Par Racha Amina HOUMMADY
7 octobre 2023, cela fait 1 an et 2 mois que le Hamas a lancé une offensive sur Israël, faisant environ 1200 morts, 7500 blessés et 251 otages. Pour Israël, cette journée a été considérée comme la plus meurtrière depuis la Shoah et inadmissible.
Une Rivalité Asymétrique : Proxy et Influence Régionale
Le Hamas, bien que sunnite, bénéficie d’un soutien financier et militaire de l’Iran, partageant avec lui un objectif stratégique : la confrontation constante avec Israël. Depuis la bande de Gaza, le Hamas intensifie la pression en menant des attaques régulières, notamment des tirs de roquettes et des opérations assurées par des tunnels. À ses côtés, d’autres acteurs pro-iraniens, comme le Hezbollah au Liban, les Brigades de l’Imam Ali en Irak, les Brigades de Fatemiyoune en Syrie, les Brigades Al-Quds en Palestine et d’autres groupes armés s’inscrivent dans une stratégie de projection d’influence orchestrée par Téhéran. Par ce réseau d’alliances, l’Iran parvient à maintenir une pression asymétrique, visant à changer l’équilibre en sa faveur, au Moyen Orient. Par ailleurs, la stratégie d’Israël, en tant que puissance militaire, continue de conserver sa capacité de réponse et de dissuasion
Alliés de circonstance : les coopérations Iran-Israël avant la révolution islamique
Envisager les coopérations entre Israël et l’Iran impose de prendre du recul par rapport aux tensions actuelles et de se pencher sur les intérêts partagés par ces deux nations, tant dans le passé que, de manière plus subtile, encore aujourd’hui. Depuis la création d’Israël en 1947, les relations entre ces deux pays oscillent entre des collaborations de circonstance pour faire face à des ennemis communs (principalement les voisins arabes) et une rivalité marquée par la compétition pour le leadership régional. Cette dualité s’inscrit dans un contexte d’hostilité officielle, nourrie par l’antisionisme inhérent au régime des Mollahs qui gouverne l’Iran depuis la révolution de 1979.
L’étude des relations irano-israéliennes nous invite donc à explorer la géopolitique du Moyen-Orient sous un angle différent, en décentrant l’analyse de l’habituel prisme arabe pour comprendre le rôle structurant des logiques de coopération entre Israël et l’Iran au cours des sept dernières décennies. En effet, bien que les relations soient marquées par une hostilité officielle, des alliances pragmatiques ont souvent émergé, motivées par des intérêts stratégiques communs, qui dépassent les différends idéologiques.
L’analyse de ces relations bilatérales soulève également la question des termes adéquats pour qualifier ces formes de coopération. Contrairement à une alliance traditionnelle, qui suppose une publicité et repose sur une convergence de valeurs, les relations israélo-iraniennes ont toujours pris la forme de partenariats ponctuels et officieux. Les deux États ont préféré des accords secrets, motivés par des besoins mutuels et souvent limités dans le temps, plutôt que de s’engager dans une alliance ouverte qui risquerait de susciter l’opposition de leurs populations respectives, peu enclines à accepter l’idée d’une entente officielle.
Cette diplomatie discrète et pragmatique entre Israël et l’Iran illustre un exceptionnalisme au sein du système international, façonné depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle met en lumière une forme unique de collaboration, qui, malgré les divergences idéologiques, continue de ponctuer l’histoire contemporaine des deux pays.
Depuis les premières migrations des communautés juives vers la Perse, correspondant à l’actuel Iran, l’histoire de leur coexistence a été marquée par des alliances et des tensions, oscillant entre acceptation et exclusion. Ceci est marqué par la permission du Roi Cyrus aux Juifs de pouvoir retourner à Jérusalem en 528 av-JC. Sous les règnes successifs de divers empires perses, les Juifs ont pu prospérer, jouer des rôles notables et jouir d’une autonomie culturelle. Cependant, l’avènement de régimes plus intolérants, comme celui des Sassanides, ou encore les conversions forcées sous les Séfévides, a souvent mis en péril la stabilité de la communauté juive.
Avec l’ascension des Pahlavi au XXᵉ siècle, une ère de modernisation s’ouvre pour les Juifs d’Iran, leur permettant de s’intégrer tout en préservant leur identité. Reza Chah abolit les lois discriminatoires, et une symbiose culturelle naît, empreinte d’un sentiment nationaliste qui réunit Iraniens et Juifs autour de symboles communs. Cependant, l’influence allemande et la propagande nazie dans les années 1930 ravivent les tensions ethniques et religieuses, posant une menace à cette coexistence fragile.
