Faouzi El Bantli, PhD – MBA
Consultant Expert en gestion des risques & Chercheur
E-mail : faouzi1429@gmail.com
Le rapport de Mario Draghi[1] sur l’avenir de la compétitivité européenne[2] présente un cadre stratégique visant à revitaliser la croissance économique et la compétitivité de l’Europe face à l’escalade des défis mondiaux.
Le rapport souligne la nécessité pour l’UE d’améliorer sa productivité afin de maintenir son modèle social et ses valeurs fondamentales de prospérité, d’équité, de liberté, de paix et de démocratie.
La productivité de l’Europe a stagné et la région est à la traîne des États-Unis et de la Chine en matière d’innovation, en particulier dans le domaine des technologies de pointe. Le document note qu’aucune entreprise de l’UE n’a été créée avec une capitalisation boursière supérieure à 100 milliards d’euros au cours des cinquante dernières années, ce qui contraste fortement avec les États-Unis, où plusieurs géants de la technologie ont émergé.
Le rapport indique la nécessité pour l’Europe d’investir davantage dans la recherche et le développement (R&D) afin de combler le fossé qui la sépare des États-Unis et de la Chine. En 2021, les entreprises de l’UE ont dépensé beaucoup moins en R&D que leurs homologues américaines. La structure industrielle actuelle est statique, dominée par des secteurs traditionnels, et manque de nouvelles entreprises dotées de technologies innovantes. Le rapport propose des réformes de l’écosystème de l’innovation, notamment le renforcement des capacités des universités et des instituts de recherche, l’assouplissement de la réglementation applicable aux jeunes pousses et la création d’un nouveau statut juridique pour les entreprises innovantes à l’échelle de l’UE.
Le rapport souligne la nécessité d’un plan commun qui aligne les efforts de décarbonisation de l’Europe sur ses objectifs de compétitivité. Ce plan devrait inclure des stratégies pour la production d’énergie, l’innovation en matière de technologies propres et la réduction des coûts énergétiques pour les industries. Il identifie l’augmentation des coûts de l’énergie comme un obstacle majeur et suggère que l’Europe doit innover dans les technologies propres pour être leader dans ce domaine.
Le rapport mentionne la vulnérabilité de l’Europe en raison de sa dépendance à l’égard d’un nombre limité de fournisseurs de matières premières essentielles et de technologies numériques. Il appelle à une politique économique extérieure globale pour gérer ces dépendances et assurer la sécurité. La nécessité d’une capacité industrielle de défense robuste est soulignée, l’Europe étant considérée comme insuffisamment préparée à répondre aux menaces géopolitiques croissantes.
Pour atteindre les objectifs ambitieux définis dans le rapport, une augmentation annuelle des investissements estimée entre 750 et 800 milliards d’euros est nécessaire, ce qui correspond à environ 4,4 à 4,7 % du PIB de l’UE. Le rapport suggère que les partenariats public-privé, les initiatives de financement conjointes et la création d’un « pilier compétitivité » dans le budget de l’UE pourraient faciliter les investissements nécessaires.
Le rapport propose de nouveaux axes pour une nouvelle stratégie industrielle, à savoir :
- La mise en œuvre du marché unique : achever et utiliser efficacement le marché unique pour permettre aux entreprises de réaliser des économies d’échelle.
- Des politiques alignées : veiller à ce que les politiques industrielles, commerciales et de concurrence soient étroitement alignées pour soutenir l’innovation et la compétitivité.
- Une réforme du cadre de la recherche et de l’innovation : une attention renouvelée à la recherche et à l’innovation, mettant l’accent sur les technologies de pointe et une meilleure coordination entre les États membres.
- Une simplification des réglementations : réduire la charge réglementaire pesant sur les entreprises, en particulier les PME, afin de favoriser un environnement propice à l’innovation.
Le rapport lance un appel pressant à l’action pour que l’Europe adopte une approche proactive et coordonnée afin de contrer la stagnation de la productivité et de l’innovation. En s’attachant à combler le fossé de l’innovation, à renforcer la compétitivité par des efforts de décarbonisation, à réduire les dépendances et à réformer les structures de gouvernance, l’UE peut assurer son avenir en tant que leader de l’économie mondiale. Les stratégies décrites visent non seulement à relever les défis économiques immédiats, mais aussi à garantir la durabilité et la résilience à long terme du modèle européen.
[1] Mario Draghi a été premier ministre de l’Italie de février 2021 à octobre 2022. Avant sa nomination au poste de premier ministre, il a été président de la Banque centrale européenne (BCE) entre 2011 et 2019. Draghi a également été président du Conseil de stabilité financière entre 2009 et 2011, et gouverneur de la Banque d’Italie entre 2006 et 2011.
[2] The future of European competitiveness – Septembre 2024.
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HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.