Dans le cadre de l’histoire des relations internationales sortant de l’ordre habituel des programmes, qui ne citent que les Etats européens, je tiens à partager dans cette intervention sur l’histoire des arabes en la matière. Je ne prends pas de position en dénonçant les divergences arabes. Mais je mets à la disposition du lecteur des indicateurs qu’il pourra actualiser ou rejeter selon ses convictions. ?

I-Bref aperçu historique d’un rêve

          Déjà on peut considérer que l’idée du panarabisme existait avant l’avènement de l’islam. Les récits de l’Arabie font allusion au discours[1] prononcé par Abdel-Mottalib grand père du prophète Mohamed que la prière et le salut soient sur lui devant le général appelé Di Ya Zane, qui soutenu par les perses, s’est rebellé contre le Royaume d’Ethiopie pour devenir Roi du Yémen[2]. La Mecque en Arabie appelée mère des villages était visitée par tous les arabes des côtes de la péninsule arabique[3]des arabes du Yémen, de l’Irak, de la Syrie pour faire le pèlerinage.

          Les arabes de l’époque voulaient se constituer en une entité libre par rapport aux Empires Romains et Perses, qui partageaient le monde de l’époque. Car les perses avaient leurs frontières qui s’étendaient jusqu’au Yémen en passant par l’Irak et les romains se positionnaient en Syrie. C’était simplement les deux puissances de l’époque qui faisaient le beau temps dans la région.

          Devenue puissance suite à l’avènement de l’islam et sa prolifération dans les territoires autres que la péninsule arabique et son voisinage, le monde arabe a connu son apogée lors des dynasties des Omeyyades[4]etAbbassides[5]dont les frontières dépassaient l’Inde et le Sind jusqu’aux portes de la Chine et s’étendaient sur toute l’Afrique du nord et certaines régions du sud de l’Europe (l’Andalousie). Le Coran nouveau livre sacré de l’Islam, considéré miracle, a été un élément indispensable pour la prière et le culte en général.

          Donc, pour qu’un affranchi ou un nouveau croyant, puisse prier, il devait apprendre les versets du Coran en Arabe. La puissance de cette langue riche en vocabulaire a été une source déterminante pour sa prolifération et l’unification de plusieurs peuples. Ainsi, l’avènement de l’islam donna l’occasion aux arabes de se réunir et devenir les plus forts. Par contre, en proliférant leur langue et leur savoir, la civilisation arabe a privilégié ses citoyens par rapport aux affranchis qui sont des musulmans non arabes.

          Après l’implosion des Abbassides, les Ottomans qui ne sont pas arabes, ont pris le flambeau pour réunir les différentes royautés islamiques désunies, sous leur étendard[6].C’est ainsi qu’a commencé le déclin des régions arabes ou celles arabisés qui sont devenues juste des provinces sous l’autorité de l’Empire Ottoman. D’ailleurs, faisant exception, seul le Royaume du Maroc qui constituait un Empire Chérifien à part, ne dépendait pas de l’autorité ottomane et ce depuis les débuts de l’Empire Abbasside.

          Pendant le règne des empires islamiques arabes, l’histoire commune des arabes se reflétait dans l’unité de la culture, de la communauté, des législations en vigueur, de la politique, de l’économie et dire en un mot dans tous les domaines. L’empire Ottoman, qui a constitué des frontières multinationale et multiethnique, comme ceux des anciens empires islamiques, n’a pas changé les donnes et puisque l’élément unificateur était l’islam, puis les arabes ont admis la règle jusqu’au début du déclin de l’empire.

          A partir du 18-ème siècle, à l’instar des mouvements au Balkan particulièrement serbes et au levant : bulgares, arméniens, grecs appelant à l’indépendance vis-à-vis de l’Empire Ottoman, le panarabisme devenait nouveau-né avec une nouvelle doctrine, qui vise la reconstitution d’une culture unique avec le partage des mêmes intérêts politico-économiques et militaires. Les puissances coloniales particulièrement anglaises ont encouragé les arabes à se soulever contre la Porte sublime. Les principales puissances coloniales ont fini par affaiblir le pouvoir ottoman et partager, à partir de 1916, un immense territoire au Moyen et Proche Orient. Pendant la 2°guerre mondiale, c’est Hitler qui a encouragé les arabes contre les anglais et les français[7]. De nos jours, c’est le chef du Kremlin qui reconnait l’identité islamique[8] et prend la défense des Etats arabes victimes des campagnes de coalition occidentale[9].

