PhD Zakaria HANAFI directeur du CMAAG
Dans la guerre contemporaine, la stratégie aérienne, a eu une grande part de l’évolution technologique. Partant du principe que les opérations se font vite et loin, les drones ont eu un apport considérable en matière de renseignement, de traversée des frontières et de destruction. Leurs réseaux de capteurs-tireurs se sont avérés plus que nécessaire, pour l’anticipation des décisions et la communication avec les forces terrestres, aériennes et maritimes.
Associés à l’intelligence artificielle et basés sur des technologies nouvelles de communication, les drones peuvent partager facilement toutes les informations sensibles dans un espace-temps très réduit et bénéfique pour le succès des opérations. Désormais les nouvelles versions de drones peuvent remplacer plusieurs missions attribuées aux matériels majeurs des différentes composantes des forces de défense. Car, équipés d’algorithme informatique leur donnant accès à une variété d’instructions en vue de suivre des règles prescrites et des instructions données afin de remplir leurs tâches.
Le choix de drones par certains pays est très défendable puisque utilisés en essaim sont souvent moins coûteux qu’un avion bombardier ou de chasse. Les hélicoptères de dernière génération, peuvent être accompagnés par des drones en essaim manipulés du ciel pour participer à la destruction des cibles. Ce complément facilite l’identification des cibles sans analyse ou ordre humain, de modifier la trajectoire dudrone en cas de repérage ennemi ou d’autre obstacle et de coordonner l’intervention avec le satellite militaire, les avions et d’autres systèmes de défense terrestre ou maritime.
Les drones en essaim offrent plusieurs avantages, qui leur permettent de couvrir rapidement de vastes zones et fournir des données détaillées sur les territoires surveillés, d’attaquer en simultanée, intercepter les missiles balistiques ou hypersoniques et de communiquer aisément entre eux au champ de bataille. L’intelligence artificielle et les capteurs embarqués ont ajouté plus d’autonomie aux drones tels que l’américain MQ9, l’israélien Hermes 450 ou 900 et le turc BayraktarTB2, tous en mesure de remplir une tâche sans recevoir d’ordre humain.
Les drones participent activement à la guerre par délégation, à distance en se substituant aux différentes composantes des forces de défense et en faisant usage de ladésinformation et la propagande, qui influencent souvent le moral des troupes et des populations civiles.
Les drones dites kamikazes ont aussi eu leur impact sur le champ de bataille. Les pionniers de la fabrication des drones sont les États-Unis, Israël, la Chine et la Turquie. D’autres pays occidentaux et émergeants ont constitué des laboratoires de fabrication associés à l’intelligence artificielle en vue d’avoir leur souveraineté en la matière.
Pour analyser ce dossier concernant le choix du vecteur aérien comme facteur sine qua non de puissance militaire seront analysées les conflits russo-ukrainien et israélo iranien devenus des théâtres par excellence des avions de combat, en particulierl’influence de la nouvelle donne sur le théâtre, concernant les drones et les missiles balistiques.
L’Ukraine nouveau laboratoire du vecteur aérien
En effet, concernant la stratégie aérienne, la guerre russo-ukrainienne a inauguré une nouvelle ère de l‘apogée technologique de la guerre avec des nouveaux vecteurs aériens et d’une stratégie spécifique, qui accompagnent tous deux, le conflit contemporain. Néanmoins, on assiste à une violation du droit international justifiée par la montée en nombre des dommages collatéraux et des violations des espaces aériens des Etats riverains par les différentes catégories qui composent le vecteur aérien. Dans tous les cas les drones sont devenus un outil stratégique de la guerre moderne. Son infiltration dans les champs de bataille et dans les profondeurs lui permettent de revoir les doctrines classiques des forces terrestres, maritimes et aériennes.
