Pr. RAHMOUNE Houcine (Filière Histoire et Civilisation)

F.L.S.H. Mohammedia.

Introduction

Le choix de l’intitulé de l’article n’est pas anodin. Il nous instruit sur l’existence, tout au long de l’histoire de la Méditerranée, de deux courants de pensées :

  • Le premier, représenté par des humanistes et des intellectuels, souhaitant que ce bassin[1] rassemble l’ensemble des peuplades de la région en ayant comme « mère » commune cet espace géographique.
  • Le second, appuyé par une vision dominatrice, répondant à des exigences de la géopolitique internationale prônée par certains politiciens et des lobbys militaro-industriels pragmatique et militant -de nos jours- pour une domination du moins économique.

Ce dernier courant considère l’appellation « notre mer » annonce que ce bassin méditerranéen appartient au plus puissant. Ce fut le cas auparavant avec les Romains qui ont considéré sans état d’âme que ces eaux leurs appartenaient. De facto, ils les ont adoptés comme étant « leur mer =MARE NOSTRUN[2] ». De notre point de vue- ce fut une sorte de mondialisation à l’état brut une fois qu’ils ont dominé la grande partie des trois continents.   Notre exercice -ici- est de considérer historiquement certains aspects de la nature des rapports d’union, de rupture ou de cohabitation de l’ensemble des peuples du pourtour méditerranéen en tant que nations ou empire[3]. Le choix d’approcher la période antique et celle du Moyen-âge n’est pas chose insignifiante. Ceci s’explique, d’une part, qu’au nord de ce bassin, les fondements de la civilisation de l’Europe occidentale sont païens et religieux incarnés par la civilisation gréco-romaine et judéo-chrétienne. D’autre part, la rive sud (Afrique du Nord et Proche Orient jusqu’à l’Anatolie) de la Méditerranée a vu émerger, en parallèle, la civilisation phénico- carthaginoise et arabo-musulmane. Quel est -donc- aujourd’hui l’impact de cette réalité historique sur les rapports nord- sud au niveau de la géopolitique. Seule la discipline de la science politique ne pourra résoudre afin de définir un projet commun ? Sans l’étude du passé de l’histoire de cette région, il serait difficile de comprendre le présent de relations passionnantes et passionnelles entre les deux rives de ce bassin.

Ce sont deux demeures ayant comme piliers ou repère civilisationnel le « paganisme » et la « religion ». Des éléments déterminants qui leur ont permi de traverser l’ensemble des quatre périodes de l’Histoire sans arriver à se décomposer complètement. Les académiciens et les intellectuels souhaitent –bien évidement- que les rives de la Méditerranée soient un trait d’union en la rive nord et sud de ce bassin ; toutefois, en abusant de l’allégorie, on devinera que la langue arabe est assez explicite au sujet de cette union : lorsque nous parlons de : (همزة وصل) autrement dit, il faut vraiment un « همزة = une opportunité » pour « le ralliement = الوصل » s’accomplisse.

Pour construire, autour du bassin méditerranéen ce destin commun, une condition s’impose : c’est le regard porté sur l’autre. Nous restons convaincus que l’Histoire en tant que discipline est l’un des principaux leviers pour essayer de comprendre cette entorse[4]  pour la réalisation de cette destinée collective tant souhaitée par les peuples. Toutefois, souvent, nous ne pouvons rien contre les lois de la nature il suffit de prêter une intention particulière à la carte géologique exposée ci-dessous :

Figure N° :1Carte géologique de la Méditerranée (www.httpatelierpaleos.fr)

Il est tout de même curieux de constater que sur le plan géologique la faille (trait noir signalée en gras sur la carte ci-dessus) causée par les mouvements tectoniques a aussi respecté la séparation du bassin méditerranéen entre deux mondes : l’Orient et l’Occident tant sur le plan économique que politique. Il est tout de même curieux de relever que la discipline de la géologie était prémonitoire dans la définition des rapports entre la rive nord et sud de la Méditerranée.

Cette concordance entre la géologie et l’histoire des civilisations méditerranéennes donne aux propos à la romancière américaine Pearl Sydenstriker Buck[5] (prix Nobel de la littérature) toute leur véracité : « Qu’avons-nous donc à communiquer à ces Barbares ? Les Dieux dans leur sagesse ont mis la mer entre nous, pour nous éloigner d’eux. Il est impie de réunir ce que les dieux dans leur sagesse ont séparé ».

