Constituant une ancienne province frontière romaine[1] face l’empire Perse, faisant partie du Cham[2]  et par la suite devenue la capitale de l’Empire Omeyyade[3] , province de l’Empire Abbasside puis de l’Empire Ottoman avant de devenir une colonie française. Souvent, le pays est cité parmi les Etats du Machrek, du Proche-Orient et sinon généralement, du Moyen-Orient selon les convenances des auteurs. Toutefois, il se cache toujours sous la fausse étiquette de panarabisme.   

En fait, depuis le printemps arabe, la Syrie n’a plus le contrôle sur ses territoires et ses populations. La guerre civile a changé la démographie et a encouragé l’implication d’autres acteurs politico-militaires locaux, régionaux et internationaux. La reconstruction de la paix continue de tarder et l’espoir n’est pas pour demain. Pour garder le régime en place, il a fallu sacrifier toute une nation avec son histoire et ses territoires. Le régime a su choisir ses alliances pour durer dans le temps.  

Une population choquée et meurtrie

La population syrienne[4] s’est trouvée piégée par la guerre intestine qu’a vécu le pays depuis 2011 à nos jours. Démoralisée suite aux conditions de vie précaire, à l’insécurité et aux déplacements forcés, cette population est partout mal traitée. Longtemps, la vie était moins chère et la vie prospère, par rapport à plusieurs pays de la région, grâce à l’agriculture, le tourisme et le pétrole. La population a choisi d’habiter les grandes villes et la côte longeant la mer Méditerranée.

Constituée à l’instar du Liban voisin d’une mosaïque ethnique euro-asiatique et d’une diversité culturelle et particulièrement religieuse qui a longtemps coexisté, dans la Syrie de l’avant conflit. On trouve qu’après les arabes[5], l’ethnie principale est Kurde[6]. On trouve aussi les Turkmènes[7], les arméniens[8], des juifs[9] et d’autres minorités[10] tel que le confirme la diversité des cultes. 

En fait, du point de vue religieux, les sunnites sont nombreux[11] suivis de la secte chiite composé des Alaouites[12], des ismaéliens[13], des duodécimaines et des Druzes[14]. Les chrétiens[15] constitués autour de plusieurs églises qui concernent les orthodoxes grecs, syriens, arméniens apostoliques, catholiques grecs, Assyriens[16], nestoriens, latins et Chaldéens avec une minorité juive et Yézidis[17].

Les Alaouites qui constituent une secte minoritaire qui se déclare comme étant Chiite, continuent de gouverner le pays et ce malgré que le courant religieux le plus répandu est sunnite. Depuis que la famille Assad, qui appartient à la secte alaouite, a pris le pouvoir, c’est l’idéologie Baathiste[18] qui a été imposée au pays.

Bien que l’Arabe soit la langue officielle la plus parlée et écrite en Syrie, on trouve le Français, l’Anglais et d’autres langues ont été conservées par les autres ethnies qui partagent le pays. Il s’agit en l’occurrence des langues Kurde, Araméen[19] , Arménien et Adyghe orientale qui est une langue Kabardo-Circassien[20].

De même, en plus des opposants ou des expatriés[21] établis partout dans le monde, il existe une masse importante de réfugiés qui se sont déplacés à cause du printemps arabe. Cet évènement a déclenché une guerre civile en 2011 qui a désuni le pays et rendu certaines de ses populations démunies. A bout de souffle, le régime syrien est cloué au sol. Seuls les voyages effectués en Russie et en Chine pourraient être cités. Les frontières du pays ont perdu leurs fonctions. Les autorités ont préféré mettre les stop-bruit face à ce qui se passe à Gaza, subissent les frappes aériennes d’Israël et évitent toute confrontation terrestre directe.   

A suivre…L’analyse des frontières et autres facteurs d’impuissance syrienne.


[1] Pompée a annexé la Syrie à l’Empire de Rome en 64 de notre ère pour faire face à l’Empire des Parthes seul rival des romains dans la région et a servi de base arrière pour les opérations effectuées au Caucase. Au cours de l’histoire, ni les romains ni les perses ne se sont aventurés à entrer dans la profondeur du désert de l’Arabie. Ils avaient des espions et des commerçants à l’intérieur de la péninsule arabique dans la Mecque ville sainte. La Syrie romaine de l’époque était civilisée et ses villes ont été influencées dans leur organisation par les modèles des cités grecques. Le royaume Ghassanide constituait une position avancée pour l’l’Empire Byzantin pendant le IV -ème siècle, face au royaume des Sassanides soutenu par la Perse. C’était une situation semblable au monde bipolaire vécu au lendemain de la deuxième guerre mondiale.

[2] Région du Levant constituée généralement, selon les écrits arabes de la Syrie, Liban, Jordanie et Palestine.

