouvelle crise, vient s’ajouter à celle provoquée par la pandémie et qui n’a pas encore connu de nouveau départ. D’ailleurs , dans la préface du rapport sur l’investissement dans le monde en 2021, Antonio GUTERRES Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a bien voulu attirer l’alarme de la communauté internationale, sur le recul des flux mondiaux d’investissements étrangers directs, suite aux séquelles du COVID-19[1]. Si on se réfère au dit rapport, ce type d’investissements a connu en 2020, un déclin de 35%, cause du COVID-19, soit 500 milliards de dollars de moins. Dans les pays en voie de développent, le nombre des projets programmés a baissé de 45%.

Alors que pendant la pandémie, les prix du pétrole ont chuté spectaculairement, à cause du confinement qui a entrainé la fermeture des usines, on dirait que, via la Russie, le choc pétrolier de 1973 est de retour avec un autre choc touchant aussi les matières stratégiques. Le double langage européen quant aux sanctions infligées à la Russie et la nécessité de continuer à importer le gaz et le pétrole de l’ours blanc constituent une contradiction sans précédent dans l’histoire de l’Union européenne. Cette fois-ci, les sanctions n’ont pas été bien planifiées et ciblées. 

Les sanctions infligées à la Russie n’ont pas épargné les économies de l’UE qui sont en réalité dépendantes de la Russie dans plusieurs volets. Les chiffres montrent que la Russie participe avec 30% du pétrole consommé dans le monde. L’Europe importe plus de 40% de son gaz de la Russie et l’Allemagne qui a choisie de dénucléariser son énergie importe 60% de son gaz de la Russie. Parmi d’autres, Total Energie qui est l’une des plus importantes multinationales françaises est contrainte de fermer ses sites d’exploitation d’énergie en Russie. La firme Shell, considérée l’une des grands distributeurs de pétrole dans le monde importe aussi assez de carburants de la Russie. La liste de ceux concernés par cette crise tels que  les usines et les différents volets liés aux services, comme les GAFA ou les flottes aériennes destinés aux de voyages, ne sont pas à l’abri des conséquences graves. Ainsi, les firmes européennes sont frappées de fouet et ne peuvent résister à ces sanctions choisies dans un moment de redémarrage de l’économie après le COVID-19 et ses fâcheuses conséquences sur l’économie mondiale. Les multinationales seront obligées d’intervenir dans le choix politique de leurs gouvernements respectifs et d’influencer sur le scrutin, en vue d’éviter une crise économique qui sera sans doute la plus grave qu’a connu le monde moderne.

Les indicateurs de ce nouveau défi économique auquel se sont exposés les Etats de l’UE et leurs alliés, ne peut perdurer dans le temps. Car tous les Etats qui ont eu accès aux marchés russes soit par l’implantation d’usines ou d’exportations de biens, soit par l’importation des différentes sources d’énergie ou autres produits, vont payer cher à cause de ce conflit russo-ukrainien. Les intérêts géoéconomiques et géopolitiques, de ceux qui dépendent le plus de la Russie, seront les plus exposés aux risques.

Les alliances occidentales face à l’axe russo-chinois   

La Russie qui s’est adaptée avec les anciennes sanctions, s’est préparée de nouveau à diminuer les répercussions des nouvelles sanctions. La Chine et d’autres Etats pro-russes, pourraient lui fournir tous les produits dont elle est dépendante, vis-à-vis de de l’UE. Aussi, la politique de dédollarisation pourrait lui éviter d’être à la Mercie des banques mondiales. Car la Chine pourrait aussi effectuer avec la Russie le troc et lui payer en devise ce que dont elle a besoin. L’UE n’a pas la puissance de défendre à la Chine ses relations économiques avec la Russie.   

Certes dans ce conflit, les premiers perdants, sont les puissances économiques. Mais les pays en voie de développement et les Etats pauvres le sont aussi, à cause de la flambée des prix des sources d’énergie et des produits alimentaires de premières nécessités. Les pays qui n’ont pas passé à des réserves à stratégiques doivent y penser et repenser. Les années glorieuses annoncées par la prophétie de Josèphe sont terminées. Après COVID-19 et la crise d’Ukraine, il faut s’attendre à d’autres évènements plus graves. L’économie mondiale dépend aussi de la production chinoise.

La Chine considérée par ses chefs humiliée dans le passé et obligée à signer des traités de la honte observe et étudie les scénarios possibles face à l’Occident. Elle continuera à se rappeler de la Campagne des huit nations sur ses territoires au début des années de 1900. Si l’Usine du monde, veut à son tour, rectifier le tracé frontalier dans son voisinage direct, le monde soufrera plus encore que n’importe quelle époque. La Chine possède des armes géopolitiques qu’elle pourra ajouter à celles que fournit l’ile de Formose, à l’économie mondiale. Rappelez-vous-en, il est temps pour les Etats de faire et refaire leurs calculs avant de prendre leurs décisions finales. Le monde est en train de basculer vers un nouvel ordre politique et économique. Le partage des zones d’influence n’épargnera pas l’économie. Les Etats doivent se préparer à d’organiser, tant qu’il est encore temps de le faire, leur logistique stratégique, afin d’avoir le maximum d’autonomie.


[1] Lire rapport sur l’investissement dans le monde en 2021 réalisé par la conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement , dans lequel le responsable onusien signale que suite au  COVID-19, en 2020 ces flux d’investissement : «  ont chuté d’un tiers pour s’établir à 1000 milliards de dollars…Ces flux d’investissement internationaux sont d’une importance vitale pour le développent durable des régions les plus pauvres du monde… » .D’ailleurs, Isabelle Durant Secrétaire générale par intérim de la CNUCED a fait de même dans l’avant-propos dudit rapport.