Article redigé par: Youssef CHAAT, chercheur en médias et analyse du discours.
La coopération économique entre le Maroc et la France, particulièrement dans le domaine des énergies renouvelables, illustre une volonté commune de s’inscrire dans un modèle de transition énergétique durable. Cette synergie repose non seulement sur des ambitions mutuelles de décarbonation et de diversification énergétique, mais aussi sur un renforcement des relations stratégiques, marqué récemment par la reconnaissance officielle par la France de la marocanité du Sahara, un geste d’importance géopolitique majeur.
Au cœur de cette coopération, l’hydrogène vert émerge comme une opportunité stratégique. Le Maroc, grâce à ses ressources naturelles abondantes et sa position géographique stratégique, a la capacité de produire de l’électricité verte à des coûts défiant toute concurrence. Avec des prix estimés à 10 euros/MWh dans ses régions du Sud, le Royaume s’affirme comme un partenaire clé pour répondre à la demande énergétique de l’Europe.
La France, quant à elle, joue un rôle essentiel en fournissant les technologies et les investissements nécessaires à la réalisation de cette ambition. Les récents accords entre les deux pays, totalisant jusqu’à 10 milliards d’euros, témoignent de cette volonté partagée de bâtir un avenir énergétique durable, tout en renforçant l’intégration industrielle et la recherche et développement (R&D).
Le développement de l’hydrogène vert est un pilier de cette coopération. Alors que l’Europe vise une transition rapide vers des énergies renouvelables, le Maroc pourrait capter jusqu’à 9 % des besoins mondiaux en hydrogène d’ici 2050, avec une part significative destinée à l’Europe.
Cependant, cette ambition repose sur plusieurs défis, notamment l’amélioration des technologies d’électrolyse et la création d’un cadre réglementaire favorable. La France, en s’impliquant dans des projets de R&D au Maroc, contribue non seulement à la baisse des coûts de production, mais aussi à l’intégration industrielle, essentielle pour une production compétitive.
Une coopération gagnant-gagnant
Cette alliance transcende les simples échanges économiques. La reconnaissance des certificats carbone marocains en Europe pourrait attirer davantage d’investissements français dans le secteur des énergies renouvelables. Ce mécanisme favoriserait également la décarbonation de l’industrie marocaine, réduisant ainsi l’empreinte carbone du mix énergétique national, encore dominé par les énergies fossiles.
Par ailleurs, la coopération en matière de formation ouvre de nouvelles perspectives. Les besoins en compétences dans le domaine de l’efficacité énergétique et de la gestion digitalisée de l’énergie sont immenses. Le développement de programmes conjoints entre les deux pays pourrait répondre à cette demande tout en créant des milliers d’emplois qualifiés.
L’alliance maroco-française dans le domaine des énergies renouvelables ne se limite pas à une vision bilatérale. Elle s’inscrit dans un cadre plus large, celui d’une coopération entre l’Afrique et l’Europe pour relever les défis énergétiques mondiaux.
En consolidant cette relation, le Maroc et la France montrent qu’une transition énergétique réussie repose sur des partenariats stratégiques et une vision partagée. Ce modèle pourrait inspirer d’autres pays à s’unir pour construire un avenir plus durable.
Dans un monde en quête de solutions face à la crise climatique, cette coopération incarne l’espoir d’une prospérité énergétique mutuellement bénéfique. Une vision ambitieuse qui, si elle est menée à bien, pourrait redéfinir le paysage énergétique des deux continents.
Maroc-France : une alliance énergétique au service de la transition verte
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HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.