          En effet, depuis sa décolonisation, le monde arabe est une région dont la géopolitique est très fragilisée[10]par les conflits, qui ont débuté avec celui d’Israël face à la majorité des pays arabes à partir de 1947. Jusqu’à nos jours, sans compter les attaques terroristes répandus dans tous les territoires arabes, ont éclaté les guerres fratricides, entre arabes au début des années soixante.

          C’est le cas de la fratricide entre yéménites qui s’est soldée par la division du pays en deux Etats. L’un entre dans la zone d’influence occidentale et l’autre a choisi le camp du communisme. Il y a lieu de citer aussi la guerre des sables entre l’Algérie et le Maroc suite au partage injuste des territoires entre les deux Etats par la puissance coloniale française.

          Dans les deux guerres ceux qui défendaient la doctrine panarabe ont choisi de s’aligner, de prendre position et d’envoyer leurs forces, soutenir une partie, au lieu de chercher l’arbitrage[11] . Par la suite, pour les mêmes motifs de frontières mal divisées par le colonisateur, on assista à un long conflit irako iranien, qui a perduré, puis des coalitions menées deux fois contre l’Irak, auxquelles ont participé des contingents d’armées arabes. Par la suite c’est les retombées du printemps arabe sur ces pays particulièrement la Syrie, le Yémen et la Lybie, qui vont encore donner lieu à des fratricides graves suivis de plusieurs indicateurs d’un monde arabe désuni.

          Donc sans chercher loin les arabes qui cherchent une unité ou un panarabisme, ont longtemps été monté l’un contre l’autre. Malheureusement, ce n’est pas les exemples qui manquent jusqu’à nos jours. Même le panislamisme qui a introduit les musulmans autres que les arabes, n’a pas réussi à rassembler ceux qui ont servi longtemps pour la cause noble et sous les mêmes empires islamiques d’antan.

II-Des limites parmi d’autres du monde arabe désuni

          Abondant dans le même ordre, le monde arabe est plus fracturé que jamais. Chaque gouvernement a choisi son intérêt géopolitique, sans ne se soucier ni du passé du panarabisme, ni de l’histoire commune des peuples et encore ad minima se réunir autour de la cause palestinienne ou des territoires occupés. Au nom de cette cause plusieurs Etats arabes dits nationalistes réunis, n’ont fait que saboter les résolutions diplomatiques et considérés les autres Etats comme traitre !

          Constituant une réserve importante d’hydrocarbure et d’autres richesses, le Proche et le Moyen-Orient habités majoritairement par les populations arabes font l’objet de convoitises des différentes puissances régionales et internationales. La majorité des Etats arabes ont raté leur décollage au lendemain de leur indépendance. L’injustice sociale interne longtemps objet de défense par les régimes nationalistes et socialistes, par des discours théoriques, a fait face à une montée d’islamisme salafiste, qui à son tour donné naissance à un fanatisme incontrôlable avec un recours excessif à la violence. Les appels des différentes doctrines de l’islam à la paix et à la modération ont été remplacés par la haine inter-sociale et internationale.

          Tous ceux qui ne connaissaient pas l’islam ou les arabes ont pris une position défavorable et une mauvaise opinion surtout que certains ont démontré que l’Etat d’Israël est plus démocrate que les pays arabes qui l’avoisinent. La constitution de mouvements islamistes au nom de la démocratie, encouragés par l’extérieur, selon l’intérêt géopolitique de chaque puissance, s’est proliféré dans certains pays devenus Etats faillis. Ceux-ci ont exporté des doctrines malveillantes et des combattants étrangers pour faire régner la terreur dans les Etats nouvellement implosés.

          Pourtant, en réalité il n’y a pas assez de liens qui assemblent les arabes. L’histoire du monde arabe nous apprend toujours que dans les conflits interarabes ou lorsqu’il s’agit de prendre une position politique quelconque, certains Etats choisissent beaucoup plus de défendre leurs intérêts avant toute idéologie panarabe. Si on revient dans le passé, ces Etats n’ont pas d’histoire propre à eux ou une ancienne diplomatie. Car, ils ont été que des provinces qui ont dépendu des grands empires islamiques et des empires coloniaux.

