Pays ancestral de l’Afrique du Nord, seul depuis plusieurs siècles à être indépendant, à avoir en même temps une représentation diplomatique permanente et sans interruption avec les pays chrétiens du vieux continent, les grands empires islamiques qui se sont succédés et avec ceux de l’Afrique , en particulier l’empire du Mali, le Royaume du Maroc est en mesure de devenir un acteur majeur au sein de la (ZLECAF).

Certes malgré quelques différences anthropologiques le Royaume est apte à moduler tous ses moyens pour positiver ses actions au sein de la (ZLECAF), en application des normes liés aux objectifs mondiaux et d’une feuille de route économique plus proche de la réalité africaine.  

Facteurs de convergences des pays africains

Faisant partie, du Sud globale la majorité des Etats africains se ressemblent, malgré qu’ils aient été colonisés par les empires coloniaux français, anglais, espagnols, portugais et belges. Le Maroc a connu le régime de protectorat espagnol et en même temps, français. Certains critères sont là pour privilégier la coopération Sud-Sud telle qu’elle défendue par la grande majorité des discours panafricains.  

Partagés entre l’Islam même avec ses formes dérivées, les différents courants du christianisme et animistes, les Etats africains ont tous été influencés par les croyances et particulièrement celles qui encouragent leur sous-développement. Car des fois les mauvaises interprétations et lectures des textes des religions encouragent la main mise coloniale et l’extrémisme religieux. 

La majorité des populations des pays du continent est jeune, pauvre, touchée par le chômage et déboussolée. Cependant, les sols et les sous-sols sont riches en minerais et en différentes ressources naturelles. Les classes d’élites de la majorité des sociétés africaines sont les seules à bien vivre, les classes moyennes survivent et les pauvres approchent encore plus la précarité.

Ce mauvais partage des richesses va en parallèle avec la mauvaise gouvernance. L’immigration clandestine est devenue la seule solution économique pour les jeunes, qui veulent rapidement, s’enrichir. Malgré les barrières frontalières et les risques de noyades, les flux des migrations ne font qu’augmenter en flèche. Car, les jeunes désespérés, voient dans les pays de l’Occident une porte d’espoir ou un paradis terrestre.

Participation du Maroc aux différents facteurs du développement   

Pays émergeant de l’Afrique du Nord, le Royaume du Maroc est souvent cité comme trait d’union entre son appartenance continentale, l’Europe et le Moyen-Orient. Ce rôle date depuis des siècles, lorsque le pays a été un acteur principal dans les géopolitiques du sel, de l’or[1], du sucre[2] puis aujourd’hui des phosphates et pourquoi pas plus tard une grande puissance industrielle et de l’énergie verte. Par sa position géostratégique, le Royaume a toujours été panafricain, panarabe, pana méditerranéen et il appelle en plus par l’intégration dans la (ZLECAF) à une entente atlantiste africaine et pourquoi pas plus tard avec le reste des pays de l’océan atlantique.

Possédant assez d’ingrédients, pour devenir une locomotive du développement des pays du Sud global, les marocains ont choisi la voie de leurs anciens, en investissant fort et bien en Afrique. Signataire de l’accord de la (ZLECAF), avec les Etats membres de l’Union africaine, le Royaume du Maroc pourrait gagner ce challenge en partageant son retour d’expérience et son expertise dans les différents volets de l’économie.

Dans le cadre du développement durable, le Royaume possède une grande avancée en Afrique en ce qui concerne l’énergie propre. Il pourrait partager ses connaissances en la matière grâce à la maitrise du savoir-faire dans le domaine de l’hydraulique, l’utilisation à grande échelle de l’énergie solaire, éolienne et autres sources d’énergie verte.

Pour ce qui est de l’eau en plus de l’expertise en matière de construction et maintien en condition des barrages, le Royaume possède une connaissance approfondie dans les usines de dessalement de l’eau. Par ce fait, l’Etat marocain possède des dizaines de stations faites pour servir les ménages et pour l’irrigation.