[3] Premier empire musulman entre l’an 661 et 750 de notre ère, après le s système des Califes, avec comme capitale politique Damas.  Son époque, au début il existait le royaume de Merovingien en France qui a été remplacé par le royaume Carolingien. Par contre, la dynastie Wisigoth qui gouvernait l’Espagne a été chassée du pouvoir lors de la campagne arabe en Andalousie menée par l’armée Omeyyade. Cet grand Etat Omeyyade, fut remplacé par la dynastie des Abbassides qui a gouverné le monde islamique à partir de Bagdad de l’an 750 à 969, à l’exception du royaume marocain qui était devenu indépendant du Machrek, sous la dynastie Idrisside à partir de 789 de notre ère.    

[4] Selon le recensement de la Banque mondiale en 2021, la population syrienne est évaluée à 21 millions 32 mille habitants et 22,1 millions en 2022. Néanmoins, le pays est en guère et toutes les estimations doivent être vérifiées.

[5] Les arabes sont là depuis l’empire romain en tant que commerçants avec l’Arabie et agriculteurs. Parmi les plus anciens sites en Syrie, on trouve le Palmyre qui a 4000 ans et le Krak des chevaliers.  

[6] La majorité Kurde habite les provinces le Nord et l’Est du pays en front avec la Turquie.

[7] Il s’agit de citoyens syriens d’origine turque OGHOUZE qui ont existé depuis l’époque de l’empire Ottoman. On les trouvait même en Egypte et d’autres provinces arabes qui dépendaient de l’Empire Ottoman.

[8] A l’instar des grecs se sont les garants de l’Orthodoxie comme au Liban voisin. Il y a ceux qui ont été arabisés qui ont toujours habité le pays et d’autres qui se sont déplacés après la chute de l’Empire Ottoman.

[9] Ont majoritairement fui le régime suite aux conflits arabo-israélien et demeurent une centaine à Damas et à Alep.

[10] Assyriens, Circassiens et Ossètes.

[11] Les sunnites sont généralement établis dans la ville de Damasse et son voisinage, à Homs, Alep et Hama.

[12] Les Alaouites considérés sectes chiite et intronisée par l’empire colonial français habitent généralement Lattaquié.

[13] Les ismaïliens en Syrie ont connu le même sort que ceux de l’Iran qui abritaient les Nizârites (Assassins ou en réalité Hachichines). Ce sont les mongoles qui les ont anéantis lors de l’attaque de l’Empire Abbasside dont la capitale était Bagdad. 

[14] Une partie de cette population se trouve au Liban et dont des milliers ont choisi depuis très longtemps de quitter le Liban et vivre en Israël. La secte druze est originaire de l’islam chiite ismaélien.

[15]S’agissant de l’un des anciens territoires habités par les chrétiens, en particulier à Alep, depuis les temps des Apôtres, cela laisse comprendre, que lors de la défaite dans la guerre des croisades, certains chrétiens ont fui Jérusalem et se sont installés en Syrie.

[16]   Population qui pratique la langue Syriaque, portant le nom de l’une des plus anciennes civilisations du monde avant Jésus-Christ organisée dans le passé lointain en Empire s’étendant sur la Mésopotamie, elle a fui les massacres en Turquie pour se rendre en Irak. Malheureusement, les irakiens n’ont pas voulu leur accorder d’autonomie. Par la suite en début d’Aout 1933. Ils furent massacrés   par une unité irakienne sous les ordres du colonel Békir SIDQUI. Ainsi, ils ont trouvé refuge en Syrie.

[17] Le Yézidisme ou religion Yézedie consiste à croire en un seul Dieu dont le serviteur, Mithra, considéré aussi une divinité solaire. C’est une religion considérée l’une des plus anciennes monothéistes et remonte à l’histoire ancienne de  la Mésopotamie.  Les adeptes de cette religion ont été massacrés et rendue à l’esclavage en Irak et en Syrie par les jihadistes de l’Etat islamique.

[18] Ne reconnaissant pas le pluralisme, cette idéologie laïque, croit en un seul parti qui défend l’unité de l’Etat et ne s’entendait pas avec le parti Baathiste irakien qui était plus ouvert aux monarchies arabes et au monde. Par contre la Syrie a toujours gardé un lien étroit avec l’URSS et plus tard avec la Russie à laquelle elle a accordé une base sur la méditerranée et lui a ouvert son espace et ses territoires pour une défense commune face aux autres acteurs militaires présents sur le théâtre syrien.  

[19] Faisant partie des langues afroasiatiques les plus anciennes du Moyen-Orient, parlée par des communautés limitées juive et chrétiennes de la Syrie. Elle a été utilisée plusieurs siècles avant Jésus-Christ par les empires Assyriens et Babyloniens.

[20] Langue d’un peuple du nord-ouest du Caucase. Son écriture se faisait avec les lettres de l’alphabet arabe et cyrillique et par la suite a repris juste l’alphabet cyrillique.

[21]   En plus du voisinage libanais, turc, jordanien et irakien, plusieurs pays européens dont principalement l’Allemagne, ont accueilli un nombre important de syriens.  Environ 6,6 millions selon le site de l’UNHCR. Répartis dans le voisinage entre la Turquie, le Liban, la Jordanie, l’Irak et l’Egypte. Au niveau international, en Europe principalement en Allemagne et en Afrique du nord.