Par Mahfoud Bahbouhi
(ancien diplomate)
Les théoriciens se sont toujours accommodés de définir la diplomatie en opposition au recours à la guerre et l’usage de la force armée dans les relations entre États. La diplomatie est ainsi généralement expliquée comme l’art et la pratique d’entretenir des relations interétatiques et de convaincre par des moyens paisibles et sans violence physique. Cependant, ses moyens sont aussi divers et ses champs d’action aussi vastes qu’il est difficile pour les non-initiés de cerner toutes les facettes de la pratique diplomatique, comme l’art et technique de mettre en œuvre la politique étrangère d’un pays, mais aussi comme un métier globalement inconnu et même entouré de mystères et de conceptions erronées.
La diplomatie, entre art et pratique
La diplomatie est l’art et la pratique de gérer les relations internationales par le dialogue, la négociation et le compromis plutôt que par le conflit et la force. Il s’agit d’interactions entre les États, leurs gouvernements, leurs fonctionnaires et leurs représentants, pour résoudre des conflits, former des alliances, négocier des traités et promouvoir des intérêts nationaux.
De nos jours, la diplomatie moderne s’étend au-delà des simples interactions entre gouvernements. Elle comprend de nouvelles formes d’activités qui soutiennent, et parfois bousculent, la diplomatie classique. Des formes et de nouvelles appellations sont apparues durant ces vingt dernières années, telles que:
– la diplomatie publique, où l’État ou ses représentants communiquent directement avec des populations étrangères,
– la diplomatie culturelle, où l’État partage ses traditions, ses arts et ses valeurs pour favoriser la compréhension mutuelle et promouvoir son image et sa culture,
– La diplomatie parlementaire, où les institutions législatives entreprennent des relations au niveau bilatéral, régional ou international pour défendre des intérêts nationaux et même pour coordonner et mener des actions qui ont une influence sur les gouvernements et les peuples au niveau régional ou global,
– La diplomatie populaire ou l’activité des organisations de la société civile au niveau bilatéral, régional ou international, avec ou sans l’accord de leurs gouvernements respectifs,
– La diplomatie sportive, qui est l’activité des organisations sportives et différents acteurs du domaine pour la représentation d’un pays au sein d’institutions internationales et lors d’évènements sportifs,
– La e-diplomatie est la nouvelle tendance qui peut comprendre les activités et les interactions des institutions étatiques, des Chefs d’État et responsables gouvernementaux, sur les réseaux sociaux, pour défendre des intérêts, informer le grand public sur leurs activités, promouvoir l’image de leurs pays respectifs, …etc.
A cela s’est ajouté, durant les dernières décennies du 20ème siècle, durant la guerre froide, un nouveau concept qui a enrichi le vocabulaire et élargi les champs d’action de la diplomatie, au niveau des relations interétatiques et des relations ou actions d’un État envers des populations d’un autre État.
Le nouveau champ d’action de la diplomatie
Le terme en Anglais ‘’soft power’’, littéralement ‘’puissance douce’’, est apparu au États Unis pour être utilisé dans le monde entier, parfois même sans précision ou grande conviction de son sens. Cependant, et pour la diplomatie, c’est le soft power est un outil qui est devenu incontournable qui reflète la puissance relative par rapport à la puissance politique et les moyens financiers des États riches ou développés.
Pour essayer de définir le soft power, il est utile de comprendre que des États peuvent atteindre des objectifs stratégiques et étendre leur influence sur d’autres États et peuples par d’autres moyens que le seul recours à la force.
Dans le monde interconnecté d’aujourd’hui, l’influence ne se mesure plus seulement à la puissance militaire ou à la force économique. Il s’agit également de la manière dont les nations se présentent, des valeurs qu’elles incarnent et de l’attractivité que leurs cultures et leurs politiques exercent sur les autres nations et les autres peuples. C’est là qu’interviennent la diplomatie et l’usage ou l’instrumentalisation du soft power : Ce sont des outils essentiels pour construire des ponts, façonner les récits mondiaux et promouvoir des relations internationales pacifiques, généralement aux mains des États qui en disposent et qui en font une politique, avec des moyens conséquents.
