
Le 20 janvier 2025 est un jour de passage de consignes entre l’administration démocrate et républicaine. Les américains et la communauté internationale attendent avec impatience ce qui pourrait se décider en matière d’espoir et de changement, dans les quatre années prochaines. Pourtant, aux USA souvent l’administration continue de défendre les intérêts stratégiques du pays, dans le monde et ce quel que soit le parti en place. Plusieurs spéculations et analyses parlent du changement. Mais comment anticiper ce qui pourrait se passer pendant le deuxième mandat présidentiel ?
Logiquement, le premier mandat a permis à Trump de comprendre la situation multiforme, aux USA et dans le monde. Donc il aura un retour d’expérience qui pourrait lui permettre de mieux approcher les problèmes nationaux et trouver des issues favorables à la stabilité, la paix et la sécurité internationales. Néanmoins, il doit prendre en considération certains défis et éviter de prendre des décisions à la hâte qui peuvent compromettre les intérêts de la communauté internationale et ceux jugés stratégiques pour les USA.
Un nouveau système de gouvernance local
Au niveau local, plusieurs citoyens américains attendent des changements liés à leur vie socioéconomique. Pour rehausser le moral des populations américaine et améliorer les services, le Président Trump doit encourager le projet d’investissements destiné à moderniser les infrastructures américaines présenté par Joe BIDEN. Il s’agit d’engager la somme colossale de mille deux cent milliards de dollars, dont 550 milliards destinés aux routes, ponts, transports internet à haut débit.
Il s’agit en tout autre, d’un acte courageux qui pourrait diminuer spectaculairement la récession économique et la stimuler, comme le New-Deal (nouvelle donne), qui a été une politique de redressement économique et social, appliquée par le président républicain Franklin. DELANO. Roosevelt afin de faire face à la plus grande crise économique mondiale, du 29 octobre1929.
Au niveau culturel, les américains qui sont majoritairement conservateurs et les pays qui respectent le droit de culte ou la religion en générale, seront très contents par la dénonciation du Président Trump, des personnes qui défendent les lesbiennes, les gays, les bisexuelles et les trans dits couramment (LGBT). Car, l’ancienne administration démocrate défendait la liberté sexuelle et encourageait cette culture dans les médias et les arts.
Généralement, au cours de son premier mandat, le Président Trump a su gagner les esprits des jeunes, de la classe moyenne et des riches. Mais, son mandat a coïncidé avec les conséquences de récession économique mondiale causés indirectement par le Covid 19. Trump a été pris au dépourvu, n’a pas pris au sérieux la pandémie et a perdu plus tard, les élections.
Points de vue sur les alliances et le multilatéralisme chez Biden et Trump
La décision par Trump lors du premier mandat qui était derrière la non-participation financière aux organisations internationales à caractère humanitaire, annulée par l’administration américaine démocrates à partir de 2021, concernant l’OMS, le COP 21 de Paris, ne doit pas reprendre. Aussi, en ce qui concerne l’OTAN les discussions doivent se faire à table et non par les menaces. Pour ce qui est de l’immigration clandestine, il faut renforcer les dispositifs de surveillance des frontières au lieu de penser une autre fois la construction du mur séparant les EUA avec le Mexique.
De même, l’administration démocrate a décidé la reprise du traité d’armement avec la Russie par la signature du traité de New Start, la proposition de prolongation du traité de New Start pour une période de cinq ans et de mettre fin à la célèbre citation « Amérique first » en faveur du multilatéralisme et d’une Amérique, qui reprendrait le leadership habituel du monde libre. Il a été aussi accordé un grand intérêt à la protection des populations civiles victimes des conflits armés au Yémen et en Syrie.
Si on analyse le discours de, dans le cadre du G7 et à l’occasion de la conférence sur la sécurité, organisé par visioconférence à partir d’Allemagne, le 19 février 2021, on remarque qu’il a mis en guillemets plusieurs décisions stratégiques de son prédécesseur Donald Trump.
Joe BIDEN a annoncé le renforcement des alliances avec ses alliés traditionnels dans le monde et particulièrement ceux de l’OTAN. Il a déclaré à la lettre : « L’Amérique est de retour, l’alliance transatlantique est de retour ». Il a continué à défendre la démocratie, l’Etat de droit et le recours à la diplomatie, avant et après son accession à la magistrature suprême de son pays.
La période de Biden / Harris sur la scène internationale a connu un grand réchauffement des relations entre les EUA et ses alliés traditionnels, qui ont majoritairement applaudis les nouvelles décisions. Il a été donné à la diplomatie plus de suprématie, afin revenir à la table des négociations sur le dossier nucléaire iranien. D’ailleurs, c’est le Président OBAMA, qui a été derrière le traité nucléaire du 14 juillet 1915.Mais l’administration BIDEN devait sortir avec un bilan plus important dans le rétablissement de la paix. Les dossiers se sont accumulés au Bureau ovale de la maison blanche sans suite.