          En effet, se référant à l’unité religieuse des arabes, ceux qui ne connaissent pas l’islam, ne sont pas au courant des divergences internes[12] . Car à l’intérieur de la Oma c’est à dire la communauté musulmane on trouve en plus des courants altérés et des sectes, deux divisions principales qui ont longtemps coexistées. Les sunnites et les chiites qui tous deux sont subdivisés en branches et sectes. Aussi par esprit de zizanie voulue, il y a ceux qui se prennent pour des musulmans. Pourtant, ils ont falsifié certains textes et vérités pour défendre leurs leaders en tant que prophètes. Chez les sunnites, il y a quatre rites distincts[13] , qui ont quelque différence dans le fond en ce qui concerne l’interprétation des paroles du prophète sinon dans la forme du prêche.

          Il en demeure que ces petites divergences ne mettent pas en cause les textes sacrés et les sunnites ont été à l’origine de la civilisation arabe. Les quatre courants sont cités juste pour prouver qu’à l’intérieur de l’unité arabe tant citée par les mouvements panarabes, il y a un peu de différence dans le mode de vie islamique des sunnites. Mais, on ne l’aborde jamais. Car c’est superficiel. Ces courants sunnites, sont majoritaires par rapport aux chiites, répartis sur le Proche et Moyen-Orient, Asie centrale, Inde, Pakistan, Bangladesh, Turquie, Indonésie, Afrique du Nord, le Sahel d’autres coins de l’Afrique et sans compter les minorités sunnites vivant avec les chiites dans une même nation.

          Les Chiites[14]sont constitués de plusieurs branches et sectes. Les plus nombreux sont Duodécimains[15] constituant la majorité du courant, les Ismaéliens[16] , les Zaydites[17],les Alevis[18]proches des Alaouites[19], les Druzes[20] et les Kharidjites[21].Certaines communautés non reconnues par les précédentes ont soudainement émergé. Il s’agit de l’Ahmadiyya[22] et bahaïe[23].

          Le but de cette analyse n’est pas de définir les différents courants religieux de l’islam ou sa pensée politique, qui demandent plusieurs manuscrits, mais il s’agit juste de rappeler ou appuyer l’agréent, comme quoi, il existe une certaine hétérogénéité dans l’interprétation des principes de l’islam, qui réunit les arabes et les autres nations. Chaque pays arabe a choisi son courant, sinon à l’intérieur d’un même pays on trouve une mosaïque de branches et de sectes. Pourtant, les empires islamiques ont réuni tout un ensemble d’identités nationales et une multitude d’ethnies. Ça été un monde multiculturel avec ses différentes religions, courants et sectes et sans problèmes graves. Etonnant les grands parents arabes ont vécu avec les différentes sectes chiites, avec les Yézidies irakiens, du jour au lendemain ces sectes sont massacrées par DAECH et l’antagonisme entre Sunnites et chiites est devenu plus grave que jamais.

          Ceci n’a jamais été à l’origine de conflits graves entre populations arabes et même avec les juifs nationaux le courant passait. C’est qu’il existait un respect mutuel entre les communautés d’un territoire et d’une région. Les juifs ont longtemps fait partie du puzzle des communautés arabes, jusqu’au jour où ils ont décidé de créer leur propre territoire. Comme le confirme l’histoire, les conflits intercommunautaires n’existaient pas, particulièrement, entre Chiites et Sunnites et n’ont débuté qu’après l’invasion américaine en 2003. Auparavant, chacun respectait la pensée de l’autre. L’Ayatouallahi[24] Khomayni a habité l’Irak en tant qu’opposant au régime du Shah avant de se rendre en Iran et bâtir la république islamique.

