A l’aube de notre ère nouvelle, les économies nationales sont devenues plus exposées aux crises géopolitiques internationales. Sorties de crise non réussies pour la majorité des pays du monde suite au Covid 19, et voilà que la crise ukrainienne perdure dans le long temps pour laisser la voie libre à la guerre économique.
Face à la récession générale, qui a engendré une cherté galopante des produits de consommation, une inflation et des déficits sans précédent. Les souverainetés économiques nationales sont devenues très menacées et dépendantes. Les challenges auxquels sont exposés les pays du monde sont semblables ou particuliers et doivent trouver des issues adaptables à leurs spécificités.
Des défis d’ordre international
Chaque région du monde ou territoire a des défis à surmonter. Néanmoins, on peut citer quelques-uns qui méritent une attention particulière au sein des économies nationales.
De prime abord, le premier défi est multiforme et lié à la politique environnementale, qui est devenue un souci permanent de toute la communauté internationale. Pour l’appliquer, il y a lieu de prendre en considération la pollution engendrée par les différentes activités économiques humaines, chercher des solutions pour faire face au réchauffement climatique. Les risques touchent la planète toute entière. Ainsi, la pollution et l’utilisation des produits chimiques, des combustibles fossiles et de plastiques, menacent les écosystèmes de la planète.
On ne peut étudier la sécurité de l’environnement sans nous soucier du changement climatique qui a provoqué un grand réchauffement de la planète et a provoqué un stress hydrique dans la majorité des régions du monde. L’Europe connue pour ses précipitations et ses fleuves abondante en eau a adopté des politiques publiques mettant cette matière dans les priorités stratégiques [1].
Ainsi, un plan concernant l’eau a été présenté par le président de la République le 30 mars 2023. Il se veut d’atteindre 10% d’économie d’eau d’ici 2030. Ce plan se base sur cinq axes qui visent à « accélérer la sobriété, lutter contre les fuites, prévenir les pollutions, améliorer la gouvernance de la gestion de l’eau et mettre en œuvre une tarification adaptée et prévenir les épisodes de sécheresse. »[2]
De même, au Maroc le Souverain marocain Que Dieu le Glorifie a notifié au parlement marocain le vendredi 14 juillet 2022, la nécessité de gérer la politique publique en matière de gestion de l’eau et rappelé les mesures prises par la construction des barrages.[3] Dans se sillage, le Royaume du Maroc, veille à protéger son environnement en utilisant des énergies vertes, en choisissant des matériaux moins polluants, en gérant bien les déchets, par l’application stricte du droit de l’environnement tel qu’il est approuvé dans les différents textes des sommets de la terre. Il s’agit d’une stratégie mondiale, qui associe tous les acteurs politiques des relations internationales avec les populations mondiales de façon à gagner ce défi.
Aussi malgré l’intention exprimée par la communauté internationale d’effectuer une transition énergétique, ou rêver d’une économie verte, la majorité des pays du monde n’ont pas atteint leurs objectifs en la matière. Le respect de la législation internationale, qui incombe à l’Etat en matière de sécurité de l’environnement doit prendre en considération l’exploitation dans le long temps de toutes les ressources naturelles, la protection contre la pollution de l’air et de l’eau, avec la réduction des dangers engendrés par les activités industrielles.
Dans ce contexte, le Maroc est un pionnier en Afrique et au Moyen-Orient en matière d’énergie renouvelable. Il possède l’une des plus grandes stations solaires dans le monde. Ce pays de l’Afrique du nord continue d’investir dans toutes les sources d’énergie verte, qu’elle soit éolienne, hydrogène ou autres. C’est un exemple en matière de sécurité d’environnement pour les pays du Sud.
Dans cette optique, la rareté des produits alimentaires n’est pas seulement due au problème climatique, mais aussi à la flambée des prix des engrais et à la guerre d’Ukraine[4]. Car les deux antagonistes ont toujours été parmi les plus grands fournisseurs de céréales dans le monde. Les initiatives de certains pays à produire eux même leurs produits alimentaires et en particulier les céréales monte en flèche. Néanmoins, certains pays sont touchés en plein fouet par la sécheresse, le manque de moyens et les guerres intestines qui les empêchent d’acquérir leur souveraineté alimentaire.
Enfin dans cet interventionnisme économique de l’Etat, l’intelligence artificielle avec ses points positifs constitue un défi majeur dans le futur proche. La main d’œuvre en général dédiée à la puissance économique et certaines fonctions ou métiers sont menacés de disparition. Malheureusement l’homme a fabriqué la machine pour se tuer lui-même[5]. Ceci augmentera surement le chômage parmi une population mondiale de plus en plus en hausse. Par conséquent, le monde va connaitre, en nombre important, la pauvreté et les inégalités. Le choix de l’intelligence artificielle ne doit pas être pris à la légère et doit se conformer à des décisions collégiales bien muries.
Vers l’ajustement et l’aménagement d’une économie souveraine
En effet, les solutions différentes selon la priorité et les choix stratégiques de chaque pays. Néanmoins, l’expérience a bien montré que les économies nationales des pays du monde doivent être adaptés avec certaines exigences qui font de l’Eta un régulateur omniprésent pour une gestion efficiente des intérêts nationaux. Cette participation de l’Etat pourrait se justifier principalement par la création de banques et de centres ou dépôts qui pourraient la rendre plus souveraine lors des échanges commerciaux au niveau international.
