Mohssin Datssi

Membre du think thank NejMaroc
Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation spécialisé dans les relations internationales.

Depuis 1975, la question du Sahara constitue l’axe central de la politique étrangère du Royaume du Maroc. L’enjeu ne se résume pas à une simple revendication territoriale, mais s’inscrit dans une dynamique plus large de préservation de l’intégrité territoriale et de souveraineté nationale. Ce qui devait initialement s’apparenter à un processus classique de décolonisation et de rétrocession des provinces du Sud par l’Espagne s’est progressivement transformé en un bras de fer diplomatique prolongé, marqué par des repositionnements stratégiques et une évolution profonde des outils et discours mobilisés par la diplomatie marocaine.

Le Maroc a su adapter ses démarches en fonction des conjonctures régionales et internationales, passant d’une posture strictement défensive à une diplomatie proactive, articulée autour de la légitimation historique, juridique et politique de sa souveraineté sur le Sahara.

Trois grandes phases peuvent être distinguées dans l’évolution de cette stratégie diplomatique de défense de l’intégrité territoriale :

1.⁠ ⁠La phase de consolidation nationale (1975–1991) : marquée par l’organisation de la Marche Verte, l’établissement de l’administration marocaine dans les provinces sahariennes, et le recours aux instances internationales, tout en gérant le conflit armé avec le Front Polisario.
2.⁠ ⁠La phase d’internationalisation maîtrisée (1991–2015) : à partir du cessez-le-feu, le Maroc a renforcé ses appuis diplomatiques, multiplié les contacts bilatéraux, et proposé une solution politique fondée sur l’autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine.
3.⁠ ⁠La phase de l’offensive diplomatique (2015–2025) : caractérisée par un repositionnement du Maroc sur l’échiquier continental et international, le retour au sein de l’Union africaine, l’élargissement du cercle des soutiens à sa position, et une stratégie assumée d’influence économique, culturelle et géopolitique en Afrique et au-delà.

Ce parcours sur cinq décennies illustre la capacité du Royaume à articuler résilience, constance des principes et pragmatisme dans l’adaptation de ses leviers diplomatiques.