          Dans le Nord de l’Afrique la majorité des Etats arabes appliquent le Rite Malikite. Le Royaume du Maroc, les républiques de Mauritanie, d’Algérie de Tunisie, de Lybie et le Soudan du nord applique cette doctrine avec la présence de quelques minorités d’autres courants ou sectes clandestins. D’ailleurs, en contact avec le Sahel, l’Afrique occidentale et australe, les empires qui se sont succédés au Royaume du Maroc ont proliféré ce courant dans ces régions de l’Afrique en encourageant le soufisme. La caravane commerciale marocaine depuis le Moyen-âge à la période précoloniale avait le monopole de proliférer un Islam tolérant en Afrique.

          Il a fallu attendre l’arrivée en Afrique, des commerçants libanais enfuis de la guerre de Liban, pour construire des mosquées chiites du courant Duodécimains. De même c’est les commerçants indiens qui ont été à l’origine de l’Ahmadiyya et de l’Ismaïlia. En Syrie par exemple il y a, en plus du sunnisme, des sectes de chiisme tel que les Ismaéliens, les Alaouites et les Druzes qui vivent ensemble. Le Liban a presque la même mosaïque religieuse que son voisin syrien, sans oublier les églises maronite et orthodoxe dont la première est protégée par la France et la seconde par la Russie. En Irak nul n’oubliera les conflits armés entre musulmans et chrétiens ou sunnites et chiites.

          Sans citer les autres pays arabes, ce petit tour d’horizon montre à première vue que l’unité espérée ou rêvée est entourée de facteurs de différence, même minimes, dans le monde arabe. L’antagonisme clandestin entre branches et courants est présent. Il ne s’agit pas de croire qu’il n’y a pas d’espoir de réunir le monde arabe dans sa » Ligue » de forme sans fond, ou son panarabisme manquant, mais juste de donner un constat sur la situation. Car sans panarabisme, avec une multitude de nationalités, de cultes et d’ethnies, les arabes ont été bien unis sous les empires islamiques. Dans cette divergence arabe, on peut aussi se référer aux festivités religieuses, dans la mesure où certaines fêtes ne sont pas célébrées le même jour. Ainsi à titre de rappel, le début du jeûne de Ramadan, sa journée de rupture et d’autres jours fériés changent de régions ou des fois de pays à l’autre.

          L’arabe classique du Coran est un élément unificateur qu’on utilise dans la culture et les correspondances officielles. C’est la langue de la révélation divine. Il est essentiel de retenir que c’est la même langue classique écrite avec sa grammaire et sa conjugaison depuis plus de 15 siècles. La première langue du monde est novice par rapport à l’arabe. En allant à partir des pays du golf jusqu’à l’océan atlantique aucun autre pays ne barre les frontières aux pays arabes autre qu’Israël. D’ailleurs, ont toujours existé des juifs arabes et à l’intérieur de ce pays on parle et on écrit arabe classique. Il y a lieu de distinguer plusieurs façons de lecture et d’utilisation de voyelles.

          Si les dialectes sont là pour créer la divergence entre chaque région ou pays, l’arabe classique demeure officielle. Les pays du Golf ont presque le même dialecte. Les pays du Maghreb, en plus du berbère, ont aussi leur langage ou dialecte arabe mélangé avec le français et dans certaines régions du nord ou du sud, ont empreinte des mots à la langue espagnole. La Syrie, le Liban, la Palestine et la Jordanie s’entendent aussi avec presque un même dialecte. La bande Gaza en Palestine, étant proche l’Egypte et du Soudan du nord ont des similitudes. Il n’y a pas d’arabe spécifique à la religion tel que l’avance certains auteurs occidentaux qui ne maitrisent pas les données.

          Il faut noter que le dialecte Egyptien est plus connu au sein des populations arabes grâce à la chanson, le théâtre et au septième art, en avance par rapport aux autres pays. L’arabe classique en tant qu’appel unificateur a eu son impact à travers la diffusion radio du programme « voix des arabes » depuis les années 50, qui faisait l’éloge du nationalisme, du nassérisme et appelait les populations arabes à se soulever contre les puissances coloniales et contre les pouvoirs modérés. Pourtant, l’Egypte de Nasser devait s’occuper de sa politique interne qui malmenée, a été à l’origine de la prolifération la confrérie des frères musulmans puis a donné naissance au « Takfirisme »[25] .Jusqu’à nos jours plusieurs chaines satellitaires ne font que le façonnage d’image. Même, d’autres pays asiatiques ou occidentaux ont créé des chaines arabes pour passer leur message selon leurs intérêts, proliférer leur propagande ou point de vue sur les questions politiques.

