Mali, Niger et Burkina présentent le drapeau de leur alliance | Le360  Afrique

En mai 2024, une initiative sans précédent est signée, en vue de confirmer l’émergence de l’alliance des Etats du Sahel (AES). Ce groupement d’Etats constitué du Mali, le Niger et le Burkina Faso, présente des points forts, grâce aux facteurs de ressemblance anthropologique et de convergences politiques. Néanmoins, malgré son exposition aux enjeux extérieurs, cette alliance veut améliorer la vie de ses citoyens, aspire à une souveraineté économique et veut créer une dynamique de politique extérieure multi-alignée, ne dépendant d’aucune puissance internationale, sous le slogan : « l’Afrique aux Africains »   

Certes, dans un monde où les cartes géographiques sont devenues exposées à la rectification des tracés, les paris liés à la géopolitique des frontières peuvent être à l’origine des tensions régionales et internationales. Dans un souci d’analyser les facteurs de réussite et de risque dans cette étude, seront analysés, tout d’abord, le poids de l’environnement immatériel, la fissure de la géopolitique des frontières des pays objet de cette intégration, avec un aperçu citant leur besoin socioéconomique. Par la suite, étaler les grandes lignes des objectifs politiques en virage vertigineux, avec une approche mentionnant la sécurité de défense face aux frontières à risque.

 Apports linguistiques et culturels à l’AES 

Tout en gardant la langue française comme moyen administratif et de commerce international, il y a lieu de relever que la richesse linguistique et culturelle de la nouvelle alliance des trois pays du Sahel est un élément moteur d’intégration socioéconomique et politique. Car, l’union pourrait faire la force des trois acteurs des relations internationales.

Tout d’abord, les principales langues locales au Mali sont le Bambara qui utilise le N’ko et l’alphabet arabe, est majoritaire, car environ 50 % le parlent. Ensuite le Peul avec quelque 10% de la population qui l’utilise. Puis le Dogon, Songhay, et le Soninké avoisinant tous, quelques 06% par langue parlée.   

Au Niger, il existe plusieurs dialectes ethniques par contre, les langues locales les plus parlées sont au nombre de 11. Il s’agit par ordre de l’Haoussa qui dépasse les 50 % parmi les utilisateurs particulièrement comme outil linguistique commercial, le Zarma/Songhaï parlé par presque le quart de la population, suivi de l’Amasheq et le Peul ou fulfulde utilisés par plus de 8% par langue et le Kanouri avoisinant les 5 %, l’arabe dialectal dépassant un peu les 1,2 %. D’autres langues locales sont utilisées comme le Buduma, le Gulmancema, le Tassera, le Toubou et le Gourma.

Conjointement les langues parlées au Burkina Faso ne sont pas aussi entièrement étrangères à l’environnement régional. Ainsi on trouve quatre langues très parlées. La langue la plus répandue est le Mooré (certains l’appellent aussi le Mossi), le Dioula, le Bissa et le Fulfulde appelé aussi le Peul. Dans ce pays il existe une soixantaine de langues nationales. Ainsi, tout en gardant la langue française comme outil de travail, les Etats de l’alliance pourraient utiliser les langues locales telles que le Peul qui est parlé dans les trois pays ou le Bambara parlé au Mali et au Burkina Faso.  

Dans ce sillage, au sein des Etats de l’AES, il existe une histoire de civilisation commune, qui constitue un lien entre les populations et facilite la compréhension des cultures présentes avec les différentes habitudes de chaque communauté et la coexistence religieuse. Cette manière de faire pourrait aussi instaurer un climat de confiance face au sentiment d’incertitude créé par la désinformation extérieure des populations. Par la même occasion, encourager la solidarité au sein de l’AES et chercher à remonter le moral des populations en anticipant toute révolte sociétale, descentes dans les rues ou mouvements indépendantistes, en faveur d’une résilience sociale face à toute tentative de déstabilisation. 