La dernière décennie a été marquée par l’introduction dans la stratégie aérienne des drones pour gagner les guerres. Au niveau tactique, dans chaque section des forces terrestres, on a introduit des drones pour assurer le renseignement. Avec le temps Certaines forces de défense comme en Ukraine ou en Russie on a vu la création de compagnies de drones intégrées au sein des brigades d’infanterie, afin d’améliorer l’efficacité opérationnelle et augmenter les capacités militaires. D’ailleurs les grandes unités terrestres sont devenues autonomes en maintenance, en fabrication et en solutions de logiciels permettant de programmer les drones selon le besoin de la mission.
Cette maitrise des drones est devenue un acteur clé dans le théâtre des opérations. Car, elle offre l’élément de surprise, d’infiltration en discrétion dans les dispositifs adverses et aussi le drone revient moins cher en engagement de dépense par rapport à l’usage des avions de combat. Pendant plusieurs moments difficiles, grâce aux drones l’Ukraine a pu diminuer la gravité des escalades et les capacités grandioses des forces de défense russes. Mais, depuis quelques deux années en faisant recours aux drones iraniens et chinois, ce sont les russes qui détiennent plus de dronesqu’auparavant. Désormais, dans ce conflit qui a duré depuis 2022, on assiste à unenouvelle guerre technologique ayant comme matériel majeur des engins volants.
Dans la zone de tension ukrainienne, le drone de classe I, a pu s’adapter avec d’autres missions qui dépassaient il y a quelques temps ses capacités. Les ukrainiens l’utilisent pour frapper des cibles auto chars, des groupes de personnes ou des individus. Il transporte des charges explosives qui peuvent infliger des pertes matériels et humaines aux russes. Cette catégorie est utilisée aussi pour la surveillance en contact avec l’adversaire et la guerre de l’information. Les ukrainiens et les russes ont pris en image leurs cibles détruites pour les mettre à la disposition des moyens de communication et les partager avec le monde entier dans les chaines télévisées et les réseaux sociaux.
En Ukraine, ces engins faciles à déplacer ou à camoufler, ont donné un avantagetactique considérable dans la destruction de véhicules blindés et d’autres cibles onéreuses. Ces drones jugés d’ordre tactique ne supportent pas souvent les aléas du climat, comme les vents forts et les pluies intenses et peuvent être détruits par les mitrailleuses anti-aériennes ou brouillés par les moyens radars de la guerre électronique.
Aussi, dans la guerre russo-ukrainienne le drone de classe III transportant plusieurs types de munitions air-sol, lui permettant d’attaquer des cibles importantes et d’avoir une grande autonomie en haute altitude, de surveiller en permanence l’espace adverse. Il peut être équipé de moyens de guerre électronique qui lui permettent sa furtivité et le brouillage des radars terrestres. C’est un outil devenu très efficace pour le repérage des unités blindées, de l’infanterie de l’artillerie sol-sol ou antiaérienne et d’autres cibles sensibles, à détruire. Il est souvent doté d’armes de longue portée, de furtivité et de systèmes de détection avancés.
Russie : Missile hypersonique « Kinzhal » et chasseur Su 57 de 5° génération
En Ukraine au début de la guerre, les forces de défense ont profité du déclin technologique russe pour utiliser les drones de type TB2 Bayraktar de fabricationturque. Au départ le rendement sur les champs de bataille était excellent. Mais, avec le développement de la guerre électronique russe et l’entrée en service des drones chinois et iraniens, la donne a changé en faveur des russes qui ont aussi utilisé des missiles balistiques rapides et performants. L’Ukraine a été contrainte d’utiliser dans le front et par la suite dans la profondeur russe des drones considérés tactiques de classe infiltrés clandestinement à l’intérieur du sol russe et utilisés pour attaquer les bases des bombardiers stratégiques. D’ailleurs la Russie a réagi à cette attaque en profondeur par des pluies de missiles sol-sol toute catégories confondues et par des centaines de drones.
Drone turc Bayraktar TB2 contre drone iranien Shahed-129
Parallèlement, la grande étendue du territoire russe ne permet pas le contrôle en entier des frontières. Malgré le gain de l’espace stratégique, à savoir les quatre provinces annexées, la Crimée et les territoires russes récupérés presque en entier, pour éviter l’arrivée des missiles et drones au territoire russe, l’Ukraine, grâce à une planification adéquate et un renseignement efficace, a pu introduire en clandestinité une centaine dedrones de classe I et les utiliser contre des vecteurs aériens stratégiques, dans différentes bases aériennes russes.
