Connus dans l’histoire par leur degré de combativité depuis les temps des royaumes, les Africains sont des guerriers distingués par leur résilience pendant les moments difficiles. Les Africains ont très tôt participé aux campagnes militaires internationales. Introduits dans des conflits qui ne les concernaient pas, les recrues africaines ont servi sous les drapeaux des puissances coloniales, particulièrement les empires Britannique et Français et sous les puissances coloniales, belge, italienne, Portugaise et espagnole.
En effet, l’apport des militaires africains dans les conflits internationaux est riche en événements. Presque tous les pays du continent ont participé à l’effort des deux grandes guerres mondiales. Bien que mal formés, les contingents nationaux africains, dans leur majorité, ont néanmoins participé aux deux guerres mondiales. Autant dire qu’ils étaient sacrifiés comme chair à canon. Dans les faits, les contributions des personnels militaires africains ont été ignorées au point de ne pas être relatées. Après leur indépendance, malgré que leurs moyens en matériels majeurs soient limités, les armées africaines ont contribué, sous l’égide de l’ONU, avec efficacité et abnégation, à la paix et à la sécurité internationales. Aussi, malgré quelques difficultés liées à la préparation opérationnelle et au maintien en condition, généralement le niveau des forces est en constante amélioration et pourrait s’imposer en tant que partenaires sûrs et efficaces, dans un conflit international.
Pour étayer cette idée, seront analysés succinctement, la contribution des armées africaines dans les guerres internationales, en se référant aux deux grandes guerres mondiales puis à la participation des contingents nationaux aux opérations de paix. Ensuite sera analysé le niveau des armées africaines en tant que véritables partenaires dans un conflit international.
I- L ’APPORT DES ARMEES AFRICAINES DANS LES GUERRES INTERNATIONALES.
Les armées africaines ont contribué à l’effort de guerre européen et ont versé leur sang pour soutenir leurs empires coloniaux. Sera cité à titre préliminaire un petit aperçu sur la participation des officiers africains dans les opérations internationales sous l’autorité coloniale, vers la fin du XVIII -ème siècle. Ensuite on rappellera quelques participations des troupes africaines aux deux guerres mondiales qu’on a vite oubliées. En dernière partie sera cité l’apport des contingents africains aux opérations de paix, sous la bannière des Nations Unies.
Période d’avant la première guerre mondiale :
Pour ce qui est de la catégorie des officiers, il est notoire que lors de la campagne de Napoléon Bonaparte en Égypte, celui-ci a employé des cadres égyptiens au même titre que les officiers Français.
De même, à partir de 1841 on a assisté à la création d’unités, appelées indigènes en Algérie, qui ont introduit dans leurs composantes terrestres des officiers d’unités Spahis et Tirailleurs. Christian Benoit[1] signale que « les neuf régiments tirailleurs Algériens comportent 148 compagnies. Les officiers indigènes sont en nombre suffisant, ils sont 153 et 19 autres servent hors cadres dans les troupes marocaines ». L’auteur signale qu’à l’époque, parmi 29 escadrons de Spahis, il existait 37 officiers indigènes dont un officier Sénégalais de grade sous-lieutenant appelé Mahamadou-Cissé[2].
Toutefois, seuls deux officiers indigènes sont nommés au grade de capitaine le 10 décembre 1908 avant la première guerre mondiale. L’un parmi les deux « doit sa position de petit fils », de l’émir algérien Abdelkader[3]. Tous ces officiers indigènes de l’armée Française sont des troupiers qui passèrent plus tard entre 4 et 8 ans d’ancienneté dans le grade de sergent avant de devenir sous-lieutenant. Ces mêmes conditions furent appliquées pour les troupiers Marocains qui ont servi dans les forces terrestres espagnoles lors de la guerre civile des années trente du XX -ème siècle.
Par la suite, chaque puissance coloniale a recruté ce qu’elle qualifiait d’indigène[4], une troupe importante en effectif dans son armée, pour soit mettre fin aux insurrections dans les colonies, soit pour participer à la première et deuxième guerres mondiales[5]. Dans tous les cas, l’appoint africain n’a pas été reconnu comme il se doit.
Participation africaine aux deux guerres mondiales
Le concours des Etats africains colonisés consistait généralement en la fourniture de la logistique (denrées alimentaires, minerais, énergie fossile …). Par ailleurs, les populations aussi ont contribué, d’une manière ou d’une autre, aux deux guerres mondiales. En 1914, au début de la première guerre mondiale presque tous les territoires africains étaient sous domination européenne. La majorité des pays étaient des colonies ou protectorats.
Engagés par les empires coloniaux selon des zones de partage, les troupes coloniales Françaises ont été recrutées au Sénégal, Mali, Bénin, Burkina Faso et d’autres territoires de l’Afrique francophone du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, sans oublier les îles de Madagascar et des Comores.