 L’adhésion de l’Afrique aux différentes technologies de l’énergie propre et la gestion efficace dans la distribution de l’eau donneraient un impact très positif à l’essor socio-économique africain. Cette poussée maarocaine au sein du marché de libre échange donnera aux pays africains, une souveraineté en matière d’énergie et d’eau potable. D’ailleurs les pays du Sahel désirant bénéficier des avantages de désenclavement, en ayant accès à l’océan Atlantique pourraient aussi recevoir de l’eau dessalé pour les ménages et les mines, qui nécessitent l’or bleu dans leur extraction et lavage.

Dans le volet social, le Royaume du Maroc a pris plusieurs mesures visant à éradiquer la pauvreté, encourager la scolarité des filles et encourager la participation de la femme dans les différents volets socioéconomiques. En plus des Objectifs Millénaires[3] de Développement, des Objectifs de Développement Durable[4] du Programme des Nations Unies auxquels a adhéré le Maroc, le pays a choisi très tôt sa propre Initiative Nationale de Développement Humain[5].

 Ainsi, et parallèlement, les objectifs généraux de l’Union africaine adoptés en 2018 se veulent de mettre en raille un développement socio-économique durable et inclusif, en prenant en considération l’égalité des sexes et la transformation structurelle.

En plus des formations existantes dans les universités, les grandes écoles et les institutions spécialisées, au profit des marocains et des pays amis, le Maroc pourrait détacher des personnels qualifiés, aux pays africains pour former les cadres et la main d’œuvre spécialisée, qui sont aptes à accompagner l’installation des usines dans les pays du Sud.

Par ailleurs, ayant une législation souple en matière d’investissement, les pays du continent pourraient bénéficier de l’expérience des institutions destinées à faciliter les procédures et les règles administratives tels que les centres régionaux d’investissement qui soutiennent activement les investissements directes étrangers . Car, jusqu’à présent parmi les obstacles que trouvent les investisseurs étrangers dans certains pays du continent, c’est la lenteur administrative et la mauvaise gouvernance.

Une feuille de route soutenable

Les échanges marocains dans différents secteurs, avec les pays du continent seraient bénéfiques pour tous et en soutien à certains objectifs mondiaux, seraient très utiles grâce à l’amélioration des performances économiques liées aux secteurs primaire, secondaire et tertiaire, qui ont enregistré beaucoup de retard dans le continent.  

Longtemps engagé dans les réformes du secteur agricole et possédant une expertise en matière d’exportation des légumes et des fruits à différentes destinations du monde, le Maroc pourrait partager son savoir- faire en la matière par la promotion des produits agricoles africains et par l’exportation de ses produits aux marchés du continent.

Aussi, face au faible niveau d’industrialisation dans la majorité des pays africains, le Royaume du Maroc, qui a des décennies d’avance pourrait, par son expertise, participer à l’intallation d’industries de transformation particulièrement celles qui sont liées au textile, aux travaux publics, à l’agroalimentaire[6] et à la transformation minière.

La participation à l’industrialisation des pays africains pour créer une souveraineté dans différents produits de consommation, serait accompagnée par l’intelligence artificielle (IA). Cela pourrait se faire grâce au Centre International d’Intelligence Artificielle[7], de catégorie 2, le plus grand en Afrique et labélisé d’excellence par l’UNESCO[8]. Il s’agit du plus grand data center en Afrique qui possède aussi la plus grande puissance de calcul, capable par ses algorithmes à résoudre les problèmes africains y compris ceux liés à ses richesses anthropologiques.  

L’approche marocaine est basée sur des entreprises privées qui ont un retour d’expérience inégalé et pouvant accompagner ou créer d’autres filières en Afrique.Les marocains contruisent eux même leurs autoroutes et leurs aéroports. D’ailleurs, les ports de Nador sur la Méditerranée en cours de finalisation et de Dakhla sur l’océan Atlantique   en cours de construction sont des œuvres 100% marocaine. En l’occurrence, les bâtisseurs, ont introduit la dernière technologie, considérée la plus moderne en matière de construction des méga ports.   