Par ailleurs, L.-J. Calvet[6], lui, estime que le facteur linguistique est lui aussi assez révélateur de cette dissension entre les peuplades du nord et du sud de la Méditerranée : « On parle aujourd’hui sur la rive sud des langues sémitiques, l’arabe, l’amazighe [berbère] et l’hébreu, et sur la rive nord des langues indo-européennes (langues romanes et grec) et une langue altaïque [de l’Altaï, langues parlées en Eurasie, comme le mongol], le turc. Cette grande division, ou cette opposition, évidente si l’on consulte une carte linguistique, est une donnée essentielle de la situation actuelle ».

Rappelons que la découverte du nouveau monde en 1492 ap. J-C. est l’une des causes principales du déplacement du centre du monde que fut la Méditerranée durant l’Antiquité et le Moyen Age vers les extrémités du globe terrestre entre la les Etats Unies et Chine aujourd’hui. Selon Jacques Berque[7] La dissymétrie entre les deux rives de la Méditerranée a débuté juste après la révolution industrielle du XIXème siècle en Europe. Les Réseaux entre le Nord et le Sud. Ce qui a ouvert la voie à l’impérialisme franco-britannique de l’Afrique du Nord et du Proche Orient. Une thèse absolument fragile une fois que nous étudierons l’histoire de l’empire romain dans ces relations avec la plupart des nations assujetties toute au long du pourtour méditerranéen.  Le témoignage de Strabon ([8]) en est l’illustre exemple :

     « Touchant les voyages aventureux des Grecs chez les peuplades barbares, on serait tenté de croire qu’ils ont eu pour cause le fractionnement de leurs nations en états minuscules et le refus orgueilleux de se soumettre aux obligations mutuelles qui sont les conditions nécessaires de la puissance, car ils étaient de ce fait, sans force devant les envahisseurs étrangers… ».

La Méditerranée à l’ère païenne :

Souvent, l’époque antique aussi lointaine que soit-elle, nous rapporte -à bien des égards- à travers les écrits des auteurs grecs et romains, des éléments de réponses au sujet de la nature des rapports entre états et empires ayant dominé, à un moment de leur histoire, le bassin méditerranéen. Il en va de même du Moyen Age (entre chrétiens et musulmans), l’époque Moderne et Contemporaine (entre britanniques, français et italiens). Face à ces perpétuels et sporadiques conflits, il est tout de même curieux de relever que la mythologie grecque était assez prémonitoire lorsque les auteurs anciens ont placé les portes de « l’enfer entre » dans un premier temps entre la Sicile et la Tunisie[9] avant de les déplacer vers le détroit de Gibraltar :

Figure N° : 2  Carte du monde antique selon Strabon (14 av.) (www.arretetonchar.fr)

Cette appellation provient du danger que couraient les marins grecs[10] en navigants dans ces détroits conduisant vers la mer ténèbres, c’est-à-dire l’Océan atlantique où se situe le monde de Hadès[11] (Dieu des morts). Ajoutons à cela que le mythe grec concernant les portes de l’enfer manifeste bien la réalité d’aujourd’hui : quelques images insoutenables que cette appellation porte bien son nom relatif à des traversés de clandestins entre d’une part la Tunisie et l’Italie et d’autre part entre le Maroc et l’Espagne :

Figure N° 2 (https://fr.le360.ma/) (L’enfer d’aujourd’hui)

Par conséquent, les mythographes grecs avaient vu juste en baptisant les deux détroits comme étant les portes de l’enfer pour ces damnés de la terre qui vivent effectivement l’Enfer ; une situation abominable qui heurte les consciences[12]. Par ailleurs, cette partie ouest de la Méditerranée concentre aussi ce qu’on pourrait volontiers appeler la « C.D.T. » Rassurez-vous, il ne s’agit nullement d’un syndicat ouvrier[13], mais il est question bel bien ici des initiales de la problématique des :

  •  C(landestins).  
  • D(rogue).
  • T(errorisme).

Des phénomènes que le royaume du Maroc et la Communauté Européenne essayent d’y éradiquer.