Dans ce sillage, les forces publiques Congolaises[6] ont contribué au nom du Royaume de Belgique et à l’époque, la République Démocratique Congolaise s’appelait : Congo belge. N’ayant pas respecté la neutralité du Congo et de la Belgique dans la guerre, les Allemands ont pris d’assaut les postes Belges à l’ouest du lac Tanganyika.
C’était l’occasion pour la Force publique Congolaise, créée en 1885[7], de participer à la campagne d’Afrique orientale, en avril 1916[8] en soutien aux armées coloniales, avec deux détachements de la Force publique, soit 15 000 hommes[9], qui ont pris d’assaut les colonies allemandes. La mission des milliers de Congolais engagés y compris les porteurs, dans cette opération qui ne les concernaient pas, consistait à soutenir en renfort des troupes des empires coloniaux Français et anglais, engagées contre l’armée du Kaiser.
Les combats se sont déroulés au Cameroun, Togo, Namibie, Rwanda, Burundi et ont continué en Tanzanie jusqu’à novembre 1918. A cette date, l’opération s’est achevée avec succès. Les Allemands ont été chassés du port de Kigoma, sur le lac Tanganyika et de la capitale administrative Tabora de la Pourtant, la R.D. du Congo demeure marginalisée dans les agendas de commémoration du centenaire de la 1° Grande Guerre de Tanzanie, tombée le 19 septembre 1916 entre les mains de la force publique.
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Photo souvenir de la force publique Congolaise en marche est une image incarnant leur entrée à Tabora.
Pendant la deuxième guerre mondiale, En juillet 1941, la Force publique Congolaise a participé avec les forces anglaises du Soudan pour chasser de l’Ethiopie les forces italiennes. A Kinshasa, il y a des rues qui portent le nom des lieux où les forces publiques Congolaises ont combattu avec les forces alliées contre les forces de l’axe. A part les noms que portent les rues, et l’hommage rendu au Soldat Congolais inconnu, à travers le monument de Helmet, à Schaerbeek, les familles n’ont jamais été indemnisées et ne reçoivent aucune rente à titre de reconnaissance.
Engagés au même titre que les troupes coloniales les premiers tirailleurs Marocains qui ont contribué à la première guerre mondiale exerçaient soit dans les Régiments des chasseurs indigènes qui manœuvraient à pied, soit au sein des Régiments de chasseurs indigènes à cheval qu’on appelait les spahis. Les faits et les batailles auxquelles ont participé les Marocains pendant la première guerre mondiale sont très nombreux[10]. Pour faire court, on pourrait se limiter à leur engagement en 1915, dans les grandes offensives Françaises, en Artois et en Champagne, en 1916 à la bataille de Verdun et aussi en 1917, lors de la bataille du Chemin des Dames.
Troupes marocaines : Goumiers et tirailleurs.
Pendant la deuxième guerre mondiale, suite à l’appel de Feu SM le Roi Mohamed V, que Dieu Ait son âme, le Maroc a participé activement aux côtés des alliés afin de soutenir la France et les démocraties occidentales, militairement et économiquement, contre l’Allemagne nazie et les forces de l’axe. Cette contribution visait aussi la défense des valeurs et les principes de liberté et le refus de l’injustice.
L’histoire militaire de la violente conflagration mondiale de 1939 à 1945 retient la contribution des troupes marocaines dans plusieurs fronts. On pourrait citer deux cas des glorieuses interventions.
De prime abord, la 1ère Division d’Infanterie Marocaine a participé au « Plan Jaune », destiné à une offensive à l’ouest de l’Allemagne. Il s’agissait de lancer une contre-offensive dans les territoires Belges et hollandais, en vue de reprendre les grands ports de ces deux pays de la Mer du Nord, en vue de déborder la ligne Maginot. Ce faisant, en participant aux combats, au seuil de Gembloux, pour faire face à l’offensive allemande vers l’ouest.
Ensuite, il y a lieu de citer que la 2°DIM a réussi à franchir, certes difficilement, le fleuve du Rhin le 31 mars 1944, avec bravoure, malgré l’opposition farouche des Allemands.
Aussi, par la suite et à titre de preuve de courage, la 2ème Division d’Infanterie marocaine et la 4e division de montagne marocaine ont été intégrées au Corps expéditionnaire Français (CEF), chargé de la campagne d’Italie au sein de la V -ème armée américaine qui a réussi à débarquer à Naples vers la fin de 1943[11] . Les troupes marocaines ont pu participer avec éclat et distinction à l’offensive qui a délogé leur ennemi des sommets du mont Pan Tanaro, puis ont pris d’assaut la dernière poche de résistance autour de la crête de Mainard, avant d’ouvrir la route menant à Rome.
Bilans des armées Africaines aux OMP
La première contribution des armées africaines aux opérations de maintien de la paix (OMP) a eu lieu au Congo en 1960 dans le cadre de l’Organisation des Nations Unies au Congo (ONUC). Depuis lors, plus de la moitié des Etats africains ont participé avec leurs contingents nationaux dans les OMP.
