En effet en se référant à l’Histoire des Relations Internationales de l’Empire Chérifien, on découvre qu’il a toujours été une puissance, depuis son existence millénaire. Il avait un rôle pionnier de premier ordre surtout avec les Etats au niveau régional, continental et international. Le Royaume du Maroc pouvait à l’époque se prévaloir en tant que leadership régional, jouissant d’un positionnement géographique de pays désenclavé et côtier.

Ses contacts avec l’Afrique subsaharienne, l’Afrique du Nord et l’Europe Occidentale ne sont pas venus du néant. Les quelques ennemis du Royaume ont souvent tendance à oublier ou à vouloir ignorer sa place, depuis la route des caravanes à nos jours. Notre intervention tente une approche sur la réunion de la coalition et ensuite les indicateurs de la puissance diplomatique du Royaume du Maroc.

Analyse du succès écarlate la Conférence anti- Daech

Organisée à Marrakech du 11 mai au 12 mai 2022, avec la participation de 79 pays sur 84 Etats et organisations, invités par le ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains Résidant à l’Etranger, et par le Secrétaire d’État américain, cette première réunion de la Coalition mondiale anti- Daech tenue en Afrique, concerne particulièrement le continent africain et accessoirement, le Moyen-Orient et d’autres régions du globe. Depuis 2018 et pour la troisième fois consécutive le choix du Maroc en tant que co-président de ce nouveau groupe confirme son rôle de premier plan, au niveau régional et international dans la lutte contre le terrorisme et le soutien à la paix, la sécurité et la stabilité en Afrique.

         Les participants ont été tous d’accord sur le danger engendré par la prolifération des mouvements séparatistes en Afrique et qui abondent notamment dans la bande du Sahel en déstabilisant des pays voire des régions et sous-régions. Ils ont aussi affiché leur détermination commune à poursuivre la lutte contre Daech. L ’«Africa Focus Group » aura comme priorité de travailler, en étroite collaboration avec les différentes entités de lutte contre le terrorisme existant en Afrique. Ce renforcement de la coopération concerne la lutte contre : le financement de Daech, les communications propagandistes, les combattants étrangers et la stabilisation des Etats menacés ou touchés par le fléau. Ces initiatives font partie des fameuses résolutions, du conseil de sécurité des Nations Unies, dédiées à la lutte contre le terrorisme : 1267 (1999) , 1373 (2001)[1] , 2178[2](2014)  et d’autres.

      Les conférenciers ont relevé l’existence d’un rapport entre les mouvements séparatistes et les mouvements terroristes. C’est une réalité qui n’a pas plu aux Etats qui financent le terrorisme ou le séparatisme. Pourtant, tous les crimes transnationaux utilisent presque les mêmes modes d’action avec le séparatisme et le terrorisme[3]. Cette déclaration qui vise à contrecarrer les mouvements séparatistes et éradiquer les groupes terroristes est un succès pour le Royaume qui est menacé dans ses frontières, depuis quarante-sept ans par un mouvement militaire financé par ses voisins de l’Est et qui pourrait faire l’objet dans le futur proche de la liste des groupes terroristes. Si la communauté internationale classe ledit mouvement parmi les groupes terroristes[4], automatiquement tous les pays qui le soutiennent seront à leur tour considérés par la législation internationale, des Etats terroristes.

         Pour comprendre le pourquoi de la réussite du dernier sommet de la coalition anti- Daech, Il est fort important de se référer à certains indicateurs clefs de la diplomatie marocaine. Car ce brillant succès n’est pas un fruit de hasard.

REPERS DIPLOMATIQUES 

De prime à bord, en matière d’histoire diplomatique, je citerai, à titre de rappel, le Roi Abou Al-Hassan Al Marini de la dynastie des Mérinides, qui a échangé des représentations diplomatiques avec l’Empire du Mali pour garantir la circulation des personnes et des biens. De même, le puissant Roi Moulay Ismail a dépêché l’ambassadeur Abdellah Ben Aicha[5] vers le Royaume Uni pour récupérer Tanger dont le statut était international. Moulay Abderrahmane, à son tour, avait nommé à Londres, un ambassadeur brillant de la communauté juive marocaine appelé Mayer MAKNINE. Là il faut rappeler que les exemples qui jalonnent ces épopées diplomatiques ne manquent pas.