Il y a lieu de rappeler à titre d’exemple que, durant la guerre froide, un simple geste dans le domaine sportif et échange humain, a littéralement enclenché un réel changement de l’histoire. C’était en Avril 1971, alors que neuf joueurs de l’équipe américaine de tennis de table (pingpong) ont effectué un voyage historique en Chine, devenant ainsi la première délégation américaine à visiter le pays depuis des décennies. Il faut savoir qu’après la révolution chinoise de 1949, les relations diplomatiques entre les États-Unis et la Chine communiste étaient inexistantes, les échanges commerciaux limités et les contacts limités.
En fait, l’équipe américaine participait au Championnat du monde de tennis de table de 1971 à Nagoya, au Japon, lorsqu’une rencontre entre Glenn Cowan, joueur de l’équipe américaine, et Zhuang Zedong, joueur de l’équipe chinoise, fit sensation à l’échelle internationale. Cowan avait raté son bus après l’entraînement et était monté dans celui de l’équipe chinoise. Zhuang s’approcha de l’Américain, lui serra la main. À leur sortie du bus, des journalistes les ont photographiés ensemble. Deux jours plus tard, l’équipe américaine a reçu une invitation officielle pour se rendre en Chine et disputer des matchs d’exhibition contre l’équipe chinoise. Les États-Unis ont accepté l’invitation. (1)
Et la diplomatie a pris le relais. Dix journalistes internationaux, dont cinq Américains, ont également été invités à couvrir la visite de l’équipe, mettant fin au blocus de l’information imposé par la République populaire Chine depuis 1949. Le public américain a suivi quotidiennement, du 11 au 17 avril 1971, le déroulement de la visite dans les journaux et à la télévision, tandis que les Américains disputaient des matchs d’exhibition avec leurs hôtes, visitaient la Grande Muraille, et discutaient avec des étudiants et des ouvriers chinois, entre aux autres activités.
Sur le plan officiel, le Premier Ministre chinois Chou En-lai a su exploiter cette opportunité de relations publiques en recevant la délégation américaine lors d’un banquet au Grand Palais du Peuple le 14 avril. « Vous avez ouvert un nouveau chapitre dans les relations entre les peuples américain et chinois », a-t-il déclaré à ces représentants. « Je suis convaincu que ce renouveau de notre amitié bénéficiera certainement du soutien majoritaire de nos deux peuples. » Il a également invité davantage de journalistes américains à se rendre en Chine.
Le même jour, les États-Unis ont annoncé leur intention de lever un embargo commercial de 20 ans sur la Chine. Et une équipe chinoise de tennis de table a rendu la pareille en se rendant aux États-Unis. (2) Plus tard, le Secrétaire d’État américain Henry Kissinger, a effectué une visite historique à Pékin, le 15 Juillet 1971.
Le concept de soft power
Le concept « soft power » a été inventé par l’américain Joseph Nye à la fin des années 1980. Il lui a réservé tout un livre en 208 pages, intitulé ‘’ Soft Power: The Means To Success In World Politics’’, sorti en 2008. Professeur émérite d’Université et ancien doyen de la Harvard Kennedy School of Government, il a été secrétaire adjoint à la Défense pour les affaires de sécurité internationale, président du Conseil national du renseignement et sous-secrétaire d’État adjoint à l’assistance à la sécurité, à la science et à la technologie, sous l’Administration Bill Clinton. (3)
Selon David W. Kearn, Jr., dans son analyse ‘’Les dures vérités du soft power’’, l’évolution du concept de soft power dans l’œuvre de J. Nye se décline en quatre étapes principales, en lien avec l’émergence de nouveaux processus et relations entre les forces politiques sur la scène internationale : (4).
– La première étape est liée à l’intensification de la confrontation nucléaire entre les États-Unis et l’URSS à l’époque de la Guerre froide, qui a donné une impulsion au développement du concept de soft power par Nye.
– La deuxième étape correspond à l’effondrement de l’URSS et à l’instauration de l’hégémonie américaine sur la scène mondiale. Durant cette période, Nye formule le concept de soft power et estime nécessaire d’en étendre l’utilisation dans les relations internationales.
– La troisième étape est associée à l’émergence du concept de smart power, combinaison dialectique de ressources d’influence, tant douces que dures, pour résoudre les conflits internationaux.