Souvent les milieux où sont engagés les contingents nationaux constituent des milieux dangereux défendus par des groupes armés indisciplinés soit des mercenaires, soit des terroristes prêts à tout risque. Les armées africaines se sont heurtées aussi aux difficultés climatiques. Certaines habituées aux chaleurs du désert et d’autres aux grandes pluies de la région australe. Sera présenté deux cas de figure, le premier lié à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et le second concerne la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO). Ensuite un survol des autres opérations de paix en Afrique.
Bilan résumé de l’AMISOM[12] et de la MONUSCO[13]
Tout d’abord la mission de l’AMISOM a été créée en 2007 pour stabiliser le pays, créer des conditions propices à la réconciliation politique et soutenir la reprise des fonctions de l’État somalien. Les contingents nationaux africains ont lutté et affaibli largement le groupe terroriste Al-Shabaab[14], qui continue de menacer une grande partie de l’Afrique de l’Est et ont réussi à renforcer la légalité dans le pays.
Les forces de cette mission sont composées globalement de troupes des forces de défense de l’Ouganda, du Burundi, du Kenya, de l’Éthiopie et de Djibouti. Ces contingents nationaux ont réussi à reprendre le contrôle de plusieurs zones stratégiques qui étaient auparavant entre les mains du groupe terroriste Al-Shabaab. Leur intervention a été cruciale pour sécuriser Mogadiscio, la capitale, permettant ainsi au gouvernement fédéral somalien de fonctionner plus efficacement.
Grâce à la continuité des opérations militaires, les forces de l’AMISOM ont réussi à réduire l’influence d’Al-Shabaab, à les chasser des agglomérations, à stabiliser le pays et le libérer des zones clés en instaurant la sécurité dans le pays. Depuis quelques temps on n’entend plus parler des attaques, mais juste des attentats terroristes.
Ainsi, en revenant en arrière, on déduit qu’en 2011, l’AMISOM a lancé une offensive majeure qui a abouti à la reprise de Mogadiscio. Cette action de grande envergure a marqué un tournant historique dans le conflit somalien, du fait qu’elle a privé Al-Shabaab de sa principale base urbaine, de son pouvoir sur la population et de ressources financières importantes.
Ensuite, en République Démocratique du Congo, les Forces Armées de la République démocratique du Congo (FARDC)[15] et la MONUSCO sont engagés contre des groupes armés dont la majorité écrasante est financée de l’extérieur afin de déstabiliser le pays et profiter de ses richesses minières.
On peut retenir en plus des efforts remarquables des FARDC dans le désarmement des groupes armés et la sécurisation de plusieurs régions de tension, en 2013, une brigade d’intervention spéciale composée de soldats d’Afrique du Sud, de Tanzanie et du Malawi a été déployée dans le cadre de la MONUSCO pour mener des opérations offensives contre les groupes rebelles. Cette brigade a joué un rôle crucial dans la défaite du groupe rebelle M23, qui menaçait la stabilité de la région.
L’histoire pourrait retenir la bataille de Goma en 2013, où la Brigade d’intervention de la MONUSCO a affronté et vaincu le groupe rebelle M23. Cette victoire a aidé conjointement les FARDC dans leur mission de restauration de l’autorité nationale et a aussi démontré l’efficacité des forces africaines dans des opérations complexes de maintien de la paix et de stabilisation.
Jusqu’à nos jours, les contingents africains s’adonnent corps et âme au sein de la MONUSCO conjointement avec les FARDC, pour stabiliser le pays et arrêter les bains de sang, particulièrement à l’Est du pays, où évoluent plus de 120 groupes armés. Cependant, pour compléter la mission des contingents militaires, ce sont ceux qui financent les groupes armés qui doivent être poursuivis pour génocide et crime de guerre. N’est-il pas logique de se demander, jusqu’à quand la communauté internationale va fermer les yeux et ne pas s’engager contre les forces du mal qui massacrent les populations civiles et volent les sources minières de la RDC ?
Un résultat succinct des autres OMP en Afrique
Dans un continent très fertile en tensions, les armées africaines ont marqué leur détermination, lors des missions de paix et ont prouvé avec éclat leur contribution dans des zones à haut risque. Cependant, elles ont enregistré quelques limites, liées aux spécificités des théâtres opérationnels qui retardent leurs projetions loin de leurs frontières. Sont choisies, des zones de tensions du continent pour donner un avis restreint sur la participation des armées africaines au opérations de paix.
En Angola, on a assisté à une succession d’opérations UNAVEM I-II-III et La Mission d’observation des Nations unies en Angola (MONUA)[16], le pays n’a pu retrouver sa stabilité qu’après la mort du leader de l’une des parties en conflit. Par contre La MINURCA, en Centrafrique, présente un succès politique, mais la situation sécuritaire demeure volatile.
