Dans la continuité de l’analyse de la puissance militaire chinoise, il a été jugé de se pencher brièvement sur le volet maritime en faisant appel à quelques outils anciens et déterminants d’Alfred MAHAN, en matière de stratégie et de puissance des forces navales. L’objet de cette étude n’est pas d’étaler tous les principes de la doctrine défendue par les américains, mais juste à titre de comparaison et de survol technique, se référer à quelques indicateurs d’ordre général qui demeurent contraignants, en matière de puissance de la marine de guerre.
En effet, en se basant sur les idées défendues par le père de la géopolitique navale contemporaine, l’amiral Alfred MAHAN, la position stratégique occupée par l’Empire du milieu est limitée par rapport à son passé historique caractérisé par la domination des territoires voisins et de la majorité du littoral de la mer de Chine. Les Etats de l’Asie du Sud-Est continentale ne veulent plus être soumis, comme dans le passé, de nouveau par la Chine.
Désormais, la limite stratégique navale actuelle, n’est pas du seulement au manquement de différentes catégories de flottes ou d’infrastructures, mais essentiellement à la doctrine et au retour d’expérience.
Malgré que le pays est proche des voies maritimes importantes et possède des bases logistiques suffisantes à l’intérieur, son besoin d’intégrer à sa souveraineté le Taiwan puis les autres iles, est plus que nécessaire.
Avec la montée de la puissance économique chinoise, devenue l’usine de la planète, l’espace maritime lui appartenant soit un littoral de 180 000 Km et 03 millions de kilomètres carrés d’eaux territoriales, deviendrai insuffisant pour la projection des forces et le déplacement des navires de commerce, devenant de plus en plus nombreux.
La Chine d’aujourd’hui, met en valeur sa puissance navale de défense autour de ses ports continentaux et autour des iles et des ilots, mais n’a pas encore acquis les capacités maritimes militaires afin de manœuvrer avec la totalité de ses navires dans un délai rapide à cause de l’étroitesse des passages et de certains Etats voisins qui, pour le moment, ont choisi des alliés transatlantiques.
La logistique pourrait résister à l’attaquant pour longtemps se défendre, mais n’a pas jusqu’à présent assez de moyens pour accompagner une offensive lointaine. Par contre les EUA, sans compter l’abondance des ressources locales pour défendre fermement leurs territoires, sont expérimentés depuis le lendemain de la première guerre à nos jours dans l’organisation de l’offensive. Ils ont organisé seuls ou en coalition plusieurs campagnes après le second conflit mondial à nos jours et peuvent se procurer les vivres, les énergies et même enrôler des recrues dans les quatre coins du monde.
Face à la Chine, il y a lieu de répéter en permanence que les EUA ont besoin du soutien non seulement de l’AUKUS, mais aussi de tous les Etats asiatiques, qui sont en conflit frontalier direct avec la Chine ou ceux menacés par son expansionnisme. D’ailleurs, les Etats dont les intérêts vitaux diffèrent de ceux de l’Empire du Milieu, sont nombreux et méritent d’être entretenus en permanence, par tout l’Occident, pour qu’ils ne changent pas de position et afin aussi de retarder la montée en puissance chinoise.
Sinon, Les EUA sont appelés à penser à une solution négociée avant tout conflit en mer de Chine Méridionale, qui constitue un enjeu stratégique majeur dans la région. Il est plus que probable que la Chine ne laissera pas Taiwan indépendante et c’est sa récupération par la paix ou par les feux, est devenue la première cause nationale.
Dans le même sillage, en se référant à l’usage de la puissance navale MAHAN se base sur les termes déterminants de structures et de stratégie. Concernant le premier terme structure, pour mettre en œuvre la capacité navale, il incombe de disposer d’une organisation nécessitant des textes réglementaires et des conduites opérationnelles nécessaires à l’entraînement des militaires.
Chose qui est déjà acquise par les marins américains depuis plusieurs décennies. Car, ils sont habitués à vivre ensemble, en grand nombre, avec différents sexes et communautés, exerçant sous un même drapeau afin de défendre avec abnégation ce qui a été décidé par le politique.
Malgré l’esprit de discipline existant chez les asiatiques due à la philosophie du confucianisme et au bouddhisme ancrée dans leur vie, on pourrait constater un manque de retour d’expérience militaire en mer, un respect récent des ordres et du règlement dont ils n’ont pas été habitué et surtout la résilience en cas de conflit prolongé. La majorité des conflits militaires chinois récents ont eu lieu dans des espaces terrestres dans le même continent et région.
