SUITE…
PHD. RAHMOUNE Houcine
Les civilisations antiques et la recherche de la hauteur et des cieux.
- La tour de Babel6 :
Le récit de la Tour de Babel (Gn 11,1-9) Le texte biblique :
«1-Tout le monde se servait d’une même langue et des mêmes mots.
2- Comme les hommes se déplaçaient à l’orient, ils trouvèrent une vallée au pays de Shinéar7 et ils s’y établirent.
3 – Ils se dirent l’un à l’autre : “ Allons ! Faisons des briques et cuisons-les au feu ! ” La brique leur servit de pierre et le bitume leur servit de mortier.
4- Ils dirent : “ Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux ! Faisons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la terre ! ”
5- Or Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties.
6- Aussi la nomma-t-on Babel, car c’est là que Yahvé confondit le langage de tous les habitants de la terre et c’est de là qu’il les dispersa sur toute la face de la terre. »
Au début de la Bible, la légende bien connue de la Tour de Babel fait suite à celui du Déluge8. Elle illustre, sous forme de mythe, la raison pour laquelle, les êtres humains ont été éparpillés et condamnés à parler des langues distinctes. Tout débute avec la décision des hommes de bâtir une ville unique et, notamment, une tour qui “ traverse les cieux ”. Ce projet insensé, répréhensible dans la mesure où il représente l’expression de l’orgueil des hommes de vouloir pénétrer l’espace divin. Par conséquent, l’anéantissement divin de ce projet est considéré comme une punition face à la vanité et l’arrogance des babyloniens.
Ce mythe est un exemple parmi tant d’autres témoignant que les peuples païens avaient aussi la passion de s’élever vers les cieux en bâtissant leurs lieux de culte le plus haut possible.
2- Les temples Mayas élevés vers le ciel.
Durant l’ère maya, c’est-à-dire environ -1600 av. J.-C., d’étonnantes cités avec des temples, zones luxueuses, etc. ont été élevées en Amérique centrale, du Mexique du sud au Guatemala et le Honduras.
Environ 6000 sites archéologiques antiques ont été classifiés par les archéologues Walter R. T. Witschey et Clifford T. Brown, avec en cités principales Calakmul (Mexique) et Tikal (Guatemala). Pour ces civilisations antiques, le Dieu Orion : « créateur d’étoiles cette constellation en forme de noeud papillon est un nuage cosmique que les Mayas idolâtreraient. Ces bâtiments religieux étaient bel et bien reliés aux astres célestes. Les Mayas pensaient être une partie de la structure de l’univers »9.
Ajoutons à cela que la hauteur de la pyramide déterminait aussi le pouvoir social et religieux d’une dynastie. Certains monuments culminent à 70 mètres de haut.
Cela permettait aussi de maintenir le dynamisme de développement, de créer sans cesse de nouvelles pyramides.
3- Les pyramides10 d’Égypte.
Dans l’Égypte antique, les pyramides11 jouaient le rôle de tombeaux destinés à accompagner le passage des morts vers l’au-delà, vers une autre vie. Ces bâtiments funéraires symbolisaient un lieu de transition pour la résurrection. Pour G. Posener12, les hiéroglyphes trouvés à l’intérieur des pyramides témoignent de divers modes d’ascension vers le ciel, notamment à travers un escalier et les rayons du soleil. Ainsi, le roi décédé pouvait-selon son souhait-se hausser vers le ciel ou retourner à son tombeau afin de jouir des offrandes alimentaires que les prêtres déposaient chaque jour dans le temple funéraire. Finalement, la forme des pyramides symbolisait la montée du Pharaon vers le dieu du soleil.
Pour les vivants, les pyramides d’Égypte sont aussi le symbole de la puissance et de la richesse des pharaons. Elles représenteraient l’orgueil, la volonté de la domination de ceux qui convoitent les sommets pour surplomber les autres.