En Côte d’Ivoire, L’Organisation des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI)[17] a débuté en 2004 en remplacement de la mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (MINUCI[18]), afin de garantir le respect des accords de paix entre les rebelles du nord et les forces gouvernementales dans le pays. Prévue pour une année, la mission a duré 13 ans jusqu’au 30 juin 2017. Cette mission a connu une réussite politique, économique et sociale. Actuellement, la Côte d’Ivoire connait un grand essor économique et les traces des blessures ont disparues.
Au Burundi, l’Opération des Nations Unies au Burundi (ONUB)[19] s’annonce avec les mêmes caractères observés au sein de la Mission des Nations unies en République centrafricaine (MINURCA)[20]. Non loin, La Mission des Nations unies au Soudan (MINUSS)[21], où les contingents africains ont pu imposer la paix face aux guerres ethniques et ont particulièrement protégé les civils.
L’opération des Nations Unies au Mozambique (ONUMOZ)[22], a assuré la surveillance des élections, le désarmement et la démobilisation des combattants et a été une réussite à l’instar de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL)[23] et de la Mission des Nations unies au Libéria (MINUL)[24], qui a stabilisé les populations et maintenu la paix dans le pays.
Dans tous les cas cités, la protection problématique des civils a été et reste l’un des principaux reproches faits aux OMP. On peut retenir, parmi certaines OMP en Afrique, qu’il a été relevé des dégradations graves de situation sécuritaire sans précédent comme l’ONUSOM I-II en Somalie et la MONUSCO en République Démocratique du Congo.
Des fois, dans une zone de tensions la mission onusienne, ne répond pas à ce qu’attendaient les populations. Ce qui entraine des mécontentements et des descentes dans les rues pour demander le départ des casques bleus. Cette situation affecte la crédibilité de l’OMP et sa légitimité dans la reconstruction de la paix puis expose les personnels des contingents militaires nationaux aux risques d’attaques menées par des civils ou par des groupes armés[25] .
Généralement, on relève aussi des faiblesses liées au niveau linguistique, car la première langue de l’ONU et ses procédures sont anglaises et chaque population a plusieurs langages autres que la langue du colonisateur. Aussi, la préparation opérationnelle des personnels est coûteuse et spécifique. Avec la multitude d’organigrammes et de doctrines, la conformité des contingents dans l’organisation du commandement n’est pas souvent la même.
De ce fait, les théâtres d’opérations dans lesquels évoluent les forces africaines et les types de risques qu’ils encourent, diffèrent d’un milieu à l’autre et présentent des faiblesses qui entravent la bonne exécution des missions onusiennes. Ces exemples concrets montrent l’impact significatif des armées africaines dans les opérations internationales et soulignent leur capacité à contribuer efficacement à la paix et à la sécurité mondiale, malgré les limites constatées. Les problèmes d’adaptation aux tensions sont aussi liés au manque de moyens financiers et logistiques.
II-LE NIVEAU DES ARMEES AFRICAINES POUR S’IMPOSER EN VERITABLES PARTENAIRES DANS UN CONFLIT INTERNATIONAL
En tant que sincère associé, les armées africaines ont développé des expériences et un savoir-faire en matière de participation dans les conflits internationaux. Les forces africaines se sont transformées en acteurs internationaux essentiels dans la résolution des conflits. Avec leurs différentes composantes, elles ont acquis une formation militaire adaptable à la spécificité de chaque conflit, qui leur permettent de développer une doctrine et constituer une force de frappe non négligeable. Néanmoins, il reste à relever certains défis liés à la préparation opérationnelle de leur personnel, et à l’acquisition des technologies de pointe concernant la Marine de guerre, l’aviation militaire et à l’intelligence artificielle.
Les acquis des armées africaines
Pour introduire les armées africaines dans une dynamique internationale, il faut prendre en considération le fait que depuis longtemps le continent a constitué un enjeu stratégique pour les grandes puissances et ceci est dû aux richesses du sol en matières premières stratégiques. Par ailleurs les interventions des armées africaines leur ont permis d’acquérir une expérience réelle en matière de préparation opérationnelle des personnels pour intégrer les dynamiques de puissances militaires mondiales.
L’Architecture africaine de paix et de sécurité pourrait connaitre d’autres changements. Les rencontres entre contingents nationaux, les missions de paix qui demandent une discipline particulière de conduite et d’engagement pourraient augmenter le degré de combativité, tout en assurant un partage des retours d’expérience.
En matière d’espaces dédiés à la préparation opérationnelle des personnels[26], l’Afrique englobe plusieurs écoles et centres de formation en mesure d’accompagner les armées du continent en leur transmettant la connaissance des différentes doctrines adoptées par les puissances internationales. Cette préparation opérationnelle des personnels les a aidés largement à s’adapter aisément aux opérations de maintien de la paix en Afrique et dans d’autres continents[27].