Notons aussi que bon nombre d’historiens non-initiés à l’histoire ancienne croient durement que la première confrontation militaire de grande envergure entre le nord et le sud de la Méditerranée fut[14] religieuse lors des guerres de croisades entre chrétiens et musulmans. C’est un contre sens flagrant. Car auparavant deux puissances païennes se sont confrontées pour la domination de l’espace maritime la de la partie occidentale de la Méditerrané lors des guerres puniques (118 ans en trois étapes) entre Carthage et Rome de 264 à 146 av. J.-C.[15] :

Lors de la première guerre punique, les deux puissances étaient conscientes de l’impossibilité de vaincre son antagoniste en assaillant directement le noyau c’est-à-dire les deux capitales (Rome et Carthage). Le passage par l’Espagne était donc indispensable pour chercher des alliances chez les royaumes maures en Afrique du Nord ou chez les tribus Celtibères en Ibérie. Ainsi, pour les deux puissances, le sud-est de l’Espagne devint une plaque tournante pour gagner la bataille navale en Méditerranée occidentale (voir la carte ci-dessous) :

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 Figure N°3 : Les guerres puniques ( www.arretetonchar.fr)

En brulant Carthage, les Romains ont mis fin un équilibre géopolitique entre le nord et le sud de la Méditerranée et ont donné du sens au fameux slogan romain : « MARE NOSTRUM »[16], aucune nation ne pouvait leur disputer, plus de quatre siècle, la domination d’un espace de 3500000 m²  en une grande partie de l’Europe, d’Afrique du Nord e du Proche Orient[17].  

Cette spécificité est due à la priorité qu’accordait le Sénat romain à l’espace terrestre, appelé par les spécialistes la phase de l’impérialisme romain[18]. Un témoignage de Salluste, à travers la lettre de Mithridate au roi Arcace, illustre bien cette réalité ([19]) :

« Les Romains n’ont jamais eu qu’une seule raison de faire la guerre à tous les peuples, à tous les rois, leur désir insatiable de pouvoir et de richesse ;   Ignores-tu que les Romains, depuis que l’Océan les a arrêtés dans leur marche vers l’Ouest, ont tourné leurs armes vers l’Orient ? Que, depuis les commencements de leur ville, ils n’ont rien que de volé, maisons, femmes, territoire, empire ?  Ils sont les fléaux de la terre, les « détrousseurs des peuples » ; « les rois leur sont suspects, parce qu’ils sont des maîtres légitimes, des rivaux pour le présent, des vengeurs pour l’avenir ».

A cette occasion, le mythe fondateur de Rome par les rois Romulus et Remus a alloué la primauté à la considération de l’espace géographique : « Rome et son enceinte » avant toutes déesses ou Dieux à vénérer. Cette conception expliquerait largement l’obsession des Romains pour l’Espace. Selon Y.  Le Bohec[20], la stabilité de l’Empire romain dépendait aussi du bon fonctionnement de trois axes : le pouvoir central, l’armée et les provinces.

  Il est à noter qu’exceptionnellement pendant les périodes de crises politiques telles que les guerres civiles à la fin de l’époque républicaine (entre 64 et 33 av. J-C), les pirates prenaient le relais du pouvoir politique central à Rome en dominant le trafic maritime en Méditerranée.

A suivre dans le numéro de mars 2024, la partie dédiée à : une esquisse de la Méditerranée à l’ère monothéiste :

Pour un savoir approfondi lire le livre de l’auteur .


[1] – Qui devrait être « notre mère » à tous.

[2] – Cary M. et Warmington, E., « Facteurs économiques de la navigation méditerranéenne sous l’Empire romain », (dans) : Actes du VIIIème Colloque international d’histoire maritime, Beyrouth, 1966,pp. 133 ; M. Reddé, MARE NOSTRUM, les infrastructures, le dispositif et l’histoire de la marine militaire sous l’empire romain, Rome, Ecole Française de Rome, 1986 ; R. Chevallier, Voyages et déplacements dans l’Empire romain, Paris, A. Colin, 1988.

