Faouzi El Bantli, PhD MBA Consultant Expert en gestion des risques & Chercheur E-mail : faouzi1429@gmail.com |
L’un des indicateurs les plus flagrants de la désindustrialisation est la baisse significative des emplois dans le secteur manufacturier. Aux États-Unis et en Europe, les industries manufacturières ont vu leur part de l’emploi total diminuer au profit des secteurs des services et des technologies.
Selon les statistiques fournies par Eurostat, l’Union européenne (UE) a effectivement connu une perte significative d’emplois dans le secteur manufacturier sur une courte période de temps. Une estimation courante mentionne qu’entre 2008 et 2012, environ un million d’emplois manufacturiers.
Selon le Bureau of Labor Statistics (BLS), aux États-Unis, la part de l’emploi dans le secteur manufacturier est passée de près de 30% après la Seconde Guerre mondiale à environ 8% aujourd’hui.
La mondialisation a accéléré le transfert des activités de production industrielle vers des pays à faible coût de main-d’œuvre, comme la Chine, l’Inde ou certains pays d’Europe de l’Est. Ce déplacement s’explique par la recherche de coûts de production plus bas, qui permet aux entreprises de rester compétitives sur les marchés mondiaux. Ce phénomène de délocalisation a entraîné la fermeture de nombreuses usines en Europe et aux États-Unis, notamment dans des secteurs tels que l’automobile, la sidérurgie et le textile. Ces fermetures ont touché de nombreuses régions industrielles, entraînant parfois des pertes d’emplois massives.
Les normes environnementales et sociales plus strictes en Europe et aux États-Unis ont également eu un impact. Les entreprises ont parfois trouvé plus coûteux de produire localement en raison de la réglementation stricte sur les émissions, la gestion des déchets ou les conditions de travail, ce qui a contribué à la délocalisation de la production vers des pays où ces normes sont moins contraignantes.
Les politiques économiques adoptées par certains gouvernements ont parfois favorisé cette désindustrialisation. Par exemple, le libre-échange sans protections suffisantes pour les industries locales a exposé les entreprises manufacturières à une concurrence mondiale intense. De plus, certaines politiques fiscales et réglementaires ont pu inciter les entreprises à externaliser leur production vers des pays où les réglementations sont moins strictes et les coûts plus bas.
Bien que l’automatisation et la robotisation aient contribué à maintenir une certaine production industrielle, elles ont également réduit le besoin de main-d’œuvre dans ce secteur. Cela se traduit par une baisse de l’emploi manufacturier, même dans les pays où la production n’a pas été totalement délocalisée.
En Europe et aux États-Unis, la production industrielle représente désormais une plus faible part du PIB, à mesure que la production industrielle décline, l’économie se réoriente vers le commerce de services, comme le consulting, la finance, la recherche et développement, les technologies de l’information, etc., au détriment des biens matériels.
Ainsi, le développement du secteur financier et son poids croissant dans l’économie a également eu un impact sur la désindustrialisation. Les entreprises ont parfois choisi de privilégier la rentabilité à court terme et les rendements pour les actionnaires en réduisant leurs investissements dans la production industrielle locale, optant pour des opérations plus rentables à l’étranger.
De plus, les pays européens et les États-Unis ont vu leur part dans les exportations mondiales de biens manufacturés diminuer au profit de pays émergents, comme la Chine, qui est devenue l’une des principales puissances exportatrices de produits industriels.
Les pays émergents ont joué un rôle central dans l’accélération de la désindustrialisation en Europe et aux États-Unis, principalement en raison de leurs avantages économiques et de la dynamique de la mondialisation.
Les pays émergents ont massivement investi dans des infrastructures modernes, comme des ports, des routes, des chemins de fer, et des réseaux énergétiques. Ces améliorations ont rendu ces pays beaucoup plus attractifs pour les entreprises manufacturières internationales. La Chine, en particulier, a investi dans des zones économiques spéciales, offrant aux entreprises des avantages fiscaux et une logistique de production et d’exportation optimale.
De nombreux pays émergents ont mis en place des politiques incitatives pour attirer les investissements étrangers directs (IDE), notamment des zones franches, des exonérations fiscales, et des subventions pour les entreprises étrangères. Ces mesures ont facilité l’implantation d’usines multinationales dans ces régions, accélérant la désindustrialisation dans les économies avancées.
Ces tendances ont des répercussions économiques, sociales et politiques importantes, car la désindustrialisation a souvent contribué à l’insatisfaction des classes ouvrières, à la montée des mouvements populistes, et à des débats sur la réindustrialisation et la souveraineté économique dans ces pays.
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HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.