          A travers la mosaïque ethnique, il faut prendre en considération certaines populations tels que les amazighs, qui ont leur propre culture et leur langue est devenue officielle dans certaines constitutions d’Etats éclairés tel que le Maroc. Aussi parmi d’autres Etats arabes il existe des nations multiculturelles dont les minorités ne veulent pas être considérées arabes. C’est aussi le cas des Kurdes, de Yézidis[26]qui parlent arabe en Syrie et en Irak. C’est juste la langue officielle qui constitue une intersection à l’intérieur du pays et avec le monde arabe. La plupart des Etats arabes ont été mêlés directement ou indirectement aux affrontements entre les blocs Est et Ouest.

          Chacun a choisi son camp pour détruire l’autre. Donc, l’influence de la guerre froide a concerné aussi les Etats arabes pour se désunir. Tous les Etats du monde arabe qui ont des régimes présidentiels ont rejeté au nom du bien commun le pluralisme politique. Ils ont mis fin aux libertés individuelles et publiques et ont choisi un totalitarisme aveugle, avec un excès du culte en la personne du président, qui détient lui seul ou avec une oligarchie militaire tous les pouvoirs de l’Etat. Parmi les Etats arabes il y a ceux qui ont beaucoup de fois changé de camp, pour des raisons subjectives ou pour marquer leur présence vis-à-vis de la majorité.

          D’autres moyennant les aides des pays arabes riches ont vu leur diplomatie dépendante et ont opté pour le ralliement opportuniste. Les putschistes militaires qui sont arrivés au pouvoir ont choisi de défendre leur idéologie et mobiliser leurs populations au service de l’idéologie nationaliste, prétendant la justice sociale et le socialisme. Malheureusement, ils ont engagé des budgets colossaux dans des causes perdues. Les cas de l’Algérie, de la Libye, de la Syrie et d’autres Etats arabes sont des exemples de militarisations diverses et de financements militaires exagérés, depuis leur indépendance.

          En même temps, dans leur histoire de cause perdue, ils ont essayé de renverser les régimes monarchistes et républicains qui défendaient la modération et la liberté. A cause de cette poignée de responsables nationalistes, qui ont défendu la cause panarabe, le conflit israélo-arabe n’a pas été résolu diplomatiquement. La majorité de ces régimes ont cru aux dispositifs militaires et raté leur développement. Les budgets qui devaient être consacrés au développement ont été affectés à l’effort de guerre. Le 29 octobre 1956, Israël beaucoup moins puissante et armée que l’Egypte, a profité de la campagne militaire franco anglaise contre la nationalisation du canal du Suez, pour occuper le Sinaï et d’autres territoires avoisinants. Le Golan territoire syrien a été occupé et annexé au territoire hébreu depuis 1967. La Jordanie et le Liban ont perdu une partie de leur territoire à cause du conflit avec Israël et ont été aussi victimes des faux discours de l’unité arabe. Néanmoins la mauvaise stratégie de défense, apparait chez la majorité des Etats arabes avoisinant Israël, qui ont réservé des budgets colossaux à la défense, sans toutefois être unis ou d’accords sur les mêmes visions politiques.

          Vers le milieu du 19°siècle à une époque récente la capitale libanaise Beyrouth partageait le nombre de maisons d’édition avec le Caire dans les différents domaines de culture arabe. Grace à son ouverture par rapport à la majorité des Etats arabes, le Liban a connu avant la guerre civile un âge d’or en matière de stabilité, de prospérité économique et de libertés publiques. Pendant cette période le Liban a été appelé « La Suisse Arabe ou du Proche-Orient ». Maintenant ce pays est en crise dans tous les domaines.

