PhD Zakaria HANAFI

Le soutien au Burkina Faso, Mali, Niger, Soudan, Gabon et Guinée, au sein de l’Union Africaine est une nouvelle page ouverte par une diplomatie marocaine raisonnable, en faveur des pays amis du Sahel et de l’Ouest du continent. La non-participation de ces Etats au vote pour l’élection des nouveaux membres de la Commission de l’Union africaine lors du 38e sommet, tenu en février à Addis-Abeba a été marquée par un déséquilibre intolérable. Car le vote de ses pays n’allait pas donner le poste de vice-présidente à l’Algérie. Pourtant, tous ces pays ont signalé qu’ils sont en période de transition politique.
Les consultations informelles organisées, le 18 mars à Addis-Abeba, par le Chef de la diplomatie du Royaume du Maroc, avec les pays suspendus du vote, montrent bien que la solidarité marocaine et son degré de réalisme, vont avec une légitimité non seulement pour gagner des voix au sein de la Commission africaine, mais aussi, afin de défendre une cause logique, qui touche injustement le 1/10 -ème des Etats membres de l’UA.
Comment peut-on appliquer les principes démocratiques à l’occidental, dans un continent où les présidents des républiques sont élus à vie ?
Par respect aux affaires internes des pays et sans citer d’exemple choquant, si on analyse la situation politique africaine, le premier constat qui attire notre attention, c’est celui de certaines républiques où le pouvoir est tenu par les mêmes personnes depuis des décennies. Même si les élections sont organisées de temps à autres, les opposants sont souvent écartés du scrutin ou le suffrage fait souvent objet de falsification. Les commissions nationales électrodes sont souvent désignées par les autorités locales. Même les textes constitutions sont rectifiées pour prolonger les mandats. Donc, les régimes de dictatures sont aussi des putschistes, qui ont dérobé le pouvoir à leur population.
Toute la communauté africaine et ses gouvernants connaissent ces pays et pourtant, ils continuent de siéger au sein de l’UA et occuper des postes contradictoires aux articles de la Charte constitutive de l’UA. Certains pouvoirs africains, concernés par le droit de vote, font l’intermédiaire des multinationales afin d’appauvrir leurs populations ou celles des autres pays de leur région, en soutenant les différentes convoitises liées aux ressources stratégiques. D’autres, ne respectent ni les règles financières et de gouvernance ni les politiques adoptées par les différentes commissions internes de l’UA. Pourtant, eux aussi doivent être concernés par les sanctions de l’organisation continentale.
Pourquoi priver le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Soudan, le Gabon et la Guinée dans un vote décisif ?
Certes, l’intérêt géopolitique et économique de certains Etats du Nord prime sur l’application des normes diplomatiques. Le Niger, le Burkina Faso et le Mali qui ont préféré la souveraineté minière, l’indépendance économique et le choix de nouveaux partenaires comme la Russie et la Chine, sont plus harcelés par le Nord et les organisations internationales beaucoup plus que le reste des six pays.
Sans défendre les pays sanctionnés par l’UA, il suffit de prendre la carte de l’Afrique et observer du Nord au Sud du continent pour avoir une idée sur les républiques constituées d’oligarchies financières ou militaires, qui se cachent derrière des pouvoirs civils, considérés des marionnettes, exerçant à l’appui de ceux qui les ont mis en place. Parallèlement, si vraiment on veut appliquer les principes démocratiques, n’est-il pas logique de les priver eux aussi de ce vote et même de siéger au sein de l’UA ? Sinon qui les protège des sanctions ?
Ainsi, de quelle démocratie on parle. Ceci nous ramène à croire ce que disait Aristote : « Démocratie plus ignorance est égale à anarchie ». Car, des fois la population a besoin de ses droits beaucoup plus que de la démocratie. Désormais, la majorité des populations cherche à vivre en paix et à améliorer leur quotidien et n’ont jamais été concernées par les principes de la révolution française. Le modèle démocratique occidental ne peut être appliqué à la lettre.
Dans le passé, les populations africaines ont été déportées comme esclaves, colonisées, massacrées, divisées sans prendre en considération les spécificités anthropologiques de chaque communauté et ont été victimes des guerres intestines causées par la guerre froide et le partage de zones d’influences entre les blocs Est et Ouest.
Par contre de nos jours, elles continuent de souffrir à cause de la richesse de leurs sous-sols en matières premières. Les Etats africains aspirent à une bonne gouvernance, à une souveraineté nationale en matière alimentaire, à acquérir des industries de transformation minière et énergétique et surtout à partager les richesses équitablement avec leurs populations, très éveillés grâce à l’évolution rapide du numérique et les multinationales présentes sur leurs territoires. Donc, les pouvoirs en place ont de plus en plus du mal à asseoir leur pouvoir et leur marge de manœuvre est aussi étroite. Les vents de désinformation qui ont touché certains Etats occidentaux en Afrique ont proliféré partout le principe, qui stipule « l’Afrique est pour les africains. ».
Les pays africains dits souvent sous-développés ont besoin d’une coopération étroite qui pourrait transformer leur environnement en faveur d’un modèle de développement adaptable à leur situation, en diversifiant leur économie, en prenant en considération le renforcement des capacités des ressources humaines, en créant un esprit de solidarité interafricain, soutenu par des politiques publiques visant l’amélioration des conditions de vie des citoyens.
Somme faite, dans le sillage de l’application des règles d’or de la démocratie, certains régimes africains sont cités parmi les pays qui violent tous les droits humains et continuent de participer aux génocides, aux déplacements des populations ou à financer les groupes armés pour déstabiliser leurs voisins.
Appliquant une démarche politique dynamique, fondée sur une diplomatie raisonnable, l’initiative du chef de la diplomatie marocaine, n’a fait que rappeler l’intérêt du Royaume du Maroc, orienté vers une cause juste, une bonne marche liée au Protocole du Conseil de paix et de sécurité de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance pour donner à ces six pays l’occasion de repenser une transition politique reconnue au sein de l’UA et à l’international.
Une nouvelle cause noble de la diplomatie marocaine en Afrique
Zakaria HANAFI
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HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.