L’après-guerre offre un nouveau souffle, les Juifs iraniens jouissent d’une période prospère jusqu’à la révolution islamique de 1979. Avec l’hostilité affichée de la République islamique envers Israël, une suspicion s’installe envers la communauté juive. Bien que cette dernière conserve des droits, une méfiance latente persiste, accentuée par la politique régionale complexe de l’Iran entre sunnisme et chiisme.
Bien que la politique étrangère de l’Iran ait radicalement changé sous le régime islamique, l’Iran du Shah entretenait auparavant des relations étroites avec Israël, notamment dans les domaines commerciaux, militaire et énergétique. En 1950, l’Iran devint le deuxième pays islamique, après la Turquie, à reconnaître officiellement l’État d’Israël, ouvrant ainsi la voie à une coopération stratégique discrète mais solide. Cette alliance s’inscrivait dans la doctrine de la périphérie élaborée par David Ben Gourion, visant des alliances au-delà des nations arabes hostiles. Israël considérait l’Iran comme le “joyau de la couronne” de cette doctrine, et, réciproquement, Mohammad Reza Pahlavi voyait dans Israël un moyen de contrer l’influence arabe, en particulier celle de l’Irak.
La coopération entre les deux pays débuta véritablement lors du transfert de Juifs irakiens vers Israël via l’Iran, et se renforça après l’effervescence nationaliste arabe des années 1950. En 1957, l’Iran, Israël et la Turquie formalisèrent un partenariat stratégique nommé “Trident”, axé sur la coordination des services de renseignement. Bien que cette alliance restât discrète pour éviter les critiques, elle permit des échanges fréquents entre les chefs des agences de renseignements.
L’énergie fut un domaine de coopération particulièrement développé. Privé de pétrole par l’Égypte et l’Irak après 1948, Israël se tourna vers l’Iran, qui devint son principal fournisseur. En 1967, les deux pays construisirent ensemble un oléoduc reliant Eilat à Ascalon, permettant à des millions de tonnes de pétrole de transiter vers Israël. Ce partenariat énergétique s’intensifia avec l’embargo pétrolier de 1973, auquel l’Iran ne participa pas, garantissant ainsi des revenus conséquents.
Enfin, la coopération militaire se manifesta dans le soutien aux Kurdes d’Irak pour affaiblir le régime irakien. Les services de renseignement iraniens et israéliens fournirent des armes à la rébellion kurde, espérant ainsi limiter l’influence de Bagdad dans la région. Par ailleurs, dans le cadre du “projet Fleur,” l’Iran s’allia à Israël pour développer des systèmes de missiles, Israël fournissant la technologie et l’Iran assurant la production et les tests.
D’une Coopération Pragmatique à une Hostilité Inébranlable…
La révolution islamique de 1979 marque un bouleversement profond dans les relations entre l’Iran et Israël, les plongeant dans une dynamique où l’idéologie et les intérêts stratégiques se mêlent dans une opposition indirecte et continue. Sous l’autorité de l’ayatollah Khomeini, l’Iran rejette toute reconnaissance de l’État d’Israël, rompant les relations officielles établies sous le régime du Shah. L’ancienne ambassade israélienne à Téhéran est symboliquement transformée en ambassade de la Palestine, et Yasser Arafat, leader de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), est accueilli en héros, recevant les clés de cette représentation diplomatique. Cet acte marque un tournant : Israël, désormais qualifié de « Petit Satan » après les États-Unis, le « Grand Satan », devient une cible de la propagande de la République islamique. Khomeini renforce cette opposition idéologique en instituant le « Jour d’Al-Quds », célébré le dernier vendredi du mois de Ramadan, appelant les musulmans du monde entier à manifester contre le sionisme et Israël. En 1985, malgré les menaces de Saddam Hussein de bombarder les rassemblements, des millions d’Iraniens participent à cette journée de mobilisation, affirmant leur soutien à la cause palestinienne et leur rejet de l’impérialisme israélien sous l’impulsion de leur guide spirituel.
Ce positionnement radical s’accompagne de mesures concrètes : dans les années 1980, sous les ordres de Khomeini, des unités des Gardiens de la Révolution (pasdarans) sont envoyées au Liban, en guerre contre Israël, pour former des milices chiites du Hezbollah, destinées à affronter les troupes israéliennes. Cette stratégie indirecte permet à l’Iran d’influencer le conflit sans engager directement ses forces, mettant en place un réseau de proxy qui prolonge l’opposition idéologique par une confrontation militaire asymétrique. Cependant, au-delà de la rhétorique, des intérêts pragmatiques se profilent. Bien que l’Iran et Israël s’affichent comme des ennemis idéologiques, leur rivalité varie selon le contexte géopolitique. Paradoxalement, face à la menace de l’Irak de Saddam Hussein, soutenu par les États-Unis et animé d’une rhétorique islamo-nationaliste, Israël voit en l’Iran un allié stratégique pour contrer l’influence irakienne.