          A en croire vrai, l’historien Ibnou Khaldoune[27] a jeté un sort sur les arabes en disant que « les arabes ont convenu qu’ils ne seraient pas d’accord » autrement dit les arabes se sont mis d’accord pour être en désaccord. Ceci se confirme par les réunions, sans résultats concrets, ou les reports continus des conférences de la Ligue arabe, qu’ils ont constituée pour défendre leurs intérêts. Désormais, on assiste à des discours sans arrêts et des résolutions qui restent lettres mortes sans exécution réelle. Pourtant leurs populations sont ignorantes et certaines d’entre elles sont pauvres malgré ce qu’engorgent leurs sous-sols en richesses. L’Algérie a toujours continué d’encourager le séparatisme contre le Royaume du Maroc et d’importer les produits alimentaires de très loin, pour saboter cette unité arabe qu’elle prétend défendre.

          Pour revenir aux territoires du Moyen-Orient, qui sont habités majoritairement par les arabes détenant des réserves considérables d’hydrocarbures, ils sont restés depuis presque le lendemain du second conflit mondial, jusqu’au début du IIIème millénaire, espaces de rivalité et de rapports de force entre d’une part les deux superpuissances socialistes et libérales puis entre puissances coloniales aspirant garder leurs intérêts. Les Etats arabes se trouvent entre le marteau et l’enclume, les uns ont choisi le nationalisme et d’autres ont conservé leurs monarchies et même en choisissant, une couverture de l’un des blocs ou d’intégrer une organisation régionale ou le monde des non-alignés. Certains Etats n’ont pas pu échapper à la domination économique d’une tierce puissance. A cause des intérêts de chacun et la divergence du choix ou d’autonomie diplomatique même le Conseil de Coopération du Golfe l’organisation régionale (le CCG) n’a pas pu garder une vision et une stratégie commune de défense. Pourtant cette organisation régionale a été longtemps citée d’exemple de stabilité et de prospérité par rapport aux autres Etats arabes.

           L’échec du monde arabe a cédé à l’acharnement pour la défense de l’État nation. L’alignement dans un ordre régional avec une seule voix politique via un panarabisme longtemps défendu, est devenu plus difficile qu’auparavant, à cause des intérêts défendus par les puissances extérieures traditionnelles et les puissances régionales émergeantes.


[1] Le discours, mérite d’être lu en entier, en arabe et son résumé est comme suit : « Dieu vous a donné une place élevée et difficile et imprenable…Tu es le chef des arabes… »

[2] Lire page 11 et 12 du livre en arabe qui cite le panarabisme avant l’avènement de l’Islam jusqu’aux débuts de la première guerre mondiale. « La fondation du mouvement arabe moderne » de Mohamed Darouza ;  Librairie moderne Saida-Beyrouth 1°édition 1949 à Damas.

[3]Située en Asie sud-occidentale, entre l’océan indien, la mer rouge et le golfe persique, la péninsule arabique est un grand territoire constitué majoritairement du désert.

[4]Omeyyades Dynastie arabe qui a gouverné les musulmans de 661 à 750 et dont la capitale a été Damas. Ses descendants ont créé un Royaume en Andalousie entre 756 et 1031.

[5]Abbassides : deuxième dynastie arabe dont la capitale a été Bagdad. Ils ont régné de 750 à 1258.

[6]En résumé, l’Empire Ottoman a vécu de 1299 à 1923.Assurant son pouvoir central depuis la Turquie, lors de son apogée au 17 -ème siècle, ses territoires s’étendaient de la péninsule arabe, l’Afrique du Nord à l’exception du Royaume du Maroc, une partie de l’Europe occidentale et des Balkans. Par la suite au début du 18ème siècle on assista progressivement au déclin justifié par des conflits entre le pouvoir central et ses provinces, des mouvements d’autonomie et d’indépendance. En 1818 fut exécuté à Constantinople, le grand père de la dynastie saoudienne actuelle. L’année 1830 a été marquée par l’indépendance de la Grèce et l’occupation de l’Algérie par la France.  Dans le chemin de la chute, d’autres mouvements de libération demandèrent l’indépendance, des guerres avec des puissances régionales éclatèrent, l’empire n’a pas suivi le progrès technologique et les populations s’appauvrissaient. Avant le premier conflit mondial, fatigué par la guerre face à la Russie tsariste, l’empire était prêt à s’effondrer.

[7] Hitler a reçu le moufti de la Palestine et a crée une émission arabe au sein de la radio berlinoise en vue d’appeler les arabes à l’insurrection.