La capacité d’intervenir dans un conflit international, lié à la paix et à la sécurité internationales, pourrait se faire en créant une force africaine d’intervention rapide à base des composantes terre, mer et air. Chaque pays pourrait fournir un contingent selon ses capacités financières et les mettre à la disposition de l’Union Africaine en vue de les utiliser dans le cadre de la paix et la sécurité internationales.
Dans ce cadre, tout en jouant un rôle crucial, les armées africaines ont un potentiel important qui pourrait leur permettre de prêter main forte aux autres forces nécessitant de l’aide notamment logistique. Le conflit ukrainien a démontré que la fermeture des usines de fabrication de chars a constitué une grande faiblesse face à la Russie. En établissant un tableau récapitulatif du nombre des matériels majeurs, on pourrait déduire qu’un grand nombre de chars et d’avions se trouvent dans l’hémisphère Sud et en particulier en Afrique[28].
Les répercussions des difficultés logistiques
Les forces amies de l’Union Africaine qui interviennent au début de chaque conflit doivent avoir une autonomie financière suffisante pour continuer les opérations sans tendre la main à l’ONU. Car le continent est assez riche pour pouvoir assurer sa sécurité ou participer à une opération internationale. Il y a lieu de rappeler toutefois que l’outil de maintien de la paix qui est concerné par la gestion des OMP, demande essentiellement de l’Organisation des Nations Unies (ONU), un grand engagement en ressources humaines qualifiées selon le type d’intervention.
Cependant, une importante contribution financière fournie par les États parties à la charte de l’ONU ou accordée par les pays contributeurs outre un grand besoin de matériel à utiliser sur le terrain[29], par les casques bleus (militaires et policiers) ou les différents fonctionnaires engagés dans une intervention onusienne. Néanmoins, l’africanisation de la gestion des conflits en Afrique même est possible dans la mesure où il y aurait une volonté politique pour le faire et une préparation opérationnelle des armées africaines et de leurs matériels.
Par conséquent, n’ayant pas les moyens suffisants pour assurer le mécanisme de maintien de la paix à long terme, l’Union Africaine envoie souvent des contingents nationaux dits « Forces amies » pour arrêter les hostilités. Mais généralement, l’institution africaine sollicite l’ONU afin de voter une résolution adaptable à la spécificité des conflits et en mesure de les endiguer. Ce manque d’autonomie se répercute sur l’absence d’un engagement d’équipements plus sophistiqués et adaptables à la mission donnée.
Parallèlement, il y a lieu de signaler des injustices dans le paiement des salaires et des indemnités accordés aux militaires qui participent dans les forces amies ou au sein de l’ONU aux opérations de paix. En effet, les soldats des différents contingents nationaux se rencontrent dans les théâtres d’opérations et comparent leurs avantages pécuniers et matériels entre eux.
Contrairement à certaines puissances militaires africaines, qui possèdent plus d’avions, de navires de guerre et de chars que certaines puissances occidentales, la majorité des armées africaines enregistrent un déficit en personnels et en matériels majeurs. Leurs déplacements vers les théâtres d’opérations nécessitent une grande autonomie logistique et un important financement. Ceci influe souvent sur leur capacité à participer régulièrement aux conflits internationaux.
En plus des difficultés rencontrées par les Etats, il y a lieu de constater que la gestion administrative et financière de l’ONU n’est pas souvent assimilée par les contingents africains et ne s’est pas modulé en prenant en compte les changements du monde. Le système onusien n’a presque pas changé et a gardé la même structure depuis sa création il y a plusieurs décennies.
Dans ce cadre, les armées africaines pourraient chercher des moyens autres de financement. C’est le cas de l’année 2017, lorsque l’Union Européenne a alloué 55 millions d’euros à l’UA pour le financement des missions de maintien de la paix à travers le Fonds pour la Paix. Cette aide a permis de financer une partie des opérations en Somalie (AMISOM) et d’autres missions de l’UA.
Les armées africaines doivent créer des partenariats internationaux. On pourrait citer comme exemple l’exercice militaire « African Lion » organisé du 20 au 31 mai 2024 au Maroc, auquel ont participé 20 nationalités. Cet exercice qui est à son vingtième année, démontre un grand acquis en matière de logistique stratégique et de manœuvres interarmées. Il comporte plusieurs activités dont des exercices tactiques, terrestres, maritimes et aériens, combinés, jour et nuit.
L’africanisation de la gestion des conflits et les changements de connaissances avec des partenaires extérieurs n’est plus un choix. Car l’Afrique a besoin des technologies qu’elle ne possède pas. D’ailleurs, dans le but de créer une approche unifiée, le sommet militaire du 25 et 26 juin 2024, a été organisé par le Commandement des États-Unis pour l’Afrique ( AFRICOM) à Gaborone au Botswana, auquel ont assisté les ministre de la défense de 30 pays africains, pourrait constituer une grande référence en matière de relève des défis de sécurité et de stabilité sur le continent, notamment en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, les cybermenaces et les missions de maintien de la paix.