– Le début de la quatrième étape est dû à l’émergence du concept de ‘’sharp power’’, associé au renforcement de la guerre de l’information et à la généralisation des technologies de manipulation dans l’espace de communication moderne.
Dans ce sens, le concept de soft power englobe et dépasse la définition wébérienne classique de la puissance selon laquelle il s’agit de « toute chance de faire triompher, au sein d’une relation sociale, sa propre volonté contre la résistance d’autrui ». (5)
Ainsi, depuis la fin de la guerre froide, en mobilisant des ressources plus intangibles, plus immatérielles et plus diffuses comme l’influence économique, intellectuelle et politique, la fixation de normes comportementales, juridiques, économique ou éthiques, la séduction voire la persuasion sans usage de la force, le soft power est devenu consubstantiel à l’affirmation des États de leur influence sur la scène internationale.
Le concept est aujourd’hui fréquemment utilisé, et souvent à tort, par les dirigeants politiques, les éditorialistes et les universitaires et le grand public du monde entier.
Mais qu’est-ce donc que le soft power ?
Il s’agit de l’effort, l’activité et la capacité d’attirer, d’influencer et de persuader d’autres peuples. Conçu par opposition au concept de ‘’hard power’’ qui est l’usage de la force et la capacité de coercition, qui sont la manifestation de la puissance militaire ou économique d’un pays, le soft power provient de l’attrait et l’influence créés par sa culture, de ses valeurs et de ses politiques.
Le ‘’hard power’’ reste crucial dans un monde où les États cherchent à préserver leur indépendance et où les groupes non étatiques sont prêts à recourir à la violence. Il est au cœur de la nouvelle stratégie de sécurité nationale des différents pays. Mais selon Joseph Nye, les néoconservateurs au États Unis, en son temps, commettaient une grave erreur de calcul : ‘’ils se concentraient trop sur l’utilisation de la puissance militaire américaine pour contraindre les autres nations à se plier à leur volonté, et ils accordent trop peu d’importance au soft power.’’Pour lui, c’est ce ‘’soft power qui devait contribuer à empêcher les terroristes de recruter des partisans parmi la majorité modérée. Et c’est le soft power qui devrait aider à gérer les enjeux mondiaux cruciaux qui requièrent une coopération multilatérale entre les États.’’ C’est pourquoi il a estimé qu’il est essentiel que l’Amérique comprenne et mette en œuvre son soft power.
Traditionnellement, les relations internationales reposaient largement sur la puissance militaire, c’est-à-dire le recours à la force ou à la coercition par des moyens militaires et même économiques. Bien que cette approche puisse apporter des résultats à court terme, elle manque souvent de durabilité et peut engendrer du ressentiment à long terme.
En revanche, le soft power se veut comme la capacité d’influencer les autres peuples par l’attraction plutôt que par la coercition. Cette capacité découle de la culture, des idéaux politiques et de la politique étrangère d’un pays, lorsqu’ils sont considérés comme légitimes ou moralement acceptables. Les pays dotés d’un fort soft power peuvent gagner du soutien et de la coopération sans avoir besoin d’imposer leur politique par la force.
Qu’est-ce qui constitue le soft power ?
Le soft power provient de plusieurs sources. D’abord, de la culture. Lorsque la musique, l’art, la nourriture, les films ou la mode d’un pays captivent les gens du monde entier, ils projettent une image positive auprès des diverses audiences et publics. Les films américains de Hollywood, le cinéma et la chanson égyptiens, les dessins animés japonais, … etc., sont tous des exemples d’exportation de créations culturelles qui ont influencé des millions de personneset des générations, dans le monde entier. Le public connait très bien la majorité des acteurs et des musiciens de divers pays, qui ont façonné les goûts artistiques et l’imagination pendant des décennies.
Dans le cas des États-Unis, en plus de la puissance militaire, économique, et diplomatique au niveau mondial, ils ont exercé leur soft power pour des décennies, depuis la deuxième guerre mondiale, à travers leur industrie du divertissement, leurs mass média, leurs universités de premier plan, leur mode de vie et l’esprit d’entreprise dont le fameux ‘’rêve américain’’, leur aide financière et leur coopération au développement, …..etc.
