Le choix du retour aux combats expose deux rivaux qui ont des stratégies opposées. L’une s’inspirant des doctrines occidentales riche en retour d’expérience, mais mal exploité. L’autre croyant à la guerre asymétrique comme seul moyen de gagner un pari qui a été longtemps testé et   perduré. Les outils utilisés dans l’analyse de cette guerre, se basent sur un amalgame de principes stratégiques anciens et toujours d’actualité. Considérés perdants, les deux antagonistes ont choisi l’affrontement au lieu de construire une paix durable. Car, dans ce type de conflit où les forces sont déséquilibrés, la surprise stratégique, la liberté d’action et l’économie des moyens n’ont que des faits limités dans le temps.

La surprise stratégique en faveur du ravisseur

Dans leurs manœuvres, les combattants du Hamas ont longtemps surveillé la faille. Car, on dirait qu’ils ont trouvé l’oiseau au nid ! Ils ont Choisi le terrain des opérations le moins attendu par leur ennemi. Israël a longtemps surveillé les flancs qui font face à la Syrie et au Liban, afin d’empêcher les manœuvres iraniennes dans la région. Elle a toujours réprimé les combattants du Hamas et diminué de la menace de côté. Aussi car les Etats voisins, sont occupés avec les séquelles du printemps arabe et certains ont choisi la solution diplomatique, dans le cadre des accords d’Abraham. Par ce fait, l’Etat perse est devenu le nouvel ennemi qui pourrait déstabiliser la région.  Habituée aux frappes aériennes pour détruire la volonté et l’effort majeur des combattants palestiniens, le Tsahal n’a fait que suivre les directives politiques en oubliant certains principes stratégiques qui ne doivent en aucun cas être laissés de côté. 

En effet, lorsqu’on a des frontières ou une ligne de défense chaude à défendre, il faut toujours éviter d’être surpris. Car la surprise stratégique ne permet pas de trouver dans l’immédiat les outils et les réponses adaptables à la riposte. Pour éviter cet état de fait, il faut toujours avoir en main les moyens d’anticiper. La grande faille d’octobre 1973 était dans le renseignement et les israéliens croyaient en leur ligne de défense Barlev Par contre en octobre 1956 selon le livre du Général Moshe DAYAN[1] , « la campagne de Sinaï » la surprise a aidé le Tsahal à neutraliser les forces égyptiennes avec le très peu de moyens majeurs que possédait Israël. C’est aussi confirmé par le Général Saad Eddine CHADLI[2], dans ses mémoires de la guerre d’Octobre.

Une liberté d’action, bien exploitée et limitée dans le temps

Dans cette surprise stratégique le combat est asymétrique. Le déplacement des combattants en groupe ou isolés est déterminant. Il est difficile de le localiser par rapport aux populations et à l’initiative de faire ce qu’il veut. Dans le mode d’action le combattant qu’il soit qualifié de résistant ou terroriste, selon la définition subjective des uns et des autres, devient difficilement repérable à l’intérieur des agglomérations. Il pourrait bénéficier du soutien de la population arabe hostile à l’Etat hébreu ou carrément avoir des caches fournies par des cellules dormantes. Le fait que le soutien logistique ait lieu une journée après l’opération veut bien dire que la planification est plus que détaillée. Les combattants du Hamas ont surement longtemps surveillé et fréquenté la profondeur du territoire de leur ennemi. Ils ont bien exploité face à eux le côté de la ligne de moindre résistance, pour réaliser leur objet prédéfini. Mais ils vont revenir à leurs bases. Car, c’est un risque pour leur organisation et logistiquement, ils ne peuvent pas rester longtemps.

La guerre classique serait en faveur de la grande force et non du faible. L’Etat hébreu a convoqué 300 000 appelés et peut être plus. Ce n’est pas des combattants isolés qui vont arrêter une armée professionnelle. Les actions de freinage ne pourraient résister à l’engagement des effectifs et des matériels majeurs engagés par le Tsahal au combat. D’une autre manière, il y aura une maitrise de la force contre le maillon faible. L’erreur fatale serait d’exécuter les otages ou les prisonniers. Car le mouvement qui se défend en tant que résistance va avoir toute  la communauté internationale et va être considéré terroriste comme DAECH, puis  salir l’image de l’Islam.    

  Une économie des Forces provisoirement en faveur du surpreneur

Au cours des combats, les combattants du Hamas ont bien économisé leurs forces, ont fait plusieurs prisonniers de guerre, détruit des matériels majeurs, récupéré des auto chars et des armes en utilisant des pickups, des motos et des engins volants destinés au sport. Mais la riposte aérienne qui pourrait être accompagnée par une attaque des forces terrestres et maritimes et changer entièrement la donne.

 Contrairement, sans compter les dégâts humains civils et militaires, en infrastructures et matériel, l’économie des forces n’est pas importante pour le Tsahal, qui a des réserves stratégiques et pourrait bénéficier du soutien de ses alliances stratégiques avec l’Occident et principalement avec les Etats Unis d’Amérique, qui va comme dans le passé, soutenir l’Etat hébreu avec tous les moyens logistiques possibles.

