Maitrisant la géopolitique des religions de ses voisins directes et lointains le Royaume présente une plateforme sans équivoque, en mesure d’enseigner une religion islamique modérée et tolérante aux musulmans des différentes nationalités. Le Maroc a un savoir-faire ancestral. Rares les Etats qui peuvent prétendre à assurer ce type de formation, sans avoir une expérience reconnue, une base de données riche en connaissances religieuse et ouverte aux jurisprudences. Aussi, ayant des personnels fortement qualifiés dans l’encadrement et la formation des Imams et des infrastructures pour des animations théorique et pratiques, adaptées à cette noble mission.
Dans ce climat de mésentente entre courants et sectes musulmans on se demande quel est la place du Maroc en géopolitique religieuse ?
En effet, l’histoire des peuples prouve que le Royaume du Maroc Etat central de l’Afrique du Nord a eu le privilège d’avoir à Fès la plus ancienne université du monde Al-Karawiyine, et parallèlement, les sciences religieuses, les interprétations des textes ne se sont jamais arrêtées dans cette institution, depuis des siècles.
A titre de mémoire, lors de sa campagne en Egypte, Napoléon BONAPARTE adressa une lettre au Sultan du Maroc en aout 1799 [1]où il lui dit « il n’y a pas d’autres dieux que Dieu et Mohammed et son prophète. » Il écrit aussi la même année : « moi je suis musulman unitaire et je glorifie le prophète. »
L’empereur français pouvait le faire en Egypte, terre musulmane. Pourtant, c’est à Moulay Slimane, Sultan du Maroc à cette époque, qu’il a adressé sa lettre. Cela prouve que même à cet âge, sans citer la relation diplomatique existante, le souverain marocain était reconnu en France et en Europe en tant qu’Emir des croyants, qu’il y avait une continuité et une stabilité religieuse dans l’espace-temps. À l’époque, l’empereur français s’entendait beaucoup plus avec la sublime porte par rapport au tsar et au roi anglais.
L’empereur Moulay Slimane qui a vécu de 1760à1822, a su garder le rite malikite en tant que courant ancestral marocain, avec l’ensemble des règles et des cérémonies face au wahabisme qui ne correspondait pas à la pensée religieuse et politique du pays[2]. Il a toujours été un exemple aux fidèles de son pays, protecteur du savoir lié à l’Unicité de Dieu et responsable de l’application de la loi coranique.
Le Sultan a de nouveau réorienté la géopolitique des religions en encourageant le soufisme et en envoyant Sidi Ahmed ATTIJANI au Mali, pays avec qui le Royaume entretenait des relations, depuis la dynastie des Almoravides. D’ailleurs pendant des siècles Tombouctou, plaque tournante économique, commerçait avec les dynasties marocaines et exportait ses marchandises principalement à Sijelmassa, Marrakech, Fès et Tanger. C’est pour cela qu’on dit souvent :« pour les maliens, les marocains sont des frères amis et les algériens ne sont que des voisins ». Le brassage ethnique entre les deux peuples trouve ses traces jusqu’à nos jours au Mali et au Maroc. La mission allouée à Sidi Ahmed Tajani a permis aux frères africains du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest d’adopter un islam modéré, soufiste et ouvert à toute l’humanité. Ceci se confirme au Nigéria [3] où il existe 60 millions de musulmans liés à l’Emir des croyants des marocains, appartenant à la confrérie Attijania, puis au Mali et au Sénégal [4].
Ainsi, depuis l’an788 de notre ère, dans la continuité du temps et de l’espace, le Royaume demeure un exemple exceptionnel de résilience face aux courants dérivés de l’islam. Malgré l’entrée du chiisme, Kharijisme et autres sectes comme le Wahabisme, le Maroc est resté Malikite et aucune guerre confessionnelle interne n’a eu lieu sur ses territoires. Par ailleurs, longtemps avant la colonisation, à travers le chemin des caravanes, les commerçants et les oulémas marocains inculquaient aux populations africaines, un soufisme clairvoyant et en respect aux spécificités africaines.
Dans toute l’histoire des dynasties marocaines jusqu’aux Alaouites, qui sont au pouvoir du Royaume depuis 1666, il y avait toujours un conseil des oulémas en étroite collaboration avec les souverains. Cette institution a été toujours derrière les jurisprudences. Jamais la pratique de l’islam au Maroc n’a créé ni problème interne ni manque de respect des autres religions juives et chrétiennes.