             En matière de protocole et d’organisation des conférences et des sommets, le Royaume est hautement qualifié et reconnu en matière d’action diplomatique. Avant son indépendance le Maroc a abrité la conférence de Casablanca, ou conférence d’Anfa, qui fut une réunion interalliée , du 14 au 24 janvier 1943 à l’hôtel Anfa de Casablanca.  

 

Sans compter les sommets continentaux ou régionaux, le pays a accueilli , parmi d’autres, de célèbres sommets comme celui du GATT qui a donné naissance à l’OMC en 1994, de la COP 22 en 2016 et un autre sommet en 2018, sur l’immigration, qui a instauré les bases solides du Pacte mondial de Marrakech. 

En outre, la diplomatie économique marocaine est devenue exemplaire. Car elle attire de plus en plus les investisseurs étrangers, en leur préparant les conditions favorables, en créant des partenariats divers et en augmentant les échanges commerciaux. Le renforcement du positionnement stratégique du pays se confirme par son apogée en industrie de l’aéronautique, l’automobile, le secteur bancaire et le tourisme. Pendant la période du COVID19, la diplomatie sanitaire marocaine a été marquée par le soutien aux pays en crise par des hôpitaux de campagne, des matériels de santé, des produits pharmaceutiques (médicaments, vaccins).

En matière de diplomatie religieuse, le Royaume qui prône un Islam modéré et ouvert a toujours constitué le trait d’union de la prolifération d’un courant islamique pacifique entre le nord et le sud. D’ailleurs, les Papes du Vatican ont visité le Royaume en 1986 et 2019.Le courant malékite qui se réfère à l’imam MALEK est le plus accepté et répandu en Europe, au nord de l’Afrique et en Afrique subsaharienne. Ainsi, dans le cadre de la coopération extérieure, le Royaume veille à la formation des imams des pays amis. Il aide aussi financièrement et spirituellement les courants tolérants à construire des lieux de culte. A signaler aussi, que ce n’est pas par hasard forfaitaire que SA MAJESTE LE ROI monarque chérifien descendant du prophète que Dieu l’Assiste est considéré à la fois : Commandeur et Emir des croyants, puis président du Comité Al-Quds. Cette responsabilité spirituelle lui a accordée la rénovation de plusieurs synagogues au même titre que les mosquées et les églises avec leur différents courants. 

Cela sans omettre la place de l’Emir des croyants qui joue depuis longtemps un rôle diplomatique de taille au Moyen-Orient, pour la continuité des pourparlers arabo-israéliens.  

Aussi, concernant la diplomatie sécuritaire et militaire, il y a lieu de rappeler que le Royaume est connu pour son soutien aux pays amis, dans le cadre bilatéral et multilatéral, par la formation, la fourniture de conseils, l’échange d’informations et de renseignements qui anticipent et éradiquent les différentes formes de violences : crimes transnationaux, terrorisme et autres. Depuis son indépendance le Maroc a participé à la formation des cadres ou des unités militaires des pays amis particulièrement africains, a soutenu logistiquement ceux qui sont dans le besoin à titre d’aide humanitaire, et a participé à plus de seize contingents onusiens de maintien de la paix. Parallèlement, la diplomatie parlementaire, judiciaire, administrative et sportive sont parmi les plus anciennes et les plus développées en Afrique.

Dans le même sillage,concernant les dispositifs diplomatiques choisis, le Royaume ne cherche qu’une alliance de défense basée sur la stabilité, la sécurité collective et le bon voisinage régional et international. Le Maroc veille sur la stratégie du contre-encerclement face à ceux qui veulent nuire à ses intérêts. D’ailleurs, le Royaume a adhéré depuis son indépendance à la majorité des organisations gouvernementales internationales et régionales. 

