Le Kremlin continue d’accepter stoïquement la rébellion interne qui pourrait couter l’effondrement du régime. Le chef de groupe Wagner PRIGOJINE entouré de gladiateurs, constitués d’anciens criminels, qui voulaient se racheter n’ont rien à perdre par rapport à leur statut de mercenaire . Mais la chute de la Russie n’est pas dans l’intérêt de ses ennemis.
Le Kremlin poignardé au dos
En effet, il parait que la réaction du premier responsable du groupe Wagner, longtemps fondée sur les critiques à l’égard du commandement militaire, est soutenue par d’autres personnes influentes au sein de la hiérarchie du Kremlin. Par contre il ne faut pas oublier que le patron de Wagner, considéré cuisinier du Chef du Kremlin, constitue une boite noire importante qui pourrait menacer la stabilité du régime et divulguer ses secrets à ces ennemis. Jamais une armée privée, censée participer par délégation au conflit, n’aurait dû ne pas faire partie de la hiérarchie d’une force de défense régulière.
Malheureusement la Russie considérée par son potentiel nucléaire et d’armes classiques comme seconde puissance mondiale se trouve comme un pays du sud confronté à la division ou plutôt à une guerre intestine. Le scénario à la soudanaise, qui pourrait toucher plusieurs zones de tensions, n’est pas à écarter. Car, la rébellion ouverte pourrait durer plusieurs semaines sinon, s’éterniser si elle trouve un soutien populaire interne et des financements externes. L’Empire de Rome a aussi connu le déclin et la chute !
Ce qui est abracadabrant, c’est le déplacement du groupe privé, sans qu’il soit intercepté à temps par les autorités compétentes. Dans chaque pays, sans compter les services spéciaux, il y a une police militaire ou un système de sécurité qui contrôle les déplacements des forces. Dans le cas du putsch manqué en Turquie, le commandant en chef de la première armée et le premier responsable des services de renseignements ont pu rendre compte à temps au président et contrecarrer la situation critique.
Cette mutinerie non anticipée par l’Etat fédéral russe prouve qu’il y a un soutien interne au niveau de l’un des services spéciaux. L’ histoire récente de l’URRS, nous a appris que Nikita KHROUCHTCHEV a été destitué en octobre 1964 et Mikhaïl GORBATCHEV a connu le même sort en aout 1991 .Néanmoins, afin d’accompagner le désordre à l’intérieur des frontières russes, une manipulation externe visant la division pourrait toujours être la bienvenue.
En fait, les répercussions au niveau national porteront particulièrement sur le moral de la troupe dans les frontières face à l’Ukraine et le manque de confiance du peuple dans ses institutions, qui les ont engagées dans une guerre prolongée.
Issues possibles au séisme géopolitique russe
Cette insoumission du groupe Wagner ne pourrait aller plus loin. Ni la population locale ou les ukrainiens touchés par le conflit, ni la communauté internationale ne lui donneront raison. Car, manquant de transparence, ce groupe garde, au niveau national et international, l’étiquette d’une armée privée criminelle.
Les sorties de crise sont très possibles. Certaines alliances étrangères du pouvoir russe, pourraient lui prêter main forte afin de sauvegarder leurs intérêts communs. Sans se limiter à la Chine ou à la Turquie, d’autres Etats ne trouvent pas juste l’insurrection.
Le panslavisme constituant l’épine dorsale de la population russe, accompagné de l’encadrement de l’église orthodoxe et les alliances même avec les populations musulmanes ne pourraient laisser le pouvoir, faire face seule à l’insurrection des éléments de Wagner.
La Garde nationale et les unités qui ne sont pas au front pourraient soutenir le pouvoir avec la police. Mais, toute diminution d’effectifs face à l’Ukraine va coûter cher à l’armée russe menacée par les différentes actions de contre-offensive ukrainienne. La force aérienne et spatiale pourrait arrêter la progression de l’armée privée, ou n’importe quelle armée vers Moscou.
La conduite à tenir du pouvoir russe, concernent les contingents de Wagner à l’étranger (en Afrique et en Asie), doit être anticipative. Il faut envisager le plus tôt possible, d’avoir l’alliance des chefs responsables de Wagner dans les pays où ils sont établis, ou les recruter au sein de l’armée régulière .Car, ce défi est nécessaire pour la Russie. Il sera difficile pour les pays d’accueil, n’étant pas en position de force, de décider ou d’influencer sur les combattants privés établis sur leurs territoires. Par contre d’autres puissances ont l’occasion d’or afin de chasser les forces privées russe de leurs zones d’influence.
Dans un proche avenir, le plus important pour l’Etat fédéral, sera d’encourager la réconciliation entre les acteurs antagonistes internes, relever de leurs fonctions ceux qui ne sont pas de l’avis du pouvoir central et unifier le commandement des forces de défense russe. Parallèlement, il est difficile de comprendre l’énigme qui entoure cette rébellion et sa neutralisation dans un temps record.
Finalement, il ne faut pas se féliciter et chanter victoire très tôt. C’est vrai la tension a disparu rapidement comme tout incident de passage. Par ailleurs, ce n’est pas dans l’intérêt des chancelleries occidentales, d’ouvrir un autre front. En cas de chute du régime en place, il y aura une menace de prolifération d’armes classiques et probablement nucléaires russes en Europe et en Asie. Ce scénario a été vécu lors des chutes de l’URSS et de la Lybie. Ces matériels sensibles pourraient tomber entre les mains des acteurs non étatiques. Il suffit de se référer à l’histoire, chaque fois que l’Ours Blanc tombe en crise toute la géopolitique voisine tremble.
Zakaria HANAFI
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HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.
Mon Colonel, j’ai parcouru votre analyse sur la situation en Russie. Elle est pertinente à plus d’un titre. Personnellement, je suis d’avis avec vous