Cette thématique est à l’origine de tensions entre les Occidentaux et la Russie qui les accuse de ne pas avoir respecté leur engagement de ne pas élargir l’alliance — le cadre juridique de l’OTAN — à des pays de l’Est. La domination mondiale des États-Unis durant les années 1990 leur permet d’atteindre leurs objectifs relatifs à l’Alliance atlantique, au prix de quelques concessions, et malgré les réticences de certains de leurs alliés.

Chapitre introductif

L’OTAN (ORGANISATION DU TRAITE  ATLANTIQUE NORD) est une alliance politico-militaire défensive créée initialement par les douze pays membres au lendemain du second conflit mondial  en 1949 pour des besoins de sécurité collective réunissant les pays de l’Europe occidentale et deux partenaires du continent américain  les Etats-Unis et le Canada

D’une portée géopolitique très forte, l’élargissement de l’OTAN offre l’occasion de réformes importantes à ses nouveaux membres et présente une chance pour l’humanité à travers la diversification de ses missions.

Mais, on dit souvent que l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord a été créée pour faire face à la menace que faisait peser l’Union soviétique. En fait, la création de l’Alliance s’inscrit dans un projet plus vaste s’articulant autour de trois objectifs :

  • endiguer l’expansionnisme soviétique,
  • empêcher le retour du militarisme nationaliste en Europe grâce à une présence forte de l’Amérique du Nord sur le continent
  • encourager l’intégration politique européenne.

Il faudrait avouer que la psychose occidentale de revivre les horreurs du second conflit mondial les a poussés non seulement à repenser le système international d’une (SDN) Société Des Nations impuissante à régler les conflits mais à la substituer dès 1945 à une Organisation des Nations Unis dont la tâche principale était de maintenir la paix et la sécurité internationale

En effet, l’ampleur des ravages provoqués par la Seconde Guerre mondiale en Europe est difficile à imaginer aujourd’hui. Environ 36,5 millions d’Européens, dont 19 millions de civils, ont trouvé la mort dans le conflit. Les camps de réfugiés et le rationnement sont le lot quotidien d’une multitude de gens. Dans certaines régions, la mortalité infantile est d’un décès pour quatre naissances. Des millions d’orphelins errent dans les ruines calcinées des métropoles. Rien que dans la ville d’Hambourg, 500 mille personnes sont sans logis.

Compte tenu de cette situation déplorable, plusieurs pays d’Europe de l’Ouest se regroupent pour réaliser divers projets visant à développer la coopération militaire et à mettre en place une défense collective.

C’est ainsi qu’est créée l’Union occidentale en 1948, qui devient en 1954, l’Union de l’Europe occidentale. Il est finalement décidé que seul un accord de sécurité véritablement transatlantique pourra dissuader les Soviétiques de passer à l’attaque tout en empêchant le retour du militarisme européen et en jetant les bases d’une intégration politique.

Ainsi, à l’issue de nombreuses discussions et de nombreux débats, le Traité de l’Atlantique Nord est signé le 4 avril 1949. Le principe de la défense collective est consacré dans l’article 5 du traité de Washington. Les Alliés conviennent qu’une « attaque armée contre l’une ou plusieurs [parties] …sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties »

A l’heure actuelle, et pour faire face à toutes les éventualités notamment celles opérés après l’intervention des troupes russes en Ukraine et les incertitudes et menaces à la  sécurité et la défense en Europe et ailleurs, l’OTAN essaie d’adopter de nouvelles postures et options stratégiques, le tout résumé dans le « nouvel concept stratégique de l’OTAN 2022 » dans une réunion organisée par l’OTAN en Espagne   et qui s’achève le 30 Juin 2022  dans la capitale espagnole sur une note stratégique fortement déterminante je cite : 

« Nous, chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’OTAN, nous sommes réunis à Madrid à un moment crucial pour la sécurité de l’Alliance ainsi que pour la paix et la stabilité à l’échelle internationale. Aujourd’hui, nous approuvons un nouveau concept stratégique pour que l’Alliance soit parée pour l’avenir et reste dotée de moyens adéquats….. »