Encourager les forces africaines afin d’adhérer à l’Initiative de financement et partenariat international. On pourrait se référer au bienfondé du Programme de Renforcement des Capacités de l’Union Africaine qui a mis en place plusieurs programmes pour renforcer les capacités des armées africaines dont l’amélioration de la capacité des États membres à répondre aux crises sécuritaires. Sinon, continuer de bénéficier des expertises, des retours d’expériences des organisations de défense comme le Programme de Formation Avancée en Sécurité et Défense de l’OTAN pour l’Afrique[30] (NATO Advanced Training Program for Africa). En plus des formations qui rentrent dans le cadre de la coopération publique, en bilatérale ou multilatérale, il existe des centres de recherches en Afrique, qui assurent la formation à titre privé[31].
Ainsi, la volonté politique doit encourager les Etats africains à développer des mécanismes adaptables et efficaces à la gestion des crises. Car, la constitution d’unités d’interventions africaines et des cellules des crise avec financement continental pourrait éviter la dépendance des États africains face aux riches Etats contributeurs. C’est une autre forme de souveraineté opérée niveau Sud-Sud, en évitant les fragilités liées aux guerres ethniques et de séparatisme.
Depuis des décennies, l’Afrique demeure un théâtre des guerres de partage de zones d’influence et des conflits intestines et fratricides. Donc ,il paraît fort nécessaire pour le continent de s’approprier le maintien de la paix sur son sol
Témoignage d’un ancien casque bleu
A titre de témoignage, étant chef G4, chargé de la logistique à l’Etat-major Est de l’ONUCI[32], je partage une partie de mon retour d’expérience en matière de limite logistique. Déployé au départ à Yamoussoukro, je n’ai trouvé aucun problème ni avec la population très accueillante, ni avec les forces du gouvernement ou plus tard les forces rebelles. Au contraire je garde de très bons souvenirs d’un pays qui, même en crise, était organisé et avait de très bonnes infrastructures.
Par contre, dès le début les responsables de l’Etat-major, n’avaient pas de véhicules UN pour se déplacer en service et n’avaient pas de popotes officiers pour se nourrir. Il a fallu commencer par le restaurant et attendre plusieurs semaines pour être satisfaits. Donc, on utilisait les véhicules des contingents. La majorité des militaires habitaient dans les tentes et n’ont eu accès aux constructions en dure qu’après plusieurs mois. C’est qu’il fallait mettre en place des logements préfabriqués à Bouaké[33] pour le contingent marocain et l’Etat-major. Certaines constructions étaient loin et d’autres occupées par les contingents qui devaient payer les loyers et l’électricité.
En écoutant les responsables des contingents africains[34], certains n’avaient pas assez de carburant. Car majoritairement les camionnettes utilisées dans les patrouilles étaient anciennes, fournies par un pays européen et consommaient beaucoup de carburant. Ce qui a attiré l’attention des responsables financiers onusiens. Ce n’était pas dans l’immédiat qu’on allait changer ces véhicules. Mais, en attendant l’augmentation du budget alloué aux carburants, on a diminué des fréquences de certaines patrouilles.
Les munitions manquaient dans certains contingents et les armes n’étaient pas identiques. De même pour les médicaments, les moyens sanitaires de deuxième niveau et l’infrastructure hospitalière de niveau centre universitaire. Certains militaires ont perdu la vie au cours de l’évacuation.
Au départ de la mission, le formulaire de demande de vivres n’était pas facile à remplir par les officiers logistiques des contingents. Il fallait faire la commande plus de cinq semaines à l’avance. Donc, il a fallu organiser des séances de formation dédiée à tous les formulaires logistiques. Il a fallu aussi demander à organiser des tests pour les brevets de conduite type ONU.
En 2004, lors de l’attaque menée par les forces gouvernementales, ils ont coupé les appels téléphoniques et l’eau du barrage. Personnellement je me suis débrouillé avec un téléphone satellitaire d’un officier rebelle, les contingents ont constitué la réserve en eau et en nourriture et diminué de leur mouvement, pourtant c’est un acte interdit par l’ONU. Pour régler le problème de l’eau du barrage, bien que ce n’est pas ma tâche, j’ai rappelé les risques d’épidémie et d’extradition devant une cour pénale au plus haut responsable de la distribution de l’eau à Abidjan et il a fini après quelques jours, par ouvrir les vannes.
Pour ce qui est des observateurs militaires et des personnels civils des différentes agences de l’ONU, on les a pris en charge en leur offrant habitation, couchage et nourriture. Par contre, pendant les échanges de tir entre antagonistes, pour la protection des déplacés, le chef d’Etat major, valeureux colonel Béninois[35], je l’ai accompagné pour ouvrir les portes d’une très grande église.