[3] – A ce propos, nous avons -à partir de notre centre d’intérêt- pour la Méditerranée contribué modestement à ce sujet à travers un ensemble de publications pour intéresser les initiés :

  • DOCTORAT soutenue à l’Université Paris XII- Val de Marne, France, 1995. L’intitulée de la thèse est : « Relations politiques et militaires entre la péninsule ibérique et le nord de l’Afrique dans l’antiquité (VIIIe Siècle avant J.-C.-IIe siècle. ap. J.-C., d’après les source littéraires » soutenue sous la direction du Pr Y. DAVAL : Identifiant de la notice : 113468717.
  • « L’Afrique du Nord dans ses rapports avec les provinces occidentales de Rome » ; publiée au XIIIème Congrès   International de l’AFRICA ROMANA à  Djerba, Carroci editore, Roma, novembre 2000, vol.2, pp. 1147-1152.
  • « Les périples de Poseidonius et d’Eudoxe de Cyzique et les contraintes de la navigation en Occident », (dans) : l’AFRICA ROMANA, Lo spazio maritimo del Mediterraneo occidentale : geografia storica ed economia, Atti  del IVX Convegno di studio, Sassari, 7-10 dicembre 2000, Carocci editore, pp. 105-121
  •  « Le passage des Maures en Bétique au IIe siècle après J.-C. », (dans) : Antiquité Africaines, tome 37, 2001, CNRS Editions, Paris, pp. 105- 117.
  • « La région du détroit de Gibraltar et les mythes », (dans) : Groupe des Etudes des Sociétés Méditerranéennes, département d’histoire, Imprimerie Spartel, Tanger, 2001, pp. 3-13.
  • « Une approche de la conception de l’impérialisme romain », (dans) : BOUHOUT, Revue de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines-Mohammedia, N° 9, 2001, pp. 9-25.
  • « Notes sur les relations de Rome avec les royaumes d’Afrique du Nord », (dans) : BOUHOUT, Revue de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines – Mohammedia, N° 10, 2012, pp. 7 – 17.
  • Plutarque (Vies parallèles, VIII) et les pirates du détroit de Gibraltar à la fin Ier siècle av. J.-C. », (dans) : L’AFRICA ROMANA : mobilità delle personee dei popoli, dinamiche migratorie, emigrazioni ed immigrazioni nelle province occidentali dell’Impero romano : atti del XVI Convegno di studio, Rabat, 15-19 dicembre 2004. Vol : I et II, pp. 321 337.
  • « La Méditerranée occidentale à l’époque romaine :Un pont ou un obstacle ? », (dans) :  BOUHOUT, Revue de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines-Mohammedia, N° 14-15, 2008-2009, pp. 87-99.
  • « Activités maritimes du détroit de Gibraltar à la lumière des sources textuelles » ; (dans) : Ressources et activités maritimes des peuples de l’Antiquité, Actes du Colloque International de Boulogne-sur-Mer, (12, 13 et 14 Mai 2005), sous la direction de JOËLLE NAPOLI, Centre de Recherche en Histoire Atlantique et Littorale, Université du Littoral Côte d’Opal, Imprimerie du Littoral, Boulogne sur Mer, France, 2008-2009, pp. 77-87.
  • Des nouvelles d’une antiquité commune du Maghreb, Editons RABAT -NET, Rabat, 2016.
  • Amazighs ou Berbères entre les sources gréco-latines et arabes, publié avec le soutien du Ministère de la Culture, Editons RABAT-NET, Rabat, 2016, 286 p.

[4] – Qui consiste à considérer que « l’enfer c’est les autres ». Une maxime chère à J.-P. Sartres.

[5] – Pearl Sydenstriker Buck, Vent d’Est, vent d’Ouest, 1930, p. 4.

[6] – Louis-Jean Calvet, La Méditerranée, mer de nos langues, 2016, p. 87.

[7] – Jacques Berque, Une cause jamais perdue. Pour une Méditerranée au plurielle. Ecrits politiques 1956-1995, Albin Michel, Paris, 1998, p. 17.

[8]  – Strabon, Géographie, IV, 5 ; éd. de .F. Lassére.

 

[10]– Ces zones représentent pour les anciens « l’inconnu ». C’est pour cette raison que tout explorateur qui s’aventurait dans ces zones ne connaîtra que l’enfer et une fin tragique.

[11] – Homère, Iliade, II. XVIII, 399 : « Le royaume d’Hadès …, comme l’annonce Circé à Ulysse, est établi au-delà des frontières du monde connu (Les Colonnes d’Hercule = détroit de Gibraltar), sur le bord des « courants profonds de l’Océan ».