Par ailleurs, reconnaissant les volets des accords d’Abraham entre certains pays arabes et l’Etat d’Israël, déclara dès le premier jour de son élection, revenir sur le terrain diplomatique dans la résolution des conflits en Afrique, au Moyen-Orient et constituer une alliance internationale de défense des valeurs démocratiques. Par contre, le bilan a été mitigé. Les populations mondiales, n’attendent pas les leçons de démocratie à l’occidentale. Elles veulent améliorer leur vie et vivre en paix.
Alors que les tensions ont toujours monté entre l’administration démocrate et la Russie, TRUMP a promis de résoudre le problème en é’ heures. Il se pourrait qu’il gèle le conflit en imposant un statuquo dans les frontières annexées par la Russie. Ceci arrangera la Russie et pourrait aussi gagner les marchés de reconstruction des infrastructures en Ukraine pour récupérer les engagements financiers de l’administration BIDEN. Néanmoins, en plus de la diplomatie préventive, dans le conflit qui oppose la Russie à l’Ukraine, des négociations franches s’avèrent nécessaires pour avoir la Russie comme allié contre l’émergence de l’Empire du Milieu. Car, même située en Eurasie, la Russie demeure un pays occidental.
Les priorités de la prochaine administration TRUMP
Pour redonner le poids aux USA dans le monde, le Président TRUMP a plusieurs fois exprimé des priorités qu’il juge nécessaire à appliquer lors de son deuxième mandat. Néanmoins, certaines limites pourraient entraver sa démarche politique au niveau international.
Priorités économiques
Tout d’abord, défendre le Dollar face à la politique de dédollarisation. Ce n’est pas dans l’intérêt stratégique des USA et du monde entier d’encourager les échanges économiques internationales avec d’autres monnaies locales. Déjà dans certains pays on a remplacé le pétrodollar par la devise chinoise. La Russie, la Chine et l’Iran ont constitué des réserves importantes en or, depuis 2014 afin d’éviter les sanctions américaines. Un BRICS constitué de pays forts économiquement, pourrait continuer à acheter le maximum d’or pour valoriser les monnaies souveraines et faire les échanges sans passer ni par l’Euro, ni par le Dollar.
Dans le même sillage, les EUA qui veulent à tout prix vendre leur produit gazier et l’exporter à leurs alliés pourraient laisser leurs gisements en tant que réserve stratégique comme dans le passé et respecter les lois internationales de l’environnement, interdisant l’exploitation des sites constitués de schiste. La solution pour les USA serait d’investir dans les projets du gazoduc de l’Ouest de l’Afrique, planifié par le Maroc et le Nigéria et celui du Qatar qui va vers les côtes méditerranéennes de la Syrie. Stratégiquement ça va étouffer les gazoducs de la Russie et celui de l’Iran prévu au détroit d’Ormuz. Ces routes gazières du Moyen-Orient et de l’Afrique de l’Ouest constituent aussi une proximité aux alliés européens et au développement des pays africains.
Diminution le nombre des zones de tensions dans le monde
Les EUA se considèrent garants de la stabilité, en mer de Chine et dans la région indopacifique au profit de ses anciens alliés, comme le Japon, le Taïwan, la Corée du Sud, l’Australie, la Nouvelle Zélande et le Royaume Unie ancienne puissance coloniale en Asie et en Océanie. A cela, il ne faut pas oublier d’ajouter, que les EUA, sont appelés à assurer un équilibre stratégique entre l’Inde et le Pakistan où sont souvent entendus les bruits de bottes dans les frontières qui les séparent.
En Asie, l’occident va presque tout perdre en matière de commerce et de profit. Le plus important défi à relever par les EUA dans ce continent, que ça soit à l’Extrême ou au Moyen-Orient, est celui de garder le maximum d’accords de coopération et d’alliances avec les Etats alliés dans la région, afin de constituer un cordon sécuritaire face à l’Empire du Milieu et face à tout Etat perturbateur. Il y a lieu aussi, d’encourager les GAFA, ou autres multinationales américaines, vite que possible à rapatrier les usines de semi-conducteurs au Taiwan afin de restituer l’ile à la Chine. Car tôt ou tard les chinois, qui croient en leur cause vont l’envahir. C’est l’industrie de pointe et des milliards de dollars à risquer par les USA et par l’industrie internationale qui en dépend.