Concernant le volet religieux, il existe en plus des religions monothéistes d’autres croyances. Il faut encourager la liberté des cultes constitutionnellement et pratiquement sur le terrain. Ceci permettra sûrement de revenir aux décennies de stabilité avant l’entrée clandestine des groupes terroristes au Sahel. Car, la diversité religieuse non maitrisée par les pouvoirs pourrait faire l’objet de convoitises et d’antagonismes qui peuvent être ciblées par des puissances ou par des Etats limitrophes en vue de créer des tensions, à l’intérieur des pays. Parfois, l’outil religieux cache le mobile de la géopolitique des matières premières, sinon de la criminalité transnationale.  

Par le biais de l’approche participative avec les populations mettre, en place des structures en mesure d’ouvrir des débats communautaires, ethniques, religieux et identitaires pour désapprouver la désinformation véhiculée par les groupes armés et terroristes. Les Chefs de tribus, les représentants des différents cultes et les associations nationales établies au sein de l’AES, pourraient donner une contribution favorable à la paix. Par ailleurs, les populations démoralisées par les attentats et les attaques d’acteurs militaires non étatiques pourraient être affaiblies et démoralisées. 

Dans cette thématique environnementale, associer et privilégier la jeunesse, la former, lui accorder un intérêt particulier et la sensibiliser pour accompagner les différentes politiques publiques choisies par les gouvernements de l’AES. La construction d’universités et de centres professionnels qualifiés pourrait anticiper la préparation des pays de l’AES à installer des industries légères et de transformation (Transformation minière, textile, agroalimentaire…). D’ailleurs, en ce qui concerne le Mali, le dernier rapport de la Banque mondiale signalé en bas de page dans la partie dédiée au développement économique signale, que parmi les constats « l’efficience des dépenses prioritaires de santé et d’éducation ». 

De ce fait, la similitude ethnologique, du climat, de l’espace géographique désertique, de l’enclavement, des croyances, des communautés établies et des langues parlées par les populations de l’AES constituent toutes un facteur fondamental de communication et d’intégration politico-économique.  

 Surveillance difficile des frontières   

Les frontières des trois pays de la confédération sont vastes, par rapport à leur population. Désertiques, elles sont exposées aux différents risques de la criminalité transnationale, la contrebande de toute sorte de marchandise, y compris la vente d’armement petit calibre venant du voisinage et la présence d’acteurs armés non étatiques soutenus par l’entourage ou par d’autres acteurs extérieurs.  

En effet, avant l’entrée du colonisateur français, toute la région de l’Ouest africain et du Sahel était constituée de royaumes. Par contre l’élément marquant de l’histoire régionale est celui des frontières de l’Empire du Mali qui incluait une grande façade maritime dont le Sénégal actuel appelé par les colons le « Soudan français » et par les dynasties marocaines le « Soudan »  tout court. Cet empire était prospère et plus riche, pendant plusieurs siècles.   

 Héritées de la colonisation française, les frontières de la confédération des Etats du Sahel sont larges et exposées aux nouvelles guerres intestines et au fléau terroriste. Pourtant, longtemps stable par leur adoption d’un islam modéré encouragé par des confréries soufistes , proliférées, depuis plusieurs siècles, par des théologiens et commerçants marocains. Par ailleurs, le découpage colonial n’a pas respecté les normes ethniques et communautaires en accordant à chacun les superficies ci-après :

-Le Mali pays de l’Afrique de l’Ouest a une superficie de 1 246 223 km2, enclavé, ne possédant pas de façade maritime. Néanmoins, le pays possède des frontières communes avec 7 pays qui sont : le Niger et le Burkina Faso à l’Est l’Algérie au Nord-Est, Guinée et la Côte d’Ivoire au sud, la Mauritanie au Nord-Ouest et le Sénégal à l’Ouest.

 -Le Niger est un Etat continental de l’Afrique de l’Ouest dont la superficie est estimée à 1 267 000 km². Ses frontières s’étendent au nord à l’Algérie et à la Libye, à l’Est au Tchad, au sud vers le Nigéria et le Bénin et à l’Ouest en contact avec le Burkina Faso et le Mali

-Le Burkina Faso, pays du Sahel, couvre une superficie de 274000 km². Il est frontalier avec le Mali au Nord-Ouest, le Niger au Nord-Est, le Ghana au Sud, la Côte d’Ivoire au Sud-Ouest puis le Togo et le Bénin au Sud-Est.  