Certes une banque alimentaire est une décision de logistique stratégique. Dans chaque pays servira surement à augmenter le degré de souveraineté nationale en la matière. L’histoire humaine[6] et les religions monothéistes[7] nous ont appris que par le passé les civilisations antiques prenaient des précautions face aux aléas de la nature. De nos jours souvent les réserves stratégiques en vivres ne dépassent pas généralement les semestres. Pourtant un pays doit avoir des réserves alimentaires, de plus d’une année en boites de conserves (légumes, poisson et autres), en céréales et tout aliment qui pourrait être gardé aussi longtemps que possible. L’Etat doit être en mesure d’encourager aussi le privé à participer à cette initiative en respectant les choix de nécessité exprimé par ses populations.[8]
La réserve stratégique en matières premières minières et énergétiques n’est pas un choix pour tout Etat qui veut sauvegarder ses intérêts nationaux et internationaux. En citant comme références les différents chocs pétroliers et la crise récente de l’Ukraine on se rend compte de l’importance de ce facteur.
Dans un souci du nouvel ordre international qui pourrait être touché par une nouvelle génération de crises, il faut que l’Etat interventionniste et acteur économique doit réviser ses actions. Car, autres que les réserves stratégiques en carburants[9], l’Etat selon les exigences de son industrie pourrait constituer les dépôts des différents minerais, les plus utilisés dans son marché intérieur ou dans l’exportation des produits manufacturés. Aussi, les réserves en Or pourrait renforcer la valeur des monnaies nationales face aux monnaies dominantes[10].
L’autonomie sanitaire, qu’elle soit en infrastructures hospitalières et en laboratoires de recherches, en ressources humaines et en médicaments ou vaccins n’est plus un luxe. C’est une relation de confiance permanente entre l’Etat et ses sujets et aussi elle pourrait l’être avec ses pays amis ou n’importe quel bénéficiant. Le Covid 19 a bien montré les limites de certains Etats considérés développés.
En somme bien que les facteurs qui présentent les défis pour les économies nationales sont nombreuses, ceux abordés et leur ajustement constituent des pierres angulaires pour la stabilité des économies nationales et leur développement. On peut retenir comme défi majeur que les différents sommets et conférences organisés pour diminuer les effets du réchauffement planétaire, n’ont jusqu’à présent, pas donné de satisfaction.
[1] La France est consciente plus que jamais de ce danger. Car, les nappes se sont dégradées et devenues insuffisantes par rapport au passé. Les pluies infiltrées de l’automne ne sont pas très suffisantes et ce depuis 2022. Visiter pour plus de précisions https://www.brgm.fr/fr/actualite/communique-presse/nappes-eau-souterraine-au-1er-mars-2023
Aussi, les Pays-Bas risquent de voir interrompu le déplacement des navires commerciaux dans les fleuves qui les relient aux autres pays européens. Information relevée lors de mon séjour au Pays-Bas pendant l’été 2022.
[2] Lire https://www.vie-publique.fr/en-bref/288775-plan-eau-une-sobriete-necessaire-face-la-secheresse
[3] Dans ce discours SM le Roi Que Dieu l’Assiste a expliqué le contexte selon le cadre du Plan national de l’eau qu’il « est nécessaire de lancer des initiatives et des projets plus ambitieux, par le recours aux innovations et technologies nouvelles, dans le domaine de l’économie de l’eau et de la réutilisation des eaux usées. Aussi, de donner une attention particulière à une exploitation rationnelle des eaux souterraines et à la préservation des nappes phréatiques, en mettant fin au phénomène de pompage illégal et au creusement de puits anarchiques. Puis, souligné qu’il est essentiel de garder à l’esprit que la question de l’eau n’est pas l’affaire exclusive d’une politique sectorielle isolée, mais qu’elle constitue une préoccupation commune à de nombreux secteurs. Il en résulte que les stratégies sectorielles doivent être constamment mises à jour en fonction de la pression exercée sur les ressources en eau ainsi que sur leur évolution future. Enfin il est indispensable de prendre en compte le coût réel de l’eau à chaque étape de la mobilisation de cette ressource, de considérer ce que cela implique en termes de transparence et de sensibilisation aux différents aspects de ce coût. » Voir discours royal sur https://lematin.ma/express/2022/discours-integral-majeste-roi-louverture-nouvelle-session-parlementaire/381930.html
[4] Les accords entre la Turquie, l’ONU et la Russie n’ont pas encore été signés jusqu’au milieu de juillet 2023. Car, le président Vladimir Poutine n’a pas renouvelé l’accord assurant le passage des céréales ukrainiennes via la mer Noire, signé pendant l’été 2022. Car les russes signalent qu’il existe des sanctions économiques qui les privent d’exporter leurs produits, tel que le réseau de paiement international Swift. Aussi la Russie accuse l’Ukraine d’utiliser le port d’Odessa concerné par cet accord céréale, comme base d’attaque.
[5] Cela nous rappelle la belle phrase d’Alphonse Allais qui dit : « Faut-il que les hommes soient bêtes de fabriquer des machines pour se tuer…comme si one claquait pas assez vite tout seul ! »
[6] Agadir qui est une ville marocaine porte le nom amazigh de l’une des plus anciennes banques de céréales et de biens dans le monde.
[7] L’histoire du prophète Joseph (sur lui la paix et la bénédiction) montre bien qu’à l’époque des pharaons en Egypte, il a sauvé le pays en construisant des dépôts souterrains pour préserver les récoltes pendant sept ans (période des vaches maigres).
[8] En Asie, les populations consomment beaucoup plus le riz et en Afrique du Nord les maghrébins mangent beaucoup le pain.
[9] Lors de la période Covid 19 rares les pays qui ont constitués les réserves en pétrole et ce malgré la chute des prix.
[10] Pendant la pandémie, certains Etats comme la Russie, la Chine qui sont tous deux membres du BRICS et l’Iran ont constitué des grandes réserves en Or. Cela est fait dans le but de renforcer le poids de leur monnaies nationales dans leur politique d’échanges commerciales et de dédollarisation.
Zakaria HANAFI
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HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.