A la lumière de la guerre en Ukraine et après soixante dix ans d’existence,on se demande si l’histoire de l’affrontement des deux idéologies antagonistes, est entrain de se réécrire ?

Mais nous ne leurrons pas au-delà de toutes ces manœuvres occidentales que cherchent les Américains si ce n’est contenir l’éveil de  l’ours blanc et l’endiguement chinois sinon la vassalisation d’une Europe  incapable d’assurer sa propre défense. Donc, après tout, l’OTAN, c’est les Etats-Unis d’abord, l’Europe ensuite.

La politique extérieure des Etats-Unis se base sur l’affirmation du Leadership mondial c’est à ce juste titre explicit que  le président américain Biden avait affirmé, récemment,  lors de sa réunion avec les pays du CCG /Conseil de Coopération du Golfe, sa volonté de ne pas laisser de vide sécuritaire au profit de la Russie, la Chine et l’Iran.

Par ailleurs, pour toutes tentatives désespérées de se démunir du parapluie américain, ne fallait il pas retenir  que le Général  De Gaule avait tenté s’en débarrasser du moins de la partie militaire, et que Sarkozy a fini, par contre de réintégrer, Emmanuel Macron n’a-t-il pas désigné l’OTAN de  mort cérébral et puis voilà que les Européens se ressoudent face à la Russie !

Pour  tous ces questionnements qui nous déchirent devons nous interpeller le slogan du code couleur tant crié par les occidentaux qui pointaient le communisme soviétique en rouge et qui criaient « plutôt mort que rouge ». Le slogan « Better Dead than Red » était utilisé aux États-Unis dans les années 1950 par les anticommunistes pour exprimer leur opposition à une prise de pouvoir par les communistes aux États-Unis, ou bien contre n’importe quelle influence gauchiste américaine. Le slogan opposé « Better Red than Dead » s’est aussi développé, mais ne s’est pas tellement répandu.                                    

 En somme, au risque de déculpabiliser la Russie pour ses atteintes flagrantes aux Droit International Humanitaire, l’enlisement de la situation en Ukraine s’avère une guerre par procuration et  une conséquence directe de la confrontation OTAN / Russie pour un élargissement qui pousse les frontières de l’Otan vers l’Est à même de menacer la zone d’intérêt stratégique de la Russie. Cette dernière ressentant la menace occidentale s’approcher de ses frontières s’estime légitimement  concernée                                                  

Afin de justifier ces préalables j’aborderais en premier chef la politique et les fondements juridiques de la porte ouverte en parcourant les élargissements de l’OTAN  depuis 49 à nos jours pour ensuite considérer  les demandes d’adhésion des nouveaux membres  avant de moraliser la portée de la confrontation des intérêts contradictoires et controversées des deux belligérants OTAN/RUSSIE au risque d’une nouvelle guerre froide

l’objet de ce chapitre premier est de se focaliser sur les fondements juridiques qui président le fonctionnement de l’Otan et l’historique des adhésions de l’OTAN de 49 à  nos jours.

Conformément à l’article 10 du traité de Washington, « tout autre État européen susceptible de favoriser le développement des principes du présent Traité et de contribuer à la sécurité de la région de l’Atlantique Nord » peut adhérer à l’Organisation.

Ainsi pour pratiquer la politique de la porte ouverte, l’Otan ne cesse de supplier son élargissement et son extension aux autres pays de l’Europe en vertu de l’Article 10 qui stipule que les parties peuvent, par accord unanime, inviter à accéder au Traité tout autre Etat européen susceptible de favoriser le développement des principes du présent Traité et de contribuer à la sécurité de la région de l’Atlantique Nord. Tout Etat ainsi invité peut devenir partie au Traité en déposant son instrument d’accession auprès du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique. Celui-ci informera chacune des parties du dépôt de chaque instrument d’accession.

CONDITIONS, PROCEDURE ET MODALITES CANDIDATURE :

Sur le plan militaire :

 Pour une meilleure intégration tactique, opérationnelle et stratégique au sein de l’OTAN, l’une des conditions essentielles de l’adhésion est d’afficher et de démontrer la capacité d’intégration en matière de sécurité et défense atlantique communes et ce en opérant un certain nombre de réformes pour s’adapter aux normes OTAN en matière d’interopérabilité à la fois des matériels, techniques et procédures

Sur le plan politique :

Il est indéniablement question pour le pays postulant de procéder à des réformes sur les questions des Droits Humains, de bonne gouvernance et de démocratisation des institutions : chose qui n’a pas été aisée notamment pour les pays anciennement satellitaires à l’ex-URSS.

