écrit par Mohssin DATSSI, Membre du thinkthank NejMaroc,
Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation spécialisée dans les relations internationales.
L’Union Européenne traverse actuellement des crises économiques et politiques majeures qui mettent en péril son unité et pourraient, à terme, menacer son existence même.
Affaibli par le conflit ukrainien, étranglé par les nouvelles taxes douanières imposées par l’administration Trump, attaqué par le dumping commercial chinois, isolé diplomatiquement, le vieux continent présente tous les signes d’un effondrement.
Pour le Maroc, qui bénéficie du statut de « partenaire avancé » avec l’UE et dont 70 % des échanges commerciaux dépendent du vieux continent, un tel scénario pourrait engendrer à la fois des défis et des opportunités stratégiques.
La proximité géographique du Maroc avec l’Union Européenne, combinée à l’importance de sa diaspora sur le continent, lui confère des relations économiques, diplomatiques et humaines privilégiées. Toutefois, en cas d’effondrement de l’UE, une baisse de la demande européenne pourrait entraîner une diminution significative des échanges commerciaux, menaçant l’équilibre de certaines industries exportatrices marocaines.
L’instabilité économique en Europe impacterait également les transferts financiers des Marocains Résidant à l’Étranger (MRE), un levier essentiel pour l’économie nationale. Une contraction de ce flux, couplée à l’instabilité du marché touristique, pourrait affaiblir des secteurs stratégiques pour le Royaume.
Le retour des souverainismes en Europe inciterait certains États, jusqu’alors neutres, à adopter des positions plus favorables au Maroc sur le dossier du Sahara. En emboîtant le pas à des pays comme l’Allemagne, l’Espagne et la France, ces États renforceraient le soutien international à la marocanité du Sahara.
La désintégration de l’UE offrirait au Royaume l’opportunité de négocier des accords bilatéraux plus avantageux et moins contraignants que les accords existants. Cela permettrait au Maroc de renforcer son autonomie économique tout en diversifiant davantage ses partenariats stratégiques.
Le déclin de l’Union Européenne encouragerait également le Maroc à accélérer sa politique de diversification commerciale, déjà amorcée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI il y a une décennie. Le Royaume pourrait ainsi consolider sa position en tant que puissance industrielle incontournable, en misant davantage sur des marchés émergents en Afrique, en Asie et en Amérique latine.
Si le secteur touristique marocain devait souffrir de la baisse des arrivées européennes, cela pourrait être l’occasion d’investir davantage dans l’attractivité d’autres marchés, tels que l’Asie et l’Amérique latine, afin de compenser les pertes.
L’effondrement de l’UE pourrait pousser davantage de Marocains Résidant à l’Étranger à investir au Maroc. Répondant aux appels réguliers de Sa Majesté à mobiliser les compétences et les capitaux de la diaspora, ces investissements contribueraient à renforcer l’économie nationale et à créer de nouvelles dynamiques entrepreneuriales.
Ainsi, est aujourd’hui difficile de prédire avec certitude l’avenir de l’Union Européenne. Ce qui paraissait autrefois utopique est devenu envisageable, surtout après les bouleversements provoqués par la pandémie de COVID-19.
En somme, une chose est sûre : si l’Union Européenne, telle que nous la connaissons, devait s’effondrer, le Maroc devra être prêt à relever les défis économiques et diplomatiques que cela engendrerait, tout en saisissant les opportunités pour renforcer sa souveraineté, diversifier ses partenariats et consolider son rôle en tant qu’acteur majeur dans la région euro-méditerranéenne.
Zakaria HANAFI
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HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.