L‘attaque à l’aube du 7 septembre 2023 a inauguré une nouvelle ère dans le type d’opérations militaires qui entrent dans la catégorie de la résistance ou de la guérilla car la force des Brigades Qassam ne peut être comparée à une armée organisée et reconnue au Moyen-Orient et reconnue à l’échelle mondiale. Cette opération à l’aube constituait une nouvelle version de ce qui a été dans les études stratégiques modernes. C’est pourquoi on se demande : qu’est- ce qu’il y a de nouveau dans ce processus ?
Surtout, l’élément de surprise et la planification minutieuse de l’opération nous rappellent la manière secrète dont la ligne Barlev a été prise d’assaut en octobre 1973. L’armée égyptienne, avec toutes ses composantes et ses cadres, a réussi à distraire les renseignements israéliens. L’infiltration terrestre, aérienne et maritime avec des équipements primitifs et ordinaires par rapport à ce que possède l’État d’Israël est, en soi, un nouveau type de défi qui fait du Hamas en général et des Brigades Al-Qassam en particulier un nouvel exemple de résistance et une leçon insignifiante d’infiltrations à l’intérieur des ceintures de sécurité, qui méritent analyse et examen au sein des instituts militaires et des états-majors. Cette manière de planification dissuasive a divisé les efforts du haut commandement israélien entre ce qui se passait sur terre, sur mer et dans les airs, comme s’il s’agissait d’une guerre classique avec un pays doté d’une armée régulière.
Le nombre des prisonniers n’est pas signalé mais sera utilisé comme carte de pression lors des négociations et pour la première fois de l’histoire ces engins volants[1] sont utilisés dans les combats.
Ici aussi, l’élément de vigilance et de confiance en soi doit être pris en compte parmi les gardes-frontières israéliens, y compris les unités d’écoute et de surveillance au sein des services de renseignement militaires et civils de toutes nuances. Car cette attaque soudaine a réfuté toutes les affirmations israéliennes concernant les dispositifs de surveillance et de contrôle, notamment les radars, les drones, les avions de reconnaissance, ainsi que le système de défense « Barak M, X », qui fait la fierté d’Israël. En résumé, ce qu’il y a de nouveau dans cette attaque indique l’effondrement du bouclier de sécurité israélien.
Cette infiltration de longue envergure coïncide avec un événement important dans l’histoire de la nation arabe, à savoir la guerre d’octobre 1973, appelée par les israéliens guerre du « Kippour », signifiant Yom Kippour, ainsi que le jour du samedi « Shabbat Shalom ». Ainsi, Israël s’est réveillé pour faire face à 5 000 missiles et aux prises d’assaut des dizaines de points de surveillance et d’appui par les éléments du Hamas. En fournissant un soutien aérien avec de petits hélicoptères[2] capables de pénétrer sur le territoire, des éléments commandos du Hamas ont coupé les grillages et attaqués les unités militaires, tandis que des petites embarcations militaires occupaient par le tir les navires de la marine israélienne[3].
Pour la première fois dans l’histoire militaire israélienne, des dizaines de points d’observation ont été attaqués en quelques minutes, alors que tous les services de renseignement n’étaient pas au courant de la planification de cette frappe sans précédent. Ainsi, il apparaît clairement à travers la méthode choisie par les Brigades Qassam, que l’opération a été planifiée dans un autre pays. Car, dans tous les cas il n’est pas possible d’échapper aux yeux des équipements aériens et terrestres israéliens qui surveillent les villes palestiniennes 24 heures sur 24. L’État islamique iranien est le seul pays à pouvoir veiller à ce type de formation et à son financement. La Palestine entière a toujours été sous le microscope israélien et a besoin d’une aide extérieure, et non de celle des pays en confrontation. Même les pays arabes voisins d’Israël ne peuvent adopter ce type de planification et de formation sans susciter la suspicion israélienne. Hier encore, les partisans du Hamas sont descendus dans la rue, comme à leur habitude, pour dénoncer l’occupation et les célébrations à la mosquée Al-Aqsa. Il s’agit d’un détournement d’attention, qui a amené les Israéliens à le considérer comme une habitude qui a duré dans le temps.