[8] Il a inauguré une grande mosquée à Moscou, il   défend l’Islam comme religion officielle à l’instar de l’orthodoxie et interdit toute critique négative à l’égard du prophète Mohamed. 

[9] Dans ses discours et entretien, il rappelle que les coalitions contre l’Irak et la Libye est une violation du droit international.

[10]Comme le confirme Didier Billion dans son ouvrage Géopolitique des mondes arabes page 7 la région arabe est une « aire géopolitique comme la principale zone sismique des relations internationales tant les facteurs d’instabilité et de conflits semblent s’y concentrer. »

[11]L’histoire contemporaine nous rappelle que l’Egypte dont le président défendait l’unité arabe a envoyé au combat au début des années soixante, son armée au Yémen    puis en Algérie contre le Maroc dans la guerre des sables de 1963. Ce qui constitua une grande contradiction dans ses discours panarabes.

[12]Idem en page 6 l’auteur signale que « cette région est en réalité extrêmement diverse et rien ne serait plus erroné que de continuer à la percevoir à travers le prisme d’une unité mythique et fantasmée. »  

[13]Les ‘ principaux courants des sunnites sont :  1) Rite CHAFIITE : Imam CHAFII est Mohamed Ben Idriss, Ben Abass ben Othman Ben CHAFII né en 767 à Gaza en Palestine et décédé en Egypte en 820. 2)Rite HANAFI : Imam Abou Hannifa Noumène Ibnou Taher né en 699 et mort en 767 à Bagdad. 3) Rite MALIKITE : Imam Abou Abdellah Malik Ibnou Anas Ibnou Malek né en Arabie en 712 et décédé à Médina en 795.4) Rite HANBALI : Imam Ahmed Ibnou Hanbal né à Bagdad en 780 et décédé à Bagdad 855.

[14]Chiite deuxième courant important qui englobe plusieurs branches et sectes. Sa position s’explique par le fait que seule la descendance de la famille de Ali cousin et gendre du prophète qui a droit à gouverner l’empire islamique.

[15]Le grand nombre de cette branche est rétabli en Iran. Ils défendent l’idée selon laquelle, il existe 12 imams héritiers du pouvoir de Ali cousin et gendre du prophète Mohammed, que la prière et le Salut soit sur lui, et que le dernier parmi ces 12 est appelé Mehdi qui sera le sauveur de l’humanité.

[16]2ème branche ou secte en importance parmi les chiites, résidant au Khorasan (Ouzbékistan et territoires voisins) puis établis à Alamout à côté de la ville de Kazbinen Perse (Iran) et plus tard répandu en Syrie puis délogée et massacrée les mongoles et les tartares. Ses adeptes ne croient qu’à Ismaël, fils de Jafar As-Sâdiq qui est pour eux le dernier parmi les 7 imams. Ils ne reconnaissent pas Moussa son grand frère. On les appelle aussi les chiites septimains ou septimaniens Et récusent l’imam Mehdi. Leur leader actuel est l’Agha Khan. Ils sont établis, au Canada, en Syrie, Afghanistan, Inde, Pakistan, Afrique australe et de l’Est.

[17]Branche chiite très proche des doctrines sunnites, connue pour sa modération et sa retenue. Son fondateur est Zaïd ibn Ali Zine Al-Abidine (80-122 de l’Hégire). Il s’est révolté contre les Umayyades pendant la reine de Hicham ibn Abdul Malik. Contrairement aux autres courants ou sectes chiites, les Zaydites reconnaissent, les califats qui ont succédé au Prophète.   Mohamed, que la prière et le salut soient sur lui, à savoir : Abou Baker, Omar et Otman avec quelques retenus vis-à-vis de ce dernier. Ils sont nombreux au Yémen et minoritaires en Arabie Saoudite.

[18]L’Alévis est une confrérie soufie répandue particulièrement entre les turques et les kurdes. On peut aussi le trouver en Bulgarie, en Albanie et dans certains Etats de l’ex Yougoslavie qui étaient sous l’Empire Ottoman.  Ses adeptes dont la majorité est turque, et kurde, dépassent les 10 millions. Leur fondateur est le philosophe HACI BEKTACH VELI, son vrai nom est Mohammed BEKTACH originaire du Khorāsān (Ouzbékistan actuel) né en 1209 et décédé en 1271, a étendu son mouvement aux Balkans et en Anatolie.