Après avoir étalé les indicateurs de puissance diplomatique, ancrés dans l’histoire des relations internationales, on peut déduire que le Royaume a toujours choisi une politique qui ne reconnait pas la violence comme moyen de résolution des conflits[6].  

En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, le Maroc a été un membre actif, via sa mission permanente, au sein du comité du contre-terrorisme de l’ONU. Il a aussi adhéré à ladite coalition anti-DAECH depuis sa constitution en septembre 2014.Par la suite, l’ONU a choisi d’ouvrir, le 24 juin 2021 à Rabat, le siège du Bureau du programme des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et la formation en Afrique (UNOCT)[7].

In fine, l’accueil par le Maroc de cet événement international reflète la confiance dont jouit l’approche singulière mise en œuvre par le Royaume sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, en matière de lutte contre le terrorisme. Toutefois, il y a lieu de souligner avec ferveur un double discours controversé chez nos voisins de l’Est. Alors que l’Algérie signale que le mouvement indépendantiste de Kabylie, qui n’a dans son actif aucune fraction militaire, comme terroriste et défend le principe anti-séparatiste au sein de ses territoires, elle approuve le séparatisme ouvertement chez ses voisins marocains et le soutient par des moyens et des modes de guerre asymétrique, qui n’ont aucune divergence avec ceux utilisés par les Etats terroristes.  

Dans son intervention lors du mot d’ouverture, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Mr Nasser BOURITA, a mis en garde, à Marrakech, les liens pernicieux entre terrorisme et séparatisme, y voyant « les deux faces d’une même médaille ».

« Le séparatisme et le terrorisme sont très souvent les deux faces d’une même médaille », a-t-il souligné à l’ouverture des travaux de la réunion ministérielle de la Coalition mondiale contre Daech. C’est une réalité à laquelle on pourrait ajouter tous les crimes transnationaux qui déstabilisent les frontières africaines, qui sont généralement poreuses.


[1] Il s’agit de résolutions qui ont donné lieu à la création de comités et de régimes de sanctions, contre les Taliban 1267/1999 et Al-Qaida 1373/2001. Ces deux résolutions sont à l’origine de la législation internationale contre le terrorisme et ont été transposés su les lois nationales par les Etats et ne sont pas des recommandations, mais des obligations que les acteurs des relations internationales doivent respecter pour ne pas faire partie de la liste noire du régime des sanctions de l’ONU.

[2] La fameuse résolution 2178(2014) sur les combattants terroristes étrangers qui ont participé au début en Irak, puis en Syrie avant d’atteindre plus tard le nord-africain, particulièrement la Libye et l’Afrique subsaharienne. Cette résolution vise à enforcer la capacité des États Membres de prévenir et de détecter les infractions terroristes et les déplacements connexes et d’enquêter à leur sujet à l’aide des renseignements préalables concernant les voyageurs (RPCV) et des données des dossiers passagers (PNR).

[3] Lire article de l’auteur : la comparaison, des différentes infractions et le terrorisme, sur le lien : https : www.geopolitique.ma

[4] Jusqu’à présent, il y a lieu de signaler que selon la liste des sanctions du Conseil de sécurité des Nations Unies, 27 mouvements ont été répertoriés comme groupes terroristes en Afrique. Le POLISARIO pourrait en faire partie (Question de temps seulement).

[5] Amiral et ambassadeur marocain aux Royaumes Unis et de France nommé par le Sultan alaouite Moulay Ismail en 1698.

[6] Le Royaume a souvent exprimé son soutien au Conseil de sécurité seule organe, en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, qui a le pouvoir de prendre des mesures, afin de maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales.

[7] Le Bureau inauguré à Rabat est destiné au soutien des pays africains et leurs institutions de de formations nationales, en vue de développer leurs capacités d’identification, d’anticipation et de lutter contre le terrorisme.