De ce fait, mon témoignage montre bien quelques défis quotidiens auxquels sont confrontées les forces africaines en mission de maintien de la paix, en soulignant également la résilience et le professionnalisme des soldats africains, contribuant à humaniser leur rôle et à renforcer la reconnaissance de leurs efforts.
Somme toute, les contingents africains ont participé aux deux grandes guerres mondiales à un moment où la majorité était sous le commandement des empires coloniaux. Introduits à la hâte dans des problèmes qu’ils n’ont pas créés et recrutés sans leur consentement en ignorant totalement les risques qui les attendaient sur le théâtre des opérations. Toutes les troupes coloniales africaines ont été piégés par la prime d’engagement et la petite paye mensuelle. Paix à l’âme de ceux qui sont tombés aux champs de batailles. De nos jours, les contingents militaires africains ont par leurs participations diverses aux opérations universelles, avec résilience et combativité, contribué à la paix et la sécurité internationales pendant et après les deux grandes guerres. Ils pourront relever tous les défis pour participer à un conflit international, avec dévouement et professionnalisme.
[1] Christian Benoit est un officier d’infanterie de l’armée Française né en 1889 et décédé en 1999. Il était à la tête de la division des traditions du service historique de l’armée de terre à Vincennes.
[2] Lire pour plus de détails la page 55 les officiers Français dans la grande guerre 1914-1918.Ecrit par Christian BENOIT, sur éditions SOTECA ; 2019 en France.
[3] Idem p 56.
[4] En Algérie, en Tunisie, au Sénégal et dans d’autres colonies Françaises des unités coloniales ont été créées avant la première guerre mondiale pour rétablir l’ordre.
[5] A part les guerres internationales, les troupes Sénégalaises, Tunisiennes, Algériennes, Marocaines et du reste des colonies Françaises en Afrique ont été utilisées pour maintenir ou rétablir l’ordre au Maroc effervescent et les indigènes Marocains mis au-devant pour anéantir l’insurrection en Indochine. Cette manière de mettre de l’ordre a souvent touché le volet politique et économique. Le grand vizir marocain de la période du protectorat était algérien et les directeurs de pôles économiques en Afrique n’étaient pas choisis parmi les populations locales. Par exemple un camerounais désigné pour être à la tête d’une firme Française au Congo démocratique.
[6] Créé le 17 novembre 1885 par Camille COQUILHAT, sur instruction du roi Léopold II de Belgique, une fois le pays a pris le nom de l’État indépendant du Congo. Ce sont à l’origine, des forces de police devenues par la suite des militaires comme les tirailleurs Sénégalais et Marocains.
[7] Depuis juillet 1960 la Force publique est devenue l’Armée Nationale Congolaise.
[8] https://archives.africamuseum.be/agents/corporate_entities/7
[9] Lire https://www.lepoint.fr/afrique/rd-congo-les-soldats-oublies-de-la-premiere-guerre-mondiale-18-11-2014-1882023_3826.php consulté le 18 juin 2024 à 19 heures 30.
[10] Lors de leurs différentes participations dans la première guerre mondiale, on a estimé leurs pertes à 26 % entre morts, blessés et disparus. Lire https://www.lepoint.fr/culture/guerre-de-1914-18-les-soldats-Marocains-dans-toutes-les-grandes-batailles-01-11-2018-2267794_3.php consulté le 21/06/2024 à 15heures 15.
[11]Lire https://theatrum-belli.com/2e-guerre-mondiale-les-tabors-Marocains-dans-la-reconquete delitalie/
[12] Créé par le conseil de sécurité et de la paix de l’Union Africaine, le 19 Janvier 2007.
[13] Le 1er juillet 2010, suite à la résolution 1925 (2010), le Conseil de sécurité change la MONUC en MONUSCO “Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo” (MONUSCO). Il y a lieu de rappeler que la Mission de l’Organisation des Nations unies en RDC (MONUC) a été créé en 1999 pour superviser le cessez-le-feu de Lusaka, signé en juillet 1999 entre la RDC et cinq États de la région, et faciliter le désengagement des forces.
[14] Groupe terroriste islamiste somalien d’idéologie salafiste djihadiste créé en 2006 suite à l’invasion éthiopienne.
[15] Fondées le 30 juin 1960, les FARDC ont changé 10 ans après de nom pour devenir les Forces armées zaïroises (FAZ) en 1971 par le maréchal MOBUTU SESE SEKO. Puis après la chute du régime du défunt président Mobutu on est revenu sur l’ancienne nomination de la force. Par ailleurs, en 2023 l’étude du Global fire power index‚ classe l’armée de la république démocratique du Congo 8e parmi les puissances militaires africaines.
[16] La MONUA a été déployée n par la résolution 1118 du Conseil de sécurité des Nations unies du 30 juin 1997.
