La dédollarisation est le processus par lequel un pays réduit sa dépendance à l’égard du dollar américain (USD) dans son économie nationale, son système financier et ses transactions. Cela peut impliquer diverses mesures visant à diminuer l’utilisation du dollar américain et à promouvoir l’utilisation de la monnaie nationale ou d’autres monnaies étrangères. La dédollarisation est souvent recherchée par les pays comme un moyen de parvenir à une plus grande indépendance économique et de réduire la vulnérabilité aux chocs économiques externes.

Plusieurs facteurs peuvent motiver les efforts de dédollarisation, à savoir :
- Autonomie de la politique monétaire : Les pays peuvent chercher à mieux contrôler leur politique monétaire en réduisant leur dépendance à l’égard d’une monnaie étrangère. Le fait de dépendre fortement du dollar américain peut limiter la capacité d’un pays à fixer ses propres taux d’intérêt et à gérer l’inflation.
- Stabilité des taux de change : La réduction de la dépendance à l’égard du dollar américain peut contribuer à une plus grande stabilité du taux de change du pays. En effet, les variations de la valeur du dollar américain peuvent avoir des effets significatifs sur l’économie nationale, en particulier dans les pays fortement dollarisés.
- Vulnérabilité extérieure : La dollarisation peut exposer un pays à des chocs externes, tels que des changements dans la politique monétaire ou les conditions économiques des États-Unis. La dédollarisation vise à réduire cette vulnérabilité et à rendre l’économie nationale plus résistante.
- Stabilité financière : Une forte dollarisation du système financier d’un pays peut accroître le risque d’instabilité financière, en particulier en cas de changement soudain de la valeur du dollar américain. Les mesures de dédollarisation peuvent contribuer à atténuer ces risques.
Les pays peuvent chercher à réduire leur dépendance à l’égard du dollar de plusieurs manières. Les banques centrales peuvent détenir des réserves en or ou dans d’autres devises plutôt qu’en dollars, et les pays peuvent également conclure des accords pour éviter d’utiliser le dollar lors du règlement des transactions internationales. La dédollarisation pourrait être considérée comme un contrecoup de l’hégémonie de la monnaie américaine. Les États-Unis ont utilisé la domination du dollar comme un outil pour promouvoir et imposer leurs intérêts économiques dans le monde entier, ce qui a poussé les autres pays à chercher des moyens de contourner cette monnaie
La part du dollar dans les réserves de change mondiales est tombée aux alentours de en dessous de 59 % au dernier trimestre de cette année, prolongeant un déclin de deux décennies, selon les données du FMI sur la composition par devises des réserves officielles de change.
La Chine a joué un rôle moteur dans la dédollarisation, en cherchant à faire de son renminbi une monnaie de réserve. Bien que les banques centrales aient augmenté leurs avoirs en renminbi, la part de cette monnaie dans les réserves mondiales reste légèrement inférieure à 2,5 %.

Source FMI – COFER
Le yuan et le rouble ont été utilisés principalement dans les échanges commerciaux entre la Chine et la Russie, en particulier pour l’énergie, ce qui a contribué à stimuler la croissance du commerce bilatéral. De même, la Chine a également signé des accords pour utiliser sa propre monnaie dans ses échanges avec l’Arabie saoudite et le Brésil.
De plus, la Russie cherche à régler les échanges avec les pays de l’ASEAN[1] dans leurs monnaies locales afin de stimuler le commerce bilatéral, alors qu’elle est confrontée à des sanctions occidentales radicales en raison de la crise ukrainienne.
Le processus de dédollarisation est « irréversible » et « s’accélère », a déclaré le président russe Vladimir Poutine lors du dernier sommet les BRICS (Brésil, Russie, Chine, Inde, Afrique du Sud). Les pays BRICS pourraient même créer une monnaie qui rivaliserait avec le dollar, bien qu’il semble que le groupe n’ait pas de projets immédiats pour une monnaie commune.
Si certains pays progressent vers la dédollarisation, il est souvent difficile de parvenir à une dédollarisation complète. De nombreux pays continuent d’utiliser le dollar américain pour certaines transactions, et le dollar reste une monnaie de réserve mondiale dominante. En outre, le processus peut être progressif et s’étaler sur une longue période, plutôt que de prendre la forme d’un changement brusque et immédiat.
En résumé, la dédollarisation n’est pas garantie et son succès dépend d’une combinaison de facteurs nationaux et internationaux. Certains pays peuvent progresser vers la réduction de leur dépendance à l’égard du dollar américain, mais l’ampleur et le rythme de la dédollarisation varieront en fonction des circonstances propres à chaque pays.
[1] L’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) regroupe 10 Etats membres. Créée par l’Indonésie, la Malaisie, Singapour, la Thaïlande et les Philippines en 1967, elle a été rejointe par le Brunei (1984), le Vietnam (1995), le Laos et la Birmanie (1997) et enfin le Cambodge (1999)
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HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.