La diplomatie culturelle est désormais devenue un pilier des relations internationales. Définie comme l’utilisation des échanges de produits culturels et des médias créatifs pour favoriser la compréhension mutuelle et renforcer les relations entre les peuples, la diplomatie culturelle est devenue plus essentielle que jamais. À une époque où les défis mondiaux exigent empathie et coopération, les langues et les arts constituent de puissants outils pour combler les fossés entre les peuples, instaurer un dialogue transfrontalier, et surtout pour exercer une certaine influence.
Par la promotion de leurs valeurs politiques, les nations qui défendent la démocratie, la liberté, les droits de l’homme et l’État de droit, ont pour longtemps su gagner le respect et l’admirationdes populations de la terre entière, en particulier lorsque ces valeurs sont appliquées de manière cohérente au pays et à l’étranger. Certains États, particulièrement dans la région arabo-musulmane, en Afrique et en Asie, véhiculent par le biais de leur soft power leur version de la pratique de l’Islam, élargissent leurs réseaux d’influence, et impriment de leurs empreintes le cours des évènements au niveau régional ou même mondial.
Par ailleurs, via leur politique étrangère, les pays qui s’engagent dans l’aide humanitaire, le maintien de la paix et la coopération multilatérale, acquièrent souvent une autorité morale et une bonne image à l’international. De plus, les pays qui ont les moyens financiers conséquentsn’hésitent pas à promouvoir leur image par le biais au développement pour s’assurer des alliances, des soutiens politiques, des partenariats économiques et étendre l’influence sur tel ou tel pays ou région.
L’exemple du cas l’État du Qatar mérite d’être évoqué. Ce pays, si petit par sa taille géographique et démographique, a su se faire une place de choix parmi les pays de la planète, grâce à une vision stratégique de très long terme. Sa politique étrangère reflète d’abord la richesse financière considérable du pays. Elle se base ensuite sur sa politique économique et ses investissements colossaux dans le monde entier. Et elle a aussi été combinée à l’influence paisible.
Il est évident que ce pays a réussi à marquer toute une génération par le biais de son soft power, particulièrement centré sur la diffusion à l’échelle planétaire de ses chaines de télévision des deux groupes Al Jazeera et Bein Sport, sur l’achat de clubs de football en Europe, et par le soutien politique et financier à des partis politiques et groupes religieux dans différentes régions, tels que le mouvement égyptien des Frères Musulmans et le mouvement palestinien duHamas.
De tels exemples montrent comment une influence, non coercitive, peut façonner la manièredont le monde perçoit un pays et la façon dont d’autres nations interagissent avec lui.
Un outil stratégique
Dans un monde où l’intervention militaire est souvent coûteuse et controversée, le soft power offre un outil stratégique, à long terme, pour atteindre des objectifs nationaux. Cela peut aider à établir des partenariats, à prévenir des conflits ou à améliorer la réputation d’une nation. En outre, le soft power est essentiel pour essayer de répondre aux problèmes mondiaux tels que le changement climatique, les pandémies et les cyber-menaces, le radicalisme religieux et le terrorisme, qui nécessitent une coopération plutôt qu’une concurrence entre les États.
Mais le soft power n’est cependant pas sans poser de défis. C’est une stratégie qui peut être compromise par des incohérences ou contradictions dans les politiques de mise en œuvre, comme la promotion des droits de l’homme à l’étranger tout en les violant sur le plan national. Il est également vulnérable à la désinformation, aux malentendus culturels et à la concurrence, régionale ou mondiale, de rivaux qui peuvent utiliser la propagande ou des cyber-campagnes pour nuire à la réputation du pays source.
De plus, le soft power est en grande partie une affaire de moyens financiers considérables ; et partant, ce ne sont pas tous les pays que peuvent s’offrir le luxe de mener une politique étrangère qui combine la diplomatie classique et le soft power.
Smart Power : la combinaison de deux modes
La stratégie la plus efficace pour les nations modernes, et capables de se payer ce luxe, ne consiste pas à choisir entre le hard power et le soft power, mais à les combiner dans la même démarche de mise en œuvre de le politique étrangère. Ce concept est connu sous le nom de smart power, qui la combinaison des deux modes.