Dès le début de la guerre Iran-Irak, Israël lance l’opération secrète « Coquillage », fournissant des armes à Téhéran pour un montant de 135 millions de dollars, défiant ainsi la politique de son allié américain. Cette alliance de circonstance démontre que la géopolitique au Moyen-Orient dépasse souvent les idéologies affichées, les alliances pragmatiques prenant le pas sur les hostilités déclarées. Cette collaboration discrète se prolonge lors de l’affaire Iran-Contra en 1985, où Israël, à la demande des États-Unis, intervient comme intermédiaire pour acheminer des armes américaines à l’Iran en échange de la libération d’otages détenus par le Hezbollah au Liban. Aujourd’hui, l’Iran et l’Irak partagent des intérêts communs, notamment en matière de sécurité régionale et de développement économique. La visite officielle du président iranien en Irak et la signature de plusieurs accords dans des domaines clés témoignent de ce rapprochement. Cette dynamique permet à l’Iran de renforcer sa profondeur stratégique en Irak, tandis que l’Irak y trouve un partenaire régional solide, marquant ainsi une transformation notable dans leurs relations.
Les relations entre l’Iran et Israël viennent de franchir un seuil critique. Le 1er octobre 2024, Téhéran a lancé un assaut de 200 missiles balistiques en direction du territoire israélien, marquant une escalade dramatique dans la confrontation régionale. Cette attaque a placé Israël en état d’alerte maximale, le poussant à une riposte immédiate et ciblée contre des installations militaires iraniennes, illustrant ainsi une dynamique où chaque action attise les braises d’un conflit latent. Pour Tel-Aviv, cette offensive représente non seulement une agression directe mais aussi un signal que l’Iran est prêt à franchir les lignes rouges dans cette rivalité historique. Les États-Unis, fidèles alliés d’Israël, ont rapidement réagi en renforçant leur présence militaire dans la région et en avertissant l’Iran des conséquences d’une nouvelle escalade. Ce soutien indéfectible témoigne de la centralité d’Israël dans la stratégie américaine au Moyen-Orient et des enjeux globaux qui se jouent à travers ce conflit régional. De son côté, l’Arabie saoudite alliées tacite d’Israël et les Émiraties arabes unis, signataires des accords d’Abraham contre leur ennemi commun, observent cette intensification avec prudence, conscientes de la menace que représente l’Iran pour la stabilité du Golfe et du rôle stratégique qu’elles pourraient jouer en cas de débordement du conflit.
La Russie, en équilibre entre ses relations avec l’Iran et Israël, appelle à la retenue tout en préservant ses propres intérêts dans la région. Son positionnement d’arbitre renforce son influence au Moyen-Orient, mais la contraint à un jeu diplomatique délicat pour éviter d’alimenter davantage les tensions. Quant à la Turquie, membre de l’OTAN, elle critique les actions israéliennes tout en maintenant des liens économiques avec l’Iran, oscillant entre ses alliances occidentales et ses ambitions géopolitiques dans de la région.
Les voies diplomatiques de l’Union européenne et des Nations unies s’élèvent également pour appeler à la désescalade, craignant une déstabilisation généralisée, qui affecte déjà d’autres frontières : le Liban. Dans l’ombre de cette confrontation, le Hezbollah au Liban et le Hamas en Palestine, soutenus activement par l’Iran, intensifient leurs activités militaires contre Israël, ajoutant de nouvelles lignes de tensions et compliquant davantage l’équation stratégique. Mais au cœur de cette rivalité, la question nucléaire demeure l’enjeu le plus sensible. Pour Israël, la possibilité d’un Iran équipé de capacités nucléaires militaires représente une menace existentielle, justifiant ses mesures préventives et sa stratégie de dissuasion. Les récentes fuites de documents top- secrets américains, dévoilant des renseignements sur les plans de représailles d’Israël en cas de nouvelles attaques balistiques iraniennes, mettent en lumière l’ampleur de la préparation et la gravité de cette confrontation qui pourrait basculer à tout moment, d’un conflit régional, embrasant toutes les frontières du Moyen-Orient vers un conflit mondial. L’Iran a déclaré que “l’insécurité et l’instabilité peuvent se propager à d’autres régions, même très lointaines”. Cette déclaration reflète la complexité géopolitique actuelle, où les alliances et les rivalités peuvent entraîner des répercussions mondiales.
Entre Supériorité Technologique et Dissuasion Nucléaire : Vers un Point de Non-Retour ?