Le processus d’adhésion est long et s’avère une procédure compliquée qui peut s’étaler sur de longues années entre :

  • le dépôt officiel du dossier de candidature aux Etats-Unis,
  • la satisfaction des clauses du partenariat pour la paix PPP,
  • l’élaboration d’un Plan d’Action Individuel  de partenariat
  • le déclenchement d’un cycle infernal de négociations entre pays membres OTAN surtout dont les intérêts divergent avec le pays candidat,
  • le travail acharné  du pays postulant pour satisfaire au plan dit « Plan d’action pour l’adhésion »le MAP ; traduit en anglais « Membership Action Plan »
  •  la décision finale sera prononcée par consensus cad par unanimité de tous les membres conformément à l’article 10 du traité fondateur.

……Avant d’aboutir, après consentement de tous les membres, à la signature du protocole d’adhésion

C’est pourquoi sur le plan historique, l’adhésion des membres de l’Europe s’est opérée sur de nombreuses années, voire sur des segments que nous désignerons , ici de vagues et qui se concrétiseront soit aisément soit après des marathons de pourparlers par l’acceptation ou le refus de tous les membres qui pour des intérêts divergents s’abstiennent d’accepter en bradant le véto d’entrée à l’OTAN.

Remarquons au passage, à titre d’exemple, que la Turquie avait le plus souvent émis ses réserves à l’adhésion de certains Etats dont les positions de politique étrangère ne correspondaient pas à ses orientations idéologiques et à ses intérêts politiques notamment lorsqu’il s’agit de l’épineuse question kurde. La dernière en cours est celle de son opposition à l’élargissement de l’OTAN à la Finlande et la Suède

Le régime turc cherche aujourd’hui à prouver son autonomie et à obtenir des avancées espérées depuis longtemps. Il veut faire valoir « ses intérêts » , notamment dans sa guerre totale contre le PKK, qui pousse aujourd’hui les Turcs à des opérations très risquées en Irak. Ils veulent que la lutte contre le PKK soit classée dans les objectifs de l’Otan. « Aucun de nos alliés n’a jamais respecté ces inquiétudes, je ne parle pas de soutien », a insisté le chef de l’Etat.

Dorothée Schmid, chercheuse à l’Ifri (Institut français des relations internationales) explique :  « La Turquie estime être en passe de prendre des positions très importantes à l’Otan. Elle remet donc sur la table tous les dossiers qui comptent pour elle »

LES VAGUES  D’ELARGISSEMENTS OPEREES DE  1949 A NOS JOURS

L’OTAN compte actuellement 30 pays membres. À sa création en 1949, l’Alliance comptait douze membres fondateurs : Belgique, Canada, Danemark, États-Unis, France, Islande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Portugal et Royaume-Uni. Chronologiquement, les autres pays membres ont frappé la « porte ouverte de l’OTAN »respectivement comme suit  : Grèce et Türkiye (1952), Allemagne (1955), Espagne (1982), République tchèque, Hongrie et Pologne (1999), Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Roumanie, Slovaquie, Slovénie (2004), Albanie, Croatie (2009), Monténégro (2017) et Macédoine du nord (2020).

-phase préliminaire des membres fondateurs

De l’année 49 du siècle dernier à nos jours et par huit vagues successives l’Otan s’est élargi selon l’ordre chronologique spécifié dans le tableau ci après

  • La phase initiale de création  réunit les douze membres membres fondateurs qui sont en plus des Etats unis et le Canada, les dix pays de l’Europe occidentale à savoir : la Belgique, le Danemark, la France, l’Islande, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-UniL’élargissement de l’OTAN est prévu à l’article 10 du Traité de l’Atlantique Nord.

L’article 10 stipule que peut accéder au Traité tout  État européen susceptible de favoriser le développement des principes du présent Traité et de contribuer à la sécurité de la région de l’Atlantique Nord. Alors que toute décision d’inviter un pays à adhérer à l’Alliance est prise par le Conseil de l’Atlantique Nord, principal organe de décision politique de l’OTAN, sur consensus de tous les Alliés.

-1ère vague d’élargissement 1952 LA  grece  et la turrkyie

  Le 22 octobre 1951, les suppléants au Conseil de l’Atlantique Nord signent à Londres le Protocole du Traité de l’Atlantique Nord relatif à l’accession de la Grèce et de la Turquie qui deviendront officiellement membres le 18 février 1952.