Dans la plupart des cas, l’utilisation de drones par le Hezbollah ou le Hamas n’a pas toujours été couronnée de succès dans les opérations à l’intérieur de l’État hébreu. Mais cette fois, le Hamas a réussi à pénétrer les frontières de son ennemi, capturant et tuant des centaines de militaires israéliens, Tsahal, et blessant des centaines de soldats et de civils. Il y a ceux qui parlent aussi d’otages civils. Jusqu’à présent, les rapports sont encore provisoires. Une fois de plus, le Hamas utilisera la carte des prisonniers[4] et des otages[5] pour libérer le plus grand nombre de prisonniers appartenant à la résistance palestinienne. Dans le passé, un soldat israélien équivalait à un grand nombre de résistants, et ce n’est pas nouveau.
Concernant les développements sur le plan géopolitique, cette attaque reste un message clair et non crypté à tous les pays arabes qui ont renouvelé ou normalisé leurs relations avec Israël, les invitant à rester prudents et à se considérer eux aussi comme vulnérables et sujets à des attaques ou à une déstabilisation. Sachant que tous ces pays islamiques ou arabes ont choisi la voie de la paix parce que le mouvement nassérien et le nationalisme arabe n’ont apporté que la ruine aux pays confrontés à Israël. L’État hébreu a également mis beaucoup de temps à prendre le risque d’occuper les terres et à ne pas réfléchir à la solution de deux États. Au contraire, il a annexé le Golan et s’est soustrait à ses promesses concernant la solution à deux États, comme stipulé dans les accords d’Oslo[6], en partageant Jérusalem entre les deux antagonistes.
Les responsables israéliens ont-ils oublié qu’à la fin des années 1940, devant les tribunes des Nations Unies, ils cherchaient seulement un lopin de terre sûr pour établir leur État et obtenir une reconnaissance internationale ? Nous ne voulons pas revenir à la case départ. Certains pays arabes se considéraient plus nationalistes et exerçaient une tutelle sur le reste pour perturber la paix entre les enfants d’Abraham, que la paix soit sur lui. L’Égypte était et est toujours l’un des seuls pays à avoir combattu Israël avec tout ce qu’elle possédait, grâce à la sagesse de son défunt président, Anwar Sadat, qui a anticipé les événements et a décidé d’instaurer une paix permanente, immédiatement après la guerre d’octobre 1973.
Enfin, Israël doit relire l’histoire de la région. Car les Arabes leur sont les plus proches que tout autre peuple. Le Hamas ou les Brigades Qassam constituent un mouvement politico-militaire apparents, néanmoins il y a des cellules dormantes qui attendent toujours un vide sécuritaire pour mener à bien leurs actions inattendues. Israël mérite également de vivre loin de la panique et de la peur. Combien de temps les gens continueront-ils à fuir vers des cachettes ? Les attaques de Saddam Hussein avec des missiles Scud ne sont pas loin ! Il faut apprendre de l’histoire. Même en éradiquant Hamas, une autre génération va naitre pour commettre le pire.
La solution militaire ne fera qu’entraîner la région vers la destruction. Les chefs des gouvernements arabes ne peuvent pas contrôler les sentiments de leurs citoyens face à ce qui s’est passé dans la bande de Gaza. Cependant, la table de négociation pour une solution prévoyant deux États distincts, l’un israélien et l’autre palestinien, reste la seule solution pour stabiliser la région et ne pas l’entraîner dans des guerres aux conséquences néfastes. L’Europe a toujours encouragé la solution à deux États et maintenant elle soutient désormais Israël. N’est-il pas juste de rechercher une paix durable ?
Les prochains jours pourraient être importants pour déterminer le cours de l’histoire géopolitique au Moyen-Orient. Peut-être que les pertes en vies humaines et en matériel, ainsi que le nombre d’otages et de prisonniers, notamment du côté israélien, seront également le facteur décisif dans le choix de la paix et la solution à deux États. Ce dossier arabo-israélien a perduré, n’est-elle pas l’heure de la paix qui a sonné ?
[1] Les clubs de ces types d’engins volants sont comptés aux doigts dans le monde ,pour connaitre qui a été derrière la formation des combattants.