La riposte baptisée par Israël « sabres de fer », ne pourrait être une opération stratégique aérienne indépendante. Car le scénario du Liban n’est pas écarté en cas de riposte.  Les forces du Hamas ont fixé le Tsahal avec des missiles pour les mettre à plat ventre et les occuper au moment des déplacements des groupes armés terrestres qui ont attaqué les postes de surveillance. De même, le recours à l’aviation par l’Etat-major du Tsahal cache bien au niveau stratégique une opération terrestre de longue envergure, qui pourrait couter cher aux deux antagonistes. La doctrine d’Israël montre bien pendant les précédents conflits que l’aviation a toujours eu un rôle décisif de l’appui au sol et dans la maitrise de l’air face aux pays du Moyen-Orient.

Ce bombardement qui constitue une action coercitive et consiste à larguer des tonnes de bombes, afin de garantir l’application des l’application des objectifs politico-militaires du deep- state israélien. Le bombardement stratégique pourrait aussi, bien que coûteux être inefficace et donnerait lieu à des répercussions directes et indirectes, selon deux niveaux.  Dans tous les cas, cette campagne aérienne pourrait influencer négativement sur l’image d’Israël et avoir des répercussions économiques graves. 

-Concernant le volet interne, elle pourrait endommager l’infrastructure. Mais comme à l’accoutumée, cette action aérienne va probablement propager encore plus la haine parmi les populations habituées à ce type de contre-attaque, les aguerrir encore plus, les rendre motivé et augmenter leur degré de résilience. Ni les combattants, ni les civils ne seront influencés.   Certaines populations civiles ont vidé leurs domiciles pour se réfugier dans les écoles et les installations de l’ONU.  Les deux antagonistes sont perdants économiquement en interne et en externe. Néanmoins Israël est logistiquement plus à l’aise par rapport au Hamas, qui dépend des marchandises venant du passage frontalier avec l’Egypte.  Tous les commerces sont fermés et les activités économiques reportées dans les deux territoires.

-En international, dans les images pris lors des bombardements, d’une ville en feu, contrairement aux combats engagés par Hamas, on montre bien des pluies de bombes sur les infrastructures, on coupe le courant qui est devenu une nécessité pour les populations civiles et en particulier pour les hôpitaux et on signale l’encerclement ou l’enveloppement de la ville de Gaza. Par la suite, le Tsahal va entrer à la Bande et va surement mettre de l’ordre comme en Cisjordanie dans le passé, où les habitants sont restés plus calme par rapport au Hezbollah libanais. Cette situation n’arrange pas la politique internationale occidentale et particulièrement israélienne, dans un moment où on assiste à l’encouragement par les Etats du Sud et les nouvelles puissances d’un monde multipolaire. Les incidents isolés touchant la communauté juive à l’étranger pourraient augmenter, .

Dans quelques jours, le Tsahal pourrait ne pas respecter en entier la sûreté stratégique habituelle des armées et engager les moyens de toutes les composantes en vue de contre attaquer en profondeur toute la localité de Gaza. Il s’agit d’une occasion d’or accordée à Israël pour attaquer librement aussi le Hezbollah avec la bénédiction et le soutien américain. Le Hezbollah qui a déclenché le feu à son tour en participant à cette escalade au Sud du Liban payera cher ses actions.

La mort des citoyens américains lors de cette opération sera impardonnable et les américains qualifient les palestiniens de Hamas comme terroristes et barbares. Donc, indirectement le feu vert est donné pour que le droit international humanitaire y compris ses protocoles additionnels, soit parmi les oubliettes . Toutes les munitions seront utilisées pour détruire tout ce qui bouge. Dans le passé chaque fois qu’Israël était en difficulté, on changeait dans la clandestinité, la couleur et les drapeaux des chasseurs américains , pour participer aux frappes contre les armées arabes. Cette fois-ci, rien n’est caché . Tout ce que dont a besoin l’Etat hébreu l’aura. Le porte avion Ford pourrait servir d’un grand soutien , à la neutralisation définitive des ennemis d’Israël soutenus par l’Iran. 

En attendant, la stratégie israélienne a toujours été cohérente auparavant et pourrait à n’importe quel moment mettre en œuvre les grands moyens dont elle dispose afin d’obtenir une victoire finale. Les analystes dans les chaines arabes oublient que l’Etat hébreu a une armée de renommée internationale et que toute la population civile constitue une réserve en cas de conflit total. La puissance des feux des trois composantes, lui confère une stratégie d’action favorable et celle de dissuasion exprimée par la particularité de puissance nucléaire dans sa région. Une bataille unique dans la frontière et sans grande profondeur ne pourrait détruire un pays cité parmi les plus sécurisé du monde. Les jours à venir vont montrer qu’Israël va encore se relever pour gagner ses défis.


[1] Moshe Dayan est né le 20 mai 1915 à Degania et mort le 16 octobre 1981 à Tel Aviv. A l’instar de plusieurs généraux, il est devenu homme politique. Il est très connu pour avoir fait partie de la Haganah pendant la guerre de 1948 et en tant qu’officier du Tsahal, sorti vainqueur de la campagne de Sinaï en octobre 1956 et encore une fois, lors de la guerre des Six Jours en 1967. Dans ces deux dernières guerres la surprise stratégique était a donné la liberté d’action aux forces de l’Etat hébreu.

[2] Chef de l’Etat-Major de l’armée égyptienne entre 1971-1973, désigné ambassadeur à Londres en 1974, il est devenu plus tard, opposant au régime du feu Président Mohamed Anouar ASSADATE, qui a choisi la paix.