Mali, le Burkina Faso et le Niger veulent lutter ensemble contre le  terrorisme

Le constat retenu montre bien que les frontières des trois pays, sont proches de plusieurs zones de tensions, qui pourraient fournir combattants et armes. Leurs espaces sont sensibles et fissurés à cause des attaques rebelles et terroristes. Avec leur renforcement en personnel et matériels majeurs adéquats, leur force conjointe pourrait gagner le pari de cette guerre de lâches. Même une puissance ne pourrait engager facilement de combat dans ce type d’environnement très hostile et d’un climat difficile.

Le Mali a été longtemps manipulé à tort par son voisin algérien, qui profite de l’existence sur le théâtre régional, de plusieurs ethnies distinctes, afin de créer la zizanie intercommunautaire et déstabiliser le pays. La médiation algérienne entre le Mali et les opposants au régime, signée le 15 mai et 20 juin 2015 à Bamako,devenue lettre morte, a pour objectif stratégique le leadership politique régional algérien et la mainmise sur les richesses maliennes , particulièrement énergétiques, qui ne peuvent être exportées facilement à cause de l’enclavement du pays.  

 L’Algérie est sortie de sa neutralité en recevant les membres de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et en leur offrant son territoire comme base arrière à l’instar des combattants séparatistes du POLISARIO qui attaquent les frontières marocaines. Les Touaregs, les arabes et les autres entités opposantes du Mali, ont comme base arrière l’Algérie. Ils sont manipulés par leurs frères qui véhiculent des causes artificielles au détriment d’un soutien financier en pétrodollar algérien. Comment un pays qui abrite l’opposition d’un autre voisin et encourage le recrutement des combattants rebelles du Polisario au sein de la rébellion malienne se dit être neutre ? Le même problème se pose à Tindouf où une minorité marocaine associée à d’autres nationalités défendent une cause d’indépendance déjà perdue. Car, la majorité des Etats de l’ONU se sont alignés avec la proposition formulée par le Maroc en vue de résoudre le conflit artificiel créé en toute pièce par le frère musulman algérien.

En 1975, le pouvoir d’Alger soutenu par le Royaume dans sa guerre de libération, a expulsé des dizaines de milliers de marocains vivant en Algérie, en les dépouillant de toutes leurs richesses. De nos jours ce même pouvoir, continue de séquestrer des populations en leur vendant le rêve de devenir indépendants.  Si jamais le Mali continue dans sa crise, le même sort ou scénario sera réservé aux maliens vivant en Algérie et particulièrement aux rebelles qui seront séquestrés à leur tour. 

L’Algérie continue d’influencer les acteurs non étatiques du Mali qui avaient signé ledit accord, en vue de rester acteur régional permanent. Le gouvernement a officiellement reçu les chefs rebelles pour menacer la stabilité du régime malien. C’est la raison pour laquelle, le Mali a mis fin à l’accord en janvier 2024.Si on suit le raisonnement algérien, qui défend les minorités, le pays doit commencer par les appliquer en interne en donnant plus d’autonomie au mouvement Kabyle et aux autres ethnies, du Sud algérien. 

Dans le voisinage de la confédération, certains Etats sont touchés par l’instabilité due à l’évolution des groupes armés, de la criminalité transnationale et des actes terroristes. Il s’agit de la Libye toujours non unifiée et le Tchad souvent attaqué par des groupes rebelles.  

Non loin, la Mauritanie qui constitue un maillon fort face au « jihadisme », les autres pays comme la Côte d’Ivoire, le Nigéria et le Cameroun, n’échappent pas aux attaques terroristes des groupes DAECH et Al-Qaïda.  De grands efforts ont été fournis par les pays cités, en matière de surveillance des frontières. De grandes unités ont été déployées par ces pays, pour surveiller et protéger le tracé frontalier. Mais, la présence du risque n’est pas à écarter. Seul le Royaume du Maroc a établi une ceinture de sécurité avec une armée professionnelle et des moyens technologiques de dernière génération (Satellite, avions et drones de surveillance, radars, caméras thermiques, appareils de vision nocturne…), afin de faire face aux groupes séparatistes ou terroristes et à la criminalité transnationale.    