C’est ainsi qu’à travers le présent document officiel stipule je cite :

« LE CONSEIL DE L’ATLANTIQUE NORD:

Ayant examiné la proposition présentée en vue de l’accession du Royaume de Grèce et de la République de Turquie au Traité de l’Atlantique Nord;

Assuré que l’accession de la Grèce et de la Turquie au Traité de l’Atlantique Nord permettra de renforcer la sécurité de la région de l’Atlantique Nord;

Ayant examiné la question des amendements qu’il pourrait être nécessaire d’apporter aux dispositions du Traité de l’Atlantique Nord,
RECOMMANDE:
aux gouvernements Parties au Traité:

  Que, par application de l’article 10 du Traité, les gouvernements entament les procédures nationales propres à permettre d’inviter le Royaume de Grèce et la République de Turquie à accéder au Traité de l’Atlantique Nord et avisent ultérieurement de leur accord le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique ;

Que la Grèce et la Turquie deviennent Parties au Traité à la date du dépôt de leurs instruments d’accession respectifs auprès du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique;

Que, prenant effet à la date du dépôt auprès du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique de l’instrument d’accession du gouvernement de la République de Turquie, une modification appropriée de l’article 6 du Traité devra entrer en vigueur.
CONVIENT:
Que ces buts seraient atteints et les exigences du Traité satisfaites par la mise en application du protocole conformément à la procédure exposée ci-dessus.
RECOMMANDE EN OUTRE:
Que ce protocole soit préparé en anglais et en français, et signé le plus tôt possible par les membres du Conseil des Suppléants, dûment autorisés par leurs Gouvernements respectifs.
13, Belgrave Square, Londres, S. W.1 
»     ……..fin de citation

Remarquons au passage et à la lecture de cette décision d’adhésion que le document fût signé à Londres mais que les documents d’accession doivent être déposés aux Etats-Unis  c’est dire toute la notoriété et l’hégémonie américaines et qui s’avèrent indiscutables en matière d’instrumentalisation de l’Otan par l’Oncle Sam pour ne pas crier la vassalisation d’une Europe incapable d’assurer se propre défense.

Si l’adhésion de La Türkiye  suscite des malaises, animosités, et des appréhensions controversées notamment avec l’incompréhension qui règne avec les Islamistes au pouvoir et l’alignement d’Ankara avec Moscou sur plusieurs dossiers, il n’en demeure pas moins que la situation de l’époque de l’accession n’avait pas encore attisé la flamme sur la crise de l’ile de Chypre comme à l’heure actuelle.

Après plus de soixante ans d’adhésion de la Turquie et de la Grèce à l’OTAN, la célébration de cet événement est fort appréciable du fait que ces deux pays constituent, par leur positionnement géographique,  un atout majeur pour la planification stratégique de l’Alliance atlantique.

En effet, ces deux pays sont considérés comme des sœurs siamoises stratégiques avec une même appartenance à l’alliance et au Pacte mais en nourrissant des sentiments d’amère conflictualité avec des querelles territoriales  sur l’ile de Chypre qui empoisonnent leur relation de bon voisinage.

Les violations de l’espace aérien, les incidents dans les contours mal définis des eaux territoriales, les disputes persistantes sur  l’exploitation et la recherche du gaz offshore, les manœuvres militaires de démonstration de force …..Sont autant de facteurs qui  font deux acteurs de  mauvais élèves perturbateurs  d’autant plus que la France puissance nucléaire régionale alliée à la Grèce attise le feu d’une paix improbable et espérons le d’une guerre impossible entre ces deux voisins.

L‘OTAN n’ayant pu empêcher l’invasion de Chypre, la Grèce s’était retirée de la section militaire de l’Alliance. Quand elle a souhaité la réintégrer, en 1980, Ankara a clairement indiqué qu’il opposerait son veto à l’entrée de la Grèce tant que la Turquie ne jouirait pas, en mer Egée, des mêmes droits que la Grèce avant 1974. En 1986, un navire de guerre turc a ouvert le feu sur un croiseur chypriote grec qui naviguait dans les eaux territoriales grecques.Malgré quelques incidents mineurs, le positionnement de la Turquie et de la Grèce a rendu efficace les opérations de sécurisation militaire navale telles que « Opération Endouver » face à la Méditerranée dont les eaux sont fortement agitées par les flux migratoires, le trafic de la drogue, le terrorisme…………..