Son utilisation a été rendue populaire et généralisée à Washington, par Hillary Clinton, de 2001 à 2009, lorsqu’elle était Secrétaire d’État dans l’Administration de Barack Obama. Le smart power allie la puissance des outils militaires et économiques à la subtilité du soft power, pour créer une approche équilibrée dans la gestion des relations extérieurs du pays. Elle reconnaît que l’influence est plus efficace lorsqu’elle inspire la coopération plutôt que d’exiger la conformité. Dans la pratique, les Américains ont aussi utilisé ce concept dans ce qui a été appelé la diplomatie populaire (people-to-people diplomacy), visant à s’attirer la sympathie et la coopération des populations irakienne et afghane, suite à l’invasion de ces deux pays par l’armée américaine.
Nouveaux défis du 21ème siècle
Cependant, la communauté internationale connait, depuis le début du 21ème siècle, de nombreux défis et de nouvelles pratiques. L’aggravation de la situation environnementale par le réchauffement climatique, la pandémie de Covid-19, la succession de crises financières, la guerre en Ukraine et celle d’Israël à Gaza, les migrations et le terrorisme n’ont pas manqué de bouleverser la perception des modes traditionnels de relations entre États et les attitudes des peuples envers différentes puissances mondiales. Les opinions publiques au niveau international commencent à juger les actions des différents États influents en fonction de l’impact sur la coopération internationale et à la solidarité plutôt qu’à la puissance des armées.
Cependant, force est de constater que le paysage géopolitique mondial a subi une profonde transformation au cours des dernières décennies, particulièrement avec la montée du populisme et du nationalisme extrêmes ainsi que les changements survenus dans l’ordre international tel qu’il s’est établi depuis l’après-Seconde Guerre mondiale et surtout après la fin de la Guerre froide. La présidence de Donald Trump aux États-Unis pour son deuxième mandat joue un rôle central dans ce changement, portant une croyance idéologique profonde en la suprématie et la volonté américaine d’hégémonie.
Avec sa politique et son slogan de ‘’America First’’, il a mis en œuvre sa décision d’anéantir un grand symbole du soft power et un bras efficient de l’influence américaine dans le monde, par la dissolution de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), dans le cadre de la politique des réductions draconiennes de l’aide des États-Unis à l’étranger. Cette action a été décriée dans de nombreux pays et par les organisations humanitaires notamment, nationales et internationales, qui ont tellement bénéficié des largesses et des aides américaines.
Globalement, et malgré les péripéties de la situation internationale, la diplomatie et le soft power continueront à jouer un rôle essentiel dans la définition des relations internationales d’aujourd’hui et de demain. Si la puissance dure peut permettre de gagner des guerres, la puissance douce, que représente la diplomatie combinée au soft power, sont les moyens les plus à même pour gagner les cœurs et les esprits des peuples (to win the hearts and minds, comme disent les Américains).
Les pays qui savent et peuvent utiliser la culture, les valeurs et la diplomatie pour attirer et persuader d’autres peuples seront mieux placés pour impacter les affaires internationales et les mentalités dans le 21ème siècle, non pas seulement par la force, mais par le respect et l’influencedouce que les États pourraient inspirer auprès des peuples étrangers.
A cela s’ajoute évidemment l’usage à grande échelle des nouveaux moyens de communication et d’influence dont disposent les États, que sont les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Ce qui ne manque pas de brouiller la compréhension de la distinction entre le soft power et l’usage de la puissance, même non physique telle que le recours aux fakenews.
En ces temps de l’intelligence artificielle et des cyberattaques, les craintes se confirment au sujet de l’influence et la manipulation par des pays ou acteurs étrangers qui ne se limitent plus à convaincre et attirer les opinions des peuples ciblés. De telles activités vont au-delà de l’influence pour atteindre des effets de manipulation à des niveaux sans précédents dans l’histoire. Dans ce domaine, la Russie est souvent pointée du doigt, dans d’innombrables rapports gouvernementaux qui l’accuse d’ingérence dans des élections et de déstabilisation de la démocratie dans plusieurs pays du monde, notamment occidentaux.