De là à méditer sur la dénomination et la portée géopolitique de cette organisation en terme de conflictualité et d’alliance dans les  Relations internationales pour pouvoir donner des explications parfois erronées sinon dûment controversées sur sa posture défensive, son débordement de l’esprit et de la lettre que justifie l’article 5 de sa charte sinon sa politique de prédominance tant dictée par les Etats-Unis qui peuvent se vanter de leur qualité leadership mondial ou de «  LEAD NATION » au sein de l’OTAN

En effet,  l’expansion de l’OTAN efface les lignes de fracture héritées de la guerre froide et s’érige comme facteur de stabilité dans la région. De fait, l’élargissement s’ouvre vers d’anciens pays du pacte de Varsovie et suppose un règlement préalable d’éventuels contentieux.

        En outre, l’intégration à l’OTAN constitue une chance pour les nouveaux membres d’entreprendre des reformes sérieuses. De fait, bon nombres de pays ex communistes ont pu changer un appareil militaire peu efficace en des armées hautement professionnelles. La Pologne et la Bulgarie sont à citer à titre d’exemples.

        Par ailleurs, l’ouverture de l’OTAN à de nouvelles missions constitue une aubaine pour l’intérêt général :

  • Gestion des crises,
  • aide humanitaire
  • et lutte contre le terrorisme en sont les nouveaux axes.

Ce faisant, l’OTAN a pu lancer une opération de secours intensive au Pakistan après le tremblement de 2005 et une opération pour lutter contre la piraterie au large des côtes somaliennes en 2008.

        Ainsi donc, l’élargissement de l’Organisation possède une traduction géopolitique très significative, offre des chances de réformes militaires à ses nouveaux membres et consolide ses actions au service de l’intérêt général. Mais les revers de cette expansion méritent d’être exposés.              

Conformément à l’article 10 de la charte atlantique toute décision d’inviter un pays à adhérer à l’Alliance est prise par le Conseil de l’Atlantique Nord, principal organe de décision politique de l’OTAN, sur consensus de tous les Alliés

L’élargissement de l’OTAN menace la cohésion entre ses membres, augmente le risque de choc avec la Russie et semble profiter aux Américains.

Nous nous intéressons également à ce  sujet chaud d’actualité à un moment fort de la globalisation des échanges car l’économie mondiale s’en trouve grièvement affecté par la hausse vertigineuse des prix des hydrocarbures mais aussi par des problèmes logistiques de livraison de blé, cette arme stratégique « le Food power » aux mains de Poutine et   qui risque de précipiter certains pays importateurs dépendants dans la famine notamment en Afrique  qui enregistre malgré des pénuries énormes. Lors de la dernière visite du Président Sénégalais Macky Sall,et chef de l’Union africaine à Moscou,  ce dernier, n’avait il a déclaré à son homologue russe qu’il devrait tenir compte de l’impact que les pénuries alimentaires causées par le conflit ukrainien ont sur le continent.        

L’AFP cite le président Sall lui disant que le président Vladimir Poutine devrait « prendre conscience que nos pays, même s’ils sont loin du théâtre [d’action], sont victimes sur le plan économique » du conflit.

De surcroît , la thématique de l’élargissement de l’OTAN nous interpelle,  en tant que Maghrébins, situés, à quelques miles de la rive Sud de l’OTAN, pour ne pas fermer l’œil du diplomate avisé ni du stratège averti car, non seulement nous faisons  partie de son espace d’intérêt géopolitique avec tous les enjeux et défis sécuritaires sud méditerranéens mais aussi parce que nous sommes étroitement liés avec l’OTAN  par le Dialogue Méditerranéen  (DM) qui réunit, en plus du  Maroc, l’Algérie, l’Égypte, Israël, la Jordanie, la Mauritanie, et la Tunisie.

Ce forum  de partenariat sert de plateforme à contribuer à la sécurité et à la stabilité dans le voisinage méditerranéen et nord-africain de l’OTAN, et à promouvoir les bonnes relations ainsi que la compréhension entre les pays participants et les pays de l’OTAN.