Parallèlement le Niger , est souvent secoué par des attaques meurtrières à l’intérieur de ses frontières particulièrement graves dans le Liptako-Gourma, les attaques du  Front patriotique pour la justice (FPJ), le Mouvement d’action pour la démocratie et le progrès (MADP) et le Front d’action pour la libération (FAL) .Certains  combattants,  du Front patriotique de libération (FPL) et du Mouvement pour la justice et la réhabilitation du Niger (MJRN) ont déposé les armes, en novembre 2024 à Agadez. Néanmoins la sécurité des frontières demeure volatile et difficile à contrôler. 

Au Burkina Faso plusieurs localités sont souvent objet d’attaques terroristes et d’autres groupes armés. On relève principalement parmi les groupes terroristes, Ansar-Al- Islam, un groupe local affilié à Al-Qaida et à l’État islamique au Sahel (ISS). 

En fait, les Etats de l’AES vivent les cauchemars d’insécurité frontalière, de terrorisme et d’ingérence interne au niveau régional et international.  La coopération étroite et la réforme du système de sécurité et de défense, par le recrutement qualificatif, la préparation opérationnelle et le choix du matériel adéquat pourraient encore assurer une très bonne surveillance des frontières.  

Cette confédération défendant sa souveraineté, a des défis qu’elle peut relever grâce à la bonne gouvernance et un redémarrage économique bien planifié.

Développement économique de la confédération 

 Les pays de l’AES ont tous compris la nécessité de développer le secteur primaire pour atteindre une souveraineté dans les volets de l’agriculture et minier. Avec cette alliance le Mali pourrait faire bénéficier ses voisins de l’énergie pétrolière et gazière. Néanmoins, les trois pays, une fois mieux sécurisés, en collaboration avec une puissance nucléaire, pourraient envisager d’investir assez dans l’énergie verte et pourquoi pas installer les centrales nucléaires, puisque l’uranium est en abondance au Niger.   

L’Initiative Royale de l’Atlantique pourrait être associée pour désenclaver les pays et augmenter le taux des échanges à l’international. Même la rareté de l’eau et des infrastructures routières pourrait être résolue avec ce projet atlantique du Royaume du Maroc.  

Concurremment, le secteur secondaire pourrait devenir florissant par cet apport énergétique et influencer favorablement le secteur tertiaire en développant encore plus les différents services de télécommunication, d’infrastructures routières, aéroportuaire et fluviales, capables d’encourager les investissements directs étrangers.

Selon le rapport de la Banque mondiale de 2025 : « l’économie du Mali a été résiliente avec une croissance du PIB estimée à 4,0 % en 2024 (1,0 % par habitant), soutenue par l’agriculture et les services. ». Par contre en signalant la baisse de la production d’or dans ce rapport, on assiste à un changement important, pendant le deuxième trimestre 2025 qui mentionne une importante augmentation du prix de l’or. La Banque mondiale, sans compter cette montée en flèche de l’or a mentionné une croissance réelle du PIB qui pourrait atteindre les 4,7 % en moyenne sur la période 2025-2026.C’est un chiffre très encourageant en comparaison avec les pays en crise de l’Europe. 

Au Niger le rapport 2025 sur le Niger annonce une croissance du PIB en flèche enregistrant 2,0 % en 2023 à 8,4 % en 2024 soit 4,9 % par habitant. Néanmoins, pendant l’année 2025, environ 1 million de réfugiés, et déplacés internes pèsent lourdement sur le budget du Niger.  

En ce qui concerne le Burkina Faso, troisième pays de l’alliance, le rapport 2025 de la Banque mondiale,  mentionne que le PIB a connu une croissance d’environ 4 % en 2024, grâce au secteur des services et du secteur primaire encouragé par le gouvernement pour stimuler la souveraineté alimentaire. Ainsi, l’agriculture a connu une extension des terres agricoles, en particulier la riziculture.