[19]C’est une secte qui croit en plus au prophète, à son gendre Ali et leur Imam Salman le perse. Les adeptes de cette secte ont complété les principes de l’islam avec d’autres textes de la chrétienté. Ils sont rétablis en Syrie, au Liban. D’ailleurs, la famille ASSAD au pouvoir faire partie de cette forme altérée de l’Islam. A ne pas confondre avec la dynastie Alaouite héritière du trône au Royaume du Maroc, depuis plus de 03 siècles et qui est descendante du prophète.

[20]Branche d’origine ismaélienne. Leur imam est Darazi décédé en 1021. Ses adeptes sont rétablis en Syrie, au Liban et en Israël. Lors de l’une des campagnes d’Israël au Liban, beaucoup de druzes ont rejoint l’Etat hébreu contre le Liban.

[21]Ce sont des fidèles au départ à Ali gendre du prophète. Mais qui sont tournés contre lui pour constituer une branche armée et politique. Pour eux le Calife ne doit être obligatoirement de la descendance du profite ou de son gendre ni même arabe de l’Arabie. Le plus important qu’il soit croyant musulman et remplissant un certain nombre de critères. Ils sont considérés un peu les anarchistes de l’islam et ils optent pour le combat armé contre le pouvoir s’il ne remplit pas les conditions du Califat. Cette secte a plusieurs branches qui appellent à l’assassinat des infidèles et constitue une référence pour la pensée politique de DAECH.

[22] Forme falsifiée de l’Islam, ce courant est apparu en 1889. Son fondateur MIRZA GHULAM Ahmed né à Qâdiyan village du Panjab en Inde en 1835 et décédé en 1908, fait croire à sa communauté que c’est lui Mehdi l’Imam (Al Mountadar) attendu par la communauté musulmane et se prend pour un prophète Mouvement crée et encouragé par les anglais pour diviser les communautés musulmanes chiites et sunnites en Inde. Ses adeptes pratiquent en clandestinité dans plusieurs pays y compris arabes. Car cette secte est déclarée non musulmane par la majorité des Etats musulmans y compris par l’Organisation de la Coopération Islamique.

[23]Bahaïe se considère comme religion qui est née en Iran. Mais, en plus de l’Occident, comme aux EUA, cette forme falsifiée et altérée de la religion et créée en toute pièce par son prétendu prophète, a des adeptes en clandestinité dans le monde arabe particulièrement en Irak. Elle a été interdite par le Shah de l’Iran. Son propre Messager Divin est appelé Bahá’u’lláh qui veut dire en arabe gloire de Dieu et ses successeurs Abdul Baha. Ses principes sont au tour du désarmement, l’éducation universelle obligatoire, une langue auxiliaire universelle et l’égalité des sexes. C’est une secte de pensée philosophique pacifique, qui rêve d’un monde idéal.

[24]Ayatoullahi est à l’instar du mollah un titre religieux chez les Chiites, qui ont un intermédiaire avec Dieu comme les religieux de l’église.

[25] Certains jeunes égyptiens des frères musulmans, ont choisi ce principe kharijite en réponse à l’excès dans la répression et les violences dont ils ont fait l’objet dans les prisons égyptiennes. Pour eux tous ceux qui ne rendent pas le jugement selon le Coran sont des infidèles. Ils se basent sur le verset 44 de la Sourate Al M’aida du Coran.

[26]Malgré que le traité de Sèvres de 1920 qui prévoyait la création d’un Etat kurde, il fut ignoré dans le traité de Lausanne de 1923 et même par la SDN qui avait prévu l’autonomie des kurdes. Jusqu’à nos jours, ce peuple souvent mal mené est partagé entre la Syrie, l’Irak et la Turquie.

[27]      Il s’agit de : Abderrahmane Ben Mohammed Ibn Khaldoune , homme d’Etat, sociologue , géographe, historien et économiste arabe de grande renommée internationale, née à Tunis le 27 mai 1332 et décédé  au Caire le 17 mars 1406.Ses œuvres  ont été traduits en plusieurs longues comme la Muqadima (l’introduction)  et le livre des exemples .