Le volet sécuritaire pourrait être très présents dans les échanges économiques Maroc-africaines, pour éviter les crimes financiers liés à l’internet, les échanges d’informations, la surveillance des frontières, la neutralisation de la criminalité transfrontalière et le terrorisme religieux,qui sont tous des phénomènes, qui déstabilisent plusieurs pays du continent. Le Maroc qui a placé sur orbite plusieurs satellites de surveillance et acquis la maîtrise et l’industrie des drones en cours, est en mesure d’accompagner la réussite du marché commun, en lui fournissant les outils nécessaires à la stabilité sécuritaire pour un meilleur développement socio-économique.  

Somme toute , le Royaume est un acteur important en Afrique, capable de participer à fond à l’intégration économique en Afrique telle que le veut l’Agenda 2063. Ayant acquis un savoir faire avec ses accords de partenariats stratégiques au niveau bilatéral[9] et multilatéral[10],  le Maroc pourrait dynamiser la création d’une union douanière africaine, participer activement à la libéralisation du commerce intra-africain, veiller à l’encouragement de la compétitivité et à la circulation des biens, des capitaux et des personnes.


[1] Depuis la Dynastie des Al Mouravides jusqu’aux Saadiens, les marocains échangeaient le sel contre l’or avec le Royaumes du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest.

[2] Pendant l’époque des Saadiens, le Maroc avait le monopole et a su devenir maitre international en matière d’exportation du sucre en Europe et en Afrique.

[3] Il s’agissait des huit objectifs ci-après : Éliminer l’extrême pauvreté et la faim ; Assurer l’éducation primaire pour tous ; Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ; Réduire la mortalité infantile et post-infantile ; Améliorer la santé maternelle ; Combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies ; Préserver l’environnement ; Mettre en place un partenariat pour le développement.

[4] Les Objectifs de développement durable (ODD), sont aussi nommés Objectifs mondiaux, adoptés par les Nations Unies en 2015, pour éradiquer la pauvreté, protéger la Planète et faire en sorte que tous les êtres humains vivent dans la paix et la prospérité d’ici à 2030.   Les 17 ODD sont au nombre de dix-sept et comme suit :  Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde ;Faim zéro ;Bonne santé et bien-être ;Education de qualité ;Egalité entre les sexes ;Eau propre et assainissement ;Energie propre et d’un coût abordable ;Travail décent et croissance économique ;Industrie innovation et infrastructure ; Inégalité réduite ; Villes et communautés durables ; Consommation et production responsables ;Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques ; Vie aquatique, Vie terrestre ; Paix , justice et institutions efficaces  et partenaires pour la réalisation des objectifs.

[5] L’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) est un programme de développement, inauguré par Sa Majesté le Roi Mohammed VI le 18 Mai 2005 et qui a comme objectifs de lutter contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale. Ce programme se veut aussi d’introduire parmi les citoyens un climat de dignité, de confiance   et de croire en l’avenir de leur pays. Les citoyens par ce programme participent au diagnostic de leurs besoins et leur déclinaison en projets dans un cadre de  bonne gouvernance et de  pérennité .

[6] Malheureusement, plusieurs pays africains reçoivent des produits alimentaires périmés de l’Amérique Latine ou jusqu’à présent certains expatriés importent des produits par air ce qui les rend plus chers et non à la portée des populations locales. Pourtant, possédant les ingrédients, plusieurs produits de consommation, peuvent être fabriqués sur place.

[7] Ce centre a démarré avec une soixantaine de chercheurs dont 20% africains et va accueillir dans le future proche des centaines. 

[8] Il y a 194 Etats membres au sein de cette organisation.

[9] Avec les Etats Unis d’Amérique, l’Egypte, la Jordanie et le Turquie.

[10] Particulièrement avec l’Union européenne et les pays du Golfe.