Le parlement français vient d’adopter une version durcie du projet de loi sur l’immigration. Cependant, cette loi continue de susciter beaucoup de débats entre les différentes composantes de la société française. Et, avec la montée de l’extrême droite, le sujet « Immigration » continue de faire débat en Europe.
L’immigration est l’acte par lequel des personnes s’installent dans un pays ou une région avec l’intention d’y établir une résidence permanente. En d’autres termes, il s’agit de l’arrivée et de l’installation de personnes dans un nouveau pays, qui peut devenir leur lieu de résidence permanente ou à long terme.
Les causes de l’immigration en Europe sont diverses et multiformes, englobant des facteurs économiques, politiques, sociaux et environnementaux. Les principaux facteurs sont :
Les opportunités économiques : Les disparités économiques entre les pays ou les régions peuvent inciter les individus à rechercher de meilleures perspectives d’emploi et un niveau de vie plus élevé en Europe. Les migrants économiques se déplacent souvent à la recherche d’opportunités d’emploi, de salaires plus élevés et de meilleures conditions de vie.
Regroupement familial : De nombreux immigrants se rendent en Europe pour rejoindre des membres de leur famille déjà installés dans la région. Les politiques de regroupement familial et le désir de vivre avec des proches contribuent aux flux migratoires.
Conflits et instabilité politique : Les régions en proie à des conflits, à l’instabilité politique et à des violations des droits de l’homme peuvent inciter les gens à rechercher la sécurité en Europe. Les conflits armés, les persécutions et la répression politique peuvent engendrer des flux de réfugiés et de demandeurs d’asile.
Crises de réfugiés : Les réfugiés qui fuient la guerre, la violence et les persécutions dans leur pays d’origine cherchent souvent asile en Europe. Les conflits au Moyen-Orient, en Afrique et dans d’autres régions ont entraîné des mouvements de réfugiés à grande échelle.
Crises humanitaires : Les catastrophes naturelles, la dégradation de l’environnement et d’autres crises humanitaires peuvent déplacer des populations et contribuer aux migrations. Le changement climatique, en particulier, peut entraîner des pressions environnementales qui influencent les schémas de migration.
Possibilités d’éducation : L’Europe abrite des établissements d’enseignement prestigieux et les étudiants peuvent émigrer pour poursuivre des études supérieures et une formation. Les possibilités d’éducation et le désir de progresser sur le plan académique et professionnel sont des facteurs d’attraction.
Demande du marché du travail : Les pays européens peuvent connaître des pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs, ce qui entraîne une demande de travailleurs étrangers. Les politiques d’immigration qui facilitent l’entrée de travailleurs qualifiés et non qualifiés contribuent à la diversité de la main-d’œuvre.
Facteurs démographiques : Les déséquilibres démographiques, tels que le vieillissement des populations dans certains pays européens, peuvent créer une demande d’immigrants jeunes et en âge de travailler pour soutenir la croissance économique et les systèmes de protection sociale.
L’Europe accueille une diversité de migrants, y compris des travailleurs qualifiés, des demandeurs d’asile, des réfugiés, des étudiants internationaux et des migrants économiques. Les motifs de migration sont variés et comprennent la recherche d’opportunités économiques, la fuite de conflits, la quête de sécurité, etc. Certains pays européens ont mis en place des politiques d’immigration plus restrictives, tandis que d’autres ont adopté des approches plus inclusives. La gestion des flux migratoires reste un défi et une question politique majeure dans de nombreux pays européens. Les mouvements migratoires ont souvent suscité des débats sur la gestion des frontières, la sécurité et les questions liées à la souveraineté nationale. Des dispositifs tels que le système Schengen ont facilité la libre circulation dans certaines régions, tandis que d’autres pays ont renforcé leurs contrôles aux frontières. L’intégration des migrants dans les sociétés européennes demeure une préoccupation importante. Les défis comprennent l’accès à l’éducation, à l’emploi, aux soins de santé, ainsi que la promotion de la diversité culturelle.
Selon les chiffres d’Eurostat :
2,3 millions d’immigrants en provenance de pays non membres de l’UE sont entrés dans l’UE en 2021, soit une augmentation de près de 18 % par rapport à 2020.
1,4 million de personnes résidant auparavant dans un état membre de l’UE ont migré vers un autre état membre, soit une augmentation de près de 17 % par rapport à 2020.
23,8 millions de personnes (5,3 %) des 446,7 millions de personnes vivant dans l’UE au 1er janvier 2022 étaient des citoyens non européens.
En 2021, les États membres de l’UE ont accordé la citoyenneté à 827 300 personnes ayant leur résidence habituelle sur le territoire de l’UE, soit une augmentation d’environ 14 % par rapport à 2020.
Dans le graphique suivant, le pays qui compte plus d’immigrés est le Luxembourg avec 39.6 par 1000 d’habitants. La Belgique elle compte 12.1 immigrés par 1000 d’habitants et la France 5 immigrés par 1000 d’habitants.
Nombres des immigrés par 1000 d’habitants
Source : Eurostat (2021).
Selon le rapport 2023 sur l’évolution de l’emploi et de la situation sociale en Europe (ESDE), il y a des pénuries de main-d’œuvre dans différents secteurs et professions à tous les niveaux de compétences, et ce phénomène devrait se renforcer. Parmi les mesures envisageables pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre et résorber les déficits de compétences, il y a lieu de promouvoir une migration de main-d’œuvre ciblée en provenance de pays tiers. Même si cette initiative est intra-européenne[1], le recours à de la main-d’œuvre étrangère est inévitable surtout dans les secteurs de restauration, de BTP et l’informatique. Mais paradoxalement, les attitudes anti-immigration ont un impact négatif et significatif sur les flux migratoires vers l’UE, ce qui pourrait entraver les efforts des gouvernements pour attirer les migrants ayant les compétences requises. Selon le président du Medef, le président du Medef : « d’ici à 2050, nous aurons besoin, sauf à réinventer notre modèle économique, de 3,9 millions de salariés étrangers hors de l’Union européenne puisque tous les pays de l’UE sont confrontés au même problème démographique ». Se basant sur un rapport du Center for Global Development[2], l’UE et la Grande-Bretagne aurait besoin de presque de 44 millions de travailleurs étrangers d’ici 2050.
De plus, vu les différents défis que nous vivons, à savoir, les changements climatiques,les conflits armés, la démographie mondiale…,ces facteurs ne feront que contribuer à accentuer l’immigration vers l’Europe dans le futur. Les politiques, les initiatives de coopération internationale et les efforts visant à aborder les causes sous-jacentes de la migration peuvent également jouer un rôle crucial dans la manière dont les mouvements migratoires évoluent dans le temps.
[1] EURES : https://eures.europa.eu/index_fr
[2] https://www.cgdev.org/sites/default/files/can-africa-help-europe-avoid-looming-aging-crisis.pdf