Conjointement, les Etats de l’AES tous confondus doivent donner beaucoup d’intérêt au secteur privé qui pourrait accompagner encore plus la croissance économique et une nouvelle génération de revenus Ceci pourrait se justifier par l’encouragement des PME, la diversification de l’économie, l’avancée de l’économie sociale et le contrôle de l’économie informelle. Aussi le secteur privé pourrait renforcer les Etats de l’AES en tant que levier de développement et d’éradication de la pauvreté.

Dans tous les cas les pays de l’AES sont appelés à encourager la liberté économique, créer un environnement des affaires favorables aux investisseurs, maitriser le déficit commercial et budgétaire  diminuer la dette publique. En créant leur propre monnaie, il sera utile d’augmenter les réserves en or et ne plus exporter la totalité des extractions effectuées. La réforme de la gestion économique au sein de la confédération de l’AES, demande une volonté politique ferme.  

Défis politiques de l’AES

Les Etats de la confédération essayent de se rapprocher de leur population et d’améliorer leur image au niveau international par une diplomatie dynamique défendant leur cause auprès des capitales. 

En interne plusieurs initiatives ont été prises pour encourager la bonne marche des politiques nationales. Dans une perspective d’encourager la liberté des personnes et des biens, il a été décidé par les Chefs d’Etats d’instaurer un passeport biométrique unifié au sein des Etats de l’AES, qui pourrait faciliter les déplacements entre les citoyens riverains et les populations  ont accordé aux anciens partis politiques d’exercer leur droit librement. 

Sahel : Mali, Burkina Faso et Niger forment une confédération

Aussi, la coopération entre les membres de l’alliance a beaucoup touché tous les domaines administratifs, judiciaires et policières pour faciliter rapidement l’intégration. 

En politique extérieure, les trois pays de l’alliance viennent de changer l’équilibre géostratégique régional et ont changé de langage diplomatique en exigeant, dans leur diplomatie, la relation égale à égal vis-à-vis   des puissances européennes, qui ont arrêté toute coopération ou aide au développement.  

L’AES, sanctionnée par l’Union Africaine et en abandonnant l’Organisation des Etats Francophones (OEF), la CDAO et les traités stratégiques avec la France, a créé sa propre organisation sous-régionale et drapeau reconnu en premier lieu par la Russie. La Russie a participé à la défense de la confédération en fournissant un contingent de formateurs et des matériels majeurs interarmées, afin de faire face aux acteurs militaires non étatiques qui menacent la stabilité des trois pays.  

Ce partenariat stratégique, avec la Russie, assure une protection permanente. Mais, cette nouvelle alliance avec la Russie qui pourrait permettre aux trois pays de bénéficier des avantages financiers du BRICS, n’est pas bien admise par les pays occidentaux , qui sont en guerre contre la Russie fédérale. Officiellement l’AES s’aligne dans sa politique extérieure avec la Russie en qualifiant l’Ukraine d’Etat terroriste. 

L’AES a consolidé son alliance et élargi son cercle de soutien auprès de la Russie fédérale afin d’imposer par les armes et la diplomatie la sécurisation de ses frontières contre les rebelles et les groupes terroristes. Il ne faut pas oublier qu’il a été signalé que l’Ukraine arme les Touaregs et les forme. Pourtant l’Algérie se considère alliée stratégique de la Russie.  

En réalité, il n’y a pas d’échange commercial important entre les deux pays à part les contrats d’armement. Si cette information est confirmée et que l’Algérie a laissé les coopérants militaires ukrainiens participer à l’attaque des russes au Mali, cela ne va pas passer inaperçu. C’est l’Algérie qui a besoin des pièces de rechange pour son matériel majeur interarmées et de munitions et non pas le contraire. La double facette diplomatique algérienne pourrait nuire gravement à ses intérêts géopolitiques et stratégiques.           

En coopération avec la Russie, les pays de l’AES prévoient une chaine télévisée et une radio pour avoir les mêmes informations liées aux intérêts de leur  confédération et avoir un même discours comme le communiqué collégial lu par le ministre des affaires étrangères malien après l’incident du drone.  