 Nos rapports avec l’OTAN restent très avancés et nous restons aussi l’un des acteurs importants et privilégiés pour un partenariat régional. Il faut souligner que le Maroc est le seul pays en dehors des membres de l’Alliance qui a abrité une réunion de cette structure OTAN vieille de 56 ans.

Les nouveaux défis sécuritaires qui secouent le pourtour méditerranéen comme l’immigration, le terrorisme…  imposent certaines démarches de coopération notamment en matière d’échange d’informations, de concertation et de mise en œuvre.

Le Maroc est un partenaire actif de l’OTAN depuis son adhésion au Dialogue méditerranéen en 1995 en tant que membre fondateur. En 2016, il a accueilli la toute première réunion du Conseil de l’Atlantique Nord avec les sept pays du Dialogue méditerranéen. Son dernier programme individuel de partenariat et de coopération avec l’OTAN, entériné en juin 2018, est ambitieux et adapté à ses besoins et intérêts stratégiques dans le domaine de la défense et de la sécurité.

Sur le plan militaire, le Maroc a commencé à contribuer à des opérations de l’OTAN en 1996, en premier lieu dans les Balkans, dans le cadre de la Force de mise en œuvre et de la Force de stabilisation en Bosnie-Herzégovine et ensuite dans le cadre de la Force pour le Kosovo.

L’Otan et à sa tête les Etats–Unis participent en partenariat la Maroc avec des pays amis dans l’exercice AFRICAN LION dans  manœuvres conjointes  terrestres, aériennes, maritimes et forces spéciales.

Dire que la sécurité du flanc Sud de l’Otan importe énormément pour les décideurs stratégiques de cette alliance militaire  qui cherchent, de la même façon, à gagner du terrain sur le front Est-Européen en direction de Moscou qui se sent de plus en plus visée et  menacée dans sa sphère d’influence.

Il parait alors légitime de se demander, à la lumière de la crise en Ukraine,  des mobiles et enjeux géopolitiques que cet élargissement  de l’Otan vers l’Est et des conséquences qu’il entraine sur la scène internationale ; et de supposer à tort ou à raison que face d’un ennemi qui n’existe plus : l’OTAN pour quoi faire ?

L’Histoire de l’affrontement de deux idéologies antagonistes, est il entrain de se réécrire avec d’autres plumes et avec d’autres encres indélébiles après plus de soixante-dix ans d’existence, à l’aube de ce troisième millénaire ?

Mais nous ne leurrons pas au-delà de toutes ces manœuvres occidentales que cherchent les Américains si ce n’est contenir l’éveil de  l’ours blanc et l’endiguement chinois sinon la vassalisation d’une Europe  incapable d’assurer sa propre défense. Donc, après tout, l’OTAN, c’est les Etats-Unis d’abord, l’Europe ensuite.

Des tentatives désespérées de se démunir du parapluie américain, ne fallait il pas retenir  que le Général  De Gaule avait tenté s’en débarrasser, Sarkozy a fini, par contre de réintégrer l’aile militaire, Emmanuel Macron n’a-t-il pas désigné l’OTAN de  mort cérébral et puis voilà que les Européens se ressoudent face à la Russie !

Pour  tous ces questionnements qui nous déchirent devons nous interpeller le slogan du code couleur tant crié par les occidentaux qui pointaient le communisme soviétique en rouge et qui criaient « plutôt mort que rouge ». Le slogan « Better Dead than Red » était utilisé aux États-Unis dans les années 1950 par les anticommunistes pour exprimer leur opposition à une prise de pouvoir par les communistes aux États-Unis, ou bien contre n’importe quelle influence gauchiste américaine. Le slogan opposé « Better Red than Dead » s’est aussi développé, mais ne s’est pas tellement répandu.                                    

 En somme, au risque de déculpabiliser la Russie pour ses atteintes flagrantes aux Droit International Humanitaire, l’enlisement de la situation en Ukraine s’avère une guerre par procuration et  une conséquence directe de la confrontation OTAN / Russie pour un élargissement qui pousse les frontières de l’Otan vers l’Est à même de menacer la zone d’intérêt stratégique de la Russie. Cette dernière ressentant la menace occidentale s’approcher de ses frontières s’estime légitimement  concernée.

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