Ainsi, suite aux déclarations politiques des locataires de la maison blanche le non soutien de l’administration américaine à l’Ukraine pourrait être fatale. La logistique militaire fournie par certains Etats européens ne pourrait suffire à la montée en puissance des vecteurs aériens de la Russie. Cette mauvaise entente entre pays occidentaux sur le conflit ukrainien pourrait encourager la Russie à étendre sa souveraineté sur le reste des villes et des provinces russophiles. Les dernières attaques avec drones donneront la légitimité à la Russie pour fabriquer plus et augmenter le nombre des frappes.
Le conflit israélo– iranien autre facteur de l’évolution du vecteur aérien
Déjà l’Iran a développé les missiles balistiques suite à sa longue guerre de huit ans avec l’Irak. Les deux pays ont utilisé les Scuds dont la portée ne dépassait pas les 600 km puis par la suite sont arrivés à dépasser les 900km. Ces mêmes missiles ont été utilisés par l’Iraq pour des frappes longue distance contre les villes israéliennes. Mais, à part l’affolement des populations qui avaient peur d’une possible charge chimique, lesdits missiles n’avaient pas donné les résultats attendus. Profitant de ce savoir et concerné par différentes sanctions depuis 1979, la république islamique d’Iran a profité de ses expériences afin de poursuivre ses recherches dans le domaine des missiles balistiques, la fabrication de drones de différentes classes et plus tard dans le volet nucléaire et des missiles hypersoniques.
Certes, dans la guerre israélo-iranienne, les mêmes moyens aériens ont été utilisés par rapport au conflit russo-ukrainien pour ne pas dire la même tactique et stratégie. Le recours aux systèmes aériens sans pilote avec la mise en place de réseaux de capteurs-tireurs se développe rapidement dans la région y compris parmi les ennemis de l’Etat hébreu soutenus par l’Iran.
Missile hypersonique Fattah-1 iranien et avion F35 utilisé par Israël
Drone israélien Hermes 900 et drone iranien Mohajer-10
On assiste à une montée en puissance militaire de certains Etats jugés sous- développés ou émergents comme le Yémen qui a pu renforcer sa supériorité aérienne grâce aux missiles balistiques et aux drones qui ont augmenté son espace stratégique dans la mer Rouge. Alors que les drones de classe 1 ont été utilisés par le Hezbollah dans la frontière sud libanaise, et de classe 3 dans la profondeur hébreuse, les yéménites ont utilisés les drones tactiques pour attaquer des objectifs en mer rouge et les drones de classe 3 avec les missiles balistiques pour attaquer des cibles lointaines à l’intérieur du territoire d’Israël.
Sachant qu’elle n’a pas assez d’avions de combat pour faire face aux menaces américaines, israéliennes et des pays du voisinage la république islamique a beaucoup investi dans les missiles balistiques et dans les drones qu’elle a exporté dans les zones de tensions où mènent le combats ses alliés souvent constitués de groupes armés. L’Iran a bien compris depuis la première guerre du Golfe contre l’Irak et plus tard suite à la guerre d’Ukraine, le retour d’expériences des unes et des autres afin de bénéficier de l’efficacité opérationnelle des drones face à un ennemi plus fort. Les drones iraniens ont trouvé en Russie un laboratoire par excellence lui permettant d’expérimenter son matériel sur le théâtre, partager son savoir et acquérir celui des russes.
Si jamais, l’état hébreu attaque toutes les raffineries pétrolières, il se pourrait que l’Iran attaque même des objectifs identiques dans les pays du Golf alliés aux USA ou ayant de relations avec Israël. L’Iran pourrai fermer le détroit d’Ormuz. Ce qui aurait un impact grave sur l’exportation des énergies faucilles, leurs prix sur le marché international et sur le commerce international. Les bases américaines pourraient être ciblés. D’ailleurs les USA ont rapatrié des civils américains et des personnels pour éviter les dommages collatéraux des deux côtés. Ce qui veut dire que les USA savaient que Israël allait attaquer l’Iran.
La maitrise de l’espace iranien par le vecteur aérien israélien particulièrement le couple chasse- bombardier et drones n’a pas cessé de se perfectionner, depuistoujours. La liberté d’action aérienne d’Israël est totalement acquise. Les iraniens n’ont pas les moyens d’intercepter les avions adverses. Cette faiblesse iranienne a permis au Tsahal de détruire les moyens de communication, attaquer les postes decommandement et les concentrations de forces. Par ce fait, les israéliens ont su frapper rapidement, fortement avec une grande puissance de feux et ont pu garantir leur projection avec souplesse, très loin de leurs frontières.
Désormais, l’Iran a l’instar de la Russie ont des limites en matière de défense aérienne. Souvent, l’Iran utilise des mitrailleuses antiaériennes beaucoup plus que les missiles de différentes portées. L’Iran possède une industrie puissante et une grande réserve en matière de missiles balistiques pourrait avoir une grande influence sur le cours de la guerre. Parallèlement La défense antiaérienne bien que forte ne pourrait faire face au nombre accru des missiles et des drones iraniens même s’ils sont moins perfectionnés par rapport à ceux des autres puissances fortes en la matière. Mais les missiles hypersoniques ont pu traverser sans difficultés les système anti aériens vue leur vitesse dépassant 5 fois le son. Pourtant Israël possède l’un des meilleurs boucliers anti-aériens dans le monde et a utilisé tous ses moyens aériens y compris les drones pour anticiper les tirs de missiles balistiques et hypersoniques.
Dans le même sillage, la grande surprise stratégique est celle liée à l’utilisation de drones de classe I, par les forces spéciales israéliennes ou des individus locaux, à l’intérieur du territoire iranien pour accompagner les frappes de l’aviation et des drones de classe III. Nul ne s’attendait à cette opération clandestine préparée minutieusement et dans la plus grande discrétion par le Tsahal. Les israéliens ont bénéficié du scénario récent et des enseignements des forces de défense ukrainienne qui sont les premières à avoir introduit ce type d’opération à très haut risque.
Dans la foulée, l’Iran qui n’a pas de frontières communes avec son adversaire, a déjà utilisé des centaines de drones et de missiles fabriqués localement pour attaquer les profondeurs israéliennes, revient à la charge avec un grand nombre de vecteurs aériens mais plus développés comme la classe hypersonique dont une partie a pucontourner les défenses et atteindre des objectifs critiques. Il parait que l’Etat perse s’est débarrassé de son ancien stock lors de sa première attaque de 2025, ce qui l’a ridiculisé en termes de technologie et c’est la raison pour laquelle il n’y a pas eu assez de dégâts lors des premiers harcèlements.
Stratégie hybride inclue au vecteur aérien
Dans les cas analysés des conflits israélo-iranien et russo-ukrainien, on constate qu’il y a des indices d’un affrontement hybride marquée par l’affaiblissement de la puissance de la mise en doute de la légitimité de l’adversaire associée à des subversions, des actions non militaires et des opérations militaires ouvertes et clandestines.
Les instruments de la guerre hybride apparaissent suite à l’usage des armées conventionnelles, des forces spéciales et des services spéciaux qui coordonnent tous leur action en vue d’atteindre les objectifs stratégiques. Dans le cas du conflit russe et israélien les antagonistes font aussi recours à la cyberdéfense, à la guerre électronique, à la diaspora et aux crimes organisés pour détruire les capacités stratégiques des adversaires. D’ailleurs comme l’Ukraine, Israël a pu infiltrer des drones de classe I à l’intérieur du territoire iranien pour détruire des cibles névralgiques alors que les forces de défense iraniennes victimes de guerre électronique et occupées les frappes aériennes adverses ne se sont pas rendu compte à temps de cette intrusion clandestine.