 L’AES a multiplié ses contacts avec la Turquie, particulièrement dans le domaine de la défense, avec la Chine en ce qui concerne l’exploitation minière et énergétique. Les trois Etats ont adhéré rapidement à l’Initiative Royale de l’Atlantique pour bénéficier des avantages commerciaux et politiques de cette alliance stratégique.  

Aussi, lorsque le drone a été abattu par les forces antiaériennes algérienne le communiqué de réponse à cette agression a été formulé collégialement au nom des trois gouvernements de la confédération. Pourtant le Burkina Faso et le Niger ont sacrifié leur coopération économique et militaire avec l’Algérie. Le gazoduc venant du Nigéria et traversant le Niger pourrait devenir juste un article d’actualité et la compagnie aérienne algérienne pourrait être gravement touchée par la fermeture des espaces aériens.  

Cette attaque algérienne, cache une énigme à déchiffrer avec le temps. Normalement si le drone a pénétré le territoire algérien par effraction, pourquoi les débris ont été trouvés à l’intérieur du territoire malien ? Pourtant ce n’est pas la première fois que les drones maliens utilisent ce couloir avoisinant la ville de Ti-n-Zaouâtene,  afin de surveiller, et anticiper les déplacements rebelles ou attaquer directement le Front de Libération de l’Azawad, soutenu par Alger ou les autres groupes armés en présence.  

Le communiqué algérien n’a pas précisé avec quelle arme il a tiré sur le drone et n’a pas donné de preuve concernant la violation de son espace aérien. Par contre les données du GPS malien montrent bien qu’il a été abattu à l’intérieur du territoire malien. Est-ce que les forces algériennes assuraient la couverture antiaérienne des rebelles et soutenaient leur attaque contre le Mali ? Sinon y-avait -il une présence de cadres algériens avec les rebelles et qui nécessitait cette veille méticuleuse et cette réaction rapide ? Sinon peut être que l’Algérie assurait la protection du chef rebelle des Azawad ou d’une attaque en préparation avec son aval ?  

Tous les témoignages filmés prouvent que les avions algériens ont toujours violé l’espace aérien malien sans souci. Sans compter le tracé frontalier, durement surveillé, qu’elle partage avec le Maroc et la Mauritanie, l’Algérie a une frontière avec le Mali de 1300 km, le Niger et la Libye 900 km, chacun de longueur. À cause de ses ingérences l’Algérie se trouve encerclée et isolée à l’Ouest et au Sud. Elle n’a que la neutralité de la Mauritanie et la complicité non choisie par une Tunisie en crise. 

Tout le monde sait que c’est l’Algérie qui a exporté le terrorisme au Sahel dans le cadre de la réconciliation nationale algérienne et a autorisé les combattants jihadistes à descendre au Sud vers le Sahel.  Ce sont les même Emirs terroristes algériens, soutenus par des combattants du POLISARIO, qui sont les chefs dans les groupes de DAECH et d’Al-Qaïda. Certains sont en relation directe avec les services de renseignement algérien. 

Enfin en politique extérieure, la confédération pourrait aussi diminuer les charges financières et humaines en matière de représentations multilatérales et en chancelleries diplomatiques de façon à inaugurer plusieurs ambassades dans le monde qui pourraient représenter le même drapeau des trois pays de l’alliance.  

 Stratégie de l’AES, liée à la sécurité- défense 

L’intégration des trois armées est une excellente initiative pour former des grandes forces de frappe capables d’intervenir rapidement, aux différentes menaces frontalières. Cela permet aussi aux différentes unités militaires de partager le retour d’expérience de chacun, de créer une solidarité inter confédération pour un même objectif de stabilité régionale. La stratégie conduite par la force conjointe a réussi plusieurs fois à déloger les rebelles et d’anticiper leur mouvement grâce au renseignement fourni par les moyens aériens. Nicholas Machiavel a dit : « Ceux qui attendent que le danger soit visible sont déjà en retard, le vrai stratège ne réagit pas à la tempête il sent le vent avant qu’il ne tourne, il comprend les signes avant qu’ils deviennent évidences, il agit quand tout le monde pense qu’il ne se passe rien, il observe les signes faibles, les gestes anodins, les silences révélateurs, pendant que les autres se rassurent, lui se prépare, ce n’est pas être pessimiste, c’est être lucide. Anticiper c’est garder le contrôle.  Attendre c’est le céder aux autres. »  