En 2022, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a déclaré que l’Iran est à 60% de production d’uranium dans l’usine de Fordo au sud de Téhéran, ce qui représente un taux très proche de la confection d’une bombe atomique. Sur le site de Natanz, l’Iran produit depuis 2021 de l’uranium enrichi à 60%, ce qui se rapproche fortement des 90% nécessaires à la confection d’une bombe atomique. L’uranium enrichi est l’élément crucial pour l’industrie nucléaire, cependant le stock d’uranium enrichi iranien dépasse 27 fois la limite autorisée par l’accord international.
Les événements récents laissent à spéculer que l’Iran aurait la bombe atomique ; le samedi 14 octobre vers 22h45 des sismologues arméniens ont enregistrés une secousse de 4,4 sur l’échelle de Richter dans une zone désertique de la province de Semnan. Cette secousse a été confirmée par le centre de sismologie de l’université de Téhéran. Ce qui attira l’attention des experts est l’enregistrement inhabituel de cette secousse. Un tremblement de terre commence par une faible intensité qui monte progressivement puis décline, mais celle-ci fut très brève et disparut vite. De tels “secousses” ont été observées lors des essais nucléaires pakistanais en 1988. Selon l’ancien directeur adjoint de l’AIEA, Olli Heinonen, l’Iran pourrait disposer d’un premier prototype de dispositif nucléaire d’ici avril 2025. De ce fait, la République Islamique pourrait alors posséder 10 ogives nucléaires, qui représentent la charge explosive conçue dans ce cas pour être intégrée dans la bombe. Il ne faut surtout pas sou estimer l’attaque de l’Iran sur Israël le 1er octobre. Car, la République islamique a lancé environ 200 missiles balistiques marquant sa première attaque d’envergure contre l’État Hébreu. Parmi les missiles utilisés, le Shahab-3, un missile à portée intermédiaire capable d’atteindre des cibles de 2000 km. Ce type de missile est difficile à intercepter vu sa vitesse élevée et son altitude de vol car il suit une trajectoire parabolique. Même le THAAD ( Terminal high altitude area défense) et le Arrow 3 israélien conçus pour neutraliser ce type de menaces balistiques ainsi qu’intercontinentaux ont une capacité limitée et ne garantissent pas une interception complète et réussie, particulièrement, en cas de nombreux tirs simultanés (200 missiles balistiques). Sans oublier que l’Iran dispose de missiles balistiques à courte et moyenne portée, ainsi que de missiles de croisière d’attaque terrestre et d’une série de drones. L’Iran collabore étroitement avec la Russie, la Corée du Nord et la Chine.
Par rapport à l’Iran, le programme israélien nucléaire est ambigu. Il est admis et reconnu qu’Israël dispose d’un arsenal nucléaire. Il est estimé qu’Israël possède entre 80 et 300 ogives nucléaires, capables d’être déployées via des missiles balistiques “Jericho” de véloces depuis 1960, des sous-marins équipés de missiles de croisières et d’avions. En 2013, un test du missile Jericho III a été réalisé, démontrant une portée estimée à environ 4800 km proche d’un missile intercontinental, qui nécessite une portée de 5500km tout au plus.
Il ne faut surtout pas oublier qu’Israël a récemment engendré une explosion des bipeurs des membres du Hezbollah de manière coordonnée à distance engendrant au moins 12 morts et 2800 blessés. Cette explosion illustre la capacité de l’État hébreu, à mener des opérations technologiques de sabotage à distance. Ces petits appareils permettant de recevoir des messages par ondes radio se sont transformés en petites bombes de poches. Ceci justifie un autre facteur de la puissance israélienne dans la maîtrise des technologies avancées de renseignement et cyberdéfense, en ciblant exactement le but ou « the target wanted ». C’est une très forte démonstration de moyen sans avoir recours aux interventions militaires directes ou nucléaires.
Israël avec ses inébranlables atouts en matière de défense renforce à travers chaque attaque ou riposte sa posture dissuasive dans la région. Le gouvernement israélien se trouve dans une position délicate, essayant de convaincre la communauté internationale, que la menace posée par l’Iran s’étend au-delà de ses frontières. La crise entre Israël et l’Iran dépasse désormais le cadre strictement régional pour inquiéter la communauté internationale. Alors que Téhéran avance dans son programme nucléaire, Israël voit son espace stratégique de plus en plus restreint. Néanmoins, les différents acteurs des relations internationales se demandent : Jusqu’où peut aller Israël pour défendre ses intérêts comme l’a démontré récemment par sa riposte ? L’équilibre géopolitique du Moyen-Orient se joue désormais autour d’une course à l’armement nucléaire, où chaque décision peut conduire à une escalade dramatique. On se demande aussi si cette région est en passe de devenir le théâtre d’une nouvelle guerre froide, où le nucléaire sera l’ultime moyen de dissuasion?
Zakaria HANAFI
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HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.