[17] Créé par la résolution 1528 du Conseil de sécurité de l’ONU, l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) a été mise en place le 4 avril 2004, mettant fin au mandat de la Mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire (MINUCI).
[19] Le Conseil a autorisé a autorisé le déploiement de l’ONUB, pour une durée initiale de six mois à compter du 1er juin 2004.Mais la mission a été encore prorogé par le Conseil de Sécurité jusqu’en 2009…
[20] La (MINURCA) a été créé par la résolution 1 159 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptées à l’unanimité le 27 mars 1998.
[21] MINUS a été créée par la résolution 1590 présentée par les États-Unis et adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies le 24 mars 2005.
[22] Créé par la résolution 797 adoptée par le Conseil de sécurité le 16 décembre 1992 pour faciliter l’application de l’Accord général de paix signé le 4 octobre 1992 entre le président de la République et le président de la Resistência Nacional Moçambicana (RENAMO)
[23] La MINUSIL a été créée par la résolution 1270 du 22 octobre 1999.
[24] La(MINUL) a été créée par la résolution 1509 du Conseil de sécurité le 19 septembre 2003,
[25] Pour plus de précision lire page 42 « Opérations de maintien de la paix des Nations Unies Principes et Orientations 2008 » Document de l’ONU.
Un grand effectif de combattants et des matériels majeurs constitués de moyens aériens, maritimes et terrestres)
[26] Sans parler des grandes écoles militaires africaines et les centres stratégiques de défense, on pourrait citer l’école de paix de Yamoussoukro en Côte d’Ivoire, le Centre d’entraînement aux opérations de maintien de la paix (CEOMP) au Togo, le Centre international de maintien de la paix Kofi Annan (KAIPTC) au Ghana, le Centre international éthiopien de maintien de la paix (EIPKTC) en Éthiopie. Il y a d’autres centre de paix au Kenya et au Nigeria. Le Royaume du Maroc est en train de construire son propre centre de maintien de la paix selon les normes de l’ONU.
[27] Les contingents des Forces Armées marocaines n’ont pas trouvé de difficultés ni en ex-Yougoslavie, ni Haïti. Car habitué à défendre leurs frontières contre les rebelles, ils ont aussi participé à la guerre israélo-arabe en 1973 et aux différentes opérations de maintien de la paix en Afrique (Zaïre début des années soixante, Shaba 1 et 2, plus tard devenue République Démocratique du Congo, Somalie, Cote d’Ivoire, République Centre africaine …)
[28] Les centaines d’avion, les navires de guerre et sous-marins, les avions, les chars et les canons d’artillerie se trouvent en Egypte, en Algérie, au Maroc, en République d’Afrique du Sud, en Angola, au Nigéria etc …
[29] Un grand effectif de combattants et des matériels majeurs constitués de moyens aériens, maritimes et terrestres)
[30] Ce programme vise à offrir une formation avancée aux forces militaires africaines pour améliorer leur efficacité opérationnelle et leur préparation aux missions internationales.
[31] Le Centre Marocain d’Analyse et d’Anticipation Géopolitique pourrait partager les expériences de ses experts en matière de gestion des crises particulièrement naturelles ou accidentelles pour former les différents hauts responsables sur les tâches de chacun, l’anticipation, la conduite et l’accompagnement après la crise. Contacter par email : zhanafi02@gmail.com.
[32] J’étais à l’époque Lieutenant-Colonel des Forces armées Royales. La conduite de la logistique opérationnelle de l’ONU n’était pas celle que j’ai appris dans les écoles militaires. Par contre j’ai appris sur le terrain toutes les spécificités de ma tâche. Mon passage par la Côte d’Ivoire est plein d’expériences qu’on ne peut pas raconter dans un paragraphe.
[33] A l’époque cette ville du nord était considérée capitale rebelle. Là, un Cheek- point contrôlé par des enfants soldats nous a menacé, moi et deux officiers supérieurs marocains avec armes et grenades. Par hasard le commandant zone sud s’appelait colonel Zakaria, alors qu’en réalité il n’était que caporal- Chef. Comme je connaissais les autorités rebelles, on nous a laissé revenir à Bouaké en nous privant d’aller rejoindre l’aéroport de Yamoussoukro où un avion militaire marocain avait atterri. Les enfants pouvaient facilement engager le tir.
[34] Il s’agissait des contingents africains du Bénin, Togo, Sénégal, Niger et du Maroc. Ils avaient tous la volonté et le courage de s’engager à n’importe quel moment. Ce sont des frères d’armes que nul ne peut oublier. Parallèlement, il y avait une compagnie du Génie français et une unité de maintien en condition de la Force Licorne française.
[35] Ce colonel exemplaire, d’une éducation distinguée et d’un calme et d’un savoir à inégaler a toujours été présent pour bien faire pour les contingents africains et pour les populations civiles.
Zakaria HANAFI
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HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.