
Depuis les dernières années de la fin de la première guerre mondiale, toutes les puissances ont investi dans la recherche aéronautique pour avoir des forces aériennes rapides et dotées d’un grand nombre d’armes et de technologies. Cependant, malgré ce que peuvent accorder les avions en termes de frappes et de projection rapide des forces, ils connaissent des limites lors de certains engagements en guerre asymétrique.
Seront brièvement rappelés très succinctement, les points forts des instruments de puissance aérienne, puis analyser leurs limites en se référant à la guerre aérienne menée par les forces aériennes d’Israël dans son propre voisinage.
FACTEURS DE PUISSANCE DE L’OUTIL AERIEN
Devenue instrument de puissance vers les dernières années de la première guerre mondiale, l’armée de l’air a pu prouver sa place primordiale de nouveau en expérimentant son potentiel entre les deux guerres puis à partir de la deuxième guerre mondiale jusqu’à nos jours. Avec le développement technologique et l’utilisation aux combats de l’intelligence artificielle, les Etats qui possèdent la dernière génération (4 et 5ème génération) des avions de combat sont considérés plus puissants et plus influents que d’autres sur les relations internationales.
Les nouveaux engins volants utilisés par l’aviation militaire dépassent de loin la vitesse du son et possèdent un rayon d’action constitué de plusieurs milliers de kilomètres, leur permettant d’avoir une grande rallonge en espace stratégique. La domination des cieux, avec les moyens furtifs offrant les déplacements en clandestinité, la navigation de nuit, les radars et les moyens de guerre électronique offrent à l’aviation la possibilité de soumettre l’adversaire et d’agir sur le rapport de forces entre les pays antagonistes.
Cette nouvelle donne permet aux puissances de projeter leurs forces aériennes le plus loin possible pour défendre leurs intérêts dits stratégiques. Par le gain des délais d’intervention et de réaction rapide l’aviation militaire a pu prendre la place des forces navales qui prennent plus de temps lors des déplacements. Avec le développement rapide des fusées et des satellites, l’aviation des puissances militaires mondiales porte désormais le nom de forces spatiales et aériennes.
COERCITION LIMITEE CONTRE LE HAMAS ET SES AFFILIES
Généralement, outil de précision utilisé par l’Etat hébreu depuis plusieurs décennies, destiné à cibler l’ennemi à l’intérieur de ses frontières, jour et nuit, ses centres de gravité, en utilisant des munitions guidées et en accordant tous les facteurs nécessaires à la paralysie, la destruction totale, la neutralisation et l’emportement de la décision lors des opérations menées contre les Etats voisins. Facteur de puissance qui a aussi permis souvent à Israël d’avoir un poids lors des discussions menant au cessez-le-feu et à l’obtention de la victoire finale. Néanmoins, dans le cas du dernier conflit daté du 7 octobre 2023, les facteurs de puissance n’ont pas donné de garanties probables de succès.
Dans le conflit opposant Israël aux combattants de Hamas, depuis le début d’octobre de l’année dernière, l’aviation a utilisé le bombardement stratégique, comme dimension psychologique, principalement contre les populations et les infrastructures. Les forces aériennes du Tsahal possédaient l’avantage de la maitrise du ciel, grâce aux avions de dernière génération, et ne couraient pas de risque d’être abattus par des missiles anti-aériens et leur ennemi n’a pas d’engins volants à part des drones tactiques.
Cette puissance aérienne a permis aux Israéliens d’organiser des offensives par air, de bombarder leurs cibles, de nettoyer aisément le terrain, pour les forces terrestres et défendre la frontière au nord face au Hezbollah.
Israël possède des capacités aériennes défensives en mesure d’interdire l’accès à son espace aérien, grâce au Dôme de fer et des capacités de projection de force qu’elle a souvent utilisé contre le voisinage arabe ou iranien. Mais rien ne peut être parfait dans la mesure où des drones du Hamas ont pu s’infiltrer et prendre des photos aériennes à l’intérieur de l’Etat hébreu.
Au départ tout le monde regardait en silence. Mais, au fil de temps, le bombardement lourd s’est tourné contre Israël. Car, l’opinion publique internationale commençait de plus en plus à condamner ce type de frappes excessives par rapport aux cibles civiles choisies, avec des bombes constituées de plusieurs centaines de kilos d’explosifs et de phosphores.
