Dans cette carte, c’est la zone des deux Kivu qui est objet de stratégie visant une guerre par délégation pour une meilleure exploitation des minerais de sang.  

La République Démocratique du Congo (RDC) a toujours été un théâtre d’affrontements et d’instabilités graves liés à des indices de conflit hybride qui ont perduré, depuis plus de trois décennies. Déjà au début de l’indépendance, à cause du partage des zones d’influence entre les blocs antagonistes Est-Ouest et la géopolitique des ressources minières, particulièrement du cuivre et du cobalt, le pays appelé à l’époque le Zaïre a connu des tensions marquées par la sécession du Katanga et du Kasaï. Cette instabilité a couté l’assassinat du grand héros de l’indépendance feu Patrice Lumumba[1] et la mort suspecte du Secrétaire Général des Nations Unies, Dag Hammarskjöld[2], dans un crash d’avion.

Depuis trente ans, on assiste à une multiplication des acteurs en présence sur le sol congolais. En particulier, des acteurs subversifs, menant une guerre cachée, habitués à puiser illégalement, les richesses de la RDC, chercher à affaiblir la puissance des autorités centrales du pays, à créer une influence négative au sein des populations et de l’opinion international, à mettre en doute la volonté politique de la RDC, tout en défendant à tort une légitimité d’agir sur les territoires de l’Est. Les acteurs possèdent des ressources et des pouvoir qu’ils utilisent ouvertement et dans la clandestinité afin d’adapter une stratégie adaptable à l’atteinte de leurs objectifs. Désormais, le Rwanda intermédiaire de cette multiplicité d’acteurs, a su légaliser les opérations militaires sous couvert de chasser les groupes armés indépendantistes [3].  

Dans cette campagne de nettoyage du groupe armé : Forces démocratiques de libération du Rwanda constitué de hutus (FDLR), opposé au régime de Paul Kagamé, les villes et les villages congolais ont été détruits, entrainant ainsi l’extrême violence parmi les populations. Les assassinats, les vols et les viols sont devenues des actions courantes.     

Devenu centre de gravité à l’Est de l’Afrique, le régime du Rwanda   a associé à son projet un ensemble d’États voisins ou ceux appartenant à d’autres continents qui lui procurent une liberté d’action suffisante et satisfaisante, afin de déstabiliser par ses forces de défense et par délégation des groupes non étatiques, les territoires Est de la RDC.  

Les actions non militaires, souvent subversifs incluant beaucoup de propagande sans fondement, via les outils des services spéciaux ont constitué un facteur de succès et d’accompagnement des actions militaires. Par la désinformation le régime rwandais a réussi à manipuler l’opinion internationale en utilisant souvent la propagande concernant le génocide des Tutsis perpétré entre le 07avril et le 17 juillet 1994.

En effet dans le conflit de l’Est sont engagés les armées conventionnelles de la RDC et des Forces Rwandaise de Défense (FRD)[4] , qui appuient par le renseignement aérien, l’artillerie stratégique et les chars, les groupes armés qui leur sont associés aux violences. Telles que le confirment les casques bleus et les FARDC[5], certaines armes lourdes utilisées lors des combats appartiennent aux Etats et non aux acteurs non étatiques. D’ailleurs le Rwanda a acquis un matériel d’artillerie stratégique et de guerre électronique[6] lui permettant de suivre le mouvement des troupes et la détection des drones[7]

Dans la réalisation, des objectifs tracés et planifiés, faisant usage à des actions bien coordonnées et bien déterminées les services spéciaux, ont été bien entrainés par les puissances qui ont des intérêts   géopolitiques et géoéconomiques dans la région.  Ces services parallèles, ont introduit par leur diaspora[8], lors de prise de Kinshasa[9] par feu le président Laurent-Désiré Kabila, suite à   la chute du régime du feu Mobutu Sese Seko. Par la même occasion les populations réfugiées, venues du Rwanda et de l’Ouganda ont profité de s’infiltrer dans le système.

 Dans ce désordre planifié, le viole des femmes devant leurs enfants et leurs maris est une stratégie d’humiliation et de prolifération de l’angoisse sociale et la grande peur parmi les sujets congolais afin de les soumettre à leur volonté et ne plus prendre les armes afin de se défendre. 

Les jeunes sont exploités par les groupes armés en tant qu’enfants soldats. D’autres garçons non matures travaillaient dans des conditions inhumaines, au profit des groupes qui font l’extraction artisanale des mines de sang exportés sans problème vers le Rwanda puis en faveur des firmes multinationales.

Le déplacement forcé des populations augmente le nombre des maladies, des morts[10] et accentue la crise socioéconomique dans la région des conflits et en RDC. 

 De même le processus de de démobilisation, Désarmement et Réinsertion (DDR) a aidé certains chefs rebelles, y compris non congolais, à acquérir des postes de responsabilité au sein des institutions militaires, politiques et législatives. Normalement on gagne les galons de Général pendant toute une carrière militaire, pleine d’apprentissage, de retour d’expérience, d’intégrité et de discipline. Les autorités congolaises ont été piégées par Le DDR en accordant ce privilège à des anciens chefs rebelles qui n’ont jamais embrassé la carrière militaire.   