Journal of Political Power
Vol. 4, No. 1, April 2011, 65–85
ISSN 2158-379X print/ISSN 2158-3803 online
© 2011 Taylor & Francis
DOI: 10.1080/2158379X.2011.556869
http://www.informaworld.com
The hard truths about soft power
David W. Kearn, Jr.*
Department of Government and Politics, St. John’s University, Queens, New York, USA
Taylor and FrancisRPOW_A_556869.sgm10.1080/2158379X.2011.556869The Journal of Political Power1754-0291 (print)/1754-0305 (online)Article2011Taylor & Francis410000002011Dr DavidKearn, Jr.kearnd@stjohns.edu
While the concept of soft power has rapidly moved from the academic theory to
ubiquitous political buzzword, it has, to this point, not received adequate critical
assessment. Because of this, the soft power has been misused and misunderstood
despite the cautions of its proponents. This article attempts to provide a critical
analysis of soft power, developing a rigorous epiction of its conceptual core,
delineating its scope and limitations, and uncovering implicit assumptions and
implications that have thus far served to confuse, rather than clarify the soft
power’s theoretical and practical contributions.
Keywords: soft power; hard power; norms; hegemony; interdependence; influence
Soft power is everywhere. Within the last five years, US presidential candidates, leading
administration officials, including the secretaries of state and defense, and even the
chairman of the Joint Chiefs of Staff, the nation’s highest-ranking military officer, have
used the term in articles and major speeches, typically arguing for a greater role for
soft power in US foreign policy (Anon 2007, Clinton 2007, Edwards 2007, Ghattas
2009). Emerging from an era when a perceived over-reliance on hard power, specifically
military force, had disastrous results, an emphasis on soft power seemed to provide a
welcome tonic for the problems facing the United States. But beyond the United States,
soft power has captured the imagination of others, including the leadership of China
(Mingjang 2008). Seeking to manage its rise to great power status, scholars and officials
have investigated the potential of soft power to facilitate that mission without instilling
fear or resentment (Lee 2009). This, in turn, has only added to the perceived US need
to ‘recover’ its soft power (Foliath 2010). Observers have discussed the impact of soft
power in the diplomacy of countries as diverse as France, Turkey, Egypt, and Iran (Sands
2007, MacKenzie 2009, Sharma 2009, Tran 2009). It is difficult to overstate the speed
with which soft power has diffused from academia to practical political discussions.
This development is somewhat puzzling. International relations (hereafter IR)
theory is often derided or outright ignored as not relating to the practical day-to-day
matters that inform policy-making. The abstractions and generalizations of theory do
not capture the richness and complexity of reality, or so the charge goes. There is often
a very real divide, for better or worse, between theorists and practitioners of foreign
affairs (Kruzel 1994). However, in the case of soft power, a theoretical concept has
been enthusiastically adopted and deployed by political leaders, policy practitioners,
and media pundits.
For those working in academia striving for relevance, the widespread adoption of
a theoretical concept like soft power by so many in the ‘real world’ may appear a posi-
*Email: kearnd@stjohns.edu
Références:
(1) https://diplomacy.state.gov/ping-pong-diplomacy-historic-1971-u-s-table-tennis-trip-to-china
(2) https://www.pbs.org/wgbh/americanexperience/features/china-ping-pong/
(3) ‘’ Soft Power: The Means To Success In World Politics’’, Dr Joseph S. Nye Jr., publication de Hachette UK, 2009.
(4) Les dures vérités du soft power, David W. Kearn, Jr. Journal of Political Power, vol. 4, n° 1, avril 2011. Département de gouvernement et de politique, Université St. John’s, Queens, New York, États-Unis
(5) Selon Catherine Colliot-Thélène, dans (La théorie de la domination chez Max Weber:éléments d’analyse) p. 27-48, ‘’la grande majorité des commentateurs font référence au troisième chapitre de l’édition classique de Wirtschaft und Gesellschaft (Weber, 1971), édition établie par Johannes Winckelmann, dont le premier volume est paru en traduction française sous le titre d’Économie et société I (Weber, 1971).’’
Zakaria HANAFI
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HANAFI ZAKARIA Docteur en relations internationales, conférencier et expert en géopolitique et sécurité de défense.