[12]https://www.mediapart.fr/: DOSSIER : MÉDITERRANÉE, CIMETIÈRE DE RÉFUGIÉS : « La barre des 20 000 personnes mortes depuis 2014 en essayant de rallier l’Europe a été franchie en mars 2020, d’après le décompte de l’Organisation Internationale pour les Migrations. En ce début d’année 2021, entre la crise sanitaire et les immobilisations forcées de navires, les opérations des ONG au large de la Libye s’avèrent extrêmement contraintes ».

[13]Confédération Démocratique du Travail (syndicat marocain).

[14] – Au Moyen Age.

[15]– Pour plus de détails voir à ce sujet : Silius Italicus, La Guerre punique ; Tite-Live, La seconde guerre punique I, Histoire romaine, 1. XXI à XXV Traduction d’ Annette Flobert, Paris, GF Flammarion, 1983, 539 p ; Stéphane Gsell, Histoire ancienne de l’Afrique du Nord : 8-Jules César et l’Afrique, fin des royaumes indigènes, Paris, 1928 ; Claude Nicolet (dir.), Rome et la conquête du monde méditerranéen : genèse d’un empire, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Nouvelle Clio » (no 8 bis), 2001, 6e éd., 940 p. ; Rahmoune Houcine, « L’Afrique du Nord dans ses rapports avec les provinces occidentales de Rome » ; publiée (dans) XIIIème Congrès   International de l’AFRICA ROMANA,  Djerba , Carroci editore, Roma, novembre 2000, vol.2, pp. 1147-1152 ; Yann Le Bohec, Histoire des guerres romaines : milieu du viiie siècle avant J.-C.-410 après J.-C., Paris, Tallandier, 2017, 606 p.

[16] – Jean-Ives Moisseron et Manar Bayoumi, « La Méditerranée comme concept et représentation », dans : Revue Tiers Monde 2012/1 (n°209), p. 179 : « La référence à la Mare Nostrum laisse imaginer un monde paisible où la Méditerranée était au centre d’un espace pacifié et relativement homogène où dominait une civilisation commune. En réalité, Mare Nostrum est un cri de victoire. Celui de Rome triomphant de trois guerres puniques après avoir frôlé le désastre devant les troupes d’Hannibal Barca. Pendant plus d’un siècle, de 264 à 146 av. J.-C., la Méditerranée est un champ de bataille gigantesque entre les deux grandes puissances méditerranéennes. La violence est telle qu’il faudra envisager une forme de solution radicale qui indique l’intensité du ressentiment : la destruction totale de la ville de Carthage. La Mare Nostrum, « notre mer », s’affirme sur les ruines encore fumantes de la division violente » ; voir aussi : Reddé M., « Rome et l’Empire de la mer », dans : Regards sur la Méditerranée. Actes du 7ème colloque de la Villa Kérylos à Beaulieu-sur-Mer les 4 & 5 octobre 1996, Paris : Académie des Inscriptions et Belles Lettres, 1997. pp. 6178. (Cahiers de la Villa Kérylos, 7) ; Sanguin A.-L. (dir.), Mare nostrum – L’Harmattan – 2000 ; Malissard A., Les Romains et la mer, Belles Lettres, 2012.

[17] – Le travail de Jean Cremades (Rôle et importance de la mer Méditerranée dans le développement du monde romain : du milieu du IV° siècle av. JC à la deuxième guerre de Macédoine incluse. » ; Thèse présentée et soutenue à Nantes, Unité de recherche : Sociétés, Temps, Territoires    le 10 octobre 2018) a mis en valeur l’importance de la mer dans le développement de la puissance romaine ; voir aussi : Carcopino J., Les étapes de l’impérialisme romain, Hachette, Paris, 1961.

[18] – Rahmoune Houcine, « Une approche de la conception de l’impérialisme romain », dans : Revue BOUHOUT éditée par la Faculté des Lettres et Sciences Humaines-Mohammedia, N° 9, 2001, pp. 9-14.

 18- Salluste, Histoire, V, 69.

[20] – Y.  Le Bohec, Les unités auxiliaires de l’armée romaine en Afrique proconsulaire et numide sous le Haut-Empire, Paris, éd. C.N.R.S., 1989, p. 7 ; le même diagnostic fut établi par l’auteur latin Tacite (Histoires, I, LXXVII) lorsqu’il décrivait la situation de l’Empire après la mort de l’empereur Néron.