La souffrance des populations s’est aussi transformée en résilience qui a renforcé les rangs des victimes de bombardement et créé la cohésion populaire. Pourtant, on attendait à ce que les populations fassent pression sur les dirigeants du Hamas pour demander la capitulation ou souhaiter discrètement, à l’instar des Libanais chrétiens et sunnites, l’arrêt des hostilités et la punition collective des populations.
Lors de la contre-offensive israélienne à Gaza, certains tirs de drones ont pu porter des coups dures aux combattants lors de leurs déplacements entre les abris dans les ruines et les tunnels. On a enregistré des frappes chirurgicales qui ont été à l’origine de l’élimination à Gaza et au sud du Liban de certains chefs des mouvements armés.
Les attaques continues par drone ont privé certaines unités combattantes du Hamas de leur liberté d’action et de leur approvisionnement. Cependant, il parait fort probable, que certains drones tactiques ont été abattus par les combattants du Hezbollah et du Hamas.
En regard de cela, l’Etat hébreu en possession d’un grand nombre d’avions de combat et il y a lieu de constater que les capacités du Tsahal n’ont pas été entièrement utilisées à bon escient, contre les combattants. Les avions de combat fourni par l’industrie aéronautique militaire américaine (F15, F16 et F35) avec les derniers équipements technologiques n’ont pas fourni un grand avantage.
Par contre, les actions de l’aviation militaire israélienne sont mal interprétées par beaucoup de populations mondiales à cause des frappes, avec les bombes, contre les civils et particulièrement les enfants et les femmes. Certains analystes se demandent comment aurait agi l’Etat hébreu si l’Egypte était intervenue en faveur des combattants du Hamas ?
LIMITES SPECIFIQUES ET LEÇONS APPRISES
A titre de rappel historique, malgré le nombre de différents avions utilisés par les Américains et les munitions de bombardements stratégiques, les Etats-Unis d’Amérique n’ont pas pu éradiquer définitivement les Viêt-Cong, qui n’avaient pas de moyens aériens et utilisaient des tunnels ou des abris sous-terrain.
L’OTAN n’a pas aussi réussi son pari, contre les Talibans dans la guerre contre le terrorisme en Afghanistan et ce malgré les grands moyens utilisés sur le terrain. Donc, dans la guerre asymétrique, les avions de combat n’arrivent pas toujours à atteindre leurs objectifs à l’instar des autres types de conflit.
Aussi, par méfiance et manque de renseignement précis sur les matériels anti-aériens, il est constaté une absence presque totale, des hélicoptères de combat. Ces derniers ont été utilisés particulièrement, lors des évacuations sanitaires. Dans cette contre-offensive, même les avions de transport et de ravitaillement n’ont pas été utiles.
De ce fait, malgré que les combats soient contre des mouvements armés, l’aviation militaire israélienne manquait de munitions dès les premiers jours. Ce sont des transports aériens des puissances occidentales qui ont fourni l’effort logistique. C’est une preuve aussi qu’il s’agit d’une surprise stratégique. Car personne n’attendait que la Tsahal connaisse un manque flagrant de munitions employées par les forces de l’air et le reste des composantes.
L’aviation israélienne est très puissante par rapport à son entourage du Proche et Moyen-Orient. Ses capacités technologiques sont très en avance même en comparaison avec des puissances mondiales. Israël possède l’une des premières industries militaires du monde en matière de fabrication des drones et de défense anti-aérienne. Mais réellement, les forces aériennes israéliennes ont toujours dépendu de l’appui et du soutien américain.
En réalité, cette dernière offensive d’octobre 2023 a bien montré les limitations, des forces aériennes, lors des engagements contre le Hamas. Le bombardement stratégique, bien qu’efficace sur le plan psychologique et infrastructurel, n’a pas fourni le succès attendu. Au contraire l’aviation israélienne a suscité des critiques internationales en raison des victimes civiles. Cette guerre aérienne a démontré encore une fois, que seul un drone furtif, autonome en énergie et bien armé pourrait diminuer les pertes humaines civiles et combattantes.
Zakaria HANAFI
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HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.