La fin de l’histoire, annoncée par Francis Fukuyama dans un article en 1989 et défendue plus tard dans un ouvrage, ne confirme plus le succès du libéralisme occidental sur le reste du monde. La chute de l’Union soviétique n’est qu’une conséquence de plusieurs anomalies que le système socialiste n’a pas pu gérer. Car, jusqu’à nos jours, il n’y a pas eu de démocratisation générale et les foyers de tensions existent toujours, même s’ils ont changé de modes et de causes.
Francis Fukuyama n’est pas un prophète
En effet, le terrorisme est venu pour angoisser encore plus la communauté internationale et pour être utilisé comme moyen de rétrécissement des normes démocratiques. Dans la lutte contre cet obscurantisme comparé à celui du Moyen-âge, la majorité des Etats du monde y compris développés ont mis de l’ordre chez eux, au nom de la lutte contre le fléau terroriste.
Par ailleurs une nouvelle guerre entre grandes puissances est en cours, afin de creuser les jalons d’un nouvel ordre international qui interdit à la Chine d’avoir le monopole ou devenir la première puissance mondiale. Dans cette guerre, il ne sera pas négligé par les puissances, le partage des zones riches en matières stratégiques et toujours la première victime sera l’Afrique qui est mariée avec le sous-développement avant et après son indépendance.
Alors que la guerre de l’or bleu s’approche à cause de la diminution des réserves des fleuves et du climat changeant qui ont eu des répercussions sur l’alimentation de la majorité des populations mondiales, la guerre d’Ukraine éclata pour rectifier le tracé frontalier de la Russie et peut-être un indice précurseur pour un nouveau monde.
La guerre choisie par la Russie
Géopolitiquement dans cette guerre d’usure, tous les moyens sont permis. Alors que le pouvoir russe fait le maximum pour légitimer son opération spéciale, crédibiliser sa diplomatie et s’il le faut en justifiant la violence et la destruction des infrastructures névralgiques de l’Ukraine, l’autre camp a aussi sa propre guerre hybride qui se base sur la désinformation, en le qualifiant d’illégitime, en le diabolisant et en le discréditant soit à l’intérieur de son pays, soit au niveau international.
Effectivement, sont considérés les discours du pouvoir russe comme des mensonges et des propagandes utilisés juste afin de justifier les ambitions de l’Ourse russe qui sont plutôt tsariste ou soviétique et n’ont rien à avoir avec la sécurité nationale ou les intérêts stratégiques russes. La Russie continue de défendre ses intérêts liés à un agenda de sécurité, qu’elle considère en relation avec celui des Etats du vieux continent.
Dans cette lutte contre la Russie, on essaie d’approcher ses alliés, de les menacer par des sanctions ou par l’annulation de leurs punitions en vue de les avoir du côté occidental. A chaque Etat ami de la Russie, on propose des solutions ou on le rappelle à l’ordre par d’éventuelles sanctions. Le Venezuela, l’Iran, Cuba, l’Algérie, même la Chine alliée stratégique et d’autres Etats qui ont des relations étroites avec la Russie ne sont pas exclus des discussions visant à isoler la Russie sur la scène internationale. On parle même de la priver de son droit de Véto au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.
En fin de compte, les sanctions contre la Russie ne vont pas s’arrêter tant qu’elle n’a pas déposé les armes et intégrée sa place, dans le pôle choisi par l’Occident et ses alliés, contre les puissances asiatiques montantes. Ses sanctions destinées à la Russie continuent de se répercuter très négativement sur le pouvoir d’achat des populations de l’Europe et des pays du Sud.
La continuité de cette guerre sans Mercie, oppose un pôle bien rodé aux coalitions et aux campagnes militaires, depuis des décennies, à un État qui adopte le nationalisme comme doctrine de base, croit en sa dissuasion nucléaire et dépourvue de toute puissance économique. Ce conflit pourrait accélérer en même temps, avec la faillite économique de la Russie, celle de l’Europe, particulièrement Occidentale et le basculement de l’ordre international vers un monde multipolaire, dont le principal gagnant sera probablement la Chine, qui continue de donner la priorité à la prospérité économique.
En termes de lecture géopolitique des menaces, l’année 2023 sera une année difficile pour le reste du monde. Comme annoncé dans les articles précédents, les facteurs et les indicateurs d’analyse ne constituent pas des prophéties, mais des réalités qui vont augmenter en nombre les réclamations sociétales et les décentes dans les rues pour demander la révision des prix de produits de consommation.
Zakaria HANAFI
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HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.