[2] Ce type d’aéronefs sont souvent utilisés par des clubs privés pour le plaisir, les petits déplacements et dépendent du bon climat. Leur utilisation par le Hamas est une première dans la tactique militaire. Il faut remarquer la présence des motos cross pour le déplacement rapide et l’utilisation des moyens auto chars par les assaillants pour gagner les délais. La tenue et les équipements des éléments de Hamas sont plus légers (voir image en haut), pour leur faciliter le mouvement. Par contre les soldats hébreux sont alourdis par leur équipement. Les véhicules du Hamas, constitués de pickups banalisés de différentes couleurs. C’est ce que fait le POLISARIO en s’approchant du mur pour se dissimuler en tant que civil.
[3] La stratégie adoptée pourrait être comparée à celle utilisée par les russes face aux allemands pendant la deuxième guerre mondiale pour les chasser de leur territoire. Cette manière d’attaquer une ligne a été utilisée plus tard en octobre 1973 pour passer la ligne de défense Barlev. De nos jours le POLISARIO face aux forces armées Royales a fait de même. Il s’agit de fixer avec les tirs intenses de l’artillerie une position pour la neutraliser et occuper le commandement pour camoufler l’action majeure des éléments qui attaquent un ou des postes de surveillance. Pour plus d’effets psychologiques, les munitions utilisées sont les roquettes, grâce au grand effet de souffle et le bruit qu’elles engagent. Elles sont aussi légères pour le transport avec des canons multiples non encombrants. Les munitions des mitrailleuses sont le plus souvent traceuses pour faire peur à l’ennemi. Le choix de l’aube ne se limite pas à la surprise mais aussi pour que les combattants aient le lever du soleil en leur faveur. En fin le choix de l’attaque me rappelle ce que répétait, pendant la deuxième guerre mondiale, le Général Alexandre HAROLD chef direct du célèbre général Montgomery (tous deux anglais) : qui a chassé le Général Rommel de Libye « il faut attaquer, attaquer et réattaquer même si vous êtes en défensif. » Aussi, l’audiovisuel en directe a donné la transparence à l’information et a eu aussi des répercussions négatives sur la société vive herbeuse.
[4] Selon Hamas, il existe parmi les prisonniers des hauts gradés du Tsahal. Le communiqué annoncé, est très responsable.
[5] Certaines chaines françaises parlent d’otages enfants et femmes. En réalité, selon Hamas, il s’agit seulement d’hommes capables de prendre les armes.
[6] Autrement dit comme j’ai dit sur le réseau linkedin, à Mr BONIFACE grand expert géopolitique. Ce conflit a perduré. Pourtant pendant la première guerre ara Bo-israélienne, toutes les déclarations politiques de l’Etat hébreu voulaient un territoire pour Israël et la vie en paix. Golda Mayer en tant que chef de mission de son pays à l’ONU a fait de même en octobre 1956 pendant la campagne de Sinaï. Ce mois d’octobre va devenir un événement en 1973 et maintenant en 3023. Le terrain de l’Etat hébreu a grandi avec les annexions et le panarabisme imposé en tant qu’idéologie à la ligue arabe n’a apporté que les défaites. Face à lui un extrémisme hébreu qui a goûté la victoire, son appétit est devenu incontrôlable et à beaucoup fait confiance à sa suprématie. Certains États arabes marchandent avec la cause palestinienne et en interne les partis politiques hébreux font de même pour gagner les élections. Les victimes sont toujours les populations des deux camps antagonistes. Le pouvoir du verbe est la seule solution pour négocier une paix durable entre les fils d’Abraham. Car l’investissement dans les armes n’a fait qu’appauvrit la région et propager la haine. Il est toujours temps de revenir aux accords d’Oslo et construire un avenir meilleur.
Zakaria HANAFI
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HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.
Revenir aux accords d’Oslo? Il ne faut pas rêver. La solution à deux États est morte et enterrée.
Remarque: trop de fautes de grammaire et d’orthographe dans ce texte et beaucoup de coquilles. Il vaut mieux écrire dans une langue maîtrisée ( et se relire).