Des centres de formations pourraient être crées pour instruire les combattants sur les modes d’action des groupes armés liés à la criminalité transnationale et au terrorisme. Par contre, il faut encourager l’apprentissage aux cadres, des langues utilisées dans les théâtres d’affrontement pour mieux communiquer en interne entre les militaires de la force conjointe et les populations locales et aussi afin de s’informer sur les messages échangés, entre les groupes armés. 

Les pays de l’AES doivent créer un climat de réconciliation afin de profiter des boites noires des anciens responsables et de leur retour d’expérience, pour faire face aux défis sécuritaires internes et ceux qui menacent la stabilité de leur pays aux frontières. Les anciens cadres militaires et de sécurité, n’étaient que des exécutants des anciens régimes et ils ont toujours des expertises importantes à partager avec les nouveaux régimes.  

Par ailleurs, il ne faut en aucun cas intégrer les rebelles dans les postes militaires et de sécurité nationale. Car l’armée constitue une carrière qui se base sur la discipline et la hiérarchie. L’insertion des rebelles ne doit concerner que les postes administratifs qui ne présentent aucun risque pour la stabilité des pays. Nicholas Machiavel a aussi dit : « celui qui t’a trahi, n’a pas hésité, il a fait un choix si tu pardonnes tu lui donnes le pouvoir de recommencer, un traitre n’a ni remords ni loyauté, il attend juste le bon moment pour frapper à nouveau. »    

En matière d’éthique, éviter d’accorder la responsabilité à un seul groupe ethnique pour ne pas perdre la confiance des autres communautés du même pays. Certains Chefs d’Etats africains ont peur d’être renversés et choisissent souvent dans leur entourage, des responsables de leur famille ou de leur tribu, sinon de leur promotion ou de la même école militaire où ils ont été formés. Le partage des postes de responsabilités entre les différentes communautés ne fera que donner la confiance à tous pour réaliser l’objectif final de stabilité et de prospérité économique.   

En ce qui concerne les matériels majeurs, le choix des drones par les autorités de l’AES, est une initiative sage. Ce n’est pas un drone abattu qui pourrait influencer la réaction rapide. La montée en nombre pourrait déstabiliser une puissance militaire en attaquant tous les points sensibles avec moins de risque et d’engagement financier. Ces objets volants, pourraient augmenter la puissance des forces de l’AES, qui anticipent le regroupement et les attaques des groupes armés à vocation criminelle ou indépendantistes et terroristes.  

Le renforcement en ce type de matériel ne va que faire diminuer la recette de l’aviation (chasse et bombardement) et va permettre aux forces terrestres de se consacrer à la surveillance des frontières ou à l’intervention lors du nettoyage des zones d’hostilité. Les outils de surveillance comme les radars et les caméras thermiques sont très recommandés. En attendant à ce que les pays de l’AES réalisent leur propre satellite, pour les connecter avec les autres moyens de surveillance territoriale, ils peuvent bénéficier du soutien d’un pays allié. 

Dans ce même sillage, chercher une coopération militaire avec les pays de la région qui ont acquis un grand retour d’expérience en matière de lutte contre les groupes armés et le terrorisme. Les exercices multirégionaux et multinationaux sont aussi nécessaires pour partager les retours d’expérience entre les armées. Ceci permettra sûrement d’acquérir plusieurs connaissances.  

Somme toute, la confédération de l’AES présente des avantages grâce à la convergence relevée en matière anthropologique, économique, politique et sécuritaire.  Néanmoins, avec le changement d’alliance et les menaces frontalières, le risque est toujours présent. Car, certains pays du voisinage et des puissances étrangères n’ont pas intérêt à accepter cette union et cette vision, qui pourrait donner un bon exemple à d’autres pays du continent, voulant accéder à leur indépendance politico-économique.