Face à la Russie et à la Chine, la table des négociations serait plus profitable pour les américains, en trouvant des compromis, qui pourraient assurer leur influence sans engager aucune cartouche et gagner des marchés dans les autres territoires asiatiques, sollicitant leur protection. En constituant un partenariat militaire stratégique, avec certains alliés de la région, en particulier l’Inde, le Japon, la Corée du sud, les Philippines et autres Etats concernés par les litiges frontaliers avec la Chine, les EUA auraient une force de taille, qui pourrait ralentir l’homogénéité et l’expansionnisme imprévu de l’Empire du Milieu.
Washington gagnerait beaucoup en trouvant une issue pacifique au conflit frontalier entre l’Inde et le Pakistan. Car elle aura deux alliés possédant des armes nucléaires face à la Chine et à la Corée du Nord. Le changement de rapport de puissances doit prendre en considération le recrutement du maximum d’alliés face à la montée en force de la nouvelle menace asiatique.
Parallèlement, dans son premier mandat TRUMP a été le premier président des USA à avoir rencontré le président Nord-Coréen pour diminuer les tensions avec la Corée du Sud. Il est fort possible qu’il essaye de nouveau à trouver une issue au conflit gelé de la région. L’annulation des sanctions économiques est une arme qui pourrait offrir beaucoup de possibilités lors des négociations.
Aussi, à l’instar de la ceinture de défense qu’ils constituent en Asie, les EUA et leurs alliés seraient plus protégés en réactivant un front uni, anti -iranien constitué principalement des pays du Golf menacés par l’expansionnisme de l’idéologie chiite et les revendications frontalières, puis accessoirement par la majorité des Etats du Moyen-Orient voulant constituer une deuxième ligne de soutien.
Les USA pourraient gagner le cœur de la communauté internationale et les populations du Proche et Moyen-Orient en trouvant un accord qui permet la reconstruction de la paix entre les Etats arabes et Israël. Rien de ça ne pourrait se réaliser si on ne reconnait pas un territoire indépendant aux palestiniens.
Dans la région, l’Iran a retiré ses troupes de la Syrie et a autorisé le désarmement du Hezbollah libanais. Mais derrière ce calme, il y a surement la tempête. Car, très probablement l’Iran a déjà testé sa bombe et dans quelques semaines, il n’y aura pas de doute qu’au moins six bombes nucléaires vont être annoncées fabriquées par l’Iran.
Dans tous les cas, un Président TRUMP bien encadré et entouré par des conseillers expérimentés, pourrait facilement garder l’homogénéité américaine dans le monde et effectuer des changements en se basant beaucoup plus sur les sanctions économiques.
Certaines déclarations du Président TRUMP entre réalité et ambiguïté
Si TRUMP a signalé le 25 décembre qu’il veut acheter l’ile du Groenland au Danemark et le canal de Panama restitué en 1999, il faut trouver un compromis et éviter la force, comme dans le passé dans l’affaire de l’Alaska vendue aux américains par les russes, à 7,2 millions de dollars et de la Louisiane vendue en 1803 par Napoléon. Pr contre, il est très difficile d’annexer le Canada, à part si les deux Etats s’entendent, à signer des accords d’union. Car en réalité le Canada et les USA ont beaucoup de similitudes anthropologiques et un passé commun.
De même, la nouvelle administration continue de reprendre les slogans du premier mandat concernant, des armes commerciales afin de permettre le contrôle des tarifs douaniers en faveur des EUA. Cela pourrait diminuer de la popularité et de l’amitié des USA avec leurs alliés traditionnelles, qui ont tous les chinois à leur porte suite à la route de la soie. A partir de janvier 2018, les EUA ont décidé de prendre des mesures de méfiance à l’encontre de leurs partenaires commerciaux.
Profitant d’une clause des accords signés de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), autorisant les droits de douane sur les importations diverses menaçant la sécurité nationale, les USA ont choisi les contingentements. Lors de son premier mandat, TRUMP a choisi les contingentements et l’augmentation des tarifs douanières puis d’autres mesures contre le Japon, le Canada et les Etats de l’Union Européenne. Même avec la Chine, qui a des armes géopolitiques importantes, il faut éviter les déclarations qui peuvent nuire à l’économie américaine. Donc, il faut organiser des tables rondes pour rediscuter diplomatiquement les pertes dues aux échanges commerciaux et éviter les menaces.
Dans un monde perturbé par la montée en puissance des gouvernements de l’extrême droite, de l’émergence de tensions frontalières, des menaces dues aux changements climatiques et des conflits liés aux partages des matières stratégiques et des zones d’influence, la tâche du nouveau locataire de la maison blanche s’annonce plus que difficile que jamais. Car il n’y a pas que les intérêts stratégiques des USA à défendre, mais toute la communauté internationale a besoin de la paix et de la sécurité .
Zakaria HANAFI
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HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.