Certains régimes de la Ligue Arabe n’ont pas cessé depuis leur existence de véhiculer un double discours. L’un pour tromper leurs sujets et l’autre pour vendre une image fausse de leur système politique. Les régimes militaires des années cinquante et soixante n’ont pas lâché le pouvoir et demeurent un défi majeur pour le progrès et la prospérité de la nation arabe.
Un autre sommet parmi d’autres
En effet, dans la continuité des réunions précédentes, marquées par les contradictions, le 19 mai 2023, la Ligue des Etats arabes a organisé son 32ème sommet à Jeddah[1] en Arabie Saoudite. Réunion marquée principalement par l’échec d’appliquer un cessez-le-feu dans les zones de tension de la nation arabe, par l’amélioration des relations avec l’Iran et par la réadmission de la Syrie, objet de suspension depuis 2011, à la suite de la répression du régime sur ses populations.
Personne n’a parlé ni de poursuite judiciaire du pouvoir en place, ni sur le cadre juridique adéquat afin d’évacuer les forces étrangères du pays. Ceci veut dire que les forces étrangères ne vont pas quitter le théâtre pour demain. Cela arrangerait sûrement les puissances régionales et internationales[2] qui ont mis leur doigt au feu. Chacun des acteurs en présence défend son ou ses ambitions.
C’est une continuité du 31ème sommet du 02 Novembre 2022 organisé en Algérie. Car, on a presque abordé les mêmes points discutés avant la crise du Soudan. On continue avec les mêmes rhétoriques de condamner Israël depuis plusieurs décennies et de rappeler la centralité de la cause palestinienne[3]. Pourtant certains Etats arabes n’ont pas trouvé le courage de résoudre ce problème et marchandent leurs intérêts en les associant à la cause palestinienne.
Les régimes autoritaires, particulièrement militaires ont toujours considéré traitres, ceux qui ont choisi la paix et la reconnaissance de l’Etat hébreu. Par contre, ces mêmes régimes sont derrière des guerres intestines dont le but est de s’accaparer le pouvoir. Aussi, le séparatisme et la violence continuent de déstabiliser plusieurs Etats de ce monde Arabe.
Lors de la déclaration d’Alger, il a été pourtant approuvé par les participants de manière unanime de « préserver l’unité des États membres, leur intégrité territoriale et leur souveraineté sur leurs ressources naturelles »[4].
Alors que les populations de la Syrie, du Liban[5], du Yémen[6], du Soudan[7], de la Palestine[8], de la Libye[9] et autres, continuent de souffrir en dépendant des aides internationales[10], certains Etats n’ont pas honte de parler du panarabisme ou de la fraternité entre les pays de la Ligue Arabe. Ces mêmes facteurs ont bien perduré dans le long temps.
Des indicateurs généraux invariables
Dans la continuité, on assiste à des répétitions de scénarios, des réunions de la Ligue Arabe, sans effets ni objectifs stratégiques. Beaucoup de discours et presque rien de gagné sur le terrain. Des régimes se proclament rassembleurs et sont en réalité les vrais artisans de la division entre Etats frères, du séparatisme interne et aussi l’outil par excellence du financement du terrorisme.
Certains gouvernements du monde arabe, continuent de se contredire dans leurs discours politiques. Au sein d’un panarabisme mal fondé, on observe à travers l’histoire politique récente, que chaque décennie a ses hommes autocrates qui instaurent la terreur et vendent le mirage.
Au départ, la Ligue Arabe n’a pas été bien construite et a été fondée sur la traitrise. La guerre menée par Gamal Abdel Nasser et ses adeptes ou complices, contre les royautés arabes[11] et Israël n’a fait que retarder le développement des populations arabes.
Ceux parmi les régimes autocrates qui croyaient être ses héritiers, n’ont fait que suivre le même modèle de système politique. En créant leur propre révolution et en finançant les rebellions chez leurs frères, ils se sont trouvés à leur tour malmenés, liquidés et assassinés comme des chiens enragés.
De nos jours, l’élite dirigeante de plusieurs Etats arabes est désormais composée d’oligarchies militaires qui continuent d’exposer leurs populations aux ambitions douteuses des puissances économiques. Des menteurs, qui détournent les biens de leurs pays, écrasent leurs populations et se déclarent victimes des complots étrangers.
Leurs discours de haine, propagandiste et de désinformation n’a pas changé. N’ayant pas confiance dans leur double facette, les pays arabes, dits riches en pétrodollars, ont toujours préféré investir dans les pays du Nord. Pendant longtemps le Moyen-Orient ne fait que chercher à travers les discours une paix durable et pourtant ce n’est qu’une illusion sans fondement.