Du temps du prophète Moise, le pharaon fut obnubilé par la nouvelle religion monothéiste, notamment à cause de la concurrence que lui impose la nouvelle religion concernant la transcendance des cieux. Cette obsession est clairement relatée dans le saint Coran lorsque le pharaon demande à son premier ministre de lui bâtir une tour pour perforer le ciel afin d’atteindre le dieu de Moise13 : « 36. Et Pharaon dit : « Ô Haman, bâtis-moi une tour : peut-être atteindrai-je les voies, (37) les voies des cieux, et apercevrai-je le Dieu de Moïse ; mais je pense que celui-ci est menteur. Ainsi la mauvaise action de Pharaon lui parut enjolivée ; et il fut détourné du droit chemin ; et le stratagème de Pharaon n’est voué qu’à la destruction ».
Pour les uns, Al Sareh = الصرح » signifie en langue arabe, un château culminant. Selon cette traduction, l’ordre a donc été donné au ministre du pharaon de bâtir un immeuble très haut pour être visible au commun des mortels. Ceci nous rappelle à bien des égards l’épisode de la tour de Babel. Pour les autres, il est question de la mise en place d’un télescope en verre lisse, de lentilles et accessoires en verre pur, construit sur un lieu haut afin de scruter le ciel.
On peut raisonnablement en conclure que les païens avaient, tout comme les croyants, la passion d’élever leurs monuments de cultes toujours plus hauts vers les cieux ; lieux de vie initial d’Adam et d’Eve avant d’avoir commis le péché capital. Peut-on avancer que lever les deux mains vers le ciel pour implorer le créateur ou édifier des monuments religieux tels les clochers et les minarets pour les monothéistes a une signification qui est celle d’exprimer le désir d’un retour vers le paradis perdu ?
A SUIVRE…
6 – Le prêtre-historien babylonien Bérossus qui, au IIIème siècle av. J.-C., composa une histoire de l’humanité, rapporte que « les premiers habitants de la région, se glorifiant de leur propre force, entreprirent d’ériger une tour dont le sommet atteindrait le ciel ».
7- Shinéar : Ce nom désigne la Babylonie, où Mésopotamie, région située dans le sud de l’Iraq d’aujourd’hui.
8- Pour plus de détails, voir : Georges Smith, Le récit chaldéen de la Genèse, Editeur, New York:Scribner, Armstrong, 1840-1876.
9 – Walter Witscher, archéologue à l’origine de l’ouvrage Encyclopedia of the Ancient Maya (« L’Encyclopédie des anciens Mayas »- ;« Les Mayas avaient « l’habitude d’ajouter de nouvelles plateformes par-dessus les anciennes pour les disposer de plus en plus haut », explique l’historien de l’art et de l’architecture Henri Stierlin dans son livre Maya – Palais et pyramides de la forêt vierge. (Éd. Tasche.)
10 – https://www.lexpress.fr/culture/theories-folles-de-l-histoire-l-enigme-de-la-grande-pyramide_1809795.html : « il serait constitué de 600000 à 4 millions de blocs de granit rose et de pierre calcaire, pour un volume actuel de 2352000 mètres cubes et une masse totale de quelque 5 millions de tonnes. […] Durant le Moyen Age […] Aux yeux des chrétiens et des juifs, les pyramides passent pour les greniers à blé que Joseph, fils de Jacob, aurait fait bâtir en vue des sept années de disette dont parle la Genèse. ». 11 – Les Égyptiens construisent, le long du Nil, près de 87 pyramides.
12 – G. Posener (dir.-, Dictionnaire de la civilisation égyptienne, Hazan, 2011, p. 117. ligne.com-en-http://www.coran : hég. Nº 60-Pré, ; 85 versets 13-(LE PARDONNEUR 13GAFIR; SOURATE 40 – 13
« و قال فرعون يا هامان ابن لي صرحا لعلي أباغ الأسباب) 63 – أسباب السماوات فاطلع إلى اله موسى و إني لأظنه كاذبا و كذلك زين لفرعون
سوء عمله و صد عن السبيل و كيد فرعون إلا في تباب « ) 67 – )غافر –
Livres de l’auteur :
Zakaria HANAFI
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HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.