L’Afrique, clé de la résolution finale

Par Mohssin DATSSI, Membre du think thank NejMaroc, Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation 

Avec un nombre majoritaire d’états défendant l’intégrité territoriale du Royaume, le Maroc dispose désormais de l’appui officiel de 3 états membres du conseil de sécurité des Nations Unies ( Etats-Unis, France et depuis peu le Royaume-Uni).

Alors que les yeux se tournent maintenant sur la position que vont adopter la Chine et la Russie sur le dossier du Sahara, une question se pose: 

Quels sont les facteurs qui pourraient inciter Pékin et Moscou à adopter une attitude plus constructive vis à vis de l’intégrité territoriale ? 

Les réponses (et donc la résolution finale de ce conflit artificiel) sont en Afrique. Explications :

Les batailles diplomatiques se sont jouées essentiellement en Afrique 

Depuis la Marche Verte, le Maroc a principalement défendu son intégrité territoriale sur le continent africain avant tout.

Membre fondateur de l’Organisation de l’Unité Africaine en 1963 (O.U.A, devenue depuis l’Union Africaine U.A) le Royaume, à travers ses actions diplomatiques, avait longtemps contribué à empêcher l’entrée de la pseudo “RASD” au sein de l’institution continentale avant de la quitter en 1984 pour protester contre son adhésion.

C’est toujours en Afrique où les ennemis les plus actifs de l’intégrité territoriale se trouvent, il y a eu la Libye de Muhammar Kaddafi et mais et surtout l’Algérie.

Le déni diplomatique de l’Espagne, ancienne puissance coloniale,signataire des accords de Madrid en 1975, et un monde bipolaire sur le plan idéologique, n’ont en fait eu pour conséquence que d’instrumentaliser ce dossier artificiel à l’échelon mondial.

La position des états sur le Sahara variait en effet en fonction du camp dans le lequel ils se trouvaient et souvent, selon leurs agendas économique, diplomatique et électoral.

Cette surenchère mondiale autour du dossier du Sahara Marocain rendait impossible tout évolution constructive allant vers les droits légitimes du Royaume à exercer sa pleine souveraineté sur ses provinces du sud , en totale déconnexion avec l’arrêt rendu par la Cour Internationale de La Haye.

Si défendre l’intégrité territoriale auprès des grandes puissances mondiales revêtait un caractère impératif pour la diplomatie marocaine, il n’en demeure pas moins que pour redonner une nouvelle impulsion à la cause sacrée, le Maroc se devait d’abord de retrouver sa place d’interlocuteur de premier rang sur l’échiquier diplomatique africain.

Si en effet la chute du communisme a coïncidé avec un net recul du soutien du Polisario de part le monde , des états africains et pas des moindres (Afrique du Sud, Zimbabwe, Angola, Nigeria , Ethiopie) n’ont, à ce jour, toujours pas retiré leur reconnaissance de l’entité séparatiste.

Le Maroc change alors d’approche en 2007 en présentant aux Nations Unies son plan d’autonomie pour les provinces du Sud, enterrant définitivement tout processus hypothétique d’un référendum.

Sa Majesté le Roi Mohammed VI part à la reconquête diplomatique de l’Afrique.

Pas de moins de 50 déplacements sur le  continent, des accords de coopération signés sur tous les plans, couronnés par un retour tambour battant au sein de l’Union Africaine en 2017.

Des projets ambitieux comme le projet de gazoduc marin de 5000 km reliant le Nigéria et le Maroc, l’Initiative Royale  Atlantique pour les pays du Sahel et la venue récente de leurs ministres des Affaires Étrangeres au Maroc, démontrent que le Royaume, au delà de défendre son intégrité territoriale, se propose également comme force de proposition afin de contribuer 

pleinement au développement des pays africains.

Il est à noter surtout la remarquable percée diplomatique du Maroc en Afrique anglophone sur le dossier du Sahara.

Des états qui encore il y a peu de temps, affichaient ouvertement leur soutien au Polisario, ont décidé d’appuyer le plan marocain d’autonomie pour les provinces du sud, c’est le cas de la Zambie, le Kenya ou plus récemment du Ghana.

Le récente prise de position du Royaume-Uni en faveur du Royaume va inéluctablement contribuer à un soutien en masse des pays membres du Commenwealth, états africains inclus.

Du côté de l’Afrique du Sud, cette dynamique n’est pas passée inaperçue.

Aussi Jacob Zuma, ancien président et depuis membre de la troisième force politique de son pays , apporte officiellement son soutien à la Marocanité du Sahara, ce qui laisse entrevoir à moyen terme un potentiel retrait de la reconnaissance de la “RASD” tôt ou tard de Pretoria.

Enfin la représentation des consulats opérationnels dans les provinces du Sahara est le symbole même du combat mené depuis un demi siècle, puisque la majorité d’entre eux sont issus de pays du continent.

Le Maroc, un partenaire clé en Afrique pour Pékin et Moscou 

La Chine et la Russie renforcent depuis une dizaine d’années leurs relations avec le Maroc, notamment suite aux déplacements de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à Pékin et Moscou en 2016.

De part sa position géographique, le Maroc constitue la principale porte d’entrée en Afrique et un hub international de premier plan, notamment dans le domaine industriel et de la haute technologie.

La stabilité politique du royaume et sa politique de non ingérence ont également contribué aux renforcement des relations bilatérales avec les deux grandes puissances mondiales.

Si Pékin et Moscou projettent en effet de s’ancrer davantage sur le continent et d’augmenter progressivement le volume des échanges commerciaux, les flux se réalisent essentiellement avec les plus grandes économies africaines ( Maroc, Afrique du Sud, Egypte, Nigeria, Ethiopie, Algérie)

La Chine, tout comme la Russie, bien qu’alliés historiques de l’Algérie, lui préfèrent de loin le Maroc pour les investissements.

À travers notamment Tanger Tech et l’implantation croissante d’usines aux quatre coins du royaume dans le domaine de l’industrie automobile,la logistique, les services et la haute technologie,Pékin mise sur le Royaume pour une présence accrue sur le marché africain.

Moscou de son côté, exporte de plus en plus de blé au Maroc et lui confie de nombreux chantiers comme par exemple l’entretien de ses navires qui se réalise au port de Casablanca.

Un accord de pêche liant la Russie et le Maroc ( incluant le Sahara Marocain )est en vigueur et se renouvelle régulièrement.

La Chine lors du dernier sommet la réunissant avec l’Afrique,et ceci pour un renforcement de ses liens avec le continent a décidé d’abroger les droits de douanes pour les exportations africaines.

Le Maroc, de part la diversité de son économie, en est de facto l’un des principaux bénéficiaires.

Enfin le Maroc étant le deuxième investisseur sur le continent africain, il s’avère un interlocuteur fiable de premier rang pouvant faire partager sa connaissance du terrain.

Si en effet les regards se tournent vers Pékin et Moscou quant aux futures positions qu’ils adopteront sur le dossier du Sahara Marocain, l’histoire montre bien que la clé de la résolution definitive de ce dossier pour le Royaume se trouve bien en Afrique à travers les batailles diplomatiques menées et en cours.

Un alignement progressif de la majorité des états africains dont des états-clés ( Afrique du Sud, Nigeria et Ethiopie en particulier)sur l’intégrité territoriale , combiné à un renforcement des relations bilatérales avec Pékin et Moscou, fera que les 2 membres du conseil de sécurité des Nations Unies adopteront une attitude plus constructive sur ce dossier.