 A l’Est de la RDC, certains acteurs légaux de la société civile ont été instrumentalisés et corrompus contre leur pays d’origine travaillant en étroite collaboration avec les ennemis de leur Etat, juste pour s’enrichir. Cette influence a été à l’origine de la création et du financement de plusieurs groupes criminels transfrontaliers et des groupes armés non étatiques, qui constituent un emploi de la force par délégation, dont le principal est le M23. Car, à l’Est de la RDC évolue quelque 122 groupes armés dont une grande partie est financée par des acteurs privés, qui profitent largement des mines de conflit et utilisent les territoires rwandais et de l’Est de l’Afrique pour exporter leurs acquis illicites.  

Etant donné que l’Est de la RDC, constitue une zone grise, les impôts des différentes activités économiques et sur les populations innocentes, sont prélevés par les groupes armés. C’est un moyen d’enrichissement des chefs rebelles, qui dénigre la légitimité de la RDC dans cette région de conflit.  On pourrait aussi comprendre que la dernière attaque de Goma en fin du mois de janvier 2025, a comme objectif diversif, le chantage des autorités congolaises avant leur participation au sommet de Dar Es Salam en Tanzanie.  

Lors de cette réunion, les participants ont demandé l’organisation de négociations directes entre les autorités congolaises et les leaders du M23. Ils ont plaidé pour une fusion des processus de Luanda et de Nairobi, adoptés séparément par l’Angola et le Kenya, marqués par l’échec dans leur exécution. Il a été exigé aussi, l’ouverture de couloirs humanitaires pour évacuer les blessés et les morts de la dernière attaque de Goma. Néanmoins, la condamnation du Rwanda n’a pas été unanime. Ce qui lui laisse la marge pour garder le moyen de chantage sur le terrain.

En résumé, jusqu’à présent la Rwanda a utilisé les outils de la guerre hybride en   influençant et manipulant   l’opinion régionale et   internationale par la désinformation, sans toutefois montrer l’outil déterminant de la menace militaire. Car, elle cache ses actions militaires derrière le M23. Le Rwanda a réussi son pari d’affaiblir son voisin et influencer fortement les Etats de l’Est africain pour qu’on ne condamne pas ses ingérences internes et ses actions militaires. Par la même occasion continuer à bénéficier des rentes des minerais du sang, en associant à sa guerre hybride d’autres acteurs des relations internationales.


[1] Grand leader africain et Zaïrois, il fut assassiné le 17 janvier 1961 soir, entre 21 h 40 et 21 h 43 d’après le rapport d’enquête belge.

[2] M. Hammarskjöld Secrétaire général d’avril 1953 voyageait dans un avion Douglas DC6 immatriculé SE-BDY, qui s’est écrasé peu après minuit les 17 et 18 septembre 1961, près de Ndola, en Rhodésie du Nord soit la Zambie actuelle.

[3] Les experts de l’ONU signalent qu’entre 3000 et 4000 combattants rwandais sont présents sur le théâtre Est pour appuyer le M23 dans ses combats contre les FARDC.

[4] Les FRD, qui ne dépassent pas les 40 000 hommes, avaient au départ du matériel russe et ont importé des matériels majeurs de l’occident. Elles ont projeté leurs contingents militaires dans le cadre du maintien de la paix au Soudan du Sud, au Soudan du Nord au Darfour, en République Centrafricaine. Dans le cadre d’un accord bilatéral avec le Mozambique, à partir de 2021, les FRD ont arrêté les attaques du groupe Jihadiste Al-Shabab qui ont stoppé la production des installations appartenant à la multinationale Total Energy.

[5] Les Forces armées de la RDC sont patriotes et apolitiques. Leur effectif dépasse celui de leur adversaire. Néanmoins elles manquent de moyens technologiques leur permettant de faire face à la guerre conventionnelle et particulièrement à la guerre anti-terroriste. 

[6]  Suite à la réhabilitation des relations diplomatiques longtemps brouillés à cause du Génocide de 1994, la France a ouvert son ambassade avec un attaché de défense. En 2022, les Forces Rwandaises de Défense ont exprimé leur besoin d’acquérir un matériel anti-drone pour l’utiliser dans la protection de l’aéroport de Kigali, pourtant il est destiné à faire face aux drones congolais à l’Est de la RDC. D’autres matériels majeurs ont été achetés de la France.

[7] Le matériel utilisé permet de détecter le GPS des drones.

[8] De sources dignes de foi, les infiltrés ougandais et particulièrement rwandais sont entrés en RDC lors de la prise du pouvoir par feu Désiré KABILA et certains hauts responsables sont mariées avec des femmes rwandaises.

[9] Après la première guerre du Congo, la prise du pouvoir par Désiré KABILA, a eu lieu le 17 mai 1997.

[10] Dans la ville de Goma, à partir du 26 janvier 2025, « près de 3.000 personnes ont été tuées et 2.900 blessés ». Le communiqué poursuit pour déclarer que : « le 27 janvier, deux hôpitaux ont été bombardés, tuant et blessant plusieurs patients, y compris des femmes et des enfants ». Aussi : « Selon des autorités judiciaires, lors de l’évasion massive de la prison de Muzenze à Goma le 27 janvier, au moins 165 prisonnières ont été violées. » Pour plus de détails lire Selon des autorités judiciaires, lors de l’évasion massive de la prison de Muzenze à Goma le 27 janvier, au moins 165 prisonnières ont été violées. Pour plus de précisions lire https://news.us15.list-manage.com/track/click?u=372753f560ef60c400f1a4f3f&id=626e08a52f&e=48b288187d :