Dans le même sillage, l’Emir des croyants Mohamed VI est descendant de la dynastie des Alaouites, dont les origines sont du Yanboâ An-Nakhil, qui est une oasis de l’Arabie, lieu saint de l’islam, et par lignée du Prophète par sa fille Fatema- Azzahra et son gendre Ali. Cet héritage lui donne plus de renommée et de respect spirituel. Même en Afrique de l’Ouest plusieurs musulmans continuent de le considérer comme leur Emir des croyants. D’ailleurs, pendant chaque mois sacré du Ramadan, le Roi du Maroc que Dieu le Glorifie, en tant qu’Emir des croyants préside conférences et des veillées religieuses, auxquelles participent des oulémas du monde musulman.
Le Maroc a une grande expérience en enseignement des sciences religieuses, au niveau universités et écoles spécifiques à ce type de formations. L’infrastructure de formation des Imams a ouvert ses portes aux pays africains et européens. Aussi, en plus du Conseil des oulémas européens, SM le Roi que Dieu l’Assistes a créé un Conseil pour les oulémas africains. L’Institut Mohammed VI pour la formation des Imams, des Mourchidines et Mourchidates reçoit les demandes de formation, des pays des quatre continents, qui ont choisi l’Islam modéré. Aussi l’Institut Mohammed VI des Lectures et Etudes du Coran est une institution très convoitée dans la formation des oulémas capables d’interpréter les textes sacrés et faire la jurisprudence.
L’islam Malikite adopté au Maroc sera inculqué généralement aux mêmes sujets du voisinage des anciennes dynasties marocaines qui l’ont longtemps choisi comme modèle pour leurs interlocuteurs au niveau africain. Ceux qui le pratiquent actuellement en France sont les africains francophones et non pas les algériens seuls ou les turcs. Les autres courants de l’Islam en Afrique sont très récents. Ils sont dû à l’migration des premières générations indiennes au IXX -ème siècle. Quelques familles sunnites du Sind à l’époque de la présence anglaise au pays, qui ont choisi plus tard la nationalité pakistanaise et des sectes Ismaélite, Ahmadi ou Bahaïe .Sinon on trouve une communauté importante de libanais chiites qui ont fui la guerre du Liban et par la suite, la récente crise économique qui a touché le pays.
Pour éviter toute déviation de l’islam modéré en plus du ministère Habous et des Affaires Religieuses, le ministère des Affaires Etrangères de la Coopération Africaine et des Marocains Résidants à l’Etranger, le Conseil de la Communauté Marocaine Résidant à l’Etranger (CCMRE), la Fondation Hassan II des marocains à l’Etranger, plusieurs tissus associatifs, participent activement à la sensibilisation religieuse pour que les trois acteurs : migrant, pays d’accueil et pays d’origine soient épargnés de l’islam dérivé.
Chaque année, pendant la période du moi sacré de Ramadan, en coopération étroite entre les organismes publics cités, sont désignés des Imams pour participer aux veilles religieuses en Afrique, Asie, Europe et Amérique. Le Royaume continue à aider certaines confréries soufistes dites Attijania, à distribuer des livres sacrés du Coran et à construire des mosquées.
Les différentes institutions chargées des affaires religieuses et des marocains résidant à l’étranger pourraient participer aisément à la formation des Imams au sein des infrastructures marocaines .Sinon, en détachant en Occident ou ailleurs des formateurs spécialisés dans ces sciences de croyances et dans la géopolitique des religions .Ceci permettra de sensibiliser tous les acteurs religieux sur les risques de l’islam altéré ou dévié. Un Etat non musulman non averti et mal informé pourrait avoir des mosquées vides ou remplies d’es extrémistes. Il ne faut pas s’aventurer lors du choix de son partenaire musulman. Car, il y a toujours un risque sécuritaire à prendre en considération, suite aux différences dans les interprétations des textes de la religion et le bon recours à la jurisprudence.
[1] Ecouter la vérité historique discutée à la télévision française sur : https://www.youtube.com/watch?v=mev_V2J6cTk
[2] Au départ il a reçu un émissaire de l’Arabie qui lui, a conseillé de détruire le marabout et l’a influencé au départ. Pourtant, Moulay Slimane était un croyant, pieux, sage et savant en disciplines religieuses. Il a aussi envoyé son fils faire ses études en Arabie. Par la suite, il a demandé à l’émissaire wahabite de partir et a demandé à son fils de rejoindre le Royaume.
[3] Jusqu’à présent les confréries soufistes originaires du Maroc existent au nord du Nigéria et font allégeance à SM le Roi Emir des croyants.
[4] Au Sénégal, il y a plusieurs confréries soufistes qui sont liées par la religion avec le Maroc, font allégeance à son souverain et viennent se recueillir à Fès, dans le tombeau de Sidi Ahmed ATTIJANI.
Zakaria HANAFI
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HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.
Bonne continuation