L’Etat hébreu et l’Ukraine ont souvent fait appel à un phasage cohérent et bien coordonné, basé sur l’influence excessive de l’opinion publique locale, régional et internationale pour les rallier à leur cause et déstabiliser socialement leur ennemi. Les officiels d’Israël veulent à tout prix que leur intervention militaire limitée et leurs actions ciblées par le vecteur aérien puisse imploser le système politique qui existe depuis 1979. La stratégie hybride russe face à l’Ukraine et celle d’Israël contre l’Iran pourrait être à l’origine de l’affaiblissement des gouvernements adverses, pour mieux les encadrer en cas de négociation ou de médiation afin d’arriver à l’objectif final souhaité.
Dans les deux conflits étudiés chaque acteur étatique essaie de réaliser des objectifs stratégiques dans le cadre d’un affrontement long comme celui de la Russie qui a débuté depuis 2022, et d’une guerre limitée comme celle d’Israël face à l’Iran qui a toujours voulu garder sa souveraineté et sa volonté stratégique au détriment des sanctions internationales infligées depuis 1979. L’Iran n’a cessé d’organiser des manœuvres militaires en interne ou avec la Chine et la Russie, de tester ses drones et missiles pour démontrer ses forces.
Elle a souvent interdit le passage des navires et des avions dans des zones qu’elle considère exclusives ou appartenant à sa souveraineté. Elle a toujours fait la guerre par délégation en soutenant logistiquement des acteurs militaires non étatique en Syrie, au Yémen, en Irak, au Liban et en Algérie contre le Maroc. Tous les drones et les missiles balistiques utilisés par les groupes armés sont de fabrication iranienne.Car l’utilisation de drone non encadré par un acteur étatique pourrait augmenter les tensions géopolitiques et provoquer des conflits intestines et classiques.
Enfin, à l’instar d’Israël, l’Iran a aussi voulu par le vecteur aérien, cibler les hautes autorités politiques et militaires et les infrastructures jugées stratégiques. Mais le Tsahal a été le premier à le faire en attaquant un grand nombre de chercheurs nucléaires et hauts gradés de l’armée iranienne.
Conséquences et recommandations de la stratégie aérienne
En général, toutes les armées du monde vont être contrainte de posséder la technologie des drones. Car elle est moins incomburante sur leur budget. Par contre avec la maitrise de cette nouvelle arme, les effectifs des forces de défense pourraient diminuer en faveur de la technologie contemporaine. Les missions de surveillance des frontières, le renseignement et les guerres pourraient ne dépendre que de l’intelligence artificielle associée aux drones et à d’autres vecteurs aériens et spatiales.
Le non-respect d’une législation consacrée aux drones pourrait menacer la paix et la sécurité internationales. Car les drones peuvent transporter en plus des explosifs, des agents chimiques ou biologiques. D’où il est nécessaire pour la communauté internationale de classer les drones stratégiques parmi les armes interdites aux acteurs non étatiques, à l’instar des armes de destruction massive.
Les drones de combat ont transformé rapidement la stratégie militaire en général et aérienne en particulier. Ils peuvent remplacer les avions pilotés par des humains afin de remplir des missions à haut risque, mais associés à l’intelligence artificielle, à l’autonomie accrue et aux essaims coordonnés, peuvent avoir une grande influence sur les conflits en modifiant les rapports de force. Mais, avant qu’un pays adhère au club des drones, il faut prendre en considération que ces engins volants ont aussi des limites technologies. Lorsqu’ils font face à des systèmes anti-drones (Counter-Unmanned Aircraft Systems), qui peuvent les détecter, les identifier et même lesbrouiller en agissant sur les signaux de communication et de navigation afin de les rendre inactifs. Il existe plusieurs systèmes de brouillage des drones au niveau tactique et stratégique, qui sont basés sur des systèmes laser précis, des brouilleurs directionnels et des intercepteurs de drones.
Par ailleurs, en choisissant d’utiliser les drones, il faut ne pas négliger l’intelligence artificielle qui pourrait efficacement gérer le trafic aérien des drones et en même temps les systèmes Detect and Avoid (DAA). Car il faut intégrer un algorithme en mesure d’analyser le grand nombre de données pour mieux sécuriser le déplacement des drones dans des espaces aériens souvent surexploités par les avions.
De même, dans ce conflit qui oppose les deux adversaires du Moyen-Orient, onremarque une victimisation accrue défendue par les autorités iraniennes face à une grande discrétion de la part- des forces de défenses israéliennes qui limitent les dégâts pour ne pas approuver les informations déclarées par les iraniens et éviter de démoraliser les populations. Le plus grand problème pour le gouvernement israélien serait de trouver une issue honorable à la sortie de cette guerre. Car l’Iran pourrait déstabiliser la région en entier. La république islamique subit depuis longtemps des sanctions, mais a continué à exporter son pétrole dans la clandestinité et à constituer d’énormes réserves en or. Il parait que son programme nucléaire est presque achevé et ce malgré les derniers bombardements de juin 2025.
Si jamais, l’état hébreu attaque les raffineries pétrolières, il se pourrait que l’Iran fasse de même en attaquant les sites des pays du Golf alliés aux USA ou ayant de relations avec Israël. L’Iran pourrai fermer le détroit d’Ormuz. Ce qui aurait un impact grave sur l’exportation des énergies faucilles, leurs prix sur le marché et sur le commerce international. L’Iran a plusieurs fois menacé de fermer le détroit.
Les bases américaines pourraient être ciblés si jamais les EUA se mêlent au conflit. Les pays occidentaux et d’autres Etats ont des intérêts économiques avec l’Iran et ça sera difficile de prendre position contre l’Iran. D’ailleurs les USA ont rapatrié une partie des civils américains et des personnels pour éviter tout risque dû à la confrontation entre les deux adversaires ou dans la région. Les dommages collatéraux des deux côtés pourraient augmenter en nombre.
On constate que jusqu’à présent une maitrise de l’espace iranien par le vecteur aérien israélien particulièrement le volet bombardier -chasse et drones. Car, Israël a toujours développé sa propre culture de l’Air Power, contrairement à l’Iran qui, suite aux sanctions, n’a pas pu accéder sur le marché aux avions de dernière génération. L’Iran a l’instar de la Russie ont des limites en matière de défense aérienne. Souvent, l’Iran utilise des mitrailleuses antiaériennes beaucoup plus que les missiles de différentes portées, destinées à la défense antiaérienne et qui sont soit russes soit chinoises.
L’Iran possédant une industrie puissante et une grande réserve en matière de missile balistique pourrait avoir une grande influence sur le cours de la guerre. Parallèlement La Défense aérienne israélienne, bien que forte, ne pourrait faire face au grandnombre a de missiles et de drones iraniens même s’ils sont moins perfectionnéstechnologiquement par rapport à ceux des autres grandes puissances. La Corée du Nord a déjà soutenu l’Iran par la vente des armes de destruction massive de technologie nucléaire et il se pourrait que la Corée lui ait prêté main forte en d’autres technologies.
Au niveau interne les populations israéliennes ne pourraient supporter une nouvelle guerre. Car déjà celle avec le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais ont laissé des séquelles en interne. Israël doit compter sur les moyens américains pour faire face à ce nouveau front. Sinon l’Iran ne pourrait compter ni sur les russes ni sur les chinois pour la soutenir ouvertement. Les centaines de missiles balistiques peuvent être à l’origine de l’arrêt des activités socioéconomiques. Sachant aussi que par rapport à l’Iran, le territoire israélien est très petit et présente plus de risques vue la densité des populations dans les agglomérations. L’utilisation de sous-marins dans le lancement des missiles marquent un gain en matière d’espace stratégique, alors que lors des dernières attaques les missiles étaient tirés des espaces terrestres.
Dans le voisinage, certains Etats du Golf pourraient ne pas supporter les manifestations sociétales des populations d’origine chiites. Déjà Israël a une grande opposition au sein des populations arabes du voisinage qui sont contre la guerre de Gaza, du Liban Sud et du Yémen. Tous les pays musulmans menacés par leur population ont des capacités très importantes en matériels majeurs de défense y compris le vecteur aérien avec des drones de classe I et III.
Dans tous les cas, la stratégie aérienne a été toujours un moyen d’excellence pour arriver aux objectifs recherchés par les quatre acteurs en conflit soit en Europe soit au Moyen-Orient. Ce n’est pas dans l’intérêt d’Israël de revivre une longue période de guerre à cause des conséquences multiformes qui, peuvent se répercuter sur intérêts stratégiques. Les frappes aériennes du Tsahal ont pour objectif principal de pousserprogressivement l’Iran à une transformation partielle du refus concernant l’arrêt des recherche nucléaires conduisant à la fabrication d’une bombe. Par contre, c’est primordial pour l’Iran de protéger les rampes de lancement de ses missiles. Car face à un ennemi qui a la maitrise des cieux et dépourvu des avions de combat et de défense antiaérienne e sa carte ne sera plus joué longtemps.
Toutes les guerres d’Israël ont été face aux arabes loin de ses cités à l’exception des frappes de Scuds irakien, des frappes de drones et de missiles yéménites. Par contre ce nouveau conflit encouragé par la volonté politique depuis 2009, pour question d’existence de l’Etat hébreu, pourrait démoraliser les populations quelques soient les moyens engagés. Car il s’agit de pluies de missiles et de drones qui menacent la vie de toute la population civile. Aussi, ironie du sort, la plus grande communauté juive au Moyen-Orient, après l’Etat hébreu habite l’Iran. La frappe des sites nucléaires, gaziers, pétroliers , d’électricité et des infrastructures stratégiques de l’Iran pourrai pousser l’Iran à augmenter le nombre de tirs de missiles balistiques et hypersoniqueset vider ses réserves stratégiques.
L’Iran a toujours signalé que ses sites sont bien protégés contre les bombardements. Cependant si les forces aériennes israéliennes ont eu accès aux bombes “bunker busters”, elles auraient dû détruire en entier l’industrie nucléaire iranienne. Mais là aussi il faut se méfier. Car, l’Iran a plusieurs sites fortifiés à plusieurs centaines de mètres sous le sol et parmi ces infrastructures névralgiques, il se pourrait qu’il existe des leurs construits pour tromper l’adversaire. Il est difficile de se prononcer sur la destruction totale des sites nucléaires. Les iraniens ont tiré leur enseignement de l’allié Nord- coréen qui a construit des usines d’armement sous terre et en profondeur.
En harcelant Israël, les gardiens de la révolution iranienne, tout en cherchant à atteindre des objectifs hautement stratégiques, ont choisi comme diversion, d’envoyer dans chaque salve des missiles balistiques et des drones, mais aussi un missile hypersonique contenant des centaines de kilos d’explosif et qui n’est pas souvent détecté ou distingué par la composante antiaérienne israélienne.
Conclusion
Suite à ce qui a précédé, la participation des drones dans la lutte contre les acteurs militaires non étatiques au Moyen-Orient et en Afrique, les guerres entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, la Russie et l’Ukraine, l’Inde et le Pakistan et enfin, Israël et l’Iran, il a été démontré largement que le drone a révolutionné toutes les doctrines et stratégiesmilitaires, qui sont appelées à se moduler avec les outils technologiques de la guerre moderne. Plusieurs Etats-majors et écoles, viennent de se rendre compte de la nécessité d’introduire d’urgence les différentes classes de drone dans le matériel majeur des différentes composantes des forces.
Le conflit contemporain que ça soit russo-ukrainien et israélo iranien ou autres, arenforcé les capacités d’infiltration, de surveillance, de renseignement et de destruction avec des drones de différents types et de classes. Toutes les armées du monde qui ont investi dans l’achat ou la fabrication des drones qui n’engagent qu’une faible dépense, pourraient gagner les paris des conflits modernes et augmenter leurs capacités militaires, afin de mieux défendre leurs objectifs stratégiques.
Zakaria HANAFI
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HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.