Faisant souvent l’objet de risées et de manipulations des régimes dits démocratiques certains régimes ne veulent ni céder, ni se corriger. Ces mêmes autocraties déclarent qu’ils n’interviennent pas dans les affaires internes des autres pays, se disent prêts à condamner les crimes et la corruption. A contrario, ils continuent de verser le sang et de constituer une honte pour leurs populations.
Alors, qu’ils se déclarent neutres et capables de faire la médiation entre la Russie et l’Ukraine, suite à l’invitation surprise faite au président ukrainien, ils n’ont jamais trouvé un terrain d’entente ni entre eux, ni avec Israël avec qui le conflit remonte à 1948. Désormais, ce n’est pas à titre de pessimisme et à l’instar des trentaines des réunions de la Ligue, le 33ème sommet arabe qui se tiendra en 2024 au Royaume de Bahreïn, va continuer dans la voie de la honte et de la schizophrénie. Il est toujours temps d’oublier les malentendus du passé, les dépasser et penser à reconstruire un avenir prometteur pour la nation arabe.
[1] Pour moi c’est Jeddah Et non pas Djeddah. Les français ont ajouté la lettre « D » à tort à plusieurs mots tels que Djihadiste alors que c’est Jihadiste et Djamal au lieu de Jamal et la liste est longue.
[2] La Russie, les USA, l’Iran, la Turquie ne pourraient quitter facilement les territoires syriens et défendent l’une des composantes en présence, qui assurent la guerre par délégation.
[3] Les arabes continuent de défendre dans leurs discours l’existence de l’Etat palestinien en référence aux frontières d’avant le 04 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Il s’agit de régler globalement la question palestinienne, avec comme principe la solution des deux États, en application de la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies et en référence à l’initiative de paix arabe de 2002.
[4] L’Algérie exemple de schizophrénie, veut réunir les arabes, n’a jamais pu arrêter ses ambitions vis-à-vis du Maroc et continue de financer le séparatisme. Donc pourquoi ce sommet ?
[5] Il n’y a pas de président au Liban depuis le 31 octobre 2022, d’où la Ligue Arabe appelle les acteurs de ce pays à élire un président et à activer des réformes adéquates afin de trouver une issue à la crise économique.
[6] Concernant le Yémen, lors du sommet arabe de Jeddah, il a été demandé à soutenir l’effort de paix via une solution politique en se basant sur les trois références de l’initiative du Golfe, du dialogue national yéménite et sur la résolution 2216 du Conseil de sécurité.
[7] Le conflit au Soudan a éclaté le 15 avril entre l’armée et le groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide. Lors du sommet de Jeddah, la Ligue Arabe a invité les parties belligérantes à revenir à la table des négociations et à protéger les civils.
[8] Sans compter le contrôle israélien, la Palestine est divisée entre deux acteurs politiques distincts. Chacun est soutenu par une partie des Etats arabes. Ce ne sont pas les discours de narrateurs qui manquent pour défendre la cause. Les perdants sont les populations partagées entre deux doctrines.
[9] Le Sommet arabe a salué le soutien de la diplomatie marocaine aux pourparlers entre frères libyens et a souligné l’importance de s’appuyer sur l’Accord politique signé à Skhirat en 2015.
[10] Ironie du sort des fois ce sont des aides qui sont assurées beaucoup plus par des Etats chrétiens que par ceux qui défendent la cause arabe ou musulmane !
[11] Le défunt président égyptien Nasser a humilié, au début des années soixante, le valeureux Roi Fayçal d’Arabie et a encouragé les saoudiens à se rebeller contre leur pouvoir .Il a envoyé son aviation bombarder des villes saoudiennes du sud et il a soutenu les putschistes militaires du Yémen, avec soixante-dix milles militaires, contre le roi yéménite Al Imam Mohammed Al Badre et le pays a été par la suite divisé en deux .Il a échoué à constituer la république unie avec la Syrie et a soutenue le régime militaire algérien contre le royaume du Maroc. Il a acclamé le coup d’Etat du Colonel KADDAFI contre le roi Senoussi. En bref, il a partout créé l’instabilité comme s’il était un ennemi de lui-même et de la Nation Arabe. A travers ses discours, il se croyait tuteur des peuples arabes. Il a fini par rater le décollage économique de toute une région. Le peuple égyptien méritait mieux.
Zakaria HANAFI
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HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.
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