L’avancée américaine en matière de matériel majeur de la marine et en infrastructure portuaire est toujours flagrante par rapport à la Chine. Et de même pour ce qu’appelle MAHAN les points d’appui et de ravitaillement outre-mer.
Alors que la Chine est en train de construire ses premiers sous-marins et ses portes avions, tel que cité dans le paragraphe dédié à la puissance militaire, l’armée navale américaine manœuvrait et faisait recours à ses porte-avions, au lendemain de la première guerre mondiale. Les EUA ont des bases logistiques dans tous les continents alors que la Chine est en train de discuter des contrats avec quelques Etats pour projeter ses forces navales.
Pour ce qui est du second terme lié à la stratégie, l’auteur américain fixe trois devoirs que doit remplir une puissance navale que ça soit en temps de paix ou en temps de guerre.
Tout d’abord d’assurer la protection du commerce par l’organisation des convois qui est une tradition ancrée ou plus tôt un devoir de longue date de la force navale américaine et l’histoire est riche en la matière. Par contre à part quelques missions en mer rouge, au Corne de l’Afrique, les forces navales chinoises n’ont pas de retour d’expérience dans ce volet, n’ont pas encore acquis en entier la sécurité des colonies et des routes océaniques et ne maitrisent pas en entier la mer par la destruction des forces adverses, telle qu’elle est défendue par l’auteur américain.
Si on réfère aussi à certains indicateurs de la conception d’une puissance maritime chez MAHAN, on déduit que pour l’auteur la puissance maritime d’un Etat se base sur cinq éléments additifs et obligatoires, qui sont :
-Le Commerce extérieur qui doit être prospère pour réaliser des richesses. Cet élément ne manque pas à la Chine qui a inauguré une nouvelle ère pleine de réussite en matière de commerce international en un délai record. La Chine a pu reconstruire de nouveau et sans difficultés, son ancienne route de la soie ;
-Pour ce qui est de la Marine marchande en mesure d’accompagner le commerce, la Chine possède des grands navires, construits localement dans ses propres chantiers navales, qui transportent tout type de marchandises pour satisfaire les besoins de la communauté marchande internationale ;
-Par contre, en ce qui concerne la puissance de Marine de guerre pour protéger ses navires de commerce, la montée de puissance de cette composante est en cours et n’est pas encore capable de rivaliser la projection de force maritime au niveau mondiale, et ne possède pas assez de Bases maritimes à des fins logistiques ou afin de contrôler et sécuriser toutes les voies de communication ;
-Aussi, si la Chine a un sol riche en matières rares, vient de découvrir des sources appréciables d’énergie dans ses territoires et travaille sur la recherche des énergies renouvelables, son industrie dépend en grande partie des importations des minerais nécessaires au marché local et à l’exportation.
En fait, la Chine a un passé glorieux en matière d’histoire stratégique particulièrement continentale. Les auteurs en la matière, bien que découverts tardivement par l’Occident, ils demeurent une doctrine et une référence sans précédent en la matière. Sa stratégie en matière continentale a donné ses preuves lors de la réunification du pays par Mao TSE TUNG et pendant les guerres engagées par l’occident en Indochine. Afin de ne pas croire qu’il s’agit de contradiction dans cette étude dédiée à la Chine, il y a lieu de rappeler que si la montée en puissance de la marine militaire chinoise dépasse les normes habituelles, enregistrés par les Etats du monde, elle demeure précipitée et manque de retour d’expérience .En la pesant avec des indicateurs anciens et toujours valables, on constate un retard accumulé, dans la combinaison de certains acquis et moyens dans le large domaine exigé pour qu’un Etat devient une puissance navale.
Une stratégie limitée des forces navales de l’Empire du Milieu.
Zakaria HANAFI
Related posts
2 Comments
Laisser un commentaire Annuler la réponse
Catégories
- Economie (38)
- Editorial (22)
- Géopolitique (43)
- Histoire (23)
- interview (14)
- Non classé (4)
- Relations internationales (36)
- Strategie (39)
Rencontrer l'éditeur
HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.
Félicitations mon chère oncle tu mérite le mieux je te souhaite une vie pleine de succès
Merci SSi Tarik. A tantôt.