Faouzi El Bantli, PhD – MBA

Consultant Expert en gestion des risques & Chercheur

E-mail : faouzi1429@gmail.com

Donald Trump a été élu 47e président des États-Unis lors des élections du 5 novembre 2024, marquant un retour notable après sa défaite en 2020. Trump prendra ses fonctions le 20 janvier 2025, il affirme qu’il tiendra toutes ses promesses surtout qu’il a les mains libres avec la majorité au Congrès. Son retour à la présidence des États-Unis suscite déjà des plusieurs inquiétudes principalement en Europe et en Chine.

Son élection a eu des répercussions immédiates sur les marchés financiers :

  • L’euro s’est déprécié face au dollar, passant de 1,09 à 1,07 dollar. Cette baisse reflète probablement les inquiétudes concernant les tensions commerciales potentielles entre les États-Unis et l’Europe sous une nouvelle administration Trump.
  • Le bitcoin a franchi la barre des 75.000 dollars, atteignant un nouveau record historique. Cette hausse pourrait être liée aux attentes d’une politique monétaire plus souple sous Trump et à la perception du bitcoin comme valeur refuge face à l’incertitude politique.
  • Le taux américain à dix ans a augmenté de 0,15% pour atteindre 4,45%. Cette hausse des rendements obligataires suggère que les investisseurs anticipent une politique budgétaire expansionniste sous Trump, potentiellement inflationniste, ce qui pourrait pousser la Réserve fédérale à maintenir des taux d’intérêt plus élevés plus longtemps.
  • L’action Tesla a bondi de près de 15%. Cette hausse spectaculaire pourrait être liée aux attentes d’une politique énergétique favorable aux véhicules électriques sous Trump.

Rappelons que les mesures économiques mises en place par Donald Trump pendant sa première présidence (2017-2021) ont été largement influencées par son objectif de stimuler la croissance économique, de réduire les impôts, de promouvoir l’emploi manufacturier et de rééquilibrer les relations commerciales.

Donald Trump a mis en œuvre une politique commerciale protectionniste dans le cadre de son approche « America First », visant à réduire le déficit commercial des États-Unis, protéger les industries nationales, et rééquilibrer les relations commerciales. Ses actions envers l’Europe et la Chine ont marqué un tournant dans la politique commerciale américaine, suscitant tensions et répercussions économiques.

La Chine a été l’une des principales cibles de la politique commerciale de Trump, en raison du déséquilibre commercial perçu et des pratiques commerciales jugées déloyales. Il l’a imposé des droits de douane sur environ 370 milliards de dollars d’importations chinoises, ciblant des produits comme l’acier, l’électronique, les textiles, et les biens de consommation. La Chine a riposté avec des tarifs sur les produits américains, notamment agricoles (soja, porc) et industriels. L’impact économique est que du côté des Etats-Unis, il y a une hausse des prix pour les consommateurs et difficultés pour les agriculteurs, en dépit des subventions fédérales ; et du côté de la Chine, il y a un ralentissement temporaire des exportations vers les États-Unis, mais une diversification de ses marchés.

Avec l’Europe, Trump a adopté une approche critique, accusant les pays européens de profiter des déséquilibres commerciaux et d’imposer des barrières injustes aux produits américains. Il a augmenté les tarifs douaniers sur les importations d’acier (25 %) et d’aluminium (10 %) en 2018, affectant principalement l’UE. En 2019, les États-Unis ont imposé des droits de douane sur des produits comme le vin, le fromage, et les avions européens, en réponse au litige Airbus-Boeing sur les subventions industrielles. Trump a menacé à plusieurs reprises d’imposer des tarifs élevés (jusqu’à 25 %) sur les voitures importées de l’UE, ciblant principalement l’Allemagne, un exportateur clé.

Les actions de Trump ont accéléré le découplage entre les économies, en particulier entre les États-Unis et la Chine. Et, les différends commerciaux ont affaibli la confiance mutuelle entre les États-Unis et l’UE bien que les liens restent solides.

Le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis aurait des conséquences significatives sur l’économie mondiale. Trump prévoit d’imposer des droits de douane élevés, notamment :

  • 10% sur toutes les importations
  • 60% sur les produits chinois

Cela entraînerait une contraction du commerce international, un effondrement des échanges entre les États-Unis et la Chine et une réorientation des exportations chinoises vers d’autres marchés comme l’Europe. On s’attend donc à un ralentissement de la croissance mondiale.

Les politiques protectionnistes ont tendance à augmenter les coûts des biens, car les droits de douane imposés sur les importations augmentent les coûts pour les entreprises qui en dépendent. Ces hausses de coûts sont souvent répercutées sur les consommateurs sous forme de prix plus élevés. Les barrières commerciales limitent les importations bon marché, ce qui réduit la pression concurrentielle sur les entreprises nationales. En réponse aux pressions inflationnistes, la banque nationale pourrait être contrainte de relever les taux d’intérêt pour maîtriser l’inflation. Des taux plus élevés augmentent le coût des emprunts pour les entreprises et les ménages, ce qui pourrait ralentir la croissance économique à moyen terme.

L’élection de Trump crée donc des incertitudes et des tensions internationales avec la remise en cause des accords commerciaux existants et des tensions accrues avec les principaux partenaires commerciaux, y compris les alliés (européens) traditionnels.

Donald Trump a récemment lancé une menace sérieuse à l’encontre des pays du BRICS+ concernant l’utilisation du dollar américain dans le commerce international. IL a déclaré qu’il imposerait des droits de douane de 100% sur les importations en provenance des pays BRICS+ si ces derniers créent une nouvelle monnaie commune ou soutiennent une autre devise pour remplacer le dollar américain dans les échanges internationaux.

Ces facteurs combinés créent un environnement économique incertain et moins favorable à la croissance, expliquant